Travail domestique au Canada (aide familiale) | l'Encyclopédie Canadienne

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Travail domestique au Canada (aide familiale)

Les services domestiques regroupent toutes les tâches effectuées à la maison, notamment celles liées au ménage, à la garde des enfants et aux services personnels aux adultes. Ces tâches traditionnellement non payées peuvent être attribuées à un domestique (ou aide ménager) rémunéré. Au début de la Nouvelle-France, le travail domestique était considéré comme une manière pour les hommes et les femmes d’immigrer dans la colonie (voir Histoire de la migration de main-d’œuvre au Canada). Au 19e siècle, toutefois, les services domestiques sont devenus presque exclusivement une occupation de femmes (voir Femmes dans la population active). De la deuxième moitié du 19e siècle jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, en réponse au besoin de main-d’œuvre grandissant au Canada, les sociétés d’émigration britanniques ont aidé des milliers de filles et de femmes à immigrer au Canada (voir Immigration au Canada). En 1955, le gouvernement canadien a lancé un programme de recrutement de travailleurs domestiques visant à recruter des femmes antillaises (voir Programme de recrutement de domestiques antillaises). En 2014, le gouvernement supprime la condition selon laquelle les domestiques immigrants doivent vivre avec leur employeur pour être admissibles à la résidence permanente, un critère qui les rendait vulnérables. (Voir aussi Citoyenneté canadienne; Politique d’immigration au Canada).

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Histoire des services domestiques au Canada

À l’époque de la Nouvelle-France, le travail domestique est une manière pour les hommes et les femmes d’immigrer sur le nouveau continent (voir Histoire de la migration de main-d’œuvre au Canada; Peuplement de la Nouvelle-France). Toutefois, pendant le 19e siècle, il devient presque exclusivement un travail de femmes. En effet, bien que dans les années 1820 environ le tiers des domestiques de la colonie soient des hommes, les femmes représentent plus de 90 % des domestiques au Canada à la fin du 19e siècle. Avant 1900, les travaux domestiques sont la source de rémunération la plus courante pour les femmes canadiennes (voir Femmes dans la population active; Travail). Par exemple, en 1891, près de 80 000 femmes travaillent comme domestiques au Canada.

Au 20e siècle, avec l’entrée des femmes dans les usines, les bureaux et les ateliers, la proportion de femmes travaillant comme domestiques chute. En 1891, 41 % des femmes détenant un emploi sont des domestiques, un chiffre qui tombe à seulement 18 % en 1921. Au 19e et au début du 20e siècle, des sociétés d’émigration britanniques et des orphelinats canadiens placent des enfants comme domestiques (voir Émigration; Petits immigrés britanniques; La migration des enfants au Canada; Le travail des enfants).

Le déclin du travail domestique se ressent surtout après la Deuxième Guerre mondiale, ce qui coïncide avec une augmentation du nombre de travailleurs non résidents et de travailleurs à temps partiel. La plupart des travailleurs résidents sont alors de jeunes femmes qui effectuent des travaux généraux sur des fermes ou dans un ou deux foyers d’un centre urbain. Une petite minorité de domestiques occupent quant à eux des postes spécialisés dans une grande équipe.

Traditionnellement, les employeurs embauchent des domestiques pour confirmer leur appartenance à la classe moyenne, et non seulement pour obtenir l’aide nécessaire. Les conditions d’embauche dans le secteur privé et la dévalorisation générale du travail domestique font toutefois perdre à l’occupation sa popularité. Malgré les objections à un faible statut social, à des heures non réglementées, à l’isolement et au manque d’indépendance, rien ne change au fil du temps. En raison de ces conditions, le pays subit une pénurie de domestiques après la Deuxième Guerre mondiale. La population se tourne alors vers l’embauche de femmes immigrantes de la Grande-Bretagne, de la Scandinavie et de l’Europe centrale (voir Immigration au Canada).

Dans les années 1950, des programmes d’immigration, comme le Programme de recrutement de domestiques antillaises, visent à recruter des femmes caraïbéennes pour travailler comme domestiques au Canada. Parallèlement, le Programme concernant les employés de maison étrangers adopté en 1981 par le gouvernement fédéral (et renommé Programme des aides familiaux résidants en 1992) entraîne environ 30 000 personnes originaires des Philippines à immigrer au Canada entre 1982 et 1991. (Voir aussi Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada; Politique d’immigration au Canada.)

Visas temporaires et programmes d’immigration

La politique visant à accueillir les domestiques immigrants à titre de résidents permanents change dans les années 1970 lorsque le gouvernement met en place les visas d’emploi temporaires (voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada). Ces visas permettent alors aux domestiques de demeurer au Canada pendant un temps limité, mais seulement à condition de conserver leur poste. Le gouvernement, accusé de cautionner l’exploitation raciale des femmes antillaises et philippines, modifie la politique en 1981 pour mettre en place le Programme concernant les employés de maison étrangers (PEME). En vertu du PEME, les domestiques étrangers qui travaillent au Canada comme domestiques résidents depuis deux ans sont admissibles à un statut de résidents permanents. En 1992, le PEME devient le Programme des aides familiaux résidants (PAFR). Selon le PAFR, les domestiques étrangers doivent effectuer deux ans de travail en vivant chez leur employeur et améliorer leurs compétences pour prouver leur « autosuffisance ». Les modifications apportées à la politique, bien qu’elles rétablissent l’entrée au Canada pour motif de travail domestique, continuent toutefois de dévaloriser les services domestiques. (Voir aussi Politique d’immigration canadienne; Citoyenneté canadienne.)

Contrôles législatifs

La nature stigmatisée, isolée et généralement temporaire du travail domestique rend difficile l’amélioration des conditions de travail des domestiques immigrants. Au début du 20e siècle, un mouvement tente de professionnaliser les services domestiques, sans succès. Bien que les premières associations de domestiques à Vancouver et à Toronto soient de courte durée, la coalition internationale INTERCEDE (International Coalition to End Domestics’ Exploitation), qui vise à mettre fin à l’exploitation domestique, commence dans les années 1980 à évaluer les conditions de travail et obtient un certain contrôle législatif en matière de normes d’emploi. (Voir aussi Droit de l’emploi; Travail.)

Depuis le 30 novembre 2014, lorsque le Programme des aides familiaux résidants a été modifié, les domestiques immigrants ne sont plus obligés de vivre avec leur employeur pour être admissibles à un statut de résident permanent (voir aussi Citoyenneté canadienne). La nouvelle version du programme vise à rendre moins vulnérables les domestiques et à améliorer leurs possibilités de décrocher de meilleurs emplois et salaires. Les personnes doivent tout de même effectuer 24 mois de travail à temps plein avant de faire une demande de résidence permanente, et leur permis de travail demeure lié à un employeur donné.

Mots-clés

Émigration L’action de quitter sa région ou son pays pour aller s’établir dans un autre pays (voir Émigration).

Immigrant Une personne qui s’établit dans un nouveau pays (voir Immigration au Canada).

Migrant Une personne qui réside hors de son pays d’origine ou qui se déplace d’un endroit à l’autre. De plus en plus, les termes « migrant » et « immigrant » sont utilisés sans distinction pour refléter la complexité de la migration humaine.

Résident permanent Une personne qui a reçu le statut de résident permanent, ce qui lui permet de vivre et de travailler au Canada. Un résident permanent n’est pas un citoyen canadien (voir Citoyenneté canadienne).

Résident temporaire Une personne qui a l’autorisation d’entrer temporairement dans un pays. Au Canada, ce terme s’applique aux ressortissants étrangers, y compris les étudiants, les visiteurs, les participants aux programmes de mobilité internationale et les travailleurs étrangers temporaires (voir Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada).

Lecture supplémentaire

Liens externes