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Traité de Gand

Le Traité de Gand a été signé à Gand, en Belgique, la veille de Noël 1814 par la Grande-Bretagne et les États-Unis et met fin à la GUERRE de 1812.

Traité de Gand

Cent ans de paix. 1914.
Le Traité de Gand a été signé à Gand, en Belgique, la veille de Noël 1814 par la Grande-Bretagne et les États-Unis et met fin à la GUERRE de 1812. Les pourparlers de paix avaient commencé l'année précédente, les deux parties avaient d'ailleurs accepté de se rencontrer en Europe pour préciser quelques éléments. La situation militaire en Amérique du Nord était si équilibrée qu'aucun des pays en guerre n'avait réussi à atteindre les objectifs fixés au début des hostilités. Pour les Britanniques, cette guerre avait été une guerre de survie. Ils s'étaient battus pour conserver leurs derniers territoires en Amérique du Nord, leurs diplomates restaient donc sur la défensive. Avec l'abdication de Napoléon Bonaparte, la plupart des grands diplomates anglais se retrouvaient confrontés aux difficultés de négocier avec la France après une dizaine d'années de guerre; la délégation britannique à Gand était donc amputée de ses meilleurs négociateurs. Elle se composait de l'amiral Gambier, de Henry Goulburn (sous-secrétaire parlementaire de la guerre et des colonies) et de William Adams, docteur en droit civil. Pour leur part, les Américains s'étaient dotés des ténors en matière de négociations puisque John Quincy Adams, James A. Bayard et Albert Gallatin faisaient partie de la délégation dépêchée à Gand.

Les deux délégations se rencontrèrent en Belgique, pays neutre, au mois d'août 1814. Les Britanniques avaient reçu pour consigne d'être très énergiques : des politiciens restés à Londres espéraient que la fin des combats en Europe permettrait de libérer des troupes et que par conséquent les batailles en dents de scie que la Grande-Bretagne avait connues en 1813 prendraient fin et aboutiraient à une victoire britannique. Mais dix ans de guerre ininterrompue avaient fatigué les diplomates qui n'aspiraient plus qu'à la paix et à éviter de donner l'impression que Londres s'était lancée dans une guerre de conquête. La prise de Washington en septembre et les incursions au Maine avaient assombri la délégation américaine qui cessa d'être maussade en apprenant la victoire de son armée au lac Champlain.

Malgré la tenue de négociations diplomatiques, l'impasse sur les champs de bataille persistait. La crainte que l'armée française ne se reprenne en main poussa Londres à demander à son soldat favori, le duc de Wellington alors ambassadeur à Paris, à titre de commandant le plus apte de son armée, son opinion sur les hostilités en Amérique du Nord. Le duc fut ferme et expliqua qu'il ne pensait pas être en mesure de remédier à la situation dans le Nouveau Monde. Londres se tourna alors vers la perspective d'une paix rapide. Washington informa la délégation qu'un retour au statu quo ante bellum était souhaitable en raison d'une situation économique et commerciale qui allait en se détériorant à cause de la guerre. Les Américains ébauchèrent un traité en 15 clauses; les Britanniques en acceptèrent 9; 2 de plus furent ajoutés. Les 11 clauses finales prirent le nom de Traité de Gand peu de temps avant Noël 1814. Toutes les terres saisies devaient être rendues, les hostilités envers les Premières Nations devaient cesser de part et d'autre et il était interdit à la Grande-Bretagne d'armer les Autochtones en vue d'opérations militaires contre les États-Unis.

Conséquemment, aucune des raisons pour lesquelles la guerre avait été déclarée ou qui s'étaient révélées très épineuses pendant le conflit ne faisait l'objet d'une clause du traité. Il n'y eut non plus aucune clause sur les droits neutres ou sur l'enrôlement forcé. Tous les territoires saisis dans les Haut- et Bas-Canada et aux États-Unis furent rendus à leurs propriétaires d'origine. Les sujets de préoccupation encore en suspens, notamment les frontières à l'ouest des deux pays, furent entendus ultérieurement par une commission. Les prisonniers de guerre furent libérés et purent retourner chez eux. La proposition britannique de créer un état tampon pour les Autochtones américains en Ohio et au Michigan fut écartée après la dissolution de la coalition autochtone.

Les nouvelles d'Europe prenaient beaucoup de temps à atteindre l'Amérique du Nord. Les opérations militaires déjà lancées se poursuivirent alors que les nouvelles portant sur le Traité arrivaient à peine aux oreilles des armées britannique et américaine. La victoire américaine à la Nouvelle-Orléans, sous le commandement du futur président Andrew Jackson, eut lieu deux semaines après la signature du traité. Il en fut de même avec la victoire britannique à la bataille de Fort Bowyer, sous le commandement du major-général John Lambert. La guerre était finie, Londres et Washington devaient régler pacifiquement leurs différends.

Le maintien des Haut- et Bas- Canada à l'Amérique du Nord britannique fut l'un des éléments qui ressortit de ce traité de paix, et avec lui, le sentiment grandissant d'une identité différente de celle du voisin américain et encore plus, de celle de l'impériale mère patrie. Washington avait espéré que les populations autrefois américaines des Haut- et Bas-Canada se soulèveraient et se rangeraient du côté de l'envahisseur, espoir qui jamais ne se concrétisa. Quant aux Canadas, la guerre fut à l'origine du célèbre mythe de la milice, mythe selon lequel les principales batailles avaient été remportées en grande partie par des soldats à temps partiel et que par conséquent, il n'était pas nécessaire que les colonies investissent dans des soldats de métier. Ce mythe qui ne reconnaissait pas la profonde influence de soldats professionnels comme Isaac Brock et les chefs autochtones, notamment Tecumseh, allait continuer à influer sur les affaires militaires du Canada jusqu'à la Première Guerre mondiale.

Guide pédagogique perspectives autochtones

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