Site archéologique Harder | l'Encyclopédie Canadienne

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Site archéologique Harder

 L'archéologue Ian Dyck découvre le site Harder en juin 1969 dans le cadre de recherches visant à localiser des établissements liés à la culture archéologique Oxbow dans le centre sud de la Saskatchewan. Alors qu'il explore une nouvelle route municipale, M.
Échantillon de petits grattoirs triangulaires terminaux retrouvés au site Harder. On croit qu'ils ont été utilisés pour retirer les couches de chair et de peau intérieure des peaux animales lors de la préparation du cuir brut, du cuir et des habits (photo de Ian Dyck, avec la permission du Royal Saskatchewan Museum)
Vue de la dépression de dune qui contient le site Harder, en 1972. Les gens au centre retirent le matériel qui recouvre le niveau d'occupation Oxbow (photo de Ian Dyck, avec la permission du Royal Saskatchewan Museum).
Partie exposée d'un sol d'habitation de la culture Oxbow au site Harder avec, sur la gauche, un petit tas d'os de bisons dépecés (photo de Ian Dyck, avec la permission du Royal Saskatchewan Museum)
Échantillon de pointes de projectile en pierre taillée de la culture Oxbow retrouvées au site Harder. À noter la combinaison distinctive d'encoches latérales et d'indentations basales (photo de Ian Dyck, avec la permission du Royal Saskatchewan Museum)

Site archéologique Harder

Le site Harder (Code Borden FbNs-1) est situé en bordure nord des Grandes Plaines d'Amérique du Nord. Il contient les vestiges enfouis d'un ancien camp de chasseurs de bison (voirAUTOCHTONES : PLAINES). Nommé après une famille vivant tout près, le site occupe la dépression peu profonde d'une dune située dans les collines de sable de Dunfermline. Ces collines forment un champ de dunes ondulant et partiellement boisé mesurant environ 28 km de longueur by 16 km de largeur et orienté du nord-ouest au sud-est. Autour des collines se trouvent des terres cultivées planes qui firent jadis partie de vastes prairies où paissaient des millions de BISONS sauvages. À 12 km au nord des collines de sable se trouve la rivière Saskatchewan Nord, profondément encaissée. À 6 km à l'ouest, également profondément encaissée, se trouve Eagle Creek. Ces deux cours d'eau représentent les principales sources d'eau dans un paysage généralement aride. Le site Harder donnait à ses occupants accès aux pâturages de bison situés à proximité et les protégeait des vents, principalement du nord-ouest, qui balayaient la région.

Découverte et fouilles

L'archéologue Ian Dyck découvre le site Harder en juin 1969 dans le cadre de recherches visant à localiser des établissements liés à la culture archéologique Oxbow dans le centre sud de la Saskatchewan. Alors qu'il explore une nouvelle route municipale, M. Dyck découvre, dans la dépression d'une dune, des ossements d'animaux fracturés, des pierres noircies et éclatées au feu, des débris de pierre taillée et de rares outils de pierre sur la surface et les accotements de la route. Une coupe transversale de la dépression révèle la couche d'occupation enfouie d'où proviennent ces vestiges; celle-ci se trouve à une profondeur de 40 à 50 cm sous la surface moderne. Il demeure toutefois impossible d'identifier la culture archéologique à laquelle ces vestiges appartiennent jusqu'à la quatrième visite, lorsqu'un étudiant gradué accompagnant l'archéologue, David Meyer, trouve sur la route une pointe de projectile caractéristique de la tradition Oxbow. Peu après, la famille et plusieurs amis de M. Dyck se portent volontaires pour participer aux fouilles afin de mettre au jour et de d'inventorier le niveau d'occupation Oxbow dans plusieurs puits de sondage. Ian Dyck retourne au site pendant trois étés consécutifs et, avec l'aide de volontaires et d'assistants rémunérés, il élargit la superficie de fouille à 130 mètres carrés d'exposition horizontale contrôlée des deux côtés de la route, plus 67 mètres linéaires exposant les profils d'une profonde tranchée perpendiculaire à la route. Le but de ces recherches additionnelles est d'identifier les structures, le contenu du site et les activités occupationnelles qui y prenaient place, et de déterminer le périmètre du site, dans la mesure permise par un échantillonnage modérément grand.

Contenu du site, structure et activités

La taille du site Harder est estimée à au moins 1000 mètres carrés, la zone fouillée (l'échantillon) correspondant à environ 13 p. cent de sa superficie totale. Les restes fauniques (voirZOOARCHAEOLOGY) incluent les squelettes partiels et sévèrement fragmentés de 17 bisons; on peut donc déduire que le site entier renferme les restes de 93 à 138 bisons. D'autres animaux représentés par un nombre beaucoup plus restreint d'ossements incluent des canidés (loups, chiens et/ou coyotes), l'orignal, le renard, le lapin et la martre.

On a retrouvé au moins six concentrations à peu près circulaires de vestiges matériels interprétés comme étant des sols d'habitation. Ceux-ci mesurent environ 6 m de diamètre, ce qui correspond approximativement à la taille du sol d'un large tipi. Sur la base d'estimés pour les tipis historiques, ces habitations pourraient avoir abrité 42 individus. À l'intérieur et près des sols d'habitation se trouvaient un certains nombres d'aménagements plus restreints, tels des foyers, des trous pour fumer les peaux et des tas de détritus. Concentrés dans les sols d'habitation et dispersés aux alentours se trouvaient également 188 outils de pierre taillée ou fragments d'outils brisés (pointes de projectile, grattoirs, bifaces et couteaux unifaces, perceuses et autres outils divers), six outils en d'os (poinçons, spatules et hachoirs), des centaines de petites et moyennes pièces de pierres noircies et éclatées au feu, un certain nombre d'autres morceaux de roches utilisées de diverses façons, comme petits et gros marteaux, enclumes, petits marteaux de débitage (pour la fabrication d'outils de pierre) et polissoirs.

Ces vestiges sont compatibles avec des activités telles que la découpe et la cuisson de la viande de bison; le dépeçage des canidés pour leur fourrure et possiblement leur viande; le cassage et le chauffage des os pour en extraire la moelle; le nettoyage, le tannage et le fumage des peaux; l'utilisation, la réparation, la mise aux rebus, la fabrication et le remplacement d'outils de pierres. Toutes ces activités sont typiques des camps de chasseurs de bison.

Périodes d'occupation et affiliation culturelle

Au site Harder, on retrouve principalement des preuves d'une occupation unique de la culture Oxbow. Cependant, au-dessus de cette occupation, à la zone de contact entre la matière organique et le sol situé immédiatement en dessous, on a retrouvé quelques fragments d'os et des éclats de pierre indiquant qu'il y a également une occupation datant de la fin la période de pré-contact ou du début de la période historique (vers 1750). Nous en savons toutefois très peu sur cet épisode d'occupation. Quant à la composante Oxbow, les deux premières datations au carbone 14 effectuées sur des échantillons d'os ont fournit des dates anormalement récentes d'environ 3400 ans. Trois autres datations au carbone 14 ont produit une date tournant autour de 3400 ans ainsi que deux autres dates se situant dans la période anticipée de 4200 à 4400 ans. Puisqu'il semble que la composante Oxbow représente une occupation unique, nous nous retrouvons avec une estimation imprécise d'un âge se situant entre 3400 et 4400 ans, probablement en raison de la contamination de certains ossements par les eaux souterraines. Cependant, le temps de l'année durant lequel le site était occupé est connu avec plus de précision. Les recherches de Ian Dyck et celle effectuées 17 ans plus tard par l'archéologue Richard Morlan indiquent que le site était occupé pendant l'hiver, possiblement pendant décembre et/ou janvier.

L'importance du site

Le site Harder fut le lieu de la première étude à grande échelle d'un camp Oxbow dans les Grandes Plaines du Nord. Il a fournit un échantillon de vestiges trois fois plus imposant qu'aucun autre site, et suffisamment d'information pour développer un large éventail de questions de recherche. Compte tenu de la valeur continue du site pour la recherche, la Province de la Saskatchewan l'a déclaré aire protégée au milieu des années 1970s.

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