William K. Beall | l'Encyclopédie Canadienne

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William K. Beall

William Kennedy Beall, planteur et officier (mort en 1815). William Beall et sa famille ont vécu dans un immense domaine, Beallmont, aux abords de la rivière Ohio, un peu au nord de Newport, Kentucky.

William K. Beall

William Kennedy Beall, planteur et officier (mort en 1815). William Beall et sa famille ont vécu dans un immense domaine, Beallmont, aux abords de la rivière Ohio, un peu au nord de Newport, Kentucky. Beall est surtout connu pour le récit qu'il a fait dans son journal de sa capture à FORT AMHERSTBURG pendant la GUERRE DE 1812.

Au printemps de 1812, Beall rejoint l'armée du général William HULL qui avait pris part à la guerre d'indépendance des États-Unis à titre de quartier-maître général adjoint de son ami et voisin, le général James Taylor, qui avait été fait général à la fin de la guerre.

Quelques semaines plus tard, en été, alors que l'armée du Nord Ouest du général Hull prend un raccourci et se fraie un chemin dans les bois touffus du Michigan, Beall réussit quant à lui à éviter les rudes marécages et embarque à bord de la goélette Cuyahoga Packet qui remonte la rivière Detroit pour retrouver Hull à Fort Detroit. Dans les soutes, se trouvaient des instruments de musique et de l'approvisionnement destiné à l'armée et à bord, des soldats trop malades pour se déplacer par voie terrestre. Mais Beall est dépositaire d'une cargaison encore plus précieuse : les possessions personnelles de Hull, notamment son journal, ses lettres et sa correspondance ultrasecrète avec le secrétaire américain de la Guerre William Eustis, cette cargaison ayant été remise entre les mains de Beall par le fils de Hull, Abraham. Le 2 juillet 1812, ignorant que les États-Unis avaient déclaré la guerre, la Cuyahoga Packet et son capitaine, Luthur Chapin, remontent tranquillement la rivière et passent devant le fort d'Amherstburg comme si de rien n'était, comme s'il s'agissait d'une journée ordinaire sur les Grands Lacs.

Du côté canadien, les choses ne se passent pas ainsi. Le drapeau américain de la goélette attire l'attention du lieutenant Frédéric Rolette, un officier canadien-français de la Marine provinciale. Il recrute rapidement six hommes armés, s'empare d'une chaloupe et le petit groupe rame pour surprendre le vaisseau américain. Le capitaine Chapin qui ne s'inquiète pas outre mesure de voir ces aimables voisins venir à sa rencontre ne s'attend pas du tout à voir ces hommes dégainer leurs fusils et baïonnettes. Chapin se tourne alors vers Beall pour lui demander quelle est la marche à suivre, mais un coup de fusil met fin à toute discussion dont l'issue aurait pu être sanglante. Il y a 30 Américains à bord, soit cinq fois plus d'hommes que les soldats de la chaloupe, mais la plupart d'entre eux sont malades et ne peuvent pas bouger le bras. Beall exige de savoir de quel droit ces hommes sont montés à bord. Rolette lui apprend alors que les États-Unis ont déclaré la guerre et qu'ils ont déjà saisi deux navires britanniques. Ensuite, il enferme les passagers américains et met les voiles vers les eaux britanniques.

Comme si cela ne suffit pas, Rolette découvre les instruments de musique rangés dans la cale et alors que la goélette se dirige vers Amherstburg, il exige des Américains qu'ils jouent le « God Save the King » en entrant dans le port à titre de prisonniers de guerre.

Pis encore pour les Américains, la correspondance et les documents personnels du général Hull ont été découverts et analysés. Ils dévoilent les forces et les faiblesses des troupes de Hull, leur formation, leur état d'esprit, leurs stratégies offensives et, de manière bien plus importante, ils révèlent l'effroi de Hull devant l'habileté et la sauvagerie des guerriers des Premières Nations comme TECUMSEH. Cette mine de renseignements militaires est acheminée au major-général Isaac BROCK qui, grâce à ces données brutes, concocte un plan de bataille ingénieux en vue d'attaquer Fort Detroit.

Pour tuer l'ennui qui découle de sa captivité et parce qu'il n'a rien à lire, Beall écrit le compte rendu de son emprisonnement. Il y critique le général Hull, en particulier ses réticences à attaquer les Britanniques à Amherstburg. Beall avait appris de source sûre qu'en cas d'attaque énergique, Amherstburg ne disposait pas de moyens suffisants pour se défendre. Le compte rendu décrit aussi quelques personnages clés des deux camps, notamment Tecumseh qui, selon Beall, avait « un port de tête noble et un regard admirable » et qui était toujours accompagné de six chefs qui ne marchaient jamais devant lui. Cependant, Beall avait le même point de vue que Hull sur les Premières Nations : les deux hommes les tenaient pour des sauvages qui n'étaient pas fiables et qui devaient être craints en tout temps. Le journal de Beall relate par ailleurs l'histoire de deux autres officiers qui affirmaient que dans les papiers personnels de Hull se trouvait une déclaration de guerre que lui aurait remise le secrétaire de la Guerre. Cette anecdote fut rapportée à Hull en 1814 alors qu'il était jugé en cour martiale. On la jugea dénuée de fondement, mais Hull fut tout de même déclaré coupable