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Musique à Halifax

Capitale de la Nouvelle-Écosse et important port de mer, elle fut fondée en 1749 comme colonie britannique (population de 2500 habitants) et base militaire. L'afflux de Loyalistes après la révolution amér. fit passer la population à 9000 habitants en 1800.

Halifax

Capitale de la Nouvelle-Écosse et important port de mer, elle fut fondée en 1749 comme colonie britannique (population de 2500 habitants) et base militaire. L'afflux de Loyalistes après la révolution amér. fit passer la population à 9000 habitants en 1800. En 1841, quand Halifax fut incorporée comme ville, elle comptait plus du double d'habitants et, en 1900, sa population s'élevait à 40 000. En 1986, la région métropolitaine de Halifax-Dartmouth, avec une population d'environ 296 000 habitants, était devenue le plus grand centre urbain des Maritimes et le centre industriel, commercial et culturel de la Nouvelle-Écosse.

Le fait que Halifax était à l'origine une base militaire et qu'il s'y trouvait des officiers aux goussets bien garnis, soucieux d'occuper leurs loisirs, contribua à lui assurer une vie musicale active (voir Richard Bulkeley). Selon une annonce parue dans le premier journal canadien, la Halifax Gazette (23 mars 1752), guitares et violons étaient au nombre des marchandises importées de Londres. En 1765 ou 1766, un monsieur Evans installa le premier orgue de Halifax à l'église anglicane Saint Paul's, où les documents historiques attestent l'existence d'un choeur en 1767 et où, en avril 1769, la Philharmonic Society (probablement la première au Canada), augmentée d'officiers de l'armée et de la marine, présenta un oratorio. Ce fut également dans cette église qu'eut lieu une exécution, le 20 mai 1789, du choeur final du Messie et d'un « Coronation Anthem » de Haendel (voir aussi Musique religieuse anglicane).

Comme ville de garnison, Halifax profitait non seulement de la présence d'officiers disposés à participer à la vie musicale de la ville ou à en payer les frais, mais encore de celle d'harmonies régimentaires dont les musiciens compétents faisaient office de professeurs et d'interprètes, et prirent part, sans aucun doute, à un concert tenu au Golden Ball Inn en mars 1785. Au printemps de la même année, le général Wolfe loua les services de 10 musiciens pour agrémenter un dîner qu'il donna dans une auberge locale, lors de son passage à Halifax. En juin 1770, deux harmonies prirent part à la procession vers Saint Paul, lors de la Saint-Jean-Baptiste. Dès 1783, Edward Winslow père rapporte qu'il a assisté à « deux bals et un concert, lequel présentait des instrumentistes et des chanteurs remarquablement bons ». Les concerts et les « ballad operas » firent partie intégrante des divertissements dès 1790. À la British Coffee House, une harmonie joua en 1797 une « Simphonie » de Leopold Kozeluch et un « Concertante for Violin, Hautboy, and Violoncello » d'Ignaz Pleyel. Il était fréquent d'entendre des oeuvres de Pleyel, Bach, Karl Stamitz, Haydn où d'un de leurs contemporains moins célèbres. Les effectifs plus importants requis pour l'opéra étaient présents au théâtre Royal lorsque, le 14 février 1798, fut donné Richard Coeur de Lion de Grétry. En 1798, il y eut au moins quatre « ballad operas » : No Song, No Supper de Storace, The City Romp et The Waterman de Dibdin et Robinson Crusoe de Linley. The Surrender of Calais d'Arnold fut présenté en 1805 et The Review en 1806.

Les sociétés chorales donnèrent aux habitants de Halifax de fréquentes occasions de faire de la musique. La ville compta notamment la New Union Singing Society (1809), la Saint Paul's Singing Society (1819) et l'Amateur Glee club (1836); cette dernière société fut organisée par de jeunes commerçants et mécaniciens. La Création de Haydn fut la première oeuvre que présenta la Halifax Harmonic Society, fondée en 1842. Après avoir interrompu ses activités pendant plusieurs années, la société se regroupa et donna trois concerts au Temperance Hall au cours de l'hiver 1858. De 1840 à 1867 les vapeurs de la Cunard Line faisaient escale à Halifax au cours de leurs traversées entre l'Europe et Boston, et la construction d'une voie ferrée reliant Montréal et Halifax fut terminée en 1876. Ces progrès mirent fin à l'isolement culturel de Halifax et rendirent possible la venue d'artistes d'autres centres.

Le 1er mars 1869, la Halifax Philharmonic Society interpréta le Messie au Temperance Hall devant une salle comble. Pendant les années 1870, la société présenta chaque hiver un oratorio, habituellement le Messie, la Création ou encore Saint Paul de Mendelssohn. Un autre ensemble vocal de Halifax fut l'Arion Club, choeur masculin fondé en 1877 par Arthur Bird (1856-1923, chef et compositeur américain formé en Allemagne et qui poursuivit à Halifax une carrière de prof. de piano, d'organiste et de chambriste, de 1877 à 1881). La Philharmonic Society eut pour successeur l'Orpheus Club, choeur masculin qui fut dirigé par Charles H. Porter (1882-1906) puis par Harry Dean (1907-17), et qui se distingua par ses productions d'opérettes.

L'exécution instrumentale prit également de l'expansion à partir de 1885, année où le Haydn Quintette Club, auquel s'ajoutèrent des membres de corps de musique, commença à donner des concerts de musique d'orchestre. En 1897, Max Weil fonda le premier Orchestre symphonique de Halifax. Charles Porter, avec Heinrich Klingenfeld et le violoncelliste Ernst Doering, forma le Leipzig Trio au début des années 1890.

La popularité du piano au XIXe siècle suscitant une forte demande, plusieurs fabricants se fixèrent à Halifax : Henry et John Philips, originaires de Hambourg (1845-59); Thomas et Alfred W. Brockley, qui avaient appris leur art chez Broadwood and Sons, à Londres (1857-97); W. Fraser & Sons (1856-90); Williams & Leverman (1871-1889) et P.W. Leverman & Co. (1889-97).

L'Academy of Music, un splendide auditorium qui allait être le centre de la vie théâtrale et musicale de la Nouvelle-Écosse pendant plus de 50 ans, ouvrit ses portes en 1877. Construite grâce à l'apport financier de citoyens en vue, cette salle pouvait contenir 1250 personnes. Le concert d'inauguration fut donné par la Philharmonic Union sous la direction de C.H. Porter, avec des solistes de Boston. L'Academy accueillit des artistes locaux ou invités (par exemple l'OS de Boston, le Westminster Choir, Emma Albani) qui se produisirent en concert ou dans des opérettes comme The Mikado en 1887 et Martha en 1896. Durant les jours qui suivirent la grande explosion au port de Halifax en 1917, l'Academy servit de centre d'organisation des secours, de distribution de vivres et de réconfort moral.

L'Orpheus Club, qui inaugura le Cycle des festivals de musique du Dominion du Canada en 1903, fut réorganisé en 1919 sous le nom de Halifax Philharmonic Society et dirigé par Harry Dean jusqu'en 1954. Ce choeur mixte exécuta des oratorios à Halifax, Truro et New Glasgow, et parraina des festivals de printemps (1925-31) mettant en vedette des solistes des É.-U. Ifan Williams fonda la Halifax Choral Union (plus tard la Halifax Choral Society) en 1922. En 1923, la Halifax Madrigal Society se rendit en Angleterre et reçut des commentaires élogieux pour la précision de ses attaques, le registre de ses nuances et sa sonorité agréable.

La vie musicale de la ville subit un recul en 1929 quand l'Academy of Music, qui avait été rebaptisée le Majestic en 1918, fut démolie pour faire place au cinéma Capitol. À partir de cette date et jusqu'en 1950 environ, il fallut se résoudre à donner des concerts dans les églises, les salles de bal des hôtels ou le gymnase de l'Université Dalhousie. La vie musicale reprit cependant son essor après un arrêt durant la Deuxième Guerre mondiale. Des auditoriums adéquats attenants à la School for the Blind et à la Queen Elizabeth High School furent construits. Le bicentenaire de Halifax, en 1949, fut célébré avec une production très réussie de Don Giovanni par Mariss Vetra. Cet événement eut comme résultat la formation de la Nova Scotia Opera Assn qui monta annuellement des opéras au Capitol jusqu'au milieu des années 1950.

Lorsque Vetra quitta Halifax, l'intérêt du public passa de l'opéra à la musique symphonique. En 1951, la Halifax Symphonette, composée de 13 membres, vit le jour sous la direction d'Alfred Strombergs. Grâce au soutien de la province et de la municipalité, la Symphonette fut augmentée en 1955 et devint l'OS de Halifax dirigé par Thomas Mayer. L'orchestre présenta un festival Mozart en 1956 et un festival Beethoven en 1957. En 1966, il comptait 35 membres à temps complet et donnait 70 concerts par an dans les 4 provinces de l'Atlantique. Dans le cadre des célébrations du centenaire du Canada (1967), l'OS de Halifax créa les Variations d'Edward Laufer. Cependant, tout comme l'Orchestre symphonique du Nouveau-Brunswick, l'orchestre de Halifax fut supplanté en 1968 par l'Orchestre symphonique de l'Atlantique, ensemble à temps plein établi à Halifax, mais dont le conseil d'administration comptait des membres de chacune des quatre provinces maritimes qu'il visitait régulièrement dans ses tournées. L'OS de l'Atlantique céda à son tour la place à Symphony Nova Scotia

Le Halifax Ladies' Musical Club, fondé en 1905, visait à promouvoir la musique au moyen de conférences, de cercles d'études et de démonstrations; il s'appliqua à encourager la formation de jeunes musiciens et à donner aux artistes canadiens l'occasion de se produire. La Halifax Community Concerts Assn, organisée en 1931 par la Halifax Philharmonic Society, poursuivit ses activités pendant une trentaine d'années. Parmi les artistes qu'elle invita à Halifax figurent Van Cliburn, Nelson Eddy, Maureen Forrester, Mario Lanza, Witold Malcuzynski, Lois Marshall, Leontyne Price, William Primrose, Teresa Stratas, Gladys Swarthout et les Trapp Family Singers. Au nombre des autres musiciens de renom qui se produisirent à Halifax figurent Marian Anderson, Louis Armstrong, Leonard Bernstein, Edward Johnson, Robert Merrill et Isaac Stern. L'Université Dalhousie présente également des concerts au Dalhousie Arts Centre, surtout depuis l'inauguration en 1971 du Rebecca Cohn Auditorium qui peut contenir 1100 personnes. Dotée d'une salle comparable à l'ancienne Academy, Halifax fut de nouveau en mesure de recevoir des ensembles tels que la COC, les Festival Singers, l'OCNA, le TS, le Ballet royal de Winnipeg et l'ONJ, en plus de ses propres formations et solistes de renom, et des manifestations régulières de l'OS de l'Atlantique puis de Symphony Nova Scotia. Le comité des activités culturelles de l'Université Dalhousie présenta des concerts de musique de chambre du Trio Dalart, du Canadian Brass, du Quatuor à cordes Brunswick, de Nexus et de Quartet Canada. Il invita aussi Liona Boyd, John Allan Cameron, Anne Murray, Anna Russell et Buffy Sainte-Marie. À partir de 1977, le comité donna la priorité aux concerts de jazz. La série NOVA MUSIC (1971-86) mit à l'affiche des oeuvres contemporaines et électroacoustiques. En outre, des récitals ont lieu chaque semaine à la faculté. En 1963, un vieux théatre de vaudeville fut rénové et ouvrit sous le nom de Neptune Theatre, accueillant les spectacles de l'Atlantic Opera Company puis de l'Opera East.

Les cours de musique firent leur apparition dans les écoles publiques en 1867. Le premier festival de musique scolaire eut lieu en 1870. Le Halifax Cons. (Maritime Conservatory), fondé en 1887, exerça une influence considérable sur le développement et les goûts musicaux. Jusqu'aux années 1960, l'éducation musicale suivit généralement les normes canadiennes-anglaises, et se distingua principalement par ses émissions musicales éducatives, programme aussi innovateur qu'efficace, créé en 1942 par Irene McQuillan, dir. mus. des écoles de Halifax. L'introduction de la méthode Kodály dans les écoles élémentaires par Shirley Blakeley en 1966 entraîna d'importants changements. Quand J. Chalmers Doane fut nommé dir. mus. des écoles en 1967, 4 professeurs de musique à temps plein visitaient 26 écoles et se partageaient 14 000 élèves. À la fin du plan quinquennal (1967-72) conçu par Doane pour améliorer le programme, 50 professeurs à temps plein et à temps partiel desservaient 55 écoles et 26 000 étudiants. La qualité de l'enseignement s'améliora et les adultes purent éventuellement s'inscrire. Des cours d'histoire de la musique furent offerts pour la première fois à l'Université Dalhousie en 1961, et le dépt de musique y fut établi en 1968.

En mai 1935, le Halifax Cons. parraina un festival-concours au gymnase de l'Université Dalhousie. Cet événement attira des candidats de tous les coins de la Nouvelle-Écosse, notamment Portia White, et marqua les débuts d'une manifestation annuelle toujours réussie. Interrompu pendant la Deuxième Guerre mondiale, le festival reprit néanmoins en 1947 dans le cadre de la FCMF qui invita des jurys britanniques et attira des candidats de toute la région des Maritimes. Le concours atteignit son apogée en 1957, alors que 15 000 musiciens se présentèrent dans 347 catégories. La catégorie orgue devint réputée à travers tout le Canada. Les English Singers, dirigés par F. Harold Wright, gagnèrent en 1953 le trophée de la ville de Lincoln décerné annuellement à un ensemble choral canadien par des examinateurs ayant entendu des choeurs d'un bout à l'autre du pays au cours de l'année. Ce trophée a également été décerné deux fois au Halifax Chamber Choir, formé en 1970 par son dir. Paul Murray.

Au nombre des groupes et organismes d'importance qui furent ou sont actifs à Halifax, on remarque l'Orchestre de chambre de la SRC à Halifax, les CBC Halifax Strings, l'Armdale Chorus et le Halifax Trio (voir Trio de l'Université de Brandon). La Fédération chorale de la Nouvelle-Écosse, le Nova Scotia Talent Trust et le Festival des arts de la Nouvelle-Écosse sont établis à Halifax. La populaire émission de télévision « Singalong Jubilee » fut réalisée dans cette ville.

Dans les années 1980 on assista à un essor sans précédent de la musique à Halifax, tant sur le plan de la variété que sur celui de l'ampleur des manifestations. On peut l'attribuer à l'arrivée de talents nouveaux et à l'augmentation du nombre des productions. Le Rebecca Cohn Auditorium, logé au Centre des arts et de la culture de l'Un Dalhousie, restait toujours la plus belle salle de concert de la Nouvelle-Écosse et, avec le Dunn Theatre, elle accueillait toutes sortes de manifestations, des concerts symphoniques à la musique de chambre, à l'opéra ou au ballet, des spectacles en tournée aux comédies musicales. Le Metro Centre de Halifax, salle de 10 000 places construite surtout pour les manifestations sportives, accueillit aussi sa part d'événements musicaux, comme le concert de 1983 au bénéfice des musiciens de Symphony Nova Scotia (avec le patineur artistique Toller Cranston), plusieurs spectacles montés par le Halifax City School Music Dept et le Nova Scotia International Tattoo annuel.

À partir du début des années 1970, les diverses séries de musique dans les églises ont pris une dimension et une importance remarquables. Chacune présente des oeuvres importantes du répertoire, souvent avec un accompagnement instrumental complet. Dans la plupart des concerts, on peut entendre des artistes locaux, amateurs ou professionnels, et plusieurs églises présentent des concerts-midi en été. Parmi celles-ci, citons les églises unie Saint Matthew's (Paul Murray et des concerts-midi l'été), anglicane Saint Paul's (Walter Kemp et une série estivale), First Baptist (David McDonald), unie Saint Andrew's (Barbara Butler) et First Baptist à Truro (Jeff Joudrey), la cathédrale anglicane All Saints (Fred Graham et Mervyn Games) et la basilique Saint Mary's (Andrew Ager). L'organiste David MacDonald est la cheville ouvrière des récitals d'orgue de la BWV Series, qui présentent l'intégrale des oeuvres pour orgue de J.S. Bach.

Le Summer Rock Camp, lancé par le Canadian Cons. of Music en 1985, a attiré des participants de toutes parts au Canada.

L'afflux d'interprètes professionnels au début des années 1980 a conduit à l'émergence de deux groupes d'importance, locale et internationale. La fondation du Trio Dalart résulte directement de l'expansion de la faculté de musique de l'Université Dalhousie. En 1983, des membres du trio se joignirent à John Rapson (Symphony Nova Scotia) et Leighton Davis (Saint Mary's Art Gallery) pour fonder les Halifax Chamber Musicians, dans le but d'explorer et d'interpréter le répertoire de chambre écrit pour diverses combinaisons d'instruments. Ils ont fait appel à des musiciens de l'orchestre et à des solistes selon les besoins.

Parmi les musiciens nés à Halifax, ou dans les environs, figurent John Arab, Helen Creighton, Denny Doherty, Elizabeth Benson Guy, Alan Heard, Christopher Jackson, la soprano Marjorie MacGibbon, James Milligan, Marjorie A. Payne (la pionnière à Halifax de la musique à la radio, et sans doute la première femme au Canada à diriger pour une diffusion), Geoffrey Payzant, Sheila Piercey, le chef de musique et d'orchestre de danse Peter Power, le pianiste et chef d'orchestre Joseph B. Sharland et Ivan et Nelson Symonds. D'autres musiciens ont contribué de façon marquante à la vie musicale de Halifax; citons le saxophoniste de jazz Bucky Adams, Skip Beckwith, le baryton et professeur Teodor Brilts, Francis Chaplin, Kenneth Elloway, Phyllis Ensher, Maitland Farmer, Audrey Farnell, John Fenwick, Monique Gusset, Harold Hamer, Leonard Mayoh, Gordon MacPherson, Dutch Mason, Don Messer, Klaro Mizerit, W.A. Montgomery, la chanteuse pop Karen Oxley, Diane Oxner, Don Palmer, l'o. m. c. Samuel Porter, Joe Sealy, le professeur Charles Underwood, le pianiste Neil Van Allen, Ernesto Vinci et le trompettiste Don Warner.

Voir aussi Musiciens noirs et musique noire.

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