Musique tchèque au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Musique tchèque au Canada

Tchécoslovaquie. Le premier musicien digne de mention émigré au Canada du pays qui allait être connu par la suite sous le nom de Tchécoslovaquie fut sans doute Wilhelm Labitzky (violoniste, Becov, 1829 - Toronto, 1871; fils de Joseph Labitzky, « roi de la valse en Bohême »).
Le premier musicien digne de mention émigré au Canada du pays qui allait être connu par la suite sous le nom de Tchécoslovaquie fut sans doute Wilhelm Labitzky (violoniste, Becov, 1829 - Toronto, 1871; fils de Joseph Labitzky, « roi de la valse en Bohême »). Le jeune Labitzky, qui avait reçu sa formation au Cons. de Prague, se produisit à Toronto en 1858 et s'y fixa peu après. Une immigration plus massive commença avec les années 1880, alors que les Tchèques et les Slovaques commencèrent à arriver de Bohême, de Moravie et de Slovaquie (les trois grandes régions de la Tchécoslovaquie moderne) pour s'établir à Kolin, en Saskatchewan, et plus tard à Winnipeg, Fort William (auj. Thunder Bay), Ont., et d'autres centres. L'ascendance germanique d'un nombre appréciable de ces immigrants rappelle que, jusqu'en 1918 alors qu'elle devint une république, la Tchécoslovaquie avait fait partie de l'empire austro-hongrois. Le bouleversement des années 1930 (celui de la région du Nord-Ouest connue sous le nom de Sudetenland et dont la population est majoritairement allemande) qui aboutit à la Deuxième Guerre mondiale, les événements politiques de 1948 et l'intervention militaire soviétique de 1968 déclenchèrent d'importantes vagues d'émigration chez les Tchèques. Immédiatement avant et après ces années, mais pas nécessairement toujours pour ces raisons, de nombreux Tchèques émigrèrent au Canada. Toronto d'abord, puis Montréal, Winnipeg et Vancouver en attirèrent le plus grand nombre, immédiatement avant et après la Deuxième Guerre mondiale et après l'invasion soviétique. Si plusieurs des immigrants d'avant-guerre étaient des techniciens qualifiés de l'industrie ou des agriculteurs, la plupart des derniers arrivants étaient des hommes d'affaires ou des professionnels.

Les premiers immigrants apportèrent les chansons et les danses de leur mère patrie et les transmirent, avec les langues tchèque et slovaque, à la jeune génération, de parents à enfants et dans les écoles auxiliaires du samedi appuyées par des groupes religieux, puis après la Deuxième Guerre mondiale par la Czechoslovak National Assn du Canada fondée en 1939. Des manifestations locales (tanečni zábavy) ont été parrainées dans tout le pays par cette association et par d'autres organismes dont le Masaryk Memorial Institute. Les ensembles de folklore, particulièrement actifs, regroupent les Tatra Dancers et le Circle of Moravian Slovaks, tous deux de Toronto, et l'Ensemble Dolma de Montréal. Des églises catholiques romaines, baptistes et luthériennes, offrant des offices en tchèque et en slovaque, furent fondées dans plusieurs villes canadiennes. En 1990, on comptait à Toronto, l'église baptiste tchécoslovaque, l'église évangélique luthérienne slovaque Saint Paul's, l'église catholique romaine tchèque Saint Wenceslaus, et l'église catholique romaine slovaque des saints Cyrille et Méthode; à Montréal, l'église catholique romaine slovaque des saints Cyrille et Méthode, fondée au début des années 1930 et dont l'o. m. c. était le compositeur Michael Sinčák. À Chatham, Windsor et Winnipeg naquirent aussi des congrégations tchèques et slovaques actives sur le plan musical.

Au nombre des musiciens qui arrivèrent avant 1950 figurent le ténor Otto Morando; la violoniste Antoniná Dvořáková-Houston (nièce du compositeur Antonin Dvořák), qui fut active dans les années 1930 avant de prendre sa retraite à Montréal; le violoniste Charles Dobiáš, élève de Kathleen Parlow, diplômé du TCM (RCMT) et violon solo de l'Orchestre symphonique de Winnipeg en 1990; l'accordéoniste Gaby Haas; la mezzo-soprano Helen Hájnik; l'éducateur et compositeur Arnold Walter; Leon Koerner et des membres de sa famille s'établirent à Vancouver en 1939 (voir Fondation Leon et Thea Koerner); Oskar Morawetz, à Toronto en 1940; Nicholas Goldschmidt, à Toronto en 1946; Walter Kaufmann, durant quelque temps à Halifax (1947) puis à Winnipeg en 1948; Jan Rubes, à Toronto en 1949; Ruzena Herlinger, à Montréal en 1949. D'autres musiciens actifs au Canada ont été les pianistes Joseph Musil, František Pokorný et František Stein, le baryton Walter Schmolka, aussi réalisateur d'émissions à RCI, et le compositeur George Traxler. Les luthiers Anton Wilfer et ses gendres Alois Fogl et Ewald Fuchs s'établirent à leur compte à Montréal dans les années 1950. Walter Susskind devint chef d'orchestre du TSO en 1956. Les facteurs de clavecin Simond et Sigurd Sabathil se fixèrent à Vancouver en 1960. Aux environs de 1968, arriva une nouvelle vague d'immigrants : à Montréal, le chef d'orchestre Vladimir Jelínek et sa femme, la violoniste Sonia Pečmanová-Jelínková, qui avait reçu un diplôme de l'Université McGill dans les années 1940, et le pianiste Dagmar Rydlo, qui dirigeait en 1990 la succursale de Mississauga du RCMT; à Ottawa, le pianiste Walter G. Haulena, le luthier Joseph Kun, sa femme la pianiste Adolfina et leur fils le violoniste Michael; à Toronto, le violoncelliste Alban Berky, les organistes Michael Borov et Dagmar Ledlová-Kopecký, les pianistes Antonín Kubálek et Zdenka Helena Picha, le violoniste Rudolf Kula, le compositeur Milan Kymlicka, l'administrateur Jan Matejcek, Veronica Sedivy, une autorité sur Janáček, et Ladislav Cselenyi, curateur de la collection d'instruments R.S. Williams du Royal Ontario Museum jusqu'à sa retraite en 1986. Le Quatuor tchèque fut en résidence à l'Université McMaster de 1976 à 1974. Le violoniste Cĕnĕk Vrba devint violon solo de l'Orchestre philharmonique de Calgary; les pianistes Vaclav Benkovic, Maria Benkovic et Leo Kokes s'établirent à Vancouver; le compositeur Rudolf Komorous, à Victoria. Karel Ančerl, dir. artistique et chef d'orchestre du TS (1969-73), vécut à Toronto de 1968 jusqu'à sa mort en 1973 (voir TS). Plusieurs musiciens canadiens sont d'ascendance tchèque ou slovaque : le violoncelliste Charles E. Dojak de Winnipeg, le compositeur Tomas Dusatko, les violonistes Anthony Ginter et Milán Chvostek, le musicologue Jaroslov Mráček (professeur à l'Un d'État de San Diego, où il dirigea le festival de musique canadienne en 1987), le violoniste Joseph Pach et l'auteur-compositeur-interprète Bob Ruzicka.

Des artistes tchèques se sont produits au Canada : les pianistes Rudolf Firkušný, Boris Krajný et Ivan Moravec, le violoniste Jan Kubelík et son fils Rafael, chef d'orchestre, le violoniste Josef Suk ainsi que le Trio Suk, l'Orchestre de chambre de Prague et les Quatuors à cordes Janáček et Smetana. En 1964, Vaclav Smetáček, chef de l'Orchestre municipal de Prague, dirigea l'OSM dans la première exécution intégrale du cycle symphonique Má Vlast de Smetana (oeuvre reprise à Montréal en 1967 par Karel Ančerl et l'Orchestre philharmonique tchèque). Les JMC parrainèrent des tournées du Trio Foerster en 1965-66, du Quatuor Talich et de la contralto Helena Tesarova en 1967-68, et du chanteur Jerzy Artysz, du pianiste Michal Wesolowski et du violoniste Krzyztof Jakowicz durant la saison 1970-71. Les Solistes de Prague (avec la claveciniste Zuzana Ruzickova) et l'Orchestre philharmonique tchèque se produisirent durant l'Expo 67. L'Opéra d'État de Hambourg présenta la première canadienne à la scène de Jenufa de Janáček avec la soprano tchèque Nadeja Kniplova dans le rôle titre, toujours à l'Expo 67. Le Choeur d'enfants de Brno, qui avait créé l'oeuvre pour choeur et orchestre Peace du compositeur canadien H. Klyne Headley à Brno en 1968, effectua en 1969 une tournée dans la province du compositeur, la Colombie-Britannique. Vaclav Neumann fut chef d'orchestre invité du TS en 1975 et de nouveau en 1978, puis revint à Toronto avec l'Orchestre philarmonique de Tchécoslovaquie en mars 1984. Le Czech Nonet joua à Montréal en 1976. Jiří Bĕlholávek fit ses débuts nord-amér. de chef invité avec le TS et revint à de nombreuses reprises, notamment pour diriger des oeuvres de compositeurs tchèques.

Au nombre des Canadiens qui se sont produits en Tchécoslovaquie figurent Emma Albani, qui chanta à Prague, dans la salle de concert du Rudolfinum, en mars 1893; Jean-Marie Beaudet, probablement le premier Canadien à y diriger (oeuvres de Brott, Champagne, MacMillan, Tanguay et Willan au Festival du printemps de Prague en 1946); Jacques Beaudry, qui dirigea à Prague, Brno et Bratislava en 1960; Raymond Dessaints, qui dirigea l'Orchestre de la radio d'État en 1970. L'OSM se produisit au Festival du printemps de Prague en 1976, et Huguette Tourangeau y chanta le rôle titre d' Orlando de Haendel en mai 1976. Le TS se produisit à Prague en mars 1983 et le compositeur Oskar Moravetz retourna en visite en Tchécoslovaquie en 1990. Les oeuvres de Dvořák, Janáček, Martinu et Smetana sont fréquemment interprétées au Canada. Beecham dirigea le Stabat Mater de Dvořák aux Festivals de Montréal en 1942. En septembre 1950, la radio de la SRC présenta la première nord-amér. de l'opéra de chambre Comedy on the Bridge de Martinu dans une traduction anglaise de Walter Schmolka. La University of Toronto Opera Division donna la première canadienne de Katya Kabanová de Janáček en 1977; le Vancouver Opera donna la création nord-amér. de From the House of the Dead de Janáček en 1986 et la COC donna, en 1989, la première canadienne de The Makropulos Case du même compositeur. En 1978, la radio de la SRC, le RCMT et la succursale torontoise de la Czech National Assn du Canada offrirent, à l'occasion du 50e anniversaire de Janáček, une série d'émissions comprenant cinq concerts incluant des oeuvres de Dvořák, Martinu et Smetana. Parmi les interprètes figuraient Antonín Kubálek, le Quatuor à cordes Vaghy et les York Winds. Un concert fut donné à Toronto en octobre 1988 pour célébrer la fondation de la République tchécoslovaque; Kubálek et Morawetz y participaient.

Lecture supplémentaire