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Langue allemande, publications de

Les Canadiens d'origine germanique forment le troisième groupe ethnique en importance au pays. Leurs pays d'origine et leurs milieux culturels sont variés; on compte des ALLEMANDS, des autrichiens, des SUISSES, des MENNONITES et autres.

Langue allemande, publications de

Les Canadiens d'origine germanique forment le troisième groupe ethnique en importance au pays. Leurs pays d'origine et leurs milieux culturels sont variés; on compte des ALLEMANDS, des autrichiens, des SUISSES, des MENNONITES et autres. Ils parlent la même langue (haut-allemand ou bas-allemand, ou divers dialectes), ils ont tous quitté le Vieux Continent pour venir s'établir dans le Nouveau Monde et ils ont dû apprendre une (ou plusieurs) nouvelle langue en plus de s'adapter à de nouvelles coutumes. En général, les écrivains de la première génération perçoivent et décrivent leur terre d'adoption en la comparant à leur pays d'origine et utilisent leur langue maternelle pour relater leur expérience. La génération suivante, a adopté les traditions culturelles de son pays d'adoption et maîtrise au moins une des deux langues officielles. Cela lui permet de s'intégrer à l'un des courants littéraires canadiens, généralement celui du Canada anglais.

La chronologie et les lieux de cette activité littéraire sont étroitement liés à la colonisation. En 1750, les premiers immigrants germaniques arrivent en Nouvelle-Écosse et fondent LUNENBURG. Lors de la Révolution américaine, les Loyalistes, dont certains sont d'origine germanique, se déplacent vers le nord. Au cours des années 1830, de nombreux Mennonites de Pennsylvannie s'installent dans la région de Kitchener en Ontario où ils fondent la ville de Berlin. Entre 1830 et 1880, on assiste à de fortes vagues d'immigration germanique vers l'Ontario puis, entre 1880 et 1910, vers l'Ouest du Canada. C'est au cours des périodes qui suivent les deux guerres mondiales que le flot d'immigrants est le plus important et qu'un grand nombre de mennonites s'établissent au Canada, en particulier au Manitoba.

Les pionniers ont peu de temps à consacrer à la littérature, mais les journaux et les périodiques leur fournissent une première tribune littéraire. Une des plus vieilles publications, Der Neu-Schottländische Calender (1788-1801), publie des poèmes anonymes et de courts textes en prose. Parmi les nombreux journaux en langue allemande, le Berliner Journal (Waterloo) présente un intérêt particulier en raison des lettres humoristiques et divertissantes, rédigées dans un dialecte et adressées à son rédacteur en chef par John A. Rittinger. Les chefs spirituels publient surtout des écrits didactiques à caractère religieux dans les feuillets paroissiaux comme le Kirchenblatt der Evangelisch-Lutherischen Synode von Canada (1869-1909) et Der Deutsche Lutheraner (1920-1922). Gerhard Friesen publie, en 1984, les textes de 14 collaborateurs dans un recueil intitulé Hier laßt uns Hütten bauen. Deutsche Gedichte Lutherischer Pfarrer in Ontario (1869-1930). Ces poèmes, à l'instar des ouvrages du père Eugen Funken (1831-1888) et de Heinrich Rembe (1858-1927), pour ne citer qu'eux, reflètent la grande influence du classicisme et du romantisme allemand, tout comme les ouvrages de dévotion des premiers mennonites canadiens, rédigés en bas-allemand.

Le témoignage des mennonites qui émigrent de Russie pour venir s'installer au Canada marquent les débuts d'une littérature mennonite. Le journal de Dietrich Neufeld, Ein Tagebuch aus dem Reiche des Totentanzes (1921; trad. A Russian Dance of Death, 1977) et In Wologdas weissen Wàldern (1934; trad. No Strangers in Exile, 1979) de Hans Harder, ainsi que les romans de Gerhard Toews (pseudonyme : Georg de Brecht), traitent de cette époque et de ces événements chaotiques. Le roman éducatif et autobiographique d'Arnold B. Dyck, Verloren in der Steppe (1944; trad. Lost in the Steppes en 1974) et la poésie colorée de Gerhard Friesen (pseudonyme : Fritz Senn) sont d'autres ouvrages majeurs.

Lancé en 1935, le périodique Die Mennonitische Warte encourage une activité littéraire. Les anthologies Harvest (éd. William de Fehr et coll., 1974) et Unter dem Nordlicht (éd. G.K. Epp, 1977) mettent en vedette la poésie et la prose rédigées en haut-allemand, en bas-allemand et en anglais par plus de 40 collaborateurs mennonites. L'émergence d'une nouvelle génération d'écrivains mennonites nés au pays, qui écrivent en anglais, comme Rudy WIEBE, Clint Toews, David Waltner-Toews, Menno Wiebe et Patrick Friesen, est un événement marquant dans l'histoire contemporaine de la littérature mennonite.

Les écrivains qui ont débuté leur carrière dans les pays européens de langue allemande continuent à se faire publier là-bas. En 1927, Else Seel (1894-1974) arrive de Berlin et s'installe dans une des régions sauvages de la Colombie-Britannique où elle rédige des poèmes, de courts textes en prose et un journal qui rappelle les écrits de Catharine Parr TRAILL et de Susanna MOODIE. Walter Bauer (1904-1976), auteur bien connu en Allemagne, s'installe au Canada en 1952. Ses ouvrages traitent de divers sujets canadiens et traduisent bien sa vision européenne de son pays d'adoption. Une partie de son oeuvre est disponible en anglais : The Price of Morning (1968) et A Different Sun (1976), traduits par Henry Beissel, ainsi que A Slight Trace of Ash (1976), traduit par H. Milnes. Le Suisse Hermann Böschenstein (1900-1982), écrivain expressionniste, publie des nouvelles et un roman où il traite avec sensibilité de l'expérience des immigrants. Il publie aussi des études savantes sur la littérature allemande. Quelques écrivains, aussi à l'aise en allemand qu'en anglais, laissent leur marque dans la littérature canadienne-anglaise : Felix Paul Greve (pseudonyme : Frederick Philip GROVE) est devenu l'un des plus importants écrivains réalistes canadiens. Son oeuvre s'inspire des traditions littéraires du naturalisme et du néo-romantisme allemands.

Trois écrivains allemands, prisonniers des Anglais pendant la Deuxième Guerre mondiale, sont transférés au Canada, où ils resteront une fois libérés. Carl Weiselberger (1900-1970), déjà connu à Vienne, devient critique d'art et de musique pour l'Ottawa Citizen après sa libération. Il écrit des nouvelles et des articles dans lesquels transparaît son grand enthousiasme pour sa nouvelle patrie. Henry KREISEL, né à Vienne, en Autriche, rédige des nouvelles et deux romans, The Rich Man (1948) et The Betrayal (1964), dont les principaux thèmes portent sur l'Europe et sur le Canada. Charles Wassermann (1924-1978), journaliste, animateur et écrivain, devient un intermédiaire important entre le Vieux Monde et le Nouveau Monde.

Les écrivains arrivés au pays en bas âge adoptent plus facilement l'anglais comme langue de travail. Henry Beissel, né en 1929 à Cologne, en Allemagne, débarque au Canada en 1951, après avoir passé par l'Angleterre. Ses ouvrages sur les Amérindiens et les Inuits, ses récits épiques, tel Cantos North (1982), et subjectifs, comme Kanada, Romantik und Wirklichkeit (1981), témoignent avec sensibilité de son expérience canadienne. Derk Wynand, né à Bad Suderode en Allemagne, en 1944, arrive au Canada en 1952 où il se fait connaître par ses traductions des textes de H.C. Artmann et comme auteur de poésie moderne et de courts récits en prose en anglais.

Andreas Schroeder, né à Hoheneggelsen (Allemagne) en 1946, fait ses études au Canada. Il est connu comme rédacteur et traducteur de textes allemands et comme auteur de prose et de poèmes en anglais. Ulrich Schaffer, né en Allemagne en 1942, s'installe au pays en 1953. Même s'il écrit en anglais et en allemand, la plupart de ses lecteurs se trouvent dans les pays germanophones d'Europe. Ses oeuvres, souvent inspirées des paysages canadiens, rappellent celles de Kafka. Les écrivains qui continuent d'écrire en allemand une fois installés au Canada doivent faire face à deux obstacles majeurs : être publiés dans une langue minoritaire et acquérir un nombre suffisant de lecteurs. Rolf Windthorst, né à Dortmund (Allemagne) en 1909 et installé en Alberta depuis 1956, et Valentin Sawatsky, né en Ukraine en 1914 et vivant en Ontario depuis 1950 - pour ne citer que deux des écrivains les plus prolifiques - n'ont pas réussi à atteindre le nombre de lecteurs que leur oeuvre mérite.

Les anthologies publiées par Friesen, de même qu'Ahornblätter (par Heinz Kloss et Arnold B. Dyck, 1961) et Nachrichten aus Ontario: deutschprachige Literatur in Kanada (éd. Hartmut Froeschle, 1981) présentent des extraits de plus de 60 auteurs. Le dernier comprend, en outre, une introduction détaillée à la littérature canadienne de langue allemande, un bottin mondain et une bibliographie. L'attention accordée aux ouvrages des auteurs canadiens de langue allemande est récente. Les tribunes les plus importantes sont le German-Canadian Yearbook (éd. Hartmut Froeschle, 1973-), les comptes rendus de symposiums sur les études des textes canadiens de langue allemande et deux séries d'édition critiques d'études sur la littérature canadienne de langue allemande.

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