Édouard VIII | l'Encyclopédie Canadienne

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Édouard VIII

Edward Albert Christian George Andrew Patrick David, S.A.R. le prince de Galles de 1910 à 1936, S.M. le roi Édouard VIII du 20 janvier au 11 décembre 1936, S.A.R. le duc de Windsor de 1936 à 1972 (né le 23 juin 1894 à White Lodge Richmond, dans le Surrey, en Angleterre; décédé le 28 mai 1972 à Paris, en France). Édouard a visité le Canada à plusieurs reprises et a acheté un ranch en Alberta. Il est surtout connu pour avoir renoncé au trône et épousé Wallis Simpson, une Américaine divorcée. Il apparaît dans les romans de plusieurs auteurs canadiens, dont Robertson Davies, Lucy Maud Montgomery et Timothy Findley.


S.A.R. Édouard prince de Galles, à bord d’un navire (automne 1923)
(avec la permission du ministère des Mines et des Relevés techniques, Bibliothèque et Archives Canada / PA‑023122)

Jeunesse et études

Édouard voit le jour sous le règne de son arrière-grand-mère, la reine Victoria. Il est l’aîné des six enfants du duc et de la duchesse de York (les futurs roi Georges V et reine Marie).

Instruit à la maison jusqu’à l’âge de 13 ans, il fréquente le Royal Naval College d’Osborne de 1907 à 1909, puis celui de Dartmouth de 1909 à 1911. Lorsque son père accède au trône en tant que roi Georges V en 1910, il devient prince de Galles. Il étudie l’histoire et les langues modernes au Magdalen College de l’Université d’Oxford de 1912 à 1914, mais ne se rend pas jusqu’au diplôme.

Première Guerre mondiale

Édouard se joint aux Grenadier Guards en juin 1914. Il se porte volontaire pour le service actif lorsque la Première Guerre mondiale éclate en août, mais il est plutôt nommé officier d’état-major auprès de sir John French, commandant en chef du corps expéditionnaire britannique. Il préside le Fonds patriotique d’aide aux soldats et aux marins et rend visite aux troupes de l’Empire et des dominions britanniques, dont fait partie le Canada. Il est d’ailleurs auprès du contingent canadien lorsque l’armistice est signé en 1918; dans une lettre à un ami, il fait part de son admiration pour les soldats canadiens: « … à vivre parmi eux, je n’ai qu’une envie: aller là-bas. »


Le prince de Galles au front [à Merville, en France], le 8 août 1915
(photo par H.D. Girdwood, avec la permission de British Library/Wikimedia CC)


Vie personnelle

Dans les années 1920 et 1930, au lieu d’épouser une princesse européenne ou une aristocrate britannique comme le veut la coutume, Édouard connaît une série d’aventures avec des femmes mariées, comme Freda Dudley Ward, Thelma Furness et, à partir de 1934, Wallis Simpson, une Américaine deux fois divorcée. Voulant l’éloigner de ces relations inconvenantes, ses parents l’envoient en de longues visites royales à l’étranger.

Visites au Canada

En 1919, Édouard parcourt le Canada pendant deux mois afin de remercier les Canadiens d’avoir contribué à la victoire des Alliés lors de la Première Guerre mondiale. Ces visites ont beaucoup de succès auprès de la population, si bien qu’Édouard revient pendant sept semaines en 1923, puis à nouveau en 1924, cette fois à titre non officiel. En 1927, il visite à nouveau le Canada avec son frère le prince Georges (futur duc de Kent) en l’honneur du 50eanniversaire de la Confédération, où il inaugure le monument baptisé Princes’ Gates et le viaduc qui porte son nom à Toronto.

Édouard est le premier membre de la famille royale à se dire Canadien lors d’une visite officielle. Dans un discours à Calgary en 1919, il déclare: « Je suis venu ici comme un Canadien dans l’âme et le cœur, et voilà que je deviens rapidement un Canadien de l’Ouest. » Dans une lettre à sa mère, la reine Marie, il écrit: « Nous appartenons au Canada et aux autres dominions tout autant qu’au Royaume-Uni. » Par la suite, les visiteurs royaux ne manqueront pas de souligner leur attachement au Canada.

Édouard se lie aussi d’amitié avec des Canadiens de renom installés au Royaume-Uni, dont sirEdward Peacock, directeur de la Banque d’Angleterre, et Max Aitken, lord Beaverbrook, homme politique et éditeur du journal Daily Express.

Propriétaire de ranch

Durant sa visite de 1919, Édouard achète un ranch de 41 acres près de Pekisko Creek en Alberta. Il y revient à chacune de ses visites subséquentes et fait construire une nouvelle maison de ferme en 1927. Il importe aussi du Royaume-Uni des bovins Shorthorn, des poneys Dartmoor, des moutons Shropshire et des chevaux Clydesdale. Édouard reviendra à son ranch à titre privé dans les années1940 et 1950 et s’en départira en 1962.

Accession au trône

Le roi GeorgesV rend l’âme le 20 janvier et Édouard est proclamé roi dès le lendemain. Or, il néglige ses obligations officielles et s’entête à vouloir épouser Wallis Simpson, qui n’est pas considérée comme un parti acceptable à l’époque du fait de ses divorces. Son règne perd des appuis dans la classe politique britannique. Au Canada, l’opinion est divisée. Le premier ministre William Lyon Mackenzie King lui rappelle ses responsabilités, l’admiration dont il est l’objet au Canada et la nécessité de préserver le prestige de la Couronne.

Mémorial de Vimy

Le 26 juillet 1936, devant plus de 100 000 personnes, le roi Édouard VIII inaugure le Monument commémoratif du Canada à Vimy, en France. Il rencontre des dignitaires et se mêle à la foule, prenant le temps de converser avec des anciens combattants, des veuves et des mères de soldats morts à la guerre. Juste avant le dévoilement officiel, il prononce un bref discours :

Autour de nous aujourd’hui, la paix règne et l’espoir renaît. […] en dédiant ce monument à nos camarades tombés au champ d’honneur, nous pensons à la grâce de leur sacrifice et à l’amour sacré que nous leur portons, plutôt qu’aux canons qui ont pilonné cette crête il y a une vingtaine d’années. Empli de gratitude pour leur dévouement exemplaire, digne d’hommage, et fier de la camaraderie qui unit les frères d’armes, je dévoile ce monument aux morts du Canada.

Abdication

Le 11 décembre 1936, Édouard annonce à la radio qu’il renonce au trône. Son jeune frère lui succède sous le nom de GeorgesVI, père de la reine Elizabeth II. Après son abdication, Édouard est fait duc de Windsor.

Le Cabinet canadien non seulement donne son assentiment à la loi britannique sur l’abdication, His Majesty’s Declaration of Abdication Act, 1936, mais il la ratifie en faisant adopter la Loi de 1937 sur la succession au trône. Ce n’est pas sans conséquence: en adoptant sa propre loi, le Canada affirme son indépendance et son autonomie vis-à-vis de la Couronne. (Voir aussi: Statut de Westminster; Visite royale de 1939.)

Duc de Windsor

Le 3 juin 1937, Édouard épouse Wallis Simpson en France. Le couple suscite la controverse en visitant l’Allemagne nazie en octobre suivant. Afin de l’éloigner de l’Europe pendant la Deuxième Guerre mondiale, on nomme Édouard gouverneur des Bahamas en 1940.

Aux Bahamas, il se lie d’amitié avec le millionnaire canadien Harry Oakes, qui a fait fortune dans les mines d’or. Celui-ci est assassiné dans des circonstances mystérieuses en 1943 et Édouard sera critiqué pour s’être immiscé dans l’enquête. Rentré en France en 1946, il y finira ses jours en 1972.

Place dans la culture canadienne

Édouard est cité dans de nombreuses œuvres de la littérature canadienne. Dans le roman Cinquième emploi de Robertson Davies, un personnage le prend comme modèle, voyant en lui un grand ambassadeur du Commonwealth, aussi à l’aise avec les gens du commun. Dans Mademoiselle Pat, de Lucy Maud Montgomery, un ouvrier de ferme se vante d’avoir déjà travaillé dans le ranch albertain d’Édouard, un jeune homme très épris de démocratie. Après la crise de l’abdication, la littérature se fait beaucoup moins clémente envers Édouard. Ainsi, dans Le grand Elysium Hôtel, dernier roman de Timothy Findley, le duc et la duchesse de Windsor forment un couple d’ambitieux égoïstes qui trempent dans un complot nazi visant à replacer Édouard sur le trône.