Inuit Broadcasting Corporation (IBC) | l'Encyclopédie Canadienne

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Inuit Broadcasting Corporation (IBC)

L’Inuit Broadcasting Corporation (IBC) est lancée en tant que service de radiodiffusion publique en janvier 1982. Diffusant en inuktitut, il s’agit du premier réseau télévisé en Amérique du Nord dont les programmes sont réalisés dans une langue autochtone et du premier projet de média autochtone au monde diffusé par satellite. En 1991, l’IBC abandonne sa licence de radiodiffusion afin de permettre la création du précurseur du Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN) et se consacre désormais à la production de contenus pour l’APTN ainsi que pour d’autres organisations comme IsumaTV. L’IBC crée des programmes visant à préserver la culture et la langue de plus de 25 000 Inuits dans l’Inuit Nunangat (la patrie des Inuits au Canada) pour lesquels l’organisation a reçu une reconnaissance internationale, et contribue au lancement de la carrière de nombreux producteurs, réalisateurs, scénaristes et cadreurs inuits indépendants. Financée en partie par le ministère du Patrimoine canadien, l’IBC tire également ses revenus de programmes gouvernementaux du Nunavut, de droits de licence, de fonds de production, des ventes de programmes et de collectes de fonds.

Contexte industriel

En 1974, le gouvernement fédéral introduit la télévision par satellite dans le Nord afin de permettre aux régions isolées de recevoir la télévision de la CBC. Les dirigeants inuits s’inquiètent de la possibilité que les contenus diffusés ne minent les structures sociales traditionnelles. Ils cherchent alors à adapter la technologie de la télévision pour en faire un outil de protection de la culture et de la langue inuktitute.

Sur la base d’un financement du gouvernement fédéral, l’Inuit Tapirisat du Canada (maintenant Inuit Tapiriit Kanatami), lance à la fin des années 1970, deux expériences de diffusion par satellite. La première, le projet Inukshuk, s’étend sur une période de huit mois et consiste à mettre en place des installations de production de base dans six collectivités du Nord et à former des employés inuits à la production télévisuelle. Le projet Inukshuk est un grand succès qui voit la diffusion, par satellite à partir d’Iqaluit, de programmes télévisés en inuktitut en 1980. Un deuxième projet, Naalakvik II, introduit la vidéoconférence et la télédiffusion dans cinq communautés inuites du Nunavik (Nord du Québec). Là encore, la réussite est au rendez‑vous.

Création de l’IBC

L’Inuit Broadcasting Corporation (IBC) naît et prend son essor à partir de cette dynamique. Elle est officiellement créée en 1981 lorsque le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) accorde une licence pour un réseau télévisé à l’Inuit Tapirisat. L’IBC diffuse son premier programme, une émission spéciale de 90 minutes présentant le nouveau réseau, le 11 janvier 1982.

À la fin de l’année, l’IBC propose une chaîne de télévision entièrement consacrée au Nord. Un consortium comprenant six diffuseurs autochtones, les gouvernements des Territoires du Nord‑Ouest et du Yukon, la National Aboriginal Communications Society et le Service du Nord de Radio‑Canada (maintenant CBC North/SRC Nord) est alors formé. Après de nombreuses discussions, la décision est prise de créer un nouveau réseau, Television Northern Canada (TVNC). Diffusant pour la première fois en 1991, TVNC présente quotidiennement des nouvelles et des reportages sur des questions concernant les populations autochtones et nordiques au Canada. Cette même année, l’IBC cède sa licence de radiodiffusion à TVNC, qui accepte de diffuser les contenus de l’IBC et d’autres contenus dans le Nord du Canada.

En 1997, TVNC demande une licence pour diffuser dans tout le pays et être incluse dans les offres de base du câble. Le Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN), qui émet pour la première fois le 1er septembre 1999, naît de cette nouvelle orientation. L’IBC continue de produire du contenu diffusé sur l’APTN.

Opérations

L’IBC exploite un bureau administratif et de production à Ottawa en Ontario. Elle dispose également de deux centres de production au Nunavut, un à Iqaluit et un autre à Rankin Inlet. Le Nunavut Media Arts Centre à Iqaluit ouvre ses portes en décembre 2015. Il abrite les bureaux de l’IBC et des archives de films et de vidéos inuits. Ces archives, financées par le gouvernement fédéral, le gouvernement du Nunavut, ainsi que plusieurs organisations et entreprises inuites, contiennent des images illustrant des événements importants de l’histoire des Inuits, depuis l’époque du mode de vie traditionnel jusqu’à l’ère Internet.

Financée en partie par le ministère du Patrimoine canadien, l’IBC tire également ses revenus de programmes gouvernementaux du Nunavut, de droits de licence, de fonds de production, des ventes de programmes et de collectes de fonds. La majorité des employés de l’IBC au Nunavut sont des Inuits.

Partenariats

L’Inuit Communications Systems Ltd. (ICSL) est une filiale de l’IBC. Cette société, constituée en 1983, fournit des services vidéo à l’Assemblée législative du Nunavut et produit des vidéos commerciales pour le secteur gouvernemental, les organisations inuites et le secteur privé; elle offre également des services radio et de webdiffusion.

À l’image d’IsumaTV, une plate‑forme multimédia collaborative pour les organisations du secteur des médias et les diffuseurs inuits, l’APTN diffuse du contenu produit par IBC. IsumaTV est issue d’Igloolik Isuma Productions, créée en 1990 par d’anciens employés de l’IBC, Pauloosie Qulitalik, Paul Apak Angilirk, Zacharias Kunuk et Norman Cohn. Bien qu’Igloolik Isuma Productions ait fait faillite en 2011, IsumaTV continue de créer et de distribuer de nouveaux contenus.

En association avec l’Office national du film (ONF), l’IBC a annoncé le lancement du Nunavut Animation Lab en novembre 2006. Des artistes inuits y reçoivent une formation aux techniques de l’animation sur ordinateur, des médias, des communications, de la gestion et de la production télévisuelle. (Voir également L’art de la production cinématographique.) Parmi les courts métrages animés produits dans ce laboratoire, on trouve Qalupalik, réalisé en 2008 par Ame Siqiniq Papatsie, Lumaajuuq, une œuvre d’Alethea Arnaquq‑Baril sortie en 2010 et I Am But A Little Woman, produit cette même année par Gyu Oh.

L’IBC a coproduit des spectacles en direct avec le diffuseur NHK Japan et a participé à des conférences sur les programmes pour enfants en Grande‑Bretagne. Elle a vendu des épisodes de Takuginai (une émission pour enfants) à un diffuseur du Groenland et a contribué à une émission télévisée de type magazine d’information sur les enjeux autochtones, en partenariat avec la Norwegian Broadcasting Corporation.

Programmation

La programmation de l’IBC vise à préserver la culture et la langue de plus de 25 000 Inuits dans l’Inuit Nunangat (la patrie inuite au Canada). Ces programmes sont disponibles en ligne ou par le canal de diffuseurs comme l’APTN et IsumaTV. Les contenus de l’IBC sont également offerts par l’entremise de l’ONF et d’Alexander Street, un éditeur de médias installé en Virginie aux États‑Unis.

Parmi les programmes récents de l’IBC, on trouve notamment : Qanuq Isumavit? « Qu’en pensez‑vous? », une émission de débat traitant d’enjeux locaux et mondiaux comme le suicide ou la prévention du changement climatique; l’émission à grand succès pour les enfants Takuginai (Regarde ici), avec en vedette la marionnette Johnny le lemming; Pituqait (Vieilles affaires), qui présente des extraits des archives de l’IBC; et Illinniq (Apprentissage), qui examine comment les évolutions sociopolitiques ont façonné la vie des Inuits.

Niqitsiat (Alimentation santé) est une célèbre émission de cuisine animée par la chef Rebecca Veevee de 2009 à 2018. Le spectacle d’humour Qanurli? (Et maintenant?), sur deux hommes qui exploitent un réseau à partir d’une région isolée a été produit à l’origine par l’IBC, mais est maintenant produit par une compagnie indépendante et diffusé sur l’APTN.

Reconnaissance

Alethea Arnaquq-Baril
Alethea Arnaquq Baril, interrogée par les médias lors d’une projection de son film Tunniit : Retracing the Lines of Inuit Tattoo organisée par Cinéma Politica en 2016. En 2011, la cinéaste a remporté le prix du meilleur court métrage canadien pour son court métrage d’animation numérique Lumaajuuq à l’imagineNATIVE Film + Media Arts Festival.
Atanarjuat, la légende de l’homme rapide
Ce film s’appuie sur l’ancien conte d’Atanarjuat. Huit anciens ont raconté cette histoire telle qu’elle leur a été transmise par leurs ancêtres. Ces récits ont ensuite été combinés, en inuktitut et en anglais, en un traitement détaillé du sujet, puis adaptés sous la forme d’un scénario.

Grâce à Igloolik Isuma Productions, les anciens employés de l’IBC, Pauloosie Qulitalik, Paul Apak Angilirk, Zacharias Kunuk et Norman Cohn ont pu réaliser des films inuits totalement originaux tels que Atanarjuat, la légende de l’homme rapide (2001). Atanarjuat est devenu le premier film canadien à gagner la prestigieuse Caméra d’Or au Festival de Cannes. Outre cinq prix Génie, notamment dans la catégorie Meilleur film, il a également remporté 19 prix internationaux de premier plan. Lors d’un sondage réalisé par le Festival international du film de Toronto en 2015, il a été désigné meilleur film canadien de tous les temps (voir Les 10 meilleurs films canadiens de tous les temps).

Leetia Ineak, une Inuite marionnettiste, scénariste, réalisatrice et productrice d’émissions télévisées pour les enfants pour l’IBC, a obtenu le prix Indspire en 2000. Son projet le plus connu, Takuginai, a reçu le Prix spécial de reconnaissance de l’Alliance pour l’enfance et la télévision en 1996. Rebecca Veevee, ancienne animatrice de Niqitsiat, a été honorée de la Médaille du service méritoire du gouverneur général en 2015 pour son travail de promotion de l’alimentation inuite traditionnelle. Niqitsiat a été reconnue pour sa lutte contre les maladies liées à une mauvaise nutrition dans les collectivités du Nord.

En 2011, Alethea Arnaquq‑Baril, du Nunavut Animation Lab, a remporté le prix du meilleur court métrage canadien pour son court métrage d’animation numérique Lumaajuuq à l’imagineNATIVE Film + Media Arts Festival.