Apocalypsis | l'Encyclopédie Canadienne

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Apocalypsis

Apocalypsis de R. Murray Schafer est une œuvre de théâtre musical en deux parties : la Partie 1, John’s Vision, est adaptée du livre de l’Apocalypse et elle raconte la fin des temps, tandis que la Partie 2, Credo, est une méditation sereine et extatique sur la majesté de Dieu. Apocalypsis est une production massive et complexe qui nécessite la participation d’au moins 500 artistes. Elle a été commandée par la CBC en 1976, et elle a été présentée pour la première fois le 28 novembre 1980 au Centennial Hall de London (Ontario) dans le cadre des célébrations du 125e anniversaire de la ville. William Littler l’a qualifié de « l’un des événements les plus spectaculaires de l’histoire de la musique canadienne ». En 2015, l’œuvre acclamée a clôturé le festival Luminato de Toronto, une production de 1,5 million de dollars à laquelle a pris part une troupe de près de 1 000 musiciens, chanteurs, chefs d’orchestre, danseurs et acteurs. Les partitions des deux parties sont publiées séparément et disponibles aux Éditions Arcana de R. Murray Schafer (Partie 1, 1981 ; Partie 2, 1986).

Partie 1 : John’s Vision

D’une durée d’environ 65 minutes, John’s Vision est basé sur le Psaume 148 et sur le texte de l’Apocalypse de Jean tels qu’adaptés par R. Murray Schafer, bpNichol, Paul Dutton, Steve McCaffery et Leo Del Pasqua. Bruyant, cassant et frénétique, John’s Vision dépeint de manière dramatique la fin du monde, mettant en scène les événements cataclysmiques décrits dans le dernier livre de la Bible. La distribution comprend six chœurs (d’hommes, de femmes, d’enfants, de discours et deux chœurs mixtes), quatre groupes instrumentaux, un orgue, un enregistrement et des solistes (cinq chanteurs, trois « poètes sonores », des danseurs et des mimes).

En raison de la séparation spatiale des différents chœurs vocaux et instrumentaux à travers l’auditorium, John’s Vision requiert aussi six chefs d’orchestre, eux-mêmes dirigés par un chef principal en position centrale. Des bannières, des diaporamas et de courts extraits vidéo sont également mis à profit. R. Murray Schafer met en parallèle la numérologie employée dans l’Apocalypse avec l’utilisation du chiffre 7 pour certaines caractéristiques structurelles de l’œuvre dans la Partie 1, et l’utilisation du chiffre 12 dans la Partie 2.

Partie 2 : Credo

D’une durée approximative de 45 minutes, Credo est une méditation sereine et extatique sur la majesté de Dieu, écrite pour 12 chœurs mixtes accompagnés d’un enregistrement ou d’un synthétiseur (avec cordes ou un synthétiseur optionnels). Le texte de la Partie 2 est l’adaptation par R. Murray Schafer de l’un des Dialogues de Giordano Bruno, un philosophe du Moyen-Âge, cosmologiste et hérétique condamné. Le Globe and Mail décrit la deuxième partie comme « une coda d’une paix infinie, et des lignes musicales lentes… dans un déroulement tranquille ressemblant à une symphonie de Mahler portée à un niveau d’intensité supérieur ».

Production de 1980

Commandée par la CBC en 1976 et coproduite avec le London Symphony Orchestra (aujourd’hui le Orchestra London Canada) et l’Université de Western Ontario (aujourd’hui Université Western), Apocalypsis est présentée en première le 28 novembre 1980 au Centennial Hall de London en Ontario, dans le cadre du 125e anniversaire de la ville. Une deuxième représentation tenue le lendemain est enregistrée afin d’être diffusée lors de l’émission Arts National de la CBC, le 1er décembre 1980. L’œuvre est interprétée par le groupe Sinfonia du London Symphony Orchestra, plusieurs groupes choraux et instrumentaux de l’université, le London Pro Musica Choir et les Fanshawe Concert Singers, ainsi que des membres du Hart House Chorus de Toronto et les Chamber Singers du Conservatoire royal de musique.

La production est dirigée par R. Murray Schafer, chorégraphiée par Sallie Lyons, et les décors et les costumes sont réalisés par Margaret Stephenson Coole et Marian Spanjerdt. Simon Streatfeild est le chef d’orchestre principal de la Partie 1, et Deral Johnson, celui de la Partie 2. Les solistes incluent le poète sonore bpNichol qui interprète Jean de Patmos, Paul Dutton qui joue l’archange Mikaël, et Steve McCaffery qui incarne l’Antéchrist ; ainsi que la mezzo‑soprano Jean Stilwell dans le rôle de la Vieille Femme et la danseuse Judy Jarvis dans celui de la prostituée de Babylone. William Littler a décrit cette représentation d’Apocalypsis à London comme « l’un des événements les plus spectaculaires de l’histoire de la musique canadienne ».

Production de 2015

Présentée comme la plus grande production musicale de l’histoire de Toronto, la production multidisciplinaire d’Apocalypsis, qui joue au Sony Centre for the Performing Arts de Toronto du 26 au 28 juin 2015 dans le cadre du festival Luminato, coûte 1,5 million de dollars et nécessite trois ans de production. Mettant en vedette plus de 1 000 musiciens, chanteurs, chefs, danseurs et acteurs, la production est dirigée par le chef d’orchestre principal et directeur musical David Fallis, à la tête de l’orchestre Tafelmusik. La mise en scène et la conception scénique sont effectuées par Lemi Ponifasio, et l’éclairage par Helen Todd. La distribution présente Denise Fujiwara, l’artiste de scène américaine Laurie Anderson dans le rôle de Jean de Patmos, l’artiste transsexuelle canadienne Nina Arsenault dans le rôle de la prostituée de Babylone, l’acteur Brent Carver, lauréat d’un prix Tony, dans celui de l’Antéchrist, et la chanteuse de gorge inuite Tanya Tagaq dans celui de la Vieille Femme.

La Partie 1 comprend douze groupes choraux, incluant le Toronto Chamber Choir, les Bell’Arte Singers, le Choir 21 et le Hamilton Children’s Choir. La Partie 2 présente onze chœurs, dont le Toronto Mendelssohn Choir, le Orpheus Choir of Toronto, le Ottawa Bach Choir et le Guelph Chamber Choir. Les instrumentaux de la Partie 1 sont joués par le Hannaford Youth Program, Musica Reflecta, et Sara Svendsen à l’orgue, tandis que ceux de la Partie 2 sont joués par 12 quatuors ou ensembles, incluant le Vaughan String Quartet, le Strataphoria String Quartet, le Adficio Quartet et le Quatuor Despax. Durant la Partie 2, les membres des différents chœurs occupent les balcons du Sony Centre.

Robert Harris, du Globe and Mail, salue le « pari très médiatisé » qu’est la production, et la décrit comme étant « souvent stupéfiante » et « un triomphe compliqué ». Il réserve ses plus grands éloges à Tanya Tagaq, déclarant que sa « composition captivante, déconcertante et envoûtante de chants de gorge, de vocalises et de mouvements a instantanément propulsé la production à un autre niveau de sens. »