Karim Ouellet | l'Encyclopédie Canadienne

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Karim Ouellet

Karim Ouellet, auteur, compositeur, interprète et multi-instrumentiste québécois (né le 8 décembre 1984 à Dakar, Sénégal; décédé le 17 janvier 2022 à Québec, au Québec). Il est le porte-étendard d’une musique pop intelligente à saveur soul, reggae, folk et électro. Son flegme, sa voix feutrée et ses refrains accrocheurs font de lui un artiste singulier. À partir de 2007, il multiplie les collaborations avec des artistes de la ville de Québec (CEA, Webster, Limoilou Starz) et fait partie du collectif Movèzerbe. En parallèle, il met la table à une carrière solo en participant au projet 5 fois 5 au Théâtre Petit Champlain, vitrine sur la jeune relève artistique québécoise et se rend aux Francofolies de La Rochelle. C’est en 2009 qu’il participe au Festival international de la chanson de Granby. Il y fait très bonne figure en se hissant à l’étape finale. Dès son premier album en 2011 (Plume), Karim Ouellet attire les regards du public et de l’industrie. Il récolte le prix de l’Album pop de l’année au Gala Alternatif de la Musique Indépendante du Québec récompensant l’excellence dans le milieu de la musique indépendante. Son premier succès « L’amour » tiré de l’album Fox survient en 2012 et lui vaut une première reconnaissance du grand public.
Karim Ouellet
Ouellet lors des FrancoFolies de Montréal, juin 2017.

Enfance et début de carrière

À quelques mois à peine, Karim est adopté par un couple de Québécois. Son père étant diplomate, il parcourt la planète et pose ses valises au Canada, Rwanda, France, Sénégal et Tunisie avant de s’installer, en 2002, dans le quartier Montcalm à Québec. Sa mère joue de la kora (instrument traditionnel africain) et sa jeunesse est bercée par la musique. Très jeune, il commence timidement à tâter quelques instruments (piano, percussions, guitare). Il se souvient d’avoir écrit sa première chanson à l’âge de sept ans.  

Néanmoins, c’est à l’adolescence que l’engouement pour la musique devient sérieux. Il découvre la guitare électrique par le biais d’un ami et s’applique à affiner son jeu par plusieurs heures de pratiques et en jouant avec des groupes locaux. Il débute avec des chansons de Nirvana puisque ce sont des airs qui se jouent et s’apprennent facilement. Il n’y a pas que Kurt Cobain et sa bande qui l’inspire, car Jimi Hendrix et Dire Straits nourrissent également son imaginaire. Il est très tôt associé au quartier Limoilou de la ville de Québec, même s’il n’y réside pas, puisque ses premières collaborations sont avec des artistes du secteur de la basse-ville. Il y rencontre Claude Bégin (Accrophone, puis Alaclair Ensemble) au milieu des années 2000, qui devient son ami et partenaire à l’écriture comme à la musique pour ses trois premiers albums.

Plume (2011)

Le titre de ce premier album est un clin d’œil assumé à la chanson « Flume » de la formation Bon Iver. Plume est un disque sur l’amour, sous toutes ses déclinaisons. Avec celui-ci, Karim Ouellet arrive où personne ne l’attend. En effet, une suite logique de son parcours musical avec Movèzerbe aurait prédit une mouture hip-hop, mais non. Assisté de ses amis Claude Bégin et Thomas Gagnon-Coupal (Les 2 Tom), il profite de ce premier effort pour exorciser une peine d’amour récente. Ses textes se font le miroir de son chagrin. La musique est un hybride de pop feutré, de folk et d’électro. « Après tout » est le premier simple duquel un clip a été tiré. Ce premier essai lui donne l’occasion de mettre en scène son matériel. En 2011, il est invité au Festival international d’été de Québec, il participe à Envol et Macadam (un festival de musiques alternatives qui contribue à faire connaître les artistes de la relève), à Première Ovation (et à son tout nouveau festival Relève en Capitale), aux Francofolies de Montréal ainsi qu’au Festival de la chanson de Tadoussac en plus d’être parmi les finalistes des Francouvertes

Fox (2012)

C’est le 27 novembre 2012 que paraît l’album Fox. Il serait un euphémisme de dire que ce deuxième opus ne met pas de temps à faire mouche. Certains titres sont de véritables vers d’oreille. Le tube « L’amour » occupe le sommet du grand palmarès BDS francophone, devant Marie-Mai, Sylvain Cossette et Céline Dion. Fox, c’est aussi l’album de la consécration pour Karim Ouellet : Révélation Radio-Canada 2012-2013 (chanson), Prix Félix-Leclerc de la chanson en 2013 pour sa pièce « L'amour»et Album francophone de l’année aux prix Juno en 2014. M et Stromae tombent aussi sous le charme et lui offrent de faire la première partie de leurs spectacles respectifs. Avec Fox, le chanteur ne récolte pas moins de cinq nominations pour des prix Félix à l’ADISQ.

À propos du grand succès de Fox qui crée un pont entre le milieu alternatif et les radios commerciales, il dit s’inspirer de l’artiste acadienne Lisa LeBlanc :

Elle fait quelque chose de très personnel, dans un état d’esprit à 100 % libre. Grâce à une chanson en particulier, elle est passée de l’autre côté. Aux yeux de certains, ça enlève un peu d’exclusivité à la chanson, que tout le monde s’est un peu appropriée. Mais son album demeure une œuvre personnelle, qui n’a pas été pensée en fonction d’une stratégie commerciale ou d’un format… Moi j’appelle ça de la “musique démocratique”.

Trente (2016)

Ici, l’artiste emmène son auditeur sur ses sentiers battus, les mêmes qui lui ont valu quatre titres – « L’amour », « Marie Jo », « Rien ne sert de courir » et « L’amour est un monstre » (avec Misteur Valaire) – au numéro un des palmarès BDS. Son troisième album possède la même élégance doublée de cette désinvolture qui l’a fait aimer. Certaines critiques se font plus tièdes, invoquant la redite de l’artiste. Trente unit le reggae, le rock et l’électro sans noyer cette soul, toujours présente, en filigrane. Cet album vient confirmer une fois de plus que le duo Ouellet / Bégin est doué pour les mélodies accrocheuses. Un réel travail d’orfèvre en studio qui lui vaut une nouvelle nomination pour un prix Juno en 2017.

Aikido, mini-album (2016)

Le public n’avait pas terminé de découvrir tous les titres de Trente qu’il le surprend avec ce mini-album en téléchargement gratuit. Il explique cette décision :

J’ai mon studio à la maison je fais de la musique à tous les jours. Je me suis retrouvé avec deux-trois nouvelles tounes que je trouvais bonnes, mais que si je les laissais dormir dans mon ordinateur je n’y retoucherais pas. En plus, j’[e n’] avais jamais offert un projet gratuitement avant. Je croisais les doigts parce que j’étais nominé à l’ADISQ (finalement je n’ai pas gagné) et le timing était bon. Je voulais aussi lancer le petit message que malgré le streaming et le peu de droits d’auteur qu’on reçoit, on peut s’arrêter de pleurer deux minutes, faire de la musique et donner des cadeaux aux gens.

Les critiques se font excellentes. Selon Frédéric Bussières, animateur à l’émission Poste d’écoute, ce « mini-album surprise risque effectivement d’en surprendre plusieurs. C’est que sur Aïkido, Karim explore plus que sur ses dernières parutions. (…) Laissant de côté la facture léchée et parfois les mélodies tangibles Ouellet essaie, fouille et réussit. Sans perdre son auditeur, bien au contraire, Aïkido s’amuse avec lui le sachant intelligent ». En somme, rien de convenu et surtout une envie d’entendre ce qui suit.

Le Mois de l’histoire des Noirs (2018)

En février 2018, pour la 27e édition du Mois de l’histoire des Noirs, le chanteur est mandaté pour être porte-parole francophone de cet événement national. Il se dit honoré de faire connaître l’histoire des Noirs au Québec. Son intérêt à diffuser l’histoire des Noirs n’est pas nouveau puisque, en 2007, il s’était joint au rappeur Webster pour la chanson « Qc History X », un résumé rappé de 400 ans d’histoire des Noirs au Québec ainsi que des combats menés par les Autochtones et les Asiatiques au Canada. Un véritable cours d’histoire en accéléré.

Prix et distinctions

  • Album pop de l’année (Plume), Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (2011)
  • Révélation Radio-Canada (2012-2013)
  • Prix Félix-Leclerc de la chanson (« L’amour »), Fondation Félix Leclerc (2013)
  • Album francophone de l’année (Fox), Prix Juno (2014)