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Rose Johnstone

Rose Mamelak Johnstone, MSRC, biochimiste (née le 14 mai 1928 à Lodz, en Pologne; décédée le 3 juillet 2009 à Montréal, au Québec). Rose Johnstone est connue pour sa découverte des exosomes, un progrès crucial dans le domaine de la biologie cellulaire. Ces minuscules structures qui sont présentes dans toutes les cellules du corps humain sont des véhicules qui transportent les protéines, les lipides et l’ARN d’une cellule à l’autre. Pionnière de la présence des femmes en science, Rose Johnstone a été la première femme à occuper la Chaire Gilman Cheney de biochimie et la première et seule femme à présider le Département de biochimie de la Faculté de médecine de l’Université McGill.
Photographie de Rose Johnstone
(Avec la permission des archives de l'Université McGill/PR051052)

Enfance

Rose Johnstone (née Mamelak) est la cadette des quatre enfants de Jacob Mamelak et Esther Rotholz. La famille juive émigre de Pologne à Montréal en 1936, peu de temps avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. De nombreux proches des Mamelak qui sont restés en Europe vont périr dans l’Holocauste.

Après la crise des années 1930, les immigrants de la classe ouvrière ne peuvent que rarement envoyer leurs enfants à l’école secondaire. Les frais de scolarité et le fait que les enfants doivent contribuer aux revenus de leur famille font que seuls les aînés peuvent habituellement accéder aux études secondaires. Rose Johnstone, grâce aux encouragements de sa mère féministe, parvient cependant à obtenir une bourse pour s’inscrire à l’école secondaire Baron Byng. Elle passe ses étés à travailler comme aide-infirmière à l’Institut neurologique de Montréal. Rose Johnstone avait prévu de faire carrière comme assistante technique, mais elle est vite attirée par la recherche scientifique. Après avoir promis à sa famille qu’elle subviendra à tous ses frais d’étude, elle s’inscrit en microbiologie à l’ Université McGill.

Éducation et début de carrière

Rose Johnstone s’est rapidement orientée vers la biochimie, décidée à poursuivre une carrière dans un domaine qui, à l’époque, est rarement ouvert aux femmes. Elle termine son premier cycle universitaire avec un baccalauréat ès sciences (mention très bien) en 1950, tout en subvenant à ses besoins grâce à une série de bourses d’études.

Elle décroche son doctorat en 1953, sous la supervision de Juda Hirsch Quastel, à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill à l’Hôpital de Montréal. L’année suivante, après l’obtention d’une bourse postdoctorale octroyée par l’Institut national du cancer du Canada, elle s’en va poursuivre sa formation au Royaume-Uni où elle va travailler au sein de l’Institut national de la recherche médicale de Mill Hill, de l’Institut de recherche Chester Beatty à Londres et du Laboratoire de recherche Strangeways à Cambridge. Elle réintègre le laboratoire de Juda Quastel en 1956, en tant qu’attachée de recherche.

Points forts de sa carrière

En 1961, Rose Johnstone est recrutée par le Département de biochimie de l’Université McGill au poste de professeure adjointe. Elle est promue professeure associée en 1967 et professeure titulaire en 1977. Sur l’ensemble de sa carrière, Rose Johnstone a rédigé un total de 132 articles publiés dans des journaux à comité de lecture. Ses travaux ont jusqu’à maintenant été cités plus de 4 600 fois par d’autres scientifiques.

Le saviez-vous?
Dans un essai personnel publié en 1984, Rose Johnstone parle de sa vocation : « Si j’avais eu à décider d’amblée de ma carrière, je n’aurais pas pu mieux choisir. En fait, ma carrière s’est ouverte par défaut, lorsque j’ai terminé d’éliminer ce que je ne voulais pas faire ».


Rose Johnstone a toujours été préoccupée par la discrimination basée sur le sexe qui sévit au sein des universités. Dans les années 1970, elle siège au Comité sur le statut de la femme à l’Université McGill. Sous la supervision du conseil d’administration de l’université, ce comité a recommandé une série de mesures visant à mettre fin à la discrimination sexuelle et la plupart de ces mesures ont été mises en œuvre. En tant que première femme à occuper la Chair Gilman Cheney de biochimie (1985) et la première et seule femme à présider le Département de biochimie à la Faculté de médecine de l’Université McGill (1980-1990), elle a contribué à améliorer les conditions de travail des femmes en science et dans le milieu universitaire.

En plus d’avoir reçu plusieurs prix et distinctions pour ses travaux scientifiques, Rose Johnstone a été nommée au sein d’un grand nombre de comités universitaires à McGill et dans d’autres universités au Canada et à l’étranger. Elle a présidé deux associations professionnelles dans son domaine : la Montreal Physiological Society (1978-1979) et la Société canadienne de biochimie (1985-1986). Elle a également assumé les fonctions de secrétaire-trésorière de l’International Association for Women Bioscientists (1985-1988).

Elle prend sa retraite avec le titre de professeure émérite en 1995.

Découvertes clés

Image d’exosomes quittant le réticulocyte capturée à l’aide d’un microscope électronique

Image de microscopie électronique extraite d’un article de Rose Johnstone et de plusieurs collaborateurs publié en 1985 montrant des exosomes quittant le réticulocyte.

(avec la permission de Rockefeller University Press)

Les globules rouges sont vitaux pour la vie humaine puisque ce sont eux qui transportent l’oxygène vers tous les organes du corps. Ils se forment à partir de blastes (précurseurs) baptisés réticulocytes. En étudiant la manière dont le fer pénètre à l’intérieur des globules rouges en phase de maturation, Rose Johnstone a découvert que seuls les précurseurs réticulocytes pouvaient se lier à cet élément. Ses travaux montrent qu’une importante protéine fixant le fer était absente de la surface des globules rouges matures.

Rose Johnstone identifie ensuite une nouvelle structure vésiculaire qu’elle baptise exosome. Elle découvre alors que les protéines fixant le fer quittent les réticulocytes par l’intermédiaire de l’exosome, permettant ainsi la maturation des globules rouges. Elle découvre également le processus unique par lequel les cellules sécrètent des exosomes, en les distinguant des autres types de vésicules.

Le saviez-vous?
À l’intérieur d’un globule rouge mature, l’oxygène se lie au fer à l’intérieur d’une importante protéine, l’hémoglobine, qui représente plus de 95 % de la cellule. Sans fer, les globules rouges ne pourraient pas capturer ni transporter l’oxygène et toute vie cesserait.


Les exosomes sont connus pour le rôle qu’ils jouent au niveau de la communication normale entre les cellules du système immunitaire, du cerveau et du cœur. Ils jouent également un rôle dans les maladies neurodégénératives, les maladies du foie, les maladies cardiovasculaires et le cancer.

Aujourd’hui, plusieurs sociétés scientifiques (l’American Society for Exosomes and Microvesicles et l’International Society for Extracellular Vesicles), un journal (Journal of Extracellular Vesicles), des bases de données (Exocarta, Vesiclepedia) et un portail de recherche (exRNA) sont consacrés à ce domaine créé par Rose Johnstone. Plus de 8 400 articles scientifiques ont été publiés sur les exosomes depuis sa découverte.

Famille et dernières années

Rose rencontre son futur mari, Douglas Johnstone, en 1953, alors qu’ils sont tous les deux engagés dans l’activisme politique de gauche. Douglas deviendra un cadre dirigeant dans le secteur des services financiers et il soutiendra la carrière de Rose durant toute leur vie commune après leur mariage. Le couple a eu deux fils, Michael et Eric. 

Veuve et à la retraite à partir de 1995, Rose Johnson commence à passer les hivers en Israël avec son ami de longue date, Roy Caplan, professeur émérite à l’Institut des sciences Weizmann à Rehovot. Elle décède des suites d’un cancer à Montréal le 3 juillet 2009. En 2013, son fils Michael, un cardiologue, crée la bourse de recherche Rose Mamelak Johnstone pour soutenir les chercheuses du département de biochimie de l’Université McGill.

Distinctions honorifiques et prix

  • Bourse de recherche de l’Institut national du cancer du Canada (1954-1958)
  • Bourse d’étude à l’étranger Moyse, Faculté des sciences de l’Université McGill (1954)
  • Médaille du jubilé d’argent de la Reine Elizabeth II (1978)
  • Membre de la Société royale du Canada (1987)
  • Conférence à la mémoire de Jeanne Manery organisée par la Société canadienne pour les biosciences moléculaires (1991)

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