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Eau

À l'échelle du globe, plus des deux tiers des précipitations tombées au sol retournent dans l'atmosphère par évaporation et transpiration. Au Canada, moins de 40 p. 100 de l'eau est évaporée et transpirée, le reste, appelé rendement hydrique, alimente les cours d'eau.
Eau, cycle de l
Le cycle de l'eau est un élément clé de changement dans l'environnement. Il est essentiel \u00e0 toute forme de vie (oeuvre de Michael Lee).

Eau

 L'eau (H2O) est un corps présent à l'état liquide, solide ou gazeux dans l'atmosphère, au-dessus ou en dessous de la surface terrestre. L'eau passe sans cesse d'un état à l'autre (gel/dégel, évaporation/condensation) et circule d'un endroit à l'autre sous forme de flux gazeux, liquide ou de glace (voir GLACIER). L'eau fait partie d'un cycle hydrologique continu dont la première étape est l'évaporation dans l'atmosphère de l'eau des océans, des lacs, des cours d'eau, de la surface terrestre et la transpiration des plantes. Cette humidité, transportée par le vent, souvent sur de grandes distances, retombe sous forme de précipitations, de pluie ou de neige, au-dessus de l'eau et des terres.

À l'échelle du globe, plus des deux tiers des précipitations tombées au sol retournent dans l'atmosphère par évaporation et transpiration. Au Canada, moins de 40 p. 100 de l'eau est évaporée et transpirée, le reste, appelé rendement hydrique, alimente les cours d'eau. Dans les plaines à climat sec, seulement 10 à 20 mm des 300 à 400 mm de précipitations, issues en grande partie des pluies et de la fonte des neiges, rejoignent les cours d'eau. Le versant ouest des montagnes de la côte du Pacifique reçoit des précipitations annuelles de 3000 à 7500 mm dont quelque 500 à 600 mm s'évaporent et sont transpirés tandis que 80 à 95 p. 100 ruissellent. Dans les régions nordiques, en raison du froid, de 100 à 200 mm seulement s'évaporent et sont transpirés, tandis que de 100 à 500 mm retournent dans les cours d'eau.

Le taux de ruissellement augmente dans les régions rocheuses, pavées, en friche et en altitude (plus froides), car le peu de réservoirs d'humidité, de couverture végétale ou de chaleur réduit de beaucoup l'évapotranspiration. Le rendement hydrique est très élevé dans l'Ouest, dans de petites régions côtières et montagneuses, alors qu'il est modéré dans de vastes régions de l'Est et dans certaines parties du Nord. Le rendement le plus faible est dans les plaines du Sud et dans certaines vallées intérieures de la CORDILLÈRE occidentale.

L'eau que l'on utilise pour une consommation directe provient des cours d'eau, des lacs et des nappes souterraines. Par ailleurs, elle est aussi utilisée à des fins de consommation indirecte (production d'HYDROÉLECTRICITÉ, pêche, navigation, loisirs, habitat pour la vie sauvage). Le Canada a la chance d'avoir des réserves relativement abondantes. Le prélèvement ne représente que 1,3 p. 100 du volume total, dont seulement 0,1 p. 100 pour la consommation. Le risque de manquer d'eau est faible, en dépit de pénuries locales et de certains problèmes locaux de qualité de l'eau. Toutefois, en partie à cause de cette abondance de réserves, le Canada connaît de réels problèmes d'inondation et de drainage.

L'histoire du Canada est étroitement liée à l'utilisation des LACS et des COURS D'EAU. L'exploration et la mise en valeur du pays ont suivi les voies d'eau qui servaient au TRANSPORT. Au début, la TRAITE DES FOURRURES et le commerce du BOIS requéraient l'usage des cours d'eau, car le transport fluvial était prédominant à l'époque. Puis la construction de CANAUX a permis la circulation de gros volumes de marchandises sur l'ensemble du continent. De nos jours, les canaux ont conservé une grande importance. L'IRRIGATION était, et est encore, un élément clé dans l'exploitation agricole des plaines du Sud-Ouest des Prairies et dans la zone intérieure sud de la Colombie-Britannique. À présent, on a même recours à l'irrigation d'appoint dans les régions plus humides. Enfin, l'énergie hydraulique et l'aménagement de centrales hydroélectriques ont grandement soutenu l'essor de l'industrie.

Les demandes urbaine et industrielle ont augmenté rapidement, et la plupart des villes et des industries sont situées près de cours d'eau et de lacs. La pêche commerciale et sportive est importante, tout comme les activités de plein air, mais elles souffrent beaucoup de la POLLUTION DE L'EAU, de l'édification des barrages et d'autres activités de l'homme. Il en va de même pour la vie sauvage. L'amélioration de l'environnement est possible, mais peu d'efforts se font dans ce sens, même pour réparer les dommages subis. Peu de mesures de conservation de l'eau sont mises en application, mais les coûts grandissants de l'approvisionnement en eau de qualité et de la lutte contre la pollution de l'eau nous amènent de plus en plus à recycler l'eau.

Profil des provinces

L'approvisionnement et la demande en eau varient considérablement d'une province à l'autre.

Colombie-Britannique

La Colombie-Britannique possède les cours d'eau aux plus grands débits, la moitié provenant du sixième du territoire occupé par les chaînes de la côte et par des séries d'îles. Certaines vallées intérieures, très sèches, utilisent les surplus des régions montagneuses pour l'irrigation et à d'autres fins. Pour toute la province, les réserves sont 1 600 fois supérieures à la consommation, malgré des pénuries locales. Les principaux conflits naissent entre deux consommateurs indirects, l'hydroélectricité et la pêche aux saumons. Pour protéger l'industrie du saumon, on a dû interrompre la construction de barrages sur certains cours d'eau (p. ex. les cours moyen et inférieur de la rivière Fraser). La pollution est un problème croissant et les coûts de la lutte antipollution représentent maintenant des sommes importantes dans les secteurs des pâtes et papiers ou de l'exploitation minière.

Alberta

L'Alberta ne possède que 2 p. 100 des réserves du pays et, pendant les années sèches, elle absorbe plus de 50 p. 100 de la consommation nationale. Cette province compte en effet plus de la moitié des terres irriguées du pays et la majorité des installations de récupération secondaire de pétrole et de gaz qui exigent le pompage d'eau dans les formations géologiques pour remplacer les matières extraites. L'expansion de l'exploitation du BITUME pourrait encore accroître la demande avec l'évaporation de grandes quantités d'eau des étangs à résidus. Le problème est accentué, car la presque totalité des demandes liées à l'irrigation, à l'approvisionnement urbain et industriel et une partie des besoins des exploitations minières viennent du Sud de l'Alberta, alors que la majeure partie des réserves (87 p. 100) se trouvent dans le Nord (bassin hydrographique de l'Arctique plutôt que ceux de la baie d'Hudson et du golfe du Mexique). Par ailleurs, à la suite d'une entente entre la Saskatchewan, le Manitoba et le gouvernement fédéral, la moitié des eaux du Sud est allouée aux régions en aval. Comme dans un proche avenir, en période de sécheresse, la demande risquera de dépasser les réserves, les pressions politiques se font de plus en plus grandes en faveur de transferts massifs entre bassins.

Saskatchewan

La Saskatchewan possède beaucoup moins de pétrole et recourt assez peu à l'irrigation. Elle tente de se développer malgré des réserves d'eau limitées dans le Sud. Toutefois, l'extraction de la POTASSE exige beaucoup d'eau. Les mines et les municipalités sont desservies par un réseau grandissant de canaux et de pipelines. Dans la vallée de la rivière Qu'Appelle, les problèmes de qualité de l'eau, aussi graves qu'ailleurs au Canada, sont surtout causés par des débits trop faibles pour diluer et assimiler les déchets. Le traitement tertiaire des déchets municipaux dans les plaines du Sud est relativement avancé. On a recours à diverses sources d'énergie thermique ou hydroélectrique, et on a mis en oeuvre bon nombre de programmes environnementaux de même que la gestion intégrée des réseaux. Enfin, il va falloir protéger et améliorer les marais des Prairies, qui servent d'habitat à une faune considérable d'oiseaux aquatiques migrateurs.

Manitoba

Au Manitoba, l'énergie hydroélectrique occupe une place importante dans la gestion de l'eau, mais de nouvelles questions sont à l'ordre du jour : le drainage, la limitation des dégâts causés par les inondations et l'énorme potentiel qu'offre l'irrigation. L'approvisionnement en eau n'est pas critique, notamment parce que la province reçoit beaucoup d'eau de l'Ouest, de l'Est et du Sud. L'environnement suscite beaucoup de préoccupations, dont celles liées au projet Garrison, dans le Dakota du Nord, avec l'éventuel déversement d'eau salée ou d'organismes provenant du Sud dans les cours d'eau et les lacs de la province.

Ontario

L'Ontario a longtemps cru que ses ressources en eau étaient illimitées et inaltérables. Elles sont certes abondantes, mais, vers les années 60, on constate que les polluants municipaux, industriels et autres, ont gravement nui à la qualité de l'eau. Comme la pollution des GRANDS LACS et de leurs affluents provenait davantage des rives américaines, plus peuplées et très industrialisées, on a mis sur pied des programmes conjoints de lutte antipollution. L'Ontario recourt à divers moyens : le traitement tertiaire de la majeure partie des rejets municipaux et industriels; le développement intégré pour l'utilisation de l'eau et du cours d'eau; la gestion des bassins avec, entre autres, l'élaboration de mesures de conservation.

On pratique l'irrigation d'appoint en période de sécheresse dans les champs de tabac, les vergers et les jardins maraîchers, où le contrôle de la qualité et l'augmentation du rendement sont des facteurs primordiaux. Les villes et les industries sont de grandes consommatrices, mais l'eau servant au lavage, à la climatisation et à d'autres fins retourne en grande partie aux cours d'eau. L'eau chaude restituée par les centrales thermiques (au charbon ou nucléaires) peut nuire à la faune piscicole, mais elle peut aussi constituer une ressource exploitable. La consommation directe demeure faible et les pénuries sont minimes.

Québec

Le Québec possède d'abondantes réserves d'eau et une longue histoire de leur utilisation. La consommation indirecte, comme l'énergie hydroélectrique, la navigation, la pêche et les loisirs, est très importante. Villes et industries sont aussi de grandes consommatrices. On a semblé se fier, plus qu'ailleurs au Canada, à la capacité naturelle d'absorption des cours d'eau pour éliminer les déchets. La province met lentement en place les systèmes de traitement de l'eau dont elle a besoin. La moitié de son énorme potentiel hydroélectrique a été mis en valeur avec l'aménagement des bassins hydrographiques du Nord (Manicouagan et La Grande). La navigation sur le Saint-Laurent reste limitée par la glace en hiver, mais la saison de navigation s'allonge, en particulier pour les ports situés en aval. On pratique le drainage pour développer l'agriculture et, depuis peu, pour améliorer les zones boisées. Les inondations demeurent un problème, surtout au printemps, quand la fonte des neiges s'accompagne de fortes précipitations.

Provinces de l'Atlantique

Les provinces de l'Atlantique ont un climat humide et n'ont guère besoin d'irrigation. On s'y heurte davantage aux problèmes d'inondation et de drainage causés par des apports saisonniers excessifs. Le rendement hydrique est élevé et les cours d'eau sont importants par rapport à la taille de leur bassin hydrographique. L'industrie a longtemps reposé sur l'énergie hydraulique, puis hydroélectrique. La pêche commerciale et sportive, la navigation (presque toujours limitée, l'hiver, par la glace de mer) et la consommation directe pour divers usages jouent un rôle majeur. La pollution est un problème, mais les cours d'eau, les marées et les courants marins ont permis de diluer et d'assimiler les rejets. Par conséquent, il ne se pose pas avec autant d'acuité que dans certaines régions moins bien pourvues en eau.

Territoires du Yukon et du Nord-Ouest

Dans les Territoires du Yukon et du Nord-Ouest, les mesures des dernières décennies révèlent des cours d'eau plus importants qu'on ne l'aurait pensé au vu de la faiblesse des précipitations. Cela peut s'expliquer par des relevés de précipitations non représentatifs, les stations étant installées dans les régions les plus sèches. De plus, il y a sous-estimation de relevés, notamment à cause de la poudrerie. L'évapotranspiration étant faible, la majeure partie des précipitations rejoint les cours d'eau. Comme bien des problèmes liés à l'utilisation de l'eau sont causés par le gel et par le PERGÉLISOL, certaines communautés ont recours à des conduites isolées pour l'eau potable et les eaux usées. La navigation fluviale demeure, l'exploitation hydroélectrique ne représente qu'une faible part du potentiel et la consommation directe est faible. Mais les besoins en eau à des fins récréatives augmentent et on se préoccupe beaucoup plus qu'avant de la conservation de la vie sauvage.

À mesure qu'augmentera la demande en eau pure, on devra se préoccuper davantage de conservation et de gestion intégrée. Cette demande est beaucoup moins grande au Canada qu'aux États-Unis où les réserves totales des 48 États attenants ne représentent que 40 p. 100 des réserves du Canada (70 p. 100 si l'on ajoute l'Alaska). Aux États-Unis, en 1975, les prélèvements représentent 27 p. 100 des réserves, alors que la consommation équivalait à 8,5 p. 100 et qu'une grande partie de ces réserves étaient polluées à des degrés divers. Les pénuries régionales sont beaucoup plus marquées qu'au Canada, mais la demande de transfert depuis les bassins du Canada restera encore négligeable pendant de nombreuses décennies.

En effet, les États-Unis peuvent s'approvisionner à moindre coût, les transferts d'eau revenant plus chers que la plupart des produits qu'on pourrait en tirer. On est d'ailleurs moins disposé à subventionner l'irrigation et on se heurte à d'énormes difficultés d'ordre politique, juridique et écologique. Dans l'avenir, on procédera peut-être à des transferts, mais seulement si cela bénéficie aux deux parties et si on trouve les moyens de compenser les dommages inévitables par des mesures d'amélioration de l'environnement. Enfin, les transferts d'eau étant très onéreux, on n'y aura pas recours pour l'irrigation, des techniques permettant d'augmenter à moindre frais la production agricole étant disponibles.

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