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Ferron

​Debbie Foisy (aussi connue sous le nom de Ferron), chanteuse, compositrice et guitariste (née le 1er juin 1952 à Toronto, en Ontario).

Debbie Foisy (aussi connue sous le nom de Ferron), chanteuse, compositrice et guitariste (née le 1er juin 1952 à Toronto, en Ontario). Ferron est une auteure-compositrice-interprète folk lesbienne précurseur qui crée des chansons du genre Leonard Cohen, Neil Young et Janis Ian. Un critique l’a appelée une fois « la Johnny Cash de la chanson folk lesbienne ». Son travail orienté par la perspective féministe très affirmée reflète bien les préoccupations du mouvement des femmes. Elle a eu un impact sur les musiciens contemporains comme Indigo Girls, Shawn Colvin, Tori Amos et Ani DiFranco.

Enfance et début de carrière

Les parents de Debbie Foisy sont d’origine crie, ojibwée et franco-canadienne. Élevée à Richmond, en Colombie-Britannique, Ferron apprend seule à jouer de la guitare et commence à composer ses propres chansons durant son adolescence. Après une enfance difficile, elle quitte la maison à l’âge de 15 ans et, pendant un certain temps, elle travaille en usine et occupe des emplois manuels.

Ce n’est qu’en 1975 cependant qu’elle fait ses débuts en public lors d’un concert-bénéfice pour le Women’s Press Gang à Vancouver. Elle enregistre par la suite deux disques 33 tours, Ferron (1977) et Ferron Backed Up (1978), dans son sous-sol et les sort sous sa propre étiquette de disques, Lucy. Elle se produit dans des cafés-concerts et des clubs locaux avant de percer sur la scène nationale de musique folk et de faire ses débuts aux États-Unis, au Michigan Womyn’s Festival. Ensuite, elle se produit dans différents festivals de musique folk, entre autres à Vancouver, à Edmonton et à Winnipeg.

Points saillants de sa carrière

Son troisième album Testimony (1980) paraît aux États-Unis chez Philo et il est repris au Canada par Stony Plain. La chanson qui donne son nom à l’album « Testimony », écrite à l’origine à l’intention de l’Office national du film pour le court documentaire This Film is about Rape (1979), devient un hymne féministe au début des années 1980. Ferron profite de son succès en faisant des tournées aux États-Unis pendant lesquelles Tracy Chapman, Suzanne Vega et Ani DiFranco ouvrent les concerts.

Shadow on a Dime (1984), paru aux États-Unis chez Redwood est acclamé par les critiques et reçoit la critique de quatre étoiles de la revue Rolling Stone. La revue dit que l’album est « une chose de beauté » et appelle Ferron « un héros de culture ». Après avoir reçu une subvention du Conseil du Canada en 1985, Ferron prend un congé sabbatique de la musique et déménage à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Elle est de retour pour un enregistrement et des tournées avec son album Phantom Center (1990) qui présente la jeune Tori Amos sur les chœurs. L’album live Not a Still Life, enregistré au légendaire Great American Music Hall à San Francisco, paraît en 1992 sous l’étiquette Cherrywood Station appartenant à Ferron et inclut de nombreuses chansons des albums précédents.

La même année, Ferron produit son seul album instrumental, Resting with the Question. En 1994, son album Driver est accueilli de façon très favorable par la critique et il est en lice pour le prix Juno pour le meilleur album de musique roots et de musique traditionnelle. L’album fait aussi partie des dix meilleurs albums de l’année selon le New York Times et le Boston Globe. À la suite de ce succès, Ferron signe un contrat avec Warner Bros. Records qui fait une nouvelle édition de l’album Driver et une version remixée de Phantom Center avant de faire sortir son neuvième album Still Riot en 1996. La même année, Ferron reçoit le prix Outmusic pour l’ensemble de ses réalisations au Gay and Lesbian American Music Awards.

Ferron poursuit son succès avec Inside Out: The IMA Sessions paru en 1998 qui est un album de reprises de chansons pop des années 1960 et 1970, qu’elle crée au profit de l’Institute for the Musical Arts au Massachusetts où elle a enseigné et siégéau Conseil consultatif. En 2002, elle apparaît dans le film documentaire sur la musique des femmes, Radical Harmonies, et sort l’album double Impressionistic, suivi par Turning into Beautiful (2005) et Boulder (2008). Le dernier présente du matériel déjà paru, mais aussi des chansons créées en collaboration avec Amy Ray et Emily Saliers des Indigo Girls, Samantha Parton de Be Good Tanyas et Ani DiFranco.

Le documentairem Ferron: girl on a road (2009) est suivi par l’album Girl on a Road (2012) que Ferron enregistre live dans le Vancouver East Cultural Centre. La même année, Ferron se produit en vedette au Frostbite Music Festival à Whitehorse, au Yukon. En 2013, elle lance Thunder, un documentaire d’une heure et un album d’accompagnement Lighten-ing comme un double DVD.

Ferron est une artiste multidisciplinaire qui fait des ateliers d’écriture pour femmes et qui publie aussi ses poèmes. Elle crée aussi des œuvres d’art textile artisanales. Une collection de ses œuvres musicales et d’autres de ses œuvres se trouve dans la bibliothèque Schlesinger de l’Université de Harvard dans la section « L’histoire des femmes en Amérique ». Elle habite à Three Rivers, au Michigan où elle préside un retrait d’artistes nommé The Fen Peace and Poetry Camp for Women.

Style particulier et chansons marquantes

Les chansons de Ferron sont pour la plupart pleines d’espoir, sentimentales, introspectives et souvent autobiographiques. Une de ses célèbres chansons « Girl on a Road » raconte son expérience d’adolescence quand elle quitte la maison à l’âge de 15 ans avec l’argent qu’elle gagne en travaillant dans une conserverie de poisson. Une autre de ses chansons les plus connues, « Testimony » est enregistrée par Holly Near, Ginni Clemens et Sweet Honey in the Rock et elle est publiée dans un des numéros de Sing Out! de 1985.

Parmi les autres chansons notables de Ferron, on trouve « Misty Mountain », « Ain’t Life a Brook », « Shadow on a Dime » et « It Won't Take Long ». Cathy Fink, Ronnie Gilbert et James Keelaghan enregistrent aussi des chansons de Ferron, de même que Lucie Blue Tremblay qui traduit « Ain’t Life a Brook » en français sous le titre « Nos belles années ».

La manière d’écrire de Ferron, qu’elle décrit elle-même comme « une vague proche de la Terre; je veux qu’elle soit paisible et pleine d’espoir », est souvent comparée à celle de Bob Dylan. En écrivant à propos de Shadow on a Dime, Liam Lacey du Globe and Mail décrit la voix de Ferron comme « chaude, rocailleuse et au timbre presque masculin »; il décrit l’album comme ayant « riche en textures acoustiques sonores et ayant une irrésistible variété d’atmosphères : doux-amer et mystérieux avec une touche d’ironie, aux mélodies inoubliables et aux paroles évoquant des vues particulières remplies d’acuité de l’amour et de la liberté... S’il est une chose qui distingue les chansons de Ferron, c’est bien l’expression d’une insatiable soif de liberté personnelle ».