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Princesse Margriet des Pays-Bas

Son Altesse Royale la princesse Margriet Francisca des Pays-Bas, princesse d’Orange-Nassau, princesse de Lippe-Biesterfeld (née le 19 janvier 1943 à Ottawa, en Ontario) passe sa petite-enfance au Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale. La tradition du Festival canadien des tulipes, à Ottawa, dérive des milliers de bulbes de tulipes offerts en cadeau par la famille royale néerlandaise. La princesse Margriet continue de visiter régulièrement le Canada, renforçant ainsi les liens entre les deux pays.

Princesse Margriet des Pays-Bas

La famille royale des Pays-Bas au Canada

Margriet est la troisième des quatre filles de la princesse héritière Juliana des Pays-Bas (qui accède au trône néerlandais et devient la reine Juliana en 1948) et du prince Bernhard de Lippe-Biesterfeld. En 1940, la famille royale néerlandaise fuit l’invasion nazie dans les Pays-Bas. La grand-mère de la princesse Margriet, la reine Wilhelmina, déclare alors sur les ondes radio que « la maison d’Orange n’a pas sa place dans un pays où la liberté est restreinte ». La famille royale néerlandaise se réfugie donc d’abord au Royaume-Uni, mais le danger auquel elle est exposée lors du bombardement allemand en Angleterre de 1940 incite Juliana et ses enfants, la future reine Beatrix (née en 1938) et la princesse Irene (née en 1939), à accepter l’offre du gouverneur général du Canada, le comte d’Athlone, et de la princesse Alice, comtesse d’Athlone (cousine de la reine Wilhelmina), à rester au Canada pendant toute la durée de la Deuxième Guerre mondiale. La famille réside d’abord avec le couple vice-royal, à Rideau Hall, puis s’installe au 120, chemin Lansdowne, à Ottawa. Tout comme la reine Wilhelmina, le prince Bernhard reste en Grande-Bretagne, où il est agent de liaison et pilote de la RAF. Toutefois, tous deux se rendent fréquemment au Canada pour rendre visite à Juliana et aux enfants.

La princesse Juliana et la princesse Margriet

Naissance à Ottawa

La nouvelle de la troisième grossesse de la princesse Juliana est diffusée en automne 1942. Alors qu’elle se cache avec sa famille à Amsterdam, Anne Frank écrit dans son journal, le 21 septembre : « J’écoute parfois la Hollande d’outre-mer. Le prince Bernhard vient de parler. Il aura un autre enfant en janvier environ, a-t-il dit. Je m’en réjouis. On s’étonne ici que je sois si royaliste. » Lors de la diffusion de l’annonce à la radio, le prince Bernhard prévient les Néerlandais de ne pas trop célébrer la nouvelle pendant l’occupation.

Si l’enfant à naître est un garçon, il deviendra le prochain héritier du trône, après sa mère, la princesse Juliana. Le comte d’Athlone déclare donc que l’aile de la maternité de l’Hôpital Civic d’Ottawa sera déclarée extraterritoriale lors de la naissance, pour que l’enfant n’ait que la citoyenneté néerlandaise. Quatre chambres de l’hôpital sont alors réservées pour Juliana, le bébé, l’infirmière et le personnel de sécurité.

La princesse Margriet tient son nom des marguerites portées par les membres de la résistance néerlandaise. La reine Wilhelmina déclare lors d’une diffusion radio que « c’est l’intention des parents, avec ce choix de nom, d’établir un lien éternel entre notre peuple terriblement mis à l’épreuve dans la partie occupée de notre royaume et l’enfant ». Juliana dit à son mari : « Je suis très heureuse que ce soit une fille. Si nous avions eu un garçon, notre peuple se serait trop enthousiasmé et il y aurait pu y avoir des victimes. Maintenant, je peux recommencer à respirer. »

La naissance de Margriet donne lieu à de grandes réjouissances. F.E.H. Groenman, le chargé d’affaires des Pays-Bas au Canada, déclare lors d’une réception dont il est l’hôte : « Pour nous, l’année 1943 est celle de l’espoir. » En l’honneur de la naissance de l’enfant royale, le drapeau néerlandais est hissé sur la Tour de la Paix d’Ottawa (c’est alors la première fois qu’un drapeau étranger est installé seul sur un bâtiment du Parlement), et les cloches carillonnent l’hymne national néerlandais.

Le baptême de la princesse Margriet se déroule à l’église presbytérienne St. Andrew’s, à Ottawa, le 29 juin 1943. L’arrivée du comte et de la comtesse d’Athlone et de la grand-mère de l’enfant, la reine Wilhelmina, est applaudie par la foule amassée devant l’église. Le comte d’Athlone, le président des États-Unis Franklin Roosevelt et des membres de la marine marchande néerlandaise sont nommés parmi les parrains de la princesse. Avec l’arrivée d’une troisième fille, Juliana et ses enfants s’installent dans une plus grande maison, Stornoway, dans le village de Rockcliffe Park, aujourd’hui la résidence officielle du chef de l’opposition, où elles demeurent jusqu’à la fin du conflit.

La naissance de la princesse Margriet incite les Canadiens à faire des dons à des organismes néerlandais de secours en temps de guerre. La princesse Juliana confie à un visiteur : « Les Canadiens sont si gentils. Après la naissance du bébé, ils nous ont ensevelies de télégrammes et de fleurs. J’ai été très émue des généreux cadeaux offerts par les entreprises canadiennes pour porter secours aux Néerlandais. »

Famille royale des Pays-Bas a Ottawa, en 1943

La tradition des tulipes

En 1945, après la libération des Pays-Bas par les Alliés, dont le Canada fait partie, la famille royale des Pays-Bas retourne à leur maison, au Palais de Soestdijk, près de Baarn. La princesse Juliana envoie alors 100 000 bulbes de tulipes au Canada en guise de remerciement pour l’asile accordé à sa famille et le rôle qu’ont joué les forces canadiennes dans la libération des Pays-Bas. L’année suivante, elle envoie 20 500 bulbes supplémentaires et demande qu’une partie des fleurs soient plantées sur le terrain de l’Hôpital Civic d’Ottawa, où est née la princesse Margriet. Ces cadeaux inspirent la mise sur pied du premier Festival canadien des tulipes, en 1953. En 1967, Juliana retourne à Ottawa et dévoile une plaque sur laquelle est écrit : « Le Canada est fier d’avoir donné asile dans sa capitale à Son Altesse Royale la princesse Juliana, aujourd’hui Sa Majesté la reine des Pays-Bas, lors de l’occupation de son pays de 1940 à 1945. Les dons de tulipes que Sa Majesté a faits chaque année depuis ont créé une source d’enchantement pour les citoyens de la capitale et les visiteurs. » Les Pays-Bas continuent chaque année d’envoyer au Canada 10 000 bulbes de tulipes pour le festival.

Mariage et enfants

En 1967, la princesse Margriet épouse Pieter van Vollenhoven (né en 1939), qu’elle rencontre lors de ses études en droit à l’Université de Leyde. La princesse Alice, comtesse d’Athlone, fait partie des invités au mariage. Pieter van Vollenhoven devient ainsi la première personne d’ascendance ni royale ni noble à épouser un membre de la famille royale néerlandaise; il conserve le titre de Monsieur et adoptera plus tard celui de Professeur. L’époux de la princesse devient professeur de gestion des risques et préside des comités de sécurité du transport, en plus d’accompagner sa femme lors de ses voyages et de ses engagements royaux. Le couple a quatre enfants – le prince Maurits (né en 1968), le prince Bernhard (né en 1969), le prince Pieter-Christiaan (né en 1972) et le prince Floris (né en 1975) – et onze petits-enfants.

Le saviez-vous?
Le plus jeune fils de la princesse Margriet, le prince Floris, est le filleul et le vice-président honoraire de la Légion royale canadienne.


Travail humanitaire

La princesse Margriet s’implique pendant plusieurs années dans de grands projets humanitaires liés à la santé mondiale. De 1987 à 2011, elle occupe le poste de vice-présidente de la Croix-Rouge des Pays-Bas et, de 1995 à 2003, elle est présidente de la Commission permanente de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Elle est également membre du conseil de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Enfin, elle assume le rôle de présidente de la Fondation européenne de la culture de 1984 à 2007, et devient membre du Comité d’honneur du Comité international paralympique.

Relations avec le Canada

La princesse Margriet revient plusieurs fois au Canada et se rend notamment à Ottawa, à St. Catharines et à Calgary lors de sa visite de trois semaines en 1968. En 1970, 1978 et 1979, la princesse et son époux se rendent dans le Grand Nord et, en 1974 et 1986, la princesse visite Toronto et Vancouver pour souligner l’inauguration des vols directs de KLM vers ces villes. En 1979, au nom de sa mère, la reine Juliana, elle offre une contribution à l’Hôpital Civic d’Ottawa pour la campagne de financement de l’établissement. En 1982, la princesse visite la Colombie-Britannique pour faire la promotion des relations commerciales entre le Canada et les Pays-Bas et, en 1983, elle présente une exposition de peintures de l’âge d’or néerlandais au Musée des beaux-arts de l’Ontario, à Toronto.

La princesse Margriet participe à plusieurs reprises au Festival canadien des tulipes, à Ottawa, et est notamment présente lors de la célébration du 50e anniversaire de l’événement, en 2002. Elle assiste également à des événements honorant d’anciens combattants canadiens de la Deuxième Guerre mondiale et, en 1990, elle participe au Congrès national annuel de la Légion royale canadienne. En mai 2005, Margriet et son mari visitent Montréal et Ottawa pour marquer le 60e anniversaire de la libération des Pays-Bas. Cinq ans plus tard, elle visite Ottawa et Calgary pour célébrer le 65e anniversaire de la libération des Pays-Bas. Au Canada, plus d’un million de personnes ont des ancêtres néerlandais, et la princesse Margriet participe aux événements de cette communauté néerlando-canadienne lors de ses visites au Canada.

En mai 2017, pour souligner l’anniversaire de la libération des Pays-Bas par les Forces armées canadiennes pendant la Deuxième Guerre mondiale, la princesse Margriet visite Toronto, Brampton, Stratford, Goderich, Hamilton et Burlington, la ville jumelle d’Apeldoorn, où se situe le palais Het Loo, la demeure de la princesse et de sa famille. La princesse Margriet est présidente honoraire du conseil consultatif du programme de maîtrise en santé globale, offert conjointement par l’Université de Maastricht, aux Pays-Bas, et l’Université McMaster, à Hamilton.

Le 16 novembre 2012, la princesse Margriet reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université McMaster en reconnaissance de sa contribution au travail humanitaire international. Lors de son discours d’acceptation, elle met un accent particulier sur les relations étroites entretenues par le Canada et les Pays-Bas lorsqu’elle déclare : « Ma mère et deux de mes sœurs ont trouvé asile au Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale. […] Je me sens comme si le Canada était ma deuxième maison. Aux Pays-Bas, nous gardons en mémoire le rôle clé qu’a joué le Canada dans la libération de notre pays. Nos écoliers s’occupent de l’entretien des tombes des soldats canadiens qui ont donné leur vie pour nous offrir la liberté. »

En septembre 2019, la princesse Margriet présente une boîte de tulipes « Libération75 » au vétéran canadien Don White, lors d’une cérémonie à Appledoorn, aux Pays-Bas. Don White est un vétéran des Royal Canadian Dragoons, qui ont libéré la ville de Leeuwarden, en avril 1945. Au total, 1,1 million de bulbes Libération 75 sont envoyés à travers le Canada pour commémorer les 1,1 million de Canadiens qui ont servi durant la Deuxième Guerre mondiale. De grosses tulipes d’un orange vif ont fleuri au printemps 2020, au moment du 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas, le 5 mai.

Margriet et son mari avaient prévu une visite à Ottawa pour le 75e anniversaire, mais elle est annulée en raison de la pandémie de COVID-19. Leur visite est reportée à mai 2022, date à laquelle ils inaugurent le Festival canadien des tulipes. Ils visitent également le Musée canadien de la guerre et rencontrent des anciens combattants ainsi que la gouverneure générale Mary Simon et le premier ministre Justin Trudeau, entre autres dignitaires. La princesse et le premier ministre dévoilent également une plaque au cimetière Beechwood dédiée au général Charles Foulkes, qui a négocié les termes de la capitulation de l’Allemagne aux Pays-Bas.

La princesse Margriet visite régulièrement les cimetières de guerre canadiens aux Pays-Bas, comme ceux de Bergen op Zoom et de Groesbeek.