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Toronto et sa toponymie francophone

​Dans une ville, les noms de rues, avenues, chemins et parcs sont choisis selon des critères établis par le conseil municipal.
Court Douville
Crédit: \u00a9 Centre francophone de Toronto.
Rue Radisson.
Crédit: \u00a9 Centre francophone de Toronto.


Dans une ville, les noms de rues, avenues, chemins et parcs sont choisis selon des critères établis par le conseil municipal. À Toronto, une politique toponymique a été adoptée en août 2000 et mise à jour en mars 2007. Règle générale, une rue doit être nommée en l’honneur d’une personne, d’un lieu ou d’un événement qui a un lien avec la ville et ses citoyens. Un nom peut aussi être choisi parce qu’il renforce l’identité du quartier, souligne la flore et la faune des lieux ou témoigne de la reconnaissance à l’endroit des communautés qui contribuent à la diversité ethnoculturelle de la ville.

Selon le recensement de 2011, la population torontoise dont la langue maternelle est le français ne représente que 1,1 % des habitants (63 160 personnes); elle se trouve ainsi bien loin derrière les communautés linguistiques chinoise, italienne, portugaise, punjabi, espagnole, polonaise, tamil et urdu. Et pourtant, plusieurs rues et parcs portent des noms francophones. Ces toponymes rappellent tantôt des explorateurs de la Nouvelle-France, tantôt des personnalités politiques, des personnages torontois ou français, des lieux géographiques canadiens ou étrangers, voire des animaux.

L’histoire du Régime français est évoquée par les rues Jacques Cartier, Samuel de Champlain, Frontenac, Radisson, Cadillac et Montcalm. La toponymie torontoise rend aussi hommage à Étienne Brûlé, premier européen à fouler le sol de l’Ontario, ainsi qu’aux commandants du Fort Rouillé, Alexandre Dagneau Douville et Pierre Robineau de Portneuf. Une rue s’appelle Huron, nom que les Français donnaient aux Ouendats (Wendats).

Les hommes politiques francophones sont bien présents dans la toponymie de la ville. Des emplacements portent les noms de Wilfrid Laurier et de Georges-Philéas Vanier. Toutefois, il est un peu surprenant de trouver la place Chapleau, un premier ministre et lieutenant-gouverneur du Québec, donc peu relié à l’histoire de Toronto. En fait, la toponymie torontoise fait ici une place aux hommes politiques québécois qui sont illustrés sur la scène fédérale. Les croissants Chapais et Langevin, commémorent ainsi des pères de la Confédération.

Les personnages torontois sont évidemment nombreux, mais il n’y en a que six qui sont francophones. Parmi les plus connus figurent le royaliste Laurent Quetton de Saint-Georges qui est honoré par une rue et une bouche de métro. Un parc a été nommé en l’honneur du couple Jeanne-Charlotte et William Berczy qui a conduit de nombreux colons à York (qui fait aujourd’hui partie de l’agglomération de Toronto). Une immense aire de conservation porte le nom d’un Franco-Ontarien né à Toronto, l’environnementaliste Charles Sauriol.

On trouve une dizaine de personnalités françaises dans la gamme des toponymes francophones de Toronto. On y retrouve des écrivains – Victor Hugo, Paul Verlaine et Alexandre Dumas –, des compositeurs – Maurice Ravel et Jean-Philippe Rameau –, et aussi Charlemagne, Charles II d’Orléans ainsi que le cardinal Richelieu. Il y a même une célébrité monégasque : le Prince Rainier III.

La catégorie des noms géographiques est la plus imposante. La Belle Province est représentée par Québec, Chicoutimi, Dorval, Gaspé, Lachine et Laurentides. La France brille avec Bordeaux, Calais, Cambrai, Cannes, Grenoble, Lorraine, Lourdes, Navarre, Paris, Provence, Touraine et Versailles. Les lieux de batailles ont aussi donné leurs noms à plusieurs rues : Courcelette, Dieppe, Vimy et Ypres. On peut aussi inclure l’ancien village d’Agincourt, au nord-est de la ville (dorénavant un quartier de Toronto). Dans ce cas-ci, il s’agit de la graphie anglaise du toponyme français Azincourt, nom du village du Pas-de-Calais où a eu lieu une célèbre bataille entre la France et l’Angleterre en 1415.

Trois rues torontoises portent également des noms de rivières canadiennes aux résonnances francophones : Portage, Rideau et Rouge. De plus, une figure légendaire de l’Acadie, Évangéline, a donné son nom à un court. Enfin, on est surpris de retrouver des noms d’animaux ou d’oiseaux en français sur des enseignes de rues à Toronto tel que Caribou, Castor, Cheval et Hirondelle. Dix parcs torontois portent des noms francophones dont les parcs Dieppe, Beaumonde et Fanfare.

Au total, la Ville Reine compte 300 toponymes français (ou bilingues) reconnus sur son territoire. Elle peut à juste titre se targuer d’avoir des accents francophones!

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