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Musique roumaine au Canada

L'immigration roumaine au Canada commença en 1898 avec la venue de juifs, suivie de trois vagues distinctes en 1900–13, 1920–29, et après la Deuxième Guerre mondiale.

L'immigration roumaine au Canada commença en 1898 avec la venue de juifs, suivie de trois vagues distinctes en 1900–13, 1920–29, et après la Deuxième Guerre mondiale. Les immigrants des deux premières vagues s'établirent dans les Prairies, à Montréal et dans divers centres de l'Ontario. Près de 100 chanteurs et danseurs roumains prirent part au Great West Folk Festival (festivals du CP) en 1929 à Regina. En 1986, il y avait plus de 51 000 Canadiens d'origine roumaine. Ils ont implanté des organismes culturels à Montréal, Windsor et Hamilton, et dans diverses communautés de la Saskatchewan, le plus souvent autour de leurs églises orthodoxes ou grecques-catholiques.

Les Roumains apportèrent au Canada une culture musicale riche, ancienne, originale et conservée par la tradition orale. Dans le contexte social canadien, cette culture a évolué quant à son contenu et sa forme, sa fonction, son degré de vitalité et son mode de diffusion et d'interprétation. La musique religieuse relève de la tradition byzantine romaine, et les prêtres ont toute liberté de la modifier. La musique folklorique est caractérisée par des formes strophiques et des structures rythmiques fortes et variées, analysées pour la première fois par Béla Bartok vers 1920, en termes de parlando rubato (rubatos rythmiques basés sur les rythmes de la parole). Même si la chanson épique n'est conservée que par les plus âgés, la chanson lyrique a survécu, et ses thèmes originaux sont aujourd'hui mêlés à d'autres qui ont surgi au Canada. Du répertoire qui, dans le vieux pays, accompagnait les « rites de passage », certaines chansons de mariage ont survécu, mais il n'existe aucun chant de funérailles. Un répertoire de danses de forme réduite a été maintenu, mais les cris d'accompagnement lyriques ou satiriques ont été perdus. Les instruments traditionnels (chalumeau, cornemuse, guimbarde, ocarina, tambour) ont été supplantés jusqu'à un certain point par la clarinette (taragot), l'accordéon et le piano. Une étude de la musique canadienne-romaine a été entreprise en 1974 par l'ethnomusicologue Emilia Comisel sous les auspices du Musée national de l'Homme (Musée canadien des civilisations).

Parmi les musiciens roumains qui ont visité le Canada figurent le violoniste, chef d'orchestre et compositeur Georges Enesco (professeur d'Ida Haendel à Londres et de Sydney Humphreys et Arthur LeBlanc à Paris), Marina Krilovici (Compagnie d’opéra canadienne, 1968, 1969) et les violonistes Silvia Marcovici et Stefan Ruha. Des musiciens nés en Roumanie, mais vivant au Canada, on compte : la compositrice Maya Badian, le compositeur-guitariste Robert Feuerstein et sa femme, la pianiste Sarah Feuerstein, Laszlo Gati, Eugene Gmeiner, Luciano et Edith Della Pergola, Uri Mayer, Eli Rubinstein, Aura (Rully), Rémus Tzincoca, Karl Wilhelm, Zamfir, le virtuose de la flûte de Pan, et la soprano Eve Zseller. Joseph Rouleau, basse canadienne, fut invité en 1968 à participer à Bucarest aux productions de Boris Godounov et de Don Carlos. Charles Reiner et Robert Weisz étudièrent à Genève avec le pianiste roumain Dinu Lipatti.

En 1981, le compositeur Michael Pepa rassembla un groupe de danseurs et de musiciens canadiens spécialement pour la tournée Soundstage Canada '81 en Yougoslavie, en Roumanie et en Hongrie. Parmi le groupe se trouvaient les musiciens Robert Aitken, Joseph Macerollo, Erica Goodman et Mary Morrison qui exécutèrent des musiques de R. Murray Schafer, Barbara Pentland, Gilles Tremblay et Marjan Mozetich.

Une version de cet article est parue originalement dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.