Moodie, Susanna | l'Encyclopédie Canadienne

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Moodie, Susanna

Après avoir connu l'aisance, Susanna et ses soeurs s'adonnent très tôt à l'écriture, notamment pour des raisons économiques, à la suite de la mort de leur père en 1818. Elles rédigent des livres pour enfants, des livres de luxe et collaborent à des revues féminines.
Roughing It in the Bush
Page originale de titre (avec la permission des Collections spéciales Bruce Peel de l'Université de l'Alberta).

Moodie, Susanna

Susanna Moodie, née Strickland; auteure et pionnière (Bungay, Angl., 6 déc. 1803 -- Toronto, 8 avril 1885). Elle est la cadette d'une famille de gens de lettres parmi lesquels Catharine Parr TRAILL et Samuel Strickland sont les plus connus au Canada. Ses luttes en tant que pionnière, ses idées progressistes, son attachement aux « meilleures » valeurs britanniques contemporaines, sa méfiance face à l'influence « yankee » au Canada et son ouvrage ROUGHING IT IN THE BUSH, de plus en plus respecté, en ont fait un personnage légendaire au Canada.

Après avoir connu l'aisance, Susanna et ses soeurs s'adonnent très tôt à l'écriture, notamment pour des raisons économiques, à la suite de la mort de leur père en 1818. Elles rédigent des livres pour enfants, des livres de luxe et collaborent à des revues féminines. Susanna compose des saynètes évoquant la vie de Suffolk pour La Belle Assemblée (1827-1828). Le style et la méthode que le lecteur retrouvera, par la suite, dans son oeuvre majeure, Roughing It in the Bush, y sont déjà présents. Elle déménage à Londres en 1831, où elle continue de fréquenter la Société anti-esclavagiste et rencontre son futur mari, John Wedderburn Dunbar Moodie, chez le secrétaire de cet organisme. Elle rédige deux tracts anti-esclavagistes, The History of Mary Prince, a West Indian Slave (1831) et Negro Slavery Described by a Negro (1831), où son humanitarisme et sa sensibilité apparaissent comme une force de caractère et de hautes qualités morales que l'on retrouve chez les gens « respectables ». Enthusiasm: and Other Poems (1831) révèle aussi une écrivaine préoccupée par les problèmes sérieux.

Mariée en 1831, des raisons financières la poussent à émigrer, avec son époux et leur premier enfant (ils en auront six), au mois de juillet 1832. Dunbar Moodie est un officier disponible et Suzanna Moodie est sans fortune. Ils s'installent dans la région de Cobourg, dans le Haut-Canada, où ils tentent, pendant sept ans, d'exploiter une ferme à deux endroits différents. Devant l'échec de cette entreprise, ils se retirent à Belleville, en 1840, après que Dunbar Moodie ait été nommé shérif du district de Victoria. Leur émigration et leurs années de défrichement fournissent cependant à Suzanna de la matière pour Literary Garland (Montréal), laquelle sera intégrée par la suite à Roughing It et qui lui inspirera son roman Flora Lyndsay.

À Belleville, Susanna Moodie écrit et publie beaucoup, surtout des oeuvres romanesques dont l'action se situe à l'extérieur du Canada. En 1847 et 1848, elle collabore avec son mari au Victoria Magazine, dans le but d'offrir une littérature de qualité aux ouvriers qualifiés et spécialisés. Elle publie trois romans dont l'action se déroule au Canada : Roughing It in the Bush in 1852, Life in the Clearings (1853) et Flora Lyndsay (1854). Il a été souvent noté (à tort) qu'elle destine ses documentaires réalistes au marché britannique et ses aventures romanesques au marché canadien. En réalité, elle ne fait aucune distinction et publie les deux en Grande-Bretagne et au Canada. Elle publie aussi aux États-Unis. Il est vrai cependant que la Grande-Bretagne lui offre plus de possibilité.

Roughing It in the Bush reste sa meilleure oeuvre et la plus connue. Elle y fait valoir ses solides principes moraux, y montre sa fascination pour les différences de caractères, sa volonté de décrire l'inexpérience et la faiblesse de l'être humain; enfin, elle y fait preuve d'une grande perspicacité psychologique, d'esprit et d'espièglerie. C'est à cet ouvrage et à sa suite, Life in the Clearings, que l'auteure doit sa renommée.

Moodie vit à Belleville et dans les environs jusqu'au décès de son mari en 1869, puis réside essentiellement à Toronto jusqu'à la fin de sa vie.

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