Herb Carnegie | l'Encyclopédie Canadienne

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Herb Carnegie

Herbert H. Carnegie, OC, O. Ont., joueur de hockey, philanthrope (né le 8 novembre 1919 à Toronto, en Ontario; décédé le 9 mars 2012 à Toronto). Considéré comme la première vedette de hockey afro-canadienne, il est généralement reconnu comme le meilleur joueur noir de la Ligue nationale de hockey (LNH). Herbert H. Carnegie a été actif au cours des années 1940 et 1950, surtout dans les ligues junior A et senior du Québec et de l’Ontario. Il a été membre des Black Aces, le premier trio de hockey afro-canadien en dehors de la Coloured Hockey League of the Maritimes. Après avoir pris sa retraite du hockey en 1954, il a établi la Herbert H. Carnegie Future Aces Foundation. Il était également un golfeur senior accompli. Il a été fait membre de l’Ordre du Canada et a été intronisé au Panthéon des sports de l’Ontario, au Panthéon des sports canadiens et au Temple de la renommée du hockey.

Herb Carnegie

Enfance

Herbert H. Carnegie naît à Toronto. Il est le cinquième de sept enfants. Ses parents, Adina James Mitchell et George Nathaniel Carnegie, sont des immigrants jamaïcains. Il grandit à North York, où il joue au softball, au golf et au hockey. Dès l’âge de huit ans, quand il chausse une paire de patins et embarque sur la glace pour la première fois, il commence à rêver de devenir hockeyeur professionnel. Le hockey est sa vocation. Ossie, un de ses frères aînés, a la même ambition.


Carrière dans le hockey amateur

Selon les normes du hockey, Herbert H. Carnegie, qui mesure 173 cm et pèse environ 77 kg, est considéré comme petit. Néanmoins, il est décidé à devenir hockeyeur professionnel. Pendant les années 1930, il s’inscrit dans des ligues amatrices locales et joue avec les Observers de Toronto, l’équipe de l’école secondaire Earl Haig et celle de Toronto Vocational. Selon Cecil Harris, auteur de Breaking the Ice, Herbert H. Carnegie gagne le surnom « Swivel Hips » grâce à son habileté à faire des feintes pour déjouer ses adversaires. Patineur et manieur de rondelle adroit, il est également un meneur de jeu créatif et instinctif.

En 1938, il se joint à l’équipe junior A des Young Rangers de Toronto. Cette même année, Conn Smythe, le propriétaire des Maple Leafs de Toronto, aurait dit qu’il recruterait Herbert H. Carnegie « dès demain » s’il pouvait « en faire un Blanc ». (Selon une autre version de l’histoire, il aurait dit qu’il paierait 10 000 $ à quiconque pourrait faire de Herbert H. Carnegie un Blanc.) Lors d’une entrevue en 2002, Herbert H. Carnegie se rappelle avoir été dérouté par les propos de M. Smythe. Cependant, sa passion pour le hockey ne faiblit jamais.

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Black Aces

De 1940 à 1942, Herbert H. Carnegie joue pour les Buffalo Ankerites de Timmins. L’équipe joue dans le nord de l’Ontario et du Québec. Pendant la saison 1941, les Buffalo Ankerites sont la première équipe semi-professionnelle à avoir un trio uniquement noir. Il est composé de Herbert H. Carnegie, de son frère, Ossie, et de Vincent Churchill « Manny » McIntyre. Les journalistes sportifs et les partisans appellent le trio les « Brown Bombers », les « Dusky Speedsters » et les « Dark Destroyers ». Ils sont finalement connus comme « Les Noirs » ou les « Black Aces ». Herb (le meneur de jeu) joue au centre, alors que Ossie (le franc-tireur) et Manny (l’homme fort) sont des ailiers. Pendant deux saisons avec les Buffalo Ankerites (1940-1941 et 1941-1942), ils aident l’équipe à gagner deux championnats de ligue. Les Black Aces deviennent l’un des trios les plus habiles et respectés du hockey de ligue mineure pendant les années 1940. Ils jouent ensemble dans diverses équipes, y compris les Saints de Sherbrooke.

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Carrière dans le hockey semi-professionnel

Pendant qu’ils jouent pour les Buffalo Ankerites, les frères Carnegie et Manny McIntyre attirent l’attention des équipes de la Ligue provinciale de hockey du Québec (LPHQ). En 1944, Herbert H. Carnegie commence sa carrière au sein de la LPHQ comme membre des célèbres Cataractes de Shawinigan. Il ne joue toutefois avec eux qu’une seule saison. La saison suivante, il se joint aux Randies de Sherbrooke, une équipe par la suite rebaptisée le « Saint-François » (ou les Saints) de Sherbrooke. Pendant la saison 1947-1948, avec l’équipe sherbrookoise, Herbert H. Carnegie marque 127 points (48 buts, 79 aides) en 56 parties, une performance remarquable. Cet exploit lui attire l’attention des recruteurs de la LNH.

En 1948, les Rangers de New York l’invitent à leur camp d’entraînement, lui offrant ainsi l’occasion de se qualifier pour leur liste de joueurs de la LNH. Cependant, Herbert H. Carnegie n’est pas sélectionné pour l’équipe. Il est plutôt recommandé aux ligues mineures. Les Rangers manifestent un intérêt à détenir ses droits mais, selon Herbert H. Carnegie, il aurait gagné moins d’argent dans les ligues mineures qu’au Québec. Il refuse donc l’offre des Rangers et retourne à Sherbrooke pour la saison 1948-1949. À ce moment-là, son équipe s’est jointe à la Ligue de hockey senior du Québec (LHSQ). C’est la dernière saison de jeu pour les Black Aces. Ils comptent un total de 142 points en 63 parties. Sherbrooke termine alors en deuxième place de la ligue.

Pour la saison 1949-1950, Herbert H. Carnegie est transféré aux As de Québec sous l’entraîneur George « Punch » Imlach. Il y restera quatre saisons. Pendant la saison 1950-1951, il joue aux côtés de Jean Béliveau, future vedette des Canadiens de Montréal intronisée du Temple de la renommée du hockey. Selon Jean Béliveau, Herbert H. Carnegie est « un super joueur de hockey, avec un beau style, un bon patineur, un grand meneur de jeu. À cette époque-là, les jeunes apprenaient des anciens. Moi, j’apprenais de Herbie. »

Herbert H. Carnegie passe sa dernière saison avec les Mercurys d’Owen Sound de l’Association du hockey senior A de l’Ontario (AHSO). Il prend sa retraite du hockey en 1954, à l’âge de 34 ans.

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Préjugés et occasions manquées

Herbert H. Carnegie ne réalise jamais son rêve de devenir joueur de la LNH. Il croit, comme beaucoup d’autres, que son héritage africain est la seule raison pour laquelle il est incapable d’entrer dans la ligue. Au cours de plusieurs entrevues, il se rappelle avoir été anéanti par les propos allégués (et prononcés devant de nombreuses personnes) du propriétaire des Maple Leafs, Conn Smythe, selon lesquels il recruterait Herbert H. Carnegie seulement si quelqu’un pouvait « en faire un Blanc » (les historiens ont débattu les vrais propos de Conn Smythe et ce qu’il voulait dire). Dans son autobiographie, Herbert H. Carnegie écrit également que les partisans et les entraîneurs opposants lui lançaient, ainsi qu’aux autres joueurs noirs, des insultes et des termes péjoratifs, tout au long de sa carrière en tant qu’amateur et que joueur semi-professionnel. Pendant une entrevue avec la CBC en 2009, il pleure ouvertement en discutant des préjugés qu’il a subis pendant sa carrière de hockeyeur.

C’est le joueur sino-canadien Larry Kwong qui brise la barrière raciale de la LNH en 1948. En janvier 1958, la LNH accueille un premier hockeyeur noir, Willie O’Ree, qui joue pour les Bruins de Boston.

Retraite après le hockey

Après sa retraite du hockey, Herbert H. Carnegie se joint au Groupe Investors en 1964. Il devient le premier conseiller financier canadien noir de l’entreprise, poste qu’il occupera pendant 32 ans.

Il continue sa carrière de sportif en tant que golfeur senior et gagne de nombreux championnats locaux et nationaux. Il remporte trois fois le championnat senior du club de golf Whitevale (1963, 1964 et 1968), deux fois la tournée senior canadienne (1977 et 1978) et trois fois la tournée senior de l’Ontario (1975, 1976 et 1982).

Herb Carnegie, 1977

Future Aces

En 1955, Herbert H. Carnegie fonde la Future Aces Hockey School. Il s’agit de la première école de hockey inscrite au Canada. En 1987, il établit la Herbert H. Carnegie Future Aces Foundation avec sa femme, Audrey, et sa fille, Bernice. La fondation aide les jeunes à se développer pour devenir des citoyens responsables et compétents. Depuis sa formation, l’organisme a offert plus de 630 000 $ en bourses. Pendant les années 1990, Herbert H. Carnegie et les Future Aces paraissent dans le rôle de héros dans deux numéros spéciaux de la bande dessinée The Amazing Spider-Man, dont les titres sont « Skating on Thin Ice! » et « Double Trouble ».

Héritage et reconnaissance

Herbert H. Carnegie meurt le 9 mars 2012 à l’hôpital Sunnybrook, à Toronto, à l’âge de 92 ans. Il laisse derrière lui ses quatre enfants : Goldie, Dale, Bernice et Rochelle. Son épouse, Audrey Redmon, est morte en 2003, après 63 ans de mariage.

Même s’il n’a jamais joué dans la LNH, Herbert H. Carnegie est intronisé au Panthéon des sports canadiens (2001) ainsi qu’au Panthéon des sports de l’Ontario (2014) et d’Owen Sound (1997), à l’International Afro-American Sports Hall of Fame and Gallery (1997), au Senior Hockey Hall of Fame Immortal (2004), au Black Hockey and Sports Hall of Fame (2006), au African American Ethnic Sports Hall of Fame (2007) et le Temple de la renommée du hockey (2022) dans la catégorie Bâtisseur.

Il est aussi le récipiendaire de nombreux prix communautaires et honoraires. Il reçoit l’Ordre de l’Ontario en 1996, l’Ordre du Canada en 2003, la Médaille commémorative du règne de la Reine en 1977, la Médaille du jubilé en 2002 et la Médaille du jubilé de diamant en 2012 (posthume). Il reçoit également la Médaille du mérite civique de l’Ontario (1988), le prix du bénévole de l’année de la Ville de North York (1989), le prix de distinction des bénévoles (1997), le prix du service spécial de modèle de comportement d’Apple Creek (2009) et le prix de reconnaissance de l’ensemble de ses réalisations de Planet Africa (2007), ainsi que beaucoup d’autres reconnaissances de service communautaire et de reconnaissance de l’ensemble de ses réalisations.

Le Groupe Investors institue son propre prix Herbert H. Carnegie en 2003. Il est décerné aux employés qui font preuve d’excellence professionnelle et démontrent un dévouement envers leur communauté. En juin 2006, Herbert H. Carnegie reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université York. Une école publique du district Maple de Toronto est nommée en son honneur. L’aréna de hockey anciennement connu sous l’appellation « North York Centennial » est renommé « Herbert H. Carnegie Centennial Centre » en 2001.

Voir aussi Les athlètes canadiens noirs pionniers.

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