Freda Ahenakew | l'Encyclopédie Canadienne

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Freda Ahenakew

Freda Ahenakew, O.C., universitaire crie, autrice (née le 11 février 1932 dans la Première Nation d’Ahtahkakoop, en Saskatchewan; décédée le 8 avril 2011 dans la Première Nation de Muskeg Lake, en Saskatchewan). Freda Ahenakew est reconnue comme étant une chef de file dans la reconnaissance et la revitalisation de la langue crie au Canada. Au cours de sa vie, Freda Ahenakew a contribué à la préservation des traditions orales du peuple cri et au partage des histoires et des traditions cries avec les peuples autochtones et non autochtones. (Voir aussi Revitalisation des langues autochtones au Canada.)

Freda Ahenakew

Jeunesse et éducation

Les parents de Freda Ahenakew sont Edward et Annie (née Bird) Ahenakew. Enfant, Freda (la deuxième de huit enfants) parle le cri. Elle attribue à son oncle paternel, le chanoine Edward Ahenakew, un prêtre ordonné de l’Église anglicane et un conteur doué, sa fierté de la langue et de la culture crie. Elle fréquente la Sandy Lake Day School sur la réserve avant de déménager à Prince Albert, en Saskatchewan. À cet endroit, elle fréquente le Prince Albert Collegiate Institute et elle vit à la St. Alban’s Residence. Elle quitte l’école secondaire au cours de sa dernière année pour épouser Harold Greyeyes en 1951.

Après leur mariage, Freda Ahenakew déménage chez son mari dans la Première Nation crie de Muskeg Lake. Ensemble, ils ont 12 enfants : Dolores Carol (née en 1951); Brenda Vivian (née en 1952); Barbara Ruth (née en 1954); Harold Dennis (né en 1955); Judith May (née en 1957); Anita Elaine (née en 1958); Lawrence Edward (née en 1959); Gloria Lynn (née en 1960); Kevin Ray (né en 1962); Spencer Garth (né en 1963); Nancy Cecile (née en 1972); et Josephine Marie (née en 1975). De 1956 à 1959, Freda Ahenakew, Harold Greyeyes, et leurs quatre enfants les plus âgés, vivent en Colombie-Britannique, où Harold Greyeyes se trouve un emploi dans l’industrie du bois. La famille retourne ensuite chez elle dans la Nation crie de Muskeg Lake, en 1959, pour exploiter une petite ferme mixte.

Freda Ahenakew enseigne le cri à ses enfants aînés, comme l’avait fait sa propre mère. Lorsqu’ils sont en âge d’aller à l’école, son amie Alpha Lafond et elle négocient avec les Affaires indiennes pour pouvoir retirer les enfants de Muskeg Lake du système des pensionnats indiens, et les inscrire plutôt dans le village voisin de Marcelin. Comme elle est avisée par des enseignants que le fait de parler cri à la maison crée un désavantage éducatif, Freda Ahenakew ne parle qu’en anglais à ses plus jeunes. Préoccupée par la perte de leur culture et par le fait qu’elle remarque que ses enfants perdent de l’intérêt pour l’éducation, elle retourne à l’école pour leur servir de modèle de rôle. À 38 ans, Freda Ahenakew se joint à ses enfants dans l’autobus scolaire et dans la salle de classe de l’école secondaire Marcelin, en Saskatchewan. Elle y obtient son diplôme en 1969.

Après avoir terminé sa 12e année, Freda Ahenakew travaille comme agente de liaison en éducation avec la Federation of Saskatchewan Indian Nations (maintenant la Fédération des nations autochtones souveraines). Elle poursuit ensuite ses études à la Institute of Teacher’s Education, et elle obtient son baccalauréat en éducation en 1979. Cette même année, Freda Ahenakew reçoit le prix de mère de l’année, décerné par la Fédération des nations autochtones souveraines. Alors qu’elle fait de grands progrès dans sa formation pendant les années 1970, sa vie personnelle subit un revers. Freda Ahenakew et Harold Greyeyes divorcent en 1979.

Cette même année, Freda Ahenakew se concentre sur sa carrière et commence à enseigner au Saskatchewan Indian Cultural College (maintenant le Saskatchewan Indigenous Cultural Centre), une école dans la Première Nation de Lac La Ronge. Elle y enseigne pendant un an. Elle enseigne également à la Saskatoon Survival School (aujourd’hui l’école secondaire Oskayak) à Saskatoon de 1980 à 1981. Freda Ahenakew déménage ensuite à Winnipeg, où elle fait des études supérieures à l’Université du Manitoba. Elle étudie avec le docteur H. C. Wolfart, un éminent professeur de linguistique. En 1983, elle obtient sa maîtrise ès arts en linguistique crie. Sa thèse de fin d’études, Cree Language Structures : A Cree Approach (1987), fourni un enseignement linguistique sur la langue crie. La thèse est sa première publication; depuis, elle a été rééditée à 17 reprises.

Carrière académique

Pendant les années 1980 et 1990, Freda Ahenakew enseigne dans plusieurs universités canadiennes et organismes linguistiques en Saskatchewan et au Manitoba. Elle est professeure adjointe au département d’études autochtones de l’Université de la Saskatchewan de 1983 à 1985. Elle devient ensuite directrice de la Saskatchewan Indian Languages Institute de 1985 à 1989.

En 1989, Freda Ahenakew retourne à Winnipeg, où elle est professeure des études autochtones à l’Université du Manitoba jusqu’en 1996. Elle est la première professeure associée intérimaire du programme et, plus tard, elle devient chef du département. Durant les années 1980, elle crée également le groupe First Nations Women Writers qui offre une base de soutien en petits groupes pour les écrivaines, les éducatrices, et les linguistes autochtones.

En 1996, Freda Ahenakew subit un accident vasculaire cérébral qui limite sa mobilité et sa capacité de parler. Malgré ses problèmes de santé, elle retourne en Saskatchewan, où elle travaille jusqu’à sa retraite en 1997, en tant que consultante des langues des Premières Nations auprès du grand conseil de Prince Albert.

Alphabétisation des Cris

Au cours de sa carrière universitaire, Freda Ahenakew aide à préserver et à promouvoir la langue crie. Elle crée des programmes d’alphabétisation, enseigne la langue crie aux étudiants, et transcrit, traduit et analyse toute une variété de textes autochtones.

L’une de ses passions de Freda Ahenakew est d’enregistrer et de documenter les expériences de vie des femmes cries. Ses livres, Kôhkominawak Otâcimowinawâwa / Our Grandmothers’ Lives, As Told in Their Own Words, et Kwayask ê-ki-pê-kiskinowâpahtihicik / Their Example Showed Me the Way: A Cree Woman’s Life Shaped by Two Cultures, sont des œuvres très appréciées dans la littérature féministe autochtone. Kwayask ê-ki-pê-kiskinowâpahtihicik remporte un Alberta Book Award pour le Scholarly Title of the Year en 1988. (Voir aussi Féminismes autochtones au Canada.)

Freda Ahenakew publie également une série de livres pour enfants, qui comprend Wisahkecahk Flies to the Moon et How the Mouse Got Brown Teeth. Ces livres présentent la langue crie et les histoires traditionnelles aux élèves du primaire.

Parmi ses autres projets d’érudite, Freda Ahenakew traduit et produit un certain nombre de manuels scolaires et de dictionnaires techniques, y compris une collection de termes médicaux cris pour les médecins.

En 2010, un petit groupe de linguistes et d’enseignants inspirés par les œuvres de Freda Ahenakew et de la docteure Jean Okimâsis, une autrice et éducatrice crie, fondent un organisme à but non lucratif, la Cree Literacy Network, qui poursuit les objectifs de Freda Ahenakew en matière d’éducation linguistique.

Décès et importance

Freda Ahenakew meurt de complications du diabète à l’âge de 79 ans, dans la Première Nation de Muskeg Lake, le 8 avril 2011. Elle laisse dans le deuil 55 petits-enfants, 75 arrière-petits-enfants, et un arrière-arrière-petit-enfant.

L’œuvre de la vie de Freda Ahenakew continue à influencer les nouvelles générations d’étudiants autochtones. Comme l’a dit le chef Joe Quewezance du Conseil tribal de Saskatoon, « En enregistrant, transcrivant, et traduisant les récits des Aînés, Freda a jeté les bases pour les générations de lecteurs à venir. » Freda Ahenakew a aidé à préserver et à promouvoir les traditions orales du peuple cri.

Prix et distinctions

Au cours de sa vie, Freda Ahenakew a reçu un certain nombre de prix et d’honneurs prestigieux, y compris :

  • Citoyenne de l’année de la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan (1992)
  • Doctorat honorifique en droit de l’Université de la Saskatchewan (1997) et de l’Universite du Manitoba (2009)
  • Ordre du Canada (1998)
  • Prix national d’excellence décerné aux Autochtones en éducation (maintenant les Prix Indspire) (2001)
  • Ordre du mérite de la Saskatchewan (2005)

Selon ses enfants, Freda Ahenakew a toujours été heureuse de recevoir des prix, mais sa source de motivation principale résidait dans le fait de partager la vie et la langue de son peuple.

Liste éditée des ouvrages

  • Freda Ahenakew, Cree Language Structures: A Cree Approach (Pemmican Publications, 1987).
  • Freda Ahenakew et George Littlechild, How the Birch Tree Got Its Stripes: A Cree Story For Children (Fifth House, 1988).
  • Freda Ahenakew et George Littlechild, How the Mouse Got Brown Teeth: A Cree Story For Children (Fifth House, 1988).
  • Glecia Bear et Freda Ahenakew, Kôhkominawak Otâcimowinawâwa; Our Grandmothers’ Lives, As Told In Their Own Words (Fifth House, 1992).
  • Glecia Bear et Freda Ahenakew, Wanisinwak iskwêsisak : awasisasinahikanis; Two Little Girls Lost in the Bush: A Cree Story For Children (Fifth House, 1991).
  • Freda Ahenakew, Wisahkecahk Flies To The Moon (Pemmican Publications, 1999).