Louis-Olivier Gamache | l'Encyclopédie Canadienne

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Louis-Olivier Gamache

Louis-Olivier Gamache, marin et marchand (né en 1784 à L’Islet, au Québec; décédé en septembre 1854 à l’île d’Anticosti, au Québec). Louis-Olivier Gamache était un résident de l’île d’Anticosti, à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Ses exploits, véridiques ou légendaires, sont entrés dans la tradition orale de cette région. L’homme aurait rejoint la marine britannique pour ensuite revenir au Québec pour s’installer sur l’île d’Anticosti, où il était un marchand et, selon la légende, un redoutable pirate. Selon certains récits, Louis-Olivier Gamache aurait démontré certains pouvoirs surnaturels et aurait même entretenu une relation personnelle avec le diable.

Île d'Anticosti

Jeunesse

Louis-Olivier Gamache est le fils de Michel-Arsène Gamache et de Marie-Reine Després (ou Disséré). Selon l’historien Abbé Jean-Baptiste-Antoin Ferland, à l’âge de 11 ans, Louis-Olivier Gamache joint les rangs de la marine britannique. En tant que garçon de cabine, il navigue autour du monde pendant plusieurs années. Lorsqu’il rentre enfin chez lui, il apprend que ses deux parents sont décédés. On dit qu’il ouvre un petit magasin à Rimouski, qui sera toutefois détruit par les flammes.

Louis-Olivier Gamache épouse Françoise Bacelet (également connue sous le nom de Cassista), avec qui il aura plusieurs enfants. Vers 1810, la famille s’installe à l’île d’Anticosti, une île de 225 km de long, densément boisée et située à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Les Gamache vivent dans une propriété située à l’extrémité ouest de l’île, à Baie Ellis, un port naturel isolé. Louis-Olivier Gamache subvient aux besoins de sa famille en chassant, en pêchant et en faisant le commerce des fourrures (voir Traite des fourrures au Canada). Il ouvre également un petit dépôt d’approvisionnement proposant des marchandises aux navires de passage et aux survivants des naufrages qui surviennent fréquemment dans la région.

L’épouse de Louis-Olivier Gamache et sa fille Christine sont emportées par la variole en juillet 1836. On dit que l’homme épouse Catherine Lots l’année suivante. En novembre 1845, à son retour d’une partie de chasse, il retrouve celle-ci morte dans la maison. Louis-Olivier Gamache aurait eu neuf ou dix enfants avec sa première épouse et trois avec la seconde, mais hormis Christine, on ne sait rien de leur vie.

Rencontres avec Louis-Olivier Gamache

Bon nombre des récits qui donneront naissance à la légende de Louis-Olivier Gamache sont issus des écrits de l’historien Abbé Jean-Baptiste-Antoin Ferland, qui rend visite à l’homme en 1852. Lors de leur rencontre, Louis-Olivier Gamache vit seul, les fenêtres et les portes de sa maison barricadées, et les murs couverts d’une panoplie de fusils, de pistolets, d’épées, de couteaux, de baïonnettes et d’autres armes.

Certains des récits sur Louis-Olivier Gamache parlent d’un homme reclus souhaitant défendre sa maison isolée, vulnérable aux attaques des aventuriers. Par exemple, Abbé Jean-Baptiste-Antoin Ferland raconte l’histoire d’un Innu (Montagnais) armé qui se serait approché de la maison, faisant fi de l’avertissement du propriétaire. Louis-Olivier Gamache lui tire une balle dans la jambe. Il amène l’homme à l’intérieur, panse ses blessures et, une fois celles-ci guéries, l’aide à remonter dans son canot avec de la nourriture et des provisions. Louis-Olivier Gamache pousse le canot à l’eau, donnant à l’homme innu une consigne claire à communiquer à tous les autres : le prochain qui s’approchera de sa maison sera abattu d’une balle dans la tête.

L’auteur et explorateur américain Charles Lanman visite également l’île d’Anticosti pour en savoir plus sur Louis-Olivier Gamache. Il raconte de nombreuses anecdotes dans un article du New York Journal of Commerce, dont celle d’un policier monté à bord du navire du marchand dans l’intention de l’arrêter pour non-paiement d’une dette. Louis-Olivier Gamache, après lui avoir offert une place à bord ainsi que du vin, l’aurait kidnappé. Les deux hommes auraient passé l’hiver sur l’île. Le printemps venu, Louis-Olivier Gamache se serait acquitté de sa dette, et le policier serait rentré auprès de sa famille à Québec.

Jean-Baptiste-Antoine Ferland

Louis-Olivier Gamache et le surnaturel

Certaines histoires sur Louis-Olivier Gamache sortent tout droit de l’imaginaire. Par exemple, on raconte que l’homme aurait attaqué plusieurs navires sur le Saint-Laurent, assassinant leurs équipages et s’emparant de leurs provisions. La légende décrit l’équipage de Louis-Olivier Gamache comme impitoyable, mais invisible. Dans un récit, son navire, lors d’une poursuite sur le Saint-Laurent, disparaît soudainement après avoir pris la forme d’une boule de feu. L’équipage de l’autre navire, s’attendant à retrouver l’épave d’un navire brûlé, voit plutôt des flammes s’élever mystérieusement des vagues. Poursuivi à une autre occasion après le coucher du soleil, Louis-Olivier Gamache met un radeau à l’eau derrière son navire, puis y met le feu. Il remorque ensuite le radeau sur une certaine distance avant de le relâcher. L’équipage du navire ennemi, trompé par ce subterfuge, suit le radeau pendant un certain temps, ne trouvant que des flammes dans l’eau en se rapprochant. Avec de tels récits, on croit de plus en plus à la théorie selon laquelle Louis-Olivier Gamache possède des pouvoirs surnaturels (ou qu’il est un fantôme se manifestant sous la forme d’un feu follet, phénomène issu du folklore ancien).

Les récits mettant en scène le « pirate d’Anticosti » décrivent également la relation qu’il aurait entretenue avec le diable. On raconte qu’un après-midi, le navire de Louis-Olivier Gamache et de nombreux autres se seraient retrouvés immobilisés en l’absence de vent. L’homme se serait alors levé, implorant le diable de lui venir en aide. Quelques secondes plus tard, son navire se remet en route, ses voiles gonflées par le vent, tandis que les autres navires, eux, restent cloués sur place.

On dit aussi que Louis-Olivier Gamache serait entré un jour dans un hôtel de Rimouski, commandant deux repas exceptionnellement copieux pour sa chambre. À son retour, l’aubergiste est estomaquée de constater qu’une deuxième chaise a été placée à table, et que deux couverts ont été utilisés pour terminer les deux repas gargantuesques. La rumeur se répand comme une traînée de poudre : l’homme aurait dîné avec le diable. Le lendemain, il fait la même chose. Sa prétendue relation avec le diable lui vaudra le surnom de « Sorcier d’Anticosti ».

Décès

On raconte qu’un trappeur du nom de Goudreau (ou Gaudreau), passant par la maison de Louis-Olivier Gamache, aurait retrouvé l’homme mort. On présume que Louis-Olivier Gamache a trouvé la mort en septembre 1854. Le trappeur dit avoir enterré l’homme à côté de la tombe de son épouse.