Musique italienne au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Musique italienne au Canada

Italie. Même si quelques Italiens firent partie des premières expéditions européennes au Canada (par exemple Jean Cabot, né Giovanni Caboto), l'immigration italienne ne commença véritablement qu'aux environs de 1880, pour ensuite augmenter considérablement au début du XXe siècle.
Même si quelques Italiens firent partie des premières expéditions européennes au Canada (par exemple Jean Cabot, né Giovanni Caboto), l'immigration italienne ne commença véritablement qu'aux environs de 1880, pour ensuite augmenter considérablement au début du XXe siècle. Le recensement de 1986 dénombrait 1 006 915 Canadiens d'ascendance italienne, dont plus de la moitié vivait en Ontario. Les émigrants des régions rurales de l'Italie se sont établis dans les grandes communautés urbaines du Canada, là où le besoin de main-d'oeuvre non spécialisée se faisait le plus sentir.

Musiciens d'origine italienne

Des immigrants italiens originaires de centres urbains avaient déjà exercé chez eux un métier ou une profession. Il y eut parmi eux des professeurs et des interprètes. Dès 1783, un certain Gaetano Franceschini, violoniste et prof. de violon et de clavecin, était actif à Québec. À compter de 1825, des musiciens italiens de passage firent leur apparition de temps à autre au Canada, y donnant concerts et leçons. Vincenzo Mazzocchi, « professeur de musique pour le chant d'Église des Récollets » à Montréal et professeur au séminaire de Québec, est reconnu comme le compositeur de Welcome to Canada, écrit en 1839 pour célébrer l'arrivée du nouveau gouverneur, lord Sydenham. Alessandro Liberati (Frascati, Italie, 1847 - ?, après 1890) fut cornet solo pour le gouverneur général et chef de musique à Ottawa (1868-71). À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, Francesco D'Auria, Giuseppe Carboni, Giuseppe A. Dinelli et Eduardo Ferrari-Fontana jouèrent un rôle important dans l'éducation musicale en Ontario. Camillo d'Alessio (Naples, 1869), violoniste et mandoliniste qui se fixa à Montréal en 1904, fut membre de l'OSM de Goulet et fonda Estudiantina - le premier orchestre canadien de mandolines. Plusieurs familles italiennes - les Agostini, les Masella et les Mastrocola - furent à l'avant-scène de la vie musicale montréalaise de la seconde décennie du XXe siècle. En Ontario, on comptait chez les familles italiennes où l'on faisait de la musique les Lombardo, les Niosi et les Romanelli. Parmi les musiciens nés en Italie qui ont été actifs au Canada, on trouve Michael Angelo (prof. de trompette et de cornet, fl. années 1930 à Toronto), Anthony Antonacci (qui commença à jouer de la flûte et du piccolo avec le TSO en 1958), Ernesto Barbini, Enrico Farina (chanteur pop, années 1970 à Toronto), Ermanno Florio, Piero Gamba (chef d'orchestre de l'Orchestre symphonique de Winnipeg, 1971-80), Giuseppe Macina, Ermanno Mauro, Adelmo Melecci, Antonio et Lina Narducci et Dina Maria Narici (tous trois professeurs de chant à Montréal), Maria Pellegrini, J. Pompilio (hautboïste, qui dirigea également un orchestre d'Italiens à Calgary, 1928-32), Joseph Roff, Walter Rossi et Dom Troiano. Au nombre des musiciens d'origine italienne nés au Canada figurent Norm Amadio, Violet Archer, Guido Basso, Mario Bernardi, Maria Calderisi, Fernande Chiocchio, la soprano Emilia Cundari, Bobby Curtola, la chanteuse pop Lisa Dal Bello, Rosita del Vecchio (petite fille de l'un des premiers immigrants italiens), Victor Di Bello, la soprano Barbara Ianni, Joseph Macerollo, Frank Marino, Michel Pagliaro, Louis Quilico, son épouse Lina Pizzolongo et leur fils Gino, John Rea, Tony Roman, Émile Taranto, Ronald Turini et Gino Vannelli. Plusieurs noms italiens ont figuré dans le personnel des orchestres symphoniques et de chambre canadiens : les flûtistes N.J. Fontana et Nicholas Fiore, le violoniste Frank Fusco et le trompettiste Joseph Umbrico (TSO); le clarinettiste Giulio Romano et ses fils Arthur (clarinette) et Pietro (cor français), et les violonistes Agostino et Florent Salvetti (OSM); les violonistes Clelio Ritagliati et Emile Mignacca (OS de Winnipeg); le violoniste Don Dorazio (OS de Vancouver). Des Canadiens italiens possèdent ou tiennent des magasins de musique et des ateliers de vente et de réparation d'instruments, et sont aussi actifs dans l'enseignement.

Traditions

La guitare et l'accordéon-piano sont les deux instruments les plus populaires parmi les musiciens amateurs de la communauté canadienne-italienne, qui les utilisent pour accompagner le chant et la danse lors des festivités familiales. Carla Bianco a recueilli 246 chansons italiennes pour le Centre canadien d'études sur la culture traditionnelle à Ottawa, mais la musique folklorique joue incontestablement un rôle mineur chez les Canadiens italiens. Quelques groupes, cependant - notamment le Fogolar Furlan et le Club Abruzzi, qui ont des sections dans plusieurs villes - ont tenté de perpétuer les danses et chants régionaux. Le Santa Cecilia Chorus, un choeur masculin de 45 voix de Toronto, fondé en 1961, compte des chansons de folklore dans son répertoire varié. De nombreuses ballades, telles les chansons napolitaines, sont profondément enracinées dans l'héritage musical de tous les Italiens. À côté de certains airs d'opéra favoris, ils sont devenus une sorte de musique folklorique.

Musique italienne au Canada

La musique italienne était exécutée au Canada bien avant l'arrivée des Italiens. Des oeuvres de Corelli furent présentées à Québec en 1792 et de Cherubini, en 1811. Bellini, Donizetti et Rossini comptèrent parmi les compositeurs favoris du répertoire du milieu du XIXe siècle au foyer et au concert. Certaines oeuvres de Verdi et de Puccini furent popularisées au Canada peu de temps après leur apparition en Italie. Ainsi, Madama Butterfly fut chanté à Winnipeg et à Toronto en 1907, seulement trois ans après sa création à La Scala de Milan. Un concert du Women's Musical Club of Toronto, le 26 novembre 1908, offrait « de la musique italienne, ancienne et moderne » - des sonates de Scarlatti au piano, des mélodies de Tosti et des airs de Scarlatti et de Leoncavallo. L'opéra italien - surtout les oeuvres majeures de Verdi et de Puccini - est demeuré le pilier incontesté du répertoire lyrique au Canada, comme le confirme un coup d'oeil sur les saisons de la COC, de la Compagnie d'opéra de Montréal, de l'Edmonton Opera, du Manitoba Opera et du Vancouver Opera. En fait, jusqu'au milieu des années 1950, l'opéra du XIXe siècle fut virtuellement la seule musique italienne entendue au Canada, mis à part un nombre restreint d'oeuvres des maîtres baroques, quelques mélodies classiques et quelques pièces pour violon. Cependant, avec la venue de Ricordi, principal éditeur d'Italie, qui établit un bureau de vente et de location de matériel à Toronto sous la direction de Bruno Apollonio, les Canadiens commencèrent à entendre plus souvent les oeuvres de Casella, Respighi, Malipiero et d'autres. Avec l'apparition, dans plusieurs parties du Canada, de groupes voués à l'exécution de musique contemporaine, les oeuvres de compositeurs plus radicaux - Nono, Berio, etc. - se sont vu accorder une tribune nettement plus importante.

Canadiens en Italie

De nombreux musiciens canadiens, surtout des chanteurs, ont étudié en Italie : Emma Albani (qui fit ses débuts à l'opéra à Messine en 1869) et Rosita del Vecchio avec Francesco Lamperti; Carlo Boehmer (de Kitchener, Ont., ténor qui chanta en Italie de 1906 à 1914 sous le nom de Charles Nardi) avec Antonio Magini-Coletti; Jean Bonhomme et W. James Craig avec Luigi Ricci; Richard Verreau avec Beniamino Gigli; Constance Channon et Myrtle Guerrero avec Guido Agosti; Éva Gauthier (qui fit ses débuts à Pavie en 1909) avec Carigiana; Redferne Hollinshead avec Giovanni Clerici; Arthur Blight, Sarah Fischer, Juliette Gaultier de la Vérendrye, Edward Johnson (qui fit ses débuts à l'opéra à Padoue sous le nom d'Edoardo Di Giovanni) et Harold Meek avec Vincenzo Lombardi; Marguerite Gignac avec Roberto Lupi et Lina Pagliughi, Edmund Burke, Bruce Carey, Nina Gale et W. Davidson Thomson étudièrent à Londres avec Albert Visetti; Gérard Caron et André Mérineau avec Fernando Germani; Norma Beecroft étudia la composition avec Goffredo Petrassi et la flûte avec Severino Gazzeloni. Parmi les interprètes canadiens, Ann Pomer James et la chanteuse pop Shirley Harmer (sous le nom de Vida Durinzi) vécurent et travaillèrent à Rome après leur mariage à des Italiens. Harvey Sachs, qui a écrit une biographie de Toscanini (Londres 1979, Paris 1980), agit comme pianiste et répétiteur dans l'Orchestra dei Pomeriggi Musicali de Milan (1975-76) et dirigea des extraits de Colas et Colinette au Cons. de Milan en 1977. Sonja Frisell se joignit au personnel de La Scala comme metteur en scène en 1964. Paul Bley, Ray Dudley, Oscar Peterson et Steven Staryk (ce dernier avec l'OCNA) se sont produits en Italie. Louis Quilico a chanté au Festival de Spolète, au Teatro Massimo de Palerme et à l'Opéra de Rome. Nicholas Massue, Léopold Simoneau et Jon Vickers ont tous trois chanté à La Scala. Pierre Mercure, Oskar Morawetz et Harry Somers ont gagné des prix au Concorso Internazionale di Musica Ritmo-Sinfonica à Cava dei Tirreni; Marc Fortier, le prix Ferdinando Ballo à l'Ente Pomeriggi musicali di Milano en 1968; Thomas Schudel, le premier prix de composition au concours Premio Città di Triesta en 1972; Kathleen Solose, le premier prix au Concours international de piano Alessandro Casagrande à Terni en 1973. Somers et Serge Garant vécurent chacun un an en Italie à titre de boursiers de l'Institut culturel canadien de Rome. Le festival international « Musikarchitettura » de 1982, à L'Aquila, était consacré entièrement aux musiciens et architectes canadiens.

Visiteurs italiens

Les visites au Canada d'éminents musiciens italiens commencèrent dès 1853 alors que Luigi Arditi dirigea des exécutions de Norma avec l'Artists' Assn Italian Opera Company à Montréal et à Toronto. En 1897, la Banda Rossa joua au Massey Hall sous la direction du maestro Eugenio Sorrentino. Le compositeur Pietro Mascagni dirigea des représentations de ses opéras Zanetto, Cavalleria Rusticana et Iris à Montréal, et Cavalleria à Toronto en 1902. Les concerts et les disques de l'harmonie de Giuseppe Creatore furent populaires au Canada durant les années 1920 (l'ensemble se fit entendre à 10 reprises à la CNE entre 1914 et 1926). George J. Dyke fit venir le corps de musique italien Da Capo à Vancouver dans les années 1930. L'Orchestre de La Scala, dirigé par Toscanini, se produisit à Montréal en 1921 et 1926, et la compagnie au complet fit ses débuts en Amérique du Nord au Festival mondial de l'Expo 67, dans Nabucco, La Bohème et I Capuleti e i Montecchi. La Scala revint au Canada, à l'occasion de l'Expo 86 de Vancouver. Également à l'Expo 67, l'Orchestre Alessandro Scarlatti de Naples donna des concerts sous la direction de Mario Rossi et de Massimo Pradella. En 1960, le compositeur Luciano Berio représenta l'Italie à la Conférence internationale des compositeurs; en 1968, il dirigea deux concerts à Montréal pour la SMCQ; en 1972, il dirigea un programme de ses propres oeuvres comme présentation inaugurale des NMC à Toronto. En 1986, il dirigea de ses oeuvres à Montréal, Toronto, Ottawa et Vancouver. Luigi Dallapiccola a visité Montréal de même que Bruno Maderna. Le compositeur Coffredo Petrassi a visité Montréal et Toronto en 1985. Les Virtuosi di Roma jouèrent d'abord à Toronto et à Montréal en 1950 et revinrent souvent par la suite au Canada. Le célèbre ensemble I Musici a également effectué de fréquentes visites. Le Trio di Milano joua au Saint Lawrence Centre à Toronto en 1979. Au cours des années, le Women's Musical Club de Toronto et la Société Pro Musica de Montréal ont présenté plusieurs ensembles de chambre italiens à leurs auditoires. L'Institut culturel italien, qui possède des bureaux à Montréal, Toronto et Vancouver, a parrainé les visites d'artistes et de groupes italiens. Sous ses auspices, le Trio Chitarristico Italiano (guitares classiques) s'est fait entendre à Québec, Ottawa, Toronto, Kingston, Sudbury et Vancouver en 1976, et l'ensemble I Musici a donné des concerts à Toronto en 1978, 1986 et 1987. L'orchestre de chambre I Musici di Roma a joué au Queen Elizabeth Theatre de Vancouver en 1984. Parmi les instrumentistes solistes de réputation internationale, le pianiste Arturo Benedetto Michelangeli joua à Montréal, Toronto et Winnipeg en 1948, revint à Montréal pour le Festival mondial durant l'Expo 67 et à Toronto en 1970, et le pianiste Maurizio Pollini se produisit à Montréal en 1978 et 1980. Des violonistes sont également venus d'Italie, entre autres Salvatore Accardo, qui visita le Canada en 1980 et 1986, Carlo Chiarappa, qui joua avec le pianiste Massimiliano Damarini à Ottawa en 1986, et Uto Ughi qui effectua des tournées en 1984 et 1991. Le Quartetto d'Archi della Scala a joué à Montréal en 1987. De jeunes musiciens italiens se sont également produits au Canada. Les JMC ont parrainé des tournées par le pianiste Mario Delli Ponti (1961-62, 1966-67, 1967-68) et les pianistes-duettistes Mario et Lydia Conter (1966-67). Parmi les chefs d'orchestre italiens à venir au pays, on note Riccardo Muti, qui dirigea au Roy Thomson Hall en 1990, et Franco Mannino, qui fut chef d'orchestre principal et conseiller artistique (1982-86) puis chef principal invité (1986-88) de l'OCNA.

Il va sans dire qu'un grand nombre de chanteurs italiens ont visité le Canada, parmi lesquels Enrico Caruso (1908 et 1920, Toronto et Montréal), Luisa Tetrazzini (1912, Toronto), Amelita Galli-Curci (1918 et 1919, tournées qui comprenaient Toronto, Winnipeg et Calgary), le Scotti Grand Opera (1921, Montréal et Toronto), Gina Cigna (1937, Toronto) et Luciano Pavarotti (1976 et 1979, à Montréal et Toronto; une bourse à été instituée à son nom à l'Université de Toronto). Ferruccio Tagliavini chanta à l'Eaton Auditorium en 1947. Cesare Siepi donna un récital pour le Women's Musical Club de Toronto en 1953. Des auditoires de Winnipeg entendirent Nino Martini, Giovanni Martinelli, Ezio Pinza, Tito Schipa, Ebe Stignani et Cesare Valetti, de même que le pianiste Carlo Zecchi qui se produisit également à Montréal en 1931. Renata Tebaldi chanta à Toronto avec le TSO en 1956 et revint pour un hors-série à la télévision de la SRC avec Louis Quilico en 1965. Renata Scotto et Carlo Bergonzi furent solistes lors de l'hommage de la COC à La Scala en 1978 à l'O'Keefe Centre. Scotto a également chanté à l'O'Keefe Centre en 1984 et à l'Elgin Theatre en 1991. Elle a aussi donné des classes de maître à l'Université de Toronto en 1990. Parmi les sopranos, on note aussi Cecilia Gasdia (1987) et Mirella Freni, qui se sont toutes deux produites à Toronto en 1987 et 1990 respectivement.

Plusieurs chanteurs pop italiens importants se sont produits à Toronto à des festivals de chansons (1955 -) et à d'autres concerts au Massey Hall, au Maple Leaf Gardens et à l'O'Keefe Centre présentés par Johnny (Giovanni Barbalinardo) Lombardi (Toronto, 4 décembre 1915, Toronto 18 mars 2002), le « maire de la petite Italie [de Toronto] » qui anima des émissions de radio en italien au cours des années 1940 et 1950 aux stations CHUM et CKFH, avant d'acquérir la station de radio CHIN en 1965 qu'il convertit en poste multiethnique. Les chanteurs et musiciens de la Nuova Compagnia de Canto Popolare di Napoli sont venus au Festival du printemps de Guelph en 1981 et à Toronto en 1991.

En 1984, le Centre for Italian Canadian Studies a parrainé un symposium sur la culture canadienne-italienne au cours duquel on a pu entendre une communication de Julius Molinaro intitulée : « Edoardo Ferrari-Fontana : an Italian contribution to music in Ontario ». En 1990-91, le gouvernement italien a parrainé une série de concerts intitulée « Italie au Canada », présentés à Ottawa, Vancouver, Toronto et Montréal. On a pu y entendre I Solisti Veneti et l'Orchestra da Camera dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, avec comme soliste Uto Ughi.

Lecture supplémentaire