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Montreal Orchestra

The Montreal Orchestra. Orchestre symphonique de 70 instrumentistes fondé en 1930 par des musiciens de théâtre de Montréal qui, à l'initiative du clarinettiste Giulio Romano, se regroupèrent en coopérative afin de donner des concerts lorsque l'avènement du cinéma parlant les laissa sans emploi.

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The Montreal Orchestra. Orchestre symphonique de 70 instrumentistes fondé en 1930 par des musiciens de théâtre de Montréal qui, à l'initiative du clarinettiste Giulio Romano, se regroupèrent en coopérative afin de donner des concerts lorsque l'avènement du cinéma parlant les laissa sans emploi. Chaque musicien reçut, semble-t-il, 4 $ après le premier concert, le 12 octobre 1930, au théâtre Orpheum. Le cachet atteignait environ 15 $ dans les dernières années avant la dissolution de l'orchestre en 1941. Les musiciens avaient songé à faire appel à des chefs d'orchestre invités mais demandèrent au premier chef qui les dirigea, Douglas Clarke, d'assumer la direction de façon permanente. Ce dernier accepta le poste, qu'il occupa bénévolement durant les 11 années d'existence de l'orchestre. Peu après le début d'une première saison de 25 concerts, l'orchestre se transporta au His (Her) Majesty's Theatre où il continua de jouer les dimanches après-midi; le nombre de concerts fut réduit à 20 par année (1931-33) puis à 18 (1933-36) et à 10 (1936-41). L'orchestre donna aussi 10 concerts en 1932 au réseau de radio du CP et alterna avec l'Orchestre des CSM (OSM) à la SRC en 1938-39. Il donna également des concerts pour les jeunes à la salle de bal de l'hôtel (Sheraton) Mont-Royal (1935-39). L'idée d'une coopérative de musiciens fut bientôt abandonnée car les coûts de production dépassaient les recettes au guichet. Un comité de bénévoles fut constitué pour s'occuper des affaires de l'orchestre, et plusieurs donateurs furent approchés pour combler le déficit de fin de saison. Pour chacune des trois dernières saisons seulement, l'orchestre reçut une subvention annuelle de 1000 $ du gouvernement de la province.

Des concerts réguliers avaient déjà été présentés à Montréal avant ceux du Montreal Orchestra, en grande partie grâce aux efforts de pionniers comme Guillaume Couture et J.-J. Goulet dans les années 1890 et J.-J. Gagnier dans les trois premières décennies des années 1900. Mais ces hommes travaillaient avec des ensembles ad hoc de 30 à 50 musiciens, dont plusieurs étaient des amateurs, et leurs programmes offraient souvent un mélange d'extraits symphoniques et de pièces pour solistes. Par contraste, le Montreal Orchestra rallia quelque 70 professionnels et fit connaître à ses auditoires des programmes symphoniques entiers, incluant souvent des oeuvres aujourd'hui considérées comme faisant partie du répertoire courant mais alors encore jamais jouées à Montréal, comme la Symphonie fantastique de Berlioz, le Concerto pour violon, les Symphonies nos 1 et 4 et le Concerto no 2 pour piano de Brahms.

Parmi les solistes canadiens qui se firent entendre avec l'orchestre figurent les pianistes Ellen Ballon, Gertrude Huntly Green, Paul de Marky, Séverin Moisse et Ross Pratt; les pianistes-duettistes Etta Coles et Naomi Yanova Adaskin; les violonistes Maurice Onderet (violon solo du Montreal Orchestra de 1930 à 1941 et soliste dans le concerto de Brahms), Kathleen Parlow et Ethel Stark; les barytons Lionel Daunais et Leslie Holmes; la soprano Jeanne Dusseau et la mezzo-soprano Cédia Brault. Les Canadiens qui montèrent au pupitre furent notamment Claude Champagne qui dirigea en 1933 la création au Canada de sa Suite canadienne, Reginald Tupper qui présenta en 1934 sa Suite of Old English Pieces;Henri Miro qui dirigea son Symphonic Praeludium en 1935; Alexander Brott qui dirigea son Oracle en 1939; Bernard Naylor qui dirigea deux concerts en 1941. Clarke dirigea en première montréalaise la Symphonie no 1 de Willan (1937) et, en création, le Scherzo Sinfonico de Violet Archer en 1940. Au nombre des artistes invités furent Webster Aitken, Harold Bauer, Harriet Cohen, Georges Enesco, Emanuel Feuermann, Ria Ginster, Percy Grainger (qui dirigea ses compositions Green Bushes et Colonial Song en 1938), Gustav Holst (qui dirigea « Jupiter », extrait de sa suite The Planets en 1932), Nathan Milstein, William Primrose, Felix Salmond, E. Robert Schmitz, Albert Spalding, Paul Wittgenstein et Efrem Zimbalist.

La dissolution du Montreal Orchestra résulta d'une dispute entre les membre anglophones et francophones de son conseil d'administration. Quelques francophones, Mme Athanase David en tête, voulaient pouvoir intervenir dans le choix des programmes et des solistes, qu'ils considéraient comme majoritairement anglais, une accusation qui ne résiste par à l'examen des archives. La raison plus vraisemblable de la discorde fut la personnalité même de Clarke; il n'avait pas réussi à s'identifier au Canada, et se considérait plutôt comme un Anglais vivant à l'étranger. Il refusait de céder la moindre parcelle de son autorité quant au choix des programmes et des solistes. La confrontation survint en 1934 lorsque Mme David quitta le comité et constitua un autre orchestre, celui des CSM. La plupart des musiciens du nouvel orchestre avaient joué sous la direction de Clarke durant près de cinq ans, et continuèrent d'ailleurs à jouer dans les deux ensembles. Ainsi, le Montreal Orchestra fut en réalité le père de l'Orchestre des CSM et le grand-père de l'OSM. Quoi qu'il en soit, Montréal, qui avait de la difficulté à entretenir un seul orchestre, se trouva placée dans l'obligation embarrassante d'en soutenir deux. L'affrontement ne pouvait durer et l'une ou l'autre formation devait éventuellement se retirer; Mme David jouissait de l'avantage singulier d'avoir une influence politique à une époque où cela avait du poids au Québec. Le fait que le Montreal Orchestra se soit maintenu encore six ans en dit long sur son obstination et sa qualité. La déclaration de la Deuxième Guerre mondiale et la grave maladie de Clarke entraînèrent la disparition de l'orchestre une fois la saison 1940-41 achevée.

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