Edith Clayton | l'Encyclopédie Canadienne

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Edith Clayton

EdithClayton (nom de naissance Drummond), vannière (née le 6 septembre 1920 à CherryBrook, en Nouvelle-Écosse; décédée le 8 octobre 1989 à East Preston, en Nouvelle-Écosse). À partir de teintures empruntées à la communauté mi’kmaq et avec un style d’origine africaine, EdithClayton tisse des paniers traditionnels qui suscitent l’admiration au Canada et partout dans le monde. Elle reçoit la Médaille du jubilé d’argent de la Reine Elizabeth II en 1977. Ses paniers sont exposés au pavillon du Canada de l’Expo86 à Vancouver. En1989, elle figure dans un film de l’Office national du film du Canada: Black Mother Black Daughter.

Contexte

Les paniers sont une tradition importante chez les peuples autochtones d’Afrique et d’Amérique du Nord. Ce sont des outils pratiques pour la collecte, le tamisage des récoltes et leur transport des champs aux maisons ou aux marchés. Ils servent aussi de contenants pour la nourriture, les bijoux et les autres articles ménagers. Les paniers, de par la variété de matériaux et de teintures utilisés dans leur création, sont aussi une forme d’art qui témoigne des habiletés du tisseur et de la singularité de la culture.

Entre 1783 et 1785, après la Révolution américaine (de 1775 à 1783), plus de 3 000 Afro-américains migrent en Nouvelle-Écosse. Plusieurs d’entre eux sont des esclaves ou d’anciens esclaves. La guerre de 1812 offre une nouvelle occasion pour les esclaves afro-américains de trouver la liberté au Canada : plus de 4 000 d’entre eux s’enfuient des États-Unis, dont 2 000 s’établissent en Nouvelle-Écosse. Les loyalistes noirs s’ajoutent à une communauté afro-canadienne, centrée sur l’église et sur des traditions de la culture africaine, déjà très vivante en Nouvelle-Écosse. Dans cette culture, la vannerie occupe une place de choix.

Réalisations professionnelles

Edith Clayton est une descendante des réfugiés de la guerre de 1812. Elle est née le 6 septembre 1920, à Cherry Brook, près de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Lorsqu’elle est enfant, sa mère, Selena Irene Sparks, lui enseigne la technique de tissage de panier en éclisse de bois d’érable. Cette tradition est transmise de mère en fille sur six générations. Edith Clayton tisse son premier panier à huit ans et devient une vannière de grand talent. Elle rencontre des femmes des communautés mi’kmaq locales pour s’approvisionner en teintures. Celles-ci ajoutent à la sophistication de ses paniers et à leurs couleurs époustouflantes. Edith Clayton tisse de nombreux types de paniers : des paniers de collecte à l’église, des berceaux et ses plus populaires, les cornes d’abondance. En plus d’être fonctionnels, ses paniers sont de véritables œuvres d’art. Ils deviennent une source de revenus pour sa famille lorsque, chaque fin de semaine, elle les vend au marché fermier d’Halifax. Son mari, Clifford, est responsable de trouver le bois d’érable rouge qu’elle fend soigneusement afin de tresser paniers et rubans. Chaque semaine, elle reçoit par la poste les teintures mi’kmaq. Ses motifs, matériaux et couleurs uniques attirent l’attention du pays tout entier lorsqu’elle présente ses paniers dans les foires partout au Canada. En 1977, elle reçoit la Médaille du jubilé d’argent de la Reine Elizabeth II. En 1986, Edith Clayton se rend à Vancouver pour présenter sa technique et son travail au pavillon du Canada de l’Expo 86.

La popularité d’Edith Clayton monte en flèche en 1989 lorsqu’elle figure dans un documentaire de l’Office national du film du Canada réalisé par Sylvia Hamilton et Claire Prieto : Black Mother Black Daughter. On y explore l’apport des femmes afro-canadiennes en Nouvelle-Écosse et l’importance de transmettre les souvenirs, les expériences et l’esprit de communauté de mère en fille. Dans l’une des scènes du documentaire, on voit Edith Clayton, ses filles et d’autres femmes lors d’un rassemblement à son atelier d’East Preston. Sous son regard attentif, une nouvelle génération de femmes s’initie au tressage des paniers tout en discutant de thèmes comme la vie et la famille. En découvrant cet artisanat, elles perpétuent également la tradition orale et l’expérience afro-canadienne.

Famille et enseignement

En plus de son travail de vannerie quotidien et de ses voyages d’affaires, Edith Clayton élève onze enfants et en adopte un autre. Ses filles, Vivian MacPhee, Clara Clayton-Gough, Pam Drummond Wall et Althea Tolliver, apprennent le tissage auprès de leur mère. Elles continuent de mettre en valeur les cultures afro-canadiennes et mi’kmaq en reprenant la tradition du tissage de paniers.

Edith Clayton enseigne aussi le tressage lors de cours du soir à Dartmouth pour le ministère de la Formation continue. En 1977, elle travaille avec Joleen Gordon, une chercheuse associée au Musée de la Nouvelle-Écosse, et publie un ouvrage intitulé Edith Clayton’s Market Basket, A Heritage of Splintwood Basketry in Nova Scotia. On y trouve des photos de son travail et des instructions pour créer certains de ses modèles.

Décès

Edith Clayton s’éteint le 8 octobre 1989, le dimanche précédant l’Action de grâce, alors qu’elle assiste à la messe. Elle est alors âgée de 69 ans.

Distinctions

On peut trouver les paniers d’Edith Clayton dans de nombreux musées et maisons au Canada et dans le monde entier. Elle est intronisée au Nova Scotia Black Wall of Fame (mur de la renommée de la communauté noire de la Nouvelle-Écosse) et a été reconnue par l’organisme Black Professional Women (femmes noires professionnelles). Elle est aussi membre honoraire du Nova Scotia Designer Craft Council (conseil des artisans de la Nouvelle-Écosse) et de la Nova Scotia Basketry Guild (guilde de vannerie de la Nouvelle-Écosse). En 1990, le Black Cultural Centre de Nouvelle-Écosse (centre culturel de la communauté noire) lui rend hommage avec une exposition intitulée Crafts: Connections in Our Lives.

Voir aussi : Artisanat; Le mouvement Arts and Crafts au Canada.