Composition pour harmonie | l'Encyclopédie Canadienne

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Composition pour harmonie

Composition pour harmonie. La présence de corps de musique britanniques en garnison dans les villes canadiennes, dont Québec et Newark (Niagara-on-the-Lake), donna le coup d'envoi à la composition pour harmonie au Canada.

Composition pour harmonie

Composition pour harmonie. La présence de corps de musique britanniques en garnison dans les villes canadiennes, dont Québec et Newark (Niagara-on-the-Lake), donna le coup d'envoi à la composition pour harmonie au Canada. Il semble que le premier morceau profane canadien soit dû à la plume d'un notaire de Québec qui, en 1791, célébra l'arrivée d'un nouveau régiment anglais et de son commandant, le duc de Kent, en composant une marche intitulée Royal Fusiliers Arrival at Quebec. La pièce est montée sur un carton à l'endos duquel se trouve une autre composition pour piano écrite de la même main, la March [sic] « de Normandie » que le régiment des English Royal Fusiliers utilisait encore de nos jours comme marche lente. Ces oeuvres empruntent leur style à celui de la musique pour harmonie composée en Europe au tournant du XIXe siècle : simple, diatonique (avec lignes mélodiques arpégées) et banale.au plan rythmique. Elles sont également courtes : Royal Fusiliers comporte quatres segments de huit mesures chacun et la March « de Normandie », deux segments répétés de douze et huit mesures respectivement.

On sait que Jean-Chrysostome Brauneis père a composé une Grand Overture of Quebec (perdue depuis) qui fut jouée par la musique du 60e régiment à l'occasion de l'assermentation du duc de Richmond comme gouverneur de la ville de Québec le 27 février 1819. On peut supposer que d'autres oeuvres du genre aient été écrites par des Canadiens pour des occasions similaires pendant les premières décennies du XIXe siècle, mais aucune ne nous est parvenue. Rien n'est resté non plus de la musique des corps britanniques, les musiciens ayant rapporté toutes leurs partitions personnelles en Angleterre à la fin de leur affectation.

Les premières harmonies canadiennes datent des années 1800-50. La première harmonie entièrement civile fut formée à Hope (devenu Sharon, près de Newmarket) dans le Haut-Canada (Ontario) en 1820 (voir Les Enfants de la paix). Il subsiste bien peu de sa musique. De toute évidence, les musiciens copiaient eux-mêmes leurs parties et les gardaient. Tous ces cahiers personnels ont disparu, sauf un. Six partitions d'harmonie et quelques autres documents musicaux venus de Sharon sont conservés à la salle des livres rares Thomas Fisher de l'Université de Toronto, mais ce sont tous des imprimés britanniques. Il subsiste un cahier manuscrit de parties de fifre ayant appartenu à Ira Doan, membre de l'harmonie. Daté de 1830, ce cahier contient des marches, des airs religieux, des « divertissements », des chansons sentimentales et patriotiques, des pièces sans titre et des fragments de morceaux. Deux concordances entre le cahier et les partitions de la salle Thomas Fisher permettent de confirmer la présence de cette musique à Sharon dès 1830. Toutefois, le cahier ne contient pas de compositions canadiennes.

Un orchestre étudiant fut formé au séminaire de Québec en 1833. La Société Sainte-Cécile, comme on l'appelait, fut le premier ensemble scolaire à figurer dans l'histoire du Canada. En 1836, elle fut transformée en harmonie. Comme elle était dirigée par les chefs de musiques régimentaires en poste à Québec, le gros de son répertoire, jusqu'à la Confédération, était sans doute tiré de la littérature britannique standard au début des années 1800. On ignore presque tout de la présence d'oeuvres canadiennes dans le répertoire de la Société pendant ses premières décennies d'activité parce que les archives du Séminaire pour la période précédant 1880 n'ont pas été cataloguées et ne peuvent donc pas être consultées. Les archives plus récentes contiennent un bon nombre de compositions et d'arrangements pour harmonie, la plupart signés par Joseph Vézina, dir. de l'ensemble de 1884 à 1924. Les manuscrits Vézina contiennent des marches et des pages de musique « légère » intitulées, par exemple, Première neige polka (1889) et Aurora (1885), ainsi qu'une suite de valses de Nazaire LeVasseur.

On sait que la Musique canadienne participa à la première fête de la Saint-Jean-Baptiste, qui se déroula à Québec le 24 juin 1842. Elle aurait aussi précédé la procession à la cathédrale et joué des chansons patriotiques au banquet du soir. Le terme « procession » laisse supposer qu'elle avait de la musique sacrée à son répertoire, comme l'harmonie de Sharon. De tout cela on peut déduire sans risque que les harmonies de l'époque ne faisaient pas beaucoup de place à la composition originale. Toutefois, J.-C. Brauneis fils composa quelques oeuvres, dont une Marche de la Saint-Jean-Baptiste (1848) et d'autres morceaux de circonstance; d'autres musiciens que lui ont certainement écrit des morceaux de circonstance. Le large éventail d'activités des premiers corps de musique donna naissance, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, aux harmonies civiles d'amateurs.

Sauf pour ce qui regarde Sharon et le séminaire de Québec, où se composaient des arrangements et, dans le deuxième cas, un certain nombre d'oeuvres originales, on sait peu de choses encore de la production musicale émanant du reste du pays avant l'avènement, vers le milieu du XIXe siècle, des partitions publiées (en général, des arrangements pour piano). Beaucoup de marches, d'airs de danse et de pots-pourris de chansons traditionnelles furent composés ou arrangés entre 1850 et 1900. À cette époque, le nombre de milices et d'harmonies civiles ne cessait de croître au Canada et leur répertoire s'enrichit de titres comme Scotch Fusilier's Guards Polka (1848) de Henry Schallehn, The Queen's Canadian Quadrille on National Airs (v. 1859) de Henry Prince, Royal Tiger's Sleigh Meet Galop (1867) de J. Holt et, de Vézina, Canadian Rifles Waltzes (1870) et Mosaïque sur des airs canadiens (1880, qui fit découvrir l'hymne national récemment composé par Calixa Lavallée, l'Ô Canada). Lavallée lui-même est l'auteur de beaucoup d'oeuvres pour harmonie, dont les ouvertures The Bridal Rose, King of Diamonds et The Golden Fleece, toutes publiées par Cundy-Bettoney en 1888. Avant d'entrer dans la musique du 22e régiment dirigée par Patrick Gilmore, en 1891, le cornettiste Herbert L. Clarke travailla activement à Toronto comme soliste et chef de musique, et composa plusieurs morceaux pour harmonie, dont l' Imperial March (Whaley Royce 1890).

Entre 1900 et la fin de la Deuxième Guerre mondiale est apparue au Canada nombre de compositeurs et d'arrangeurs de musique d'harmonie particulièrement féconds. Il s'agit de A.W. Hughes, dont les oeuvres (par exemple la Royal Canadians March, la Canada Land of Liberty March et la Specialty Overture) ont été publiées par plusieurs éditeurs canadiens et américains, Gordon V. Thompson (« When Your Boy Comes Back to You », « You are Welcome Back at Home Sweet Home »), et les chefs de musique L.-P. Laurendeau (Land of the Maple, Laurentian Echoes), Charles O'Neill (The Land of the Maple and the Beaver, The Queen of Hearts Overture), C.F. Thiele (Characteristic Overture, Majestic Stride March), et J.-J. Gagnier (Hands Across the Border, Toronto Bay Valse Scherzo). Avant 1945, la presque totalité des compositeurs canadiens furent des hommes; toutefois, on connaît deux oeuvres pour harmonie composées par des Canadiennes avant cette date : Old Niagara Waltzes (1905) de Maud Schooley, dédiée au 44e régiment de Lincoln et Wellington, et Ride of the Royal Northwest Mounted Police (1906) d'Annie Glen Broder. De la même époque, Imperial Native March (Whaley Royce 1907) de Job Nelson fournit un bon exemple de musique autochtone; ce dernier forma et dirigea la Nelson's Cornet Band et la Metlakatla Brass Band sur la côte nord de la Colombie-Britannique au tournant du siècle.

Après la Première Guerre mondiale, les ensembles amateurs se multiplièrent dans les villes canadiennes sous l'impulsion, notamment, des nouveaux concours d'harmonie. Les deux principaux furent ceux de la CNE et de Waterloo (Ont.), créés en 1921 et 1932 respectivement. Le prestige des harmonies Sousa et Gilmore aux É.-U. et l'importance croissante pour la vie communautaire des concerts d'harmonie sur tout le continent avant l'avènement des orchestres locaux, de la radio et de la télévision suscitèrent l'intérêt des compositeurs bien établis; ceux-ci contribuèrent à enrichir le répertoire des corps de musique au fil des ans. Voici un échantillon des oeuvres composées à cette époque : Pas redoublé sur les airs Vive la Canadienne et God Save the Queen (1865) d'Antoine Dessane, la marche Les voilà (début des années 1900) d'Alexis Contant, Lève-toi, Canadien (1934) de Rodolphe Mathieu pour choeur et harmonie, Laurentian Idyll (1940) d'Alexander Brott, et Commando March (1942) de Leslie Bell. Certaines de ces oeuvres ont été jouées par des ensembles prestigieux. Par exemple, la marche Vive Laurier de Contant fut créée en 1897 au parc Sohmer par la Bande de la Cité, The British Guards March (1899) de Charles A.E. Harriss et la British Whig March (1900) d'Oscar Telgmann par la British Grenadier Guards Band, et la Ballade des lutins (1914) de Claude Champagne par la musique des Canadian Grenadier Guards. Un arrangement par Vézina de la Rhapsodie d'airs canadiens de Benoît Poirier (un arrangement pour piano en a été publié chez Archambault en 1922) fut joué par l'harmonie de Sousa à Montréal, Toronto et Philadelphie en 1922.

Après la Deuxième Guerre mondiale, les harmonies canadiennes connurent un nouvel essor, cette fois dans les écoles. L'inclusion de plus en plus fréquente de la musique instrumentale dans les programmes réguliers modifia radicalement les orientations du mouvement ainsi que le répertoire des harmonies. À partir de 1950, un flot continu de musique destinée aux harmonies scolaires émana des compositeurs canadiens. Des oeuvres comme Laurentian Moods (1957) de Harry Freedman, Prairie Sketches (1958) de Robert McMullin, Centennial Suite (1965) et Metropolis (1967) de William McCauley, Four Fantasias on Canadian Folk Themes (1966) et Three Scenarios (1974) de Robert Fleming, Romantic Variations (1975) de Morley Calvert, Suite 437 (1977) de Maurice Dela, Tyendinaga (1978) de Clifford Crawley, High Spirits (1986) de Louis Applebaum, Chanson joyeuse (1989) de Michael C. Baker, Little Acorns (1990) de Freedman, et beaucoup de marches et autres pièces légères signées notamment par Howard Cable, James Gayfer et Alfred Kunz, ont été composées pour des harmonies scolaires de divers niveaux. Des listes plus complètes du répertoire des harmonies scolaires canadiennes ont été compilées dans le cadre du John Adaskin Project et publiées par le Centre de musique canadienne.

Le Concerto pour piano et octuor à vent (1929) de Colin McPhee est peut-être la première oeuvre canadienne abstraite ou « sérieuse » qui ait été composée pour ensemble à vent professionnel. Il n'y en eut pas d'autre jusqu'en 1948, année où parurent quatre ouvrages de semblable envergure : de Serge Garant deux oeuvres atonales, Musique pour saxophone alto et fanfare, et Adagio et allegro pour piano et harmonie; de Barbara Pentland un Octuor sériel pour instruments à vent; de Maurice Blackburn un Concertino en do de facture néoclassique pour piano, bois et cuivres. L'année suivante, Healey Willan composa Royce Hall Suite, une oeuvre de style traditionnel pour harmonie, Eldon Rathburn signa Miniature et Parade, pièces de genre pour huit et sept instruments à vent respectivement, et Pierre Mercure écrivit une Pantomime de style néoclassique pour section des vents d'orchestre, oeuvre qui fut inscrite au programme d'un concert de musique canadienne présenté par Leopold Stokowski à Carnegie Hall en 1953. Depuis lors, un nombre croissant de compositeurs canadiens ont destiné au concert des oeuvres écrites pour toutes sortes de formations, et dont l'instrumentation varie de la forme la plus simple (un instrument par partie pour les ensembles de chambre) à la plus complexe (parties et lignes instrumentales doublées dans une section d'orchestre complète ou une harmonie symphonique).

Les oeuvres importantes des années 1950 sont la Suite da Chiesa (1952) de style chromatique pour 14 instruments à vents et percussion de Lorne Betts, le Concerto néoclassique pour clavecin et huit instruments à vent de R. Murray Shafer (1955), et cinq oeuvres de François Morel : un septuor à vent néoclassique, Cassation (1954) et, pour des formations plus importantes, ses dissonantes Spirale et Symphonie pour cuivres (toutes deux de 1956), Litanies (1956, rév. 1970) et l'imposant Rituel de l'espace (1959) pour sections orchestrales de vents, percussion et cordes graves.

Les années 1960 virent un énorme afflux d'oeuvres canadiennes « sérieuses » composées pour harmonies et ensembles à vent. On en compte 10 pour harmonie de concert, toutes d'origine canadienne-anglaise et toutes, sauf une, de facture traditionnelle. L'exception est une oeuvre expérimentale de John Beckwith, Elastic Band Studies, conçue pour initier les jeunes instrumentistes à une approche libre des éléments spaciaux et temporels de la musique. Le répertoire des harmonies de concert s'est également enrichi à ce moment d'une oeuvre à saveur néoromantique de Gerhard Wuensch, la Symphonie op. 14, ainsi que Stratford Suite de Cable et Miniature Suite of Dances d'Applebaum, toutes deux publiées en 1964 et inspirées de traitements précédents réalisés pour le Festival de Stratford. Parmi les nouvelles oeuvres destinées à de grands ensembles à vent autres que les harmonies de concert se trouvent trois compositions sérielles de grande envergure pour double section des vents d'orchestre (la Symphonie pour vents, cuivres et percussion de Harry Somers, le Divertimento no 5 pour trompette, trombone et vents d'orchestre symphonique de John Weinzweig, et Le Mythe de la roche percée de Morel) commandées par l'American Wind Symphony et créées le 11 juin 1961 à Pittsburgh (Penn.) dans le cadre d'un programme spécial intitulé « The Creative Spirit of Canada ». La réputation de Morel comme principal compositeur d'avant-garde pour ensembles à vent au Canada se confirma avec la parution, au cours de la décennie, de trois autres ouvrages varésiens pour vents d'orchestre symphonique, Requiem pour instruments à vent (1963), Sinfonia pour harmonie de jazz (1963), Neumes d'espace et reliefs (1967) et Prismes-Anamorphoses (1967). Pendant la même période, Oskar Morawetz composa deux oeuvres importantes pour vents, la Sinfonietta pour vents et percussion (1965) et Memorial to Martin Luther King pour violoncelle solo et orchestre à vent (1968), oeuvre commandée par Mstislav Rostropovich et qui fut jouée et diffusée par de nombreux grands orchestres dans le monde entier. Parallèlement, pour des formations de chambre, apparaissaient Centennial Colloquy (1965) d'Alexander Brott, une oeuvre piquante de style néoclassique, digne de mention, et trois oeuvres québécoises, l'éclectique Cycle pour piano solo et instruments à vent (1969) de Jacques Hétu, et deux autres ouvrages de musique aléatoire, Jeu à quatre de Garant et Souffles - Champs II de Gilles Tremblay (toutes deux 1968).

À partir des années 1970, beaucoup d'harmonies et d'ensembles à vent des collèges et universités canadiens délaissèrent le répertoire traditionnel des marches, des pièces de circonstance et des transcriptions pour orchestre en faveur d'une littérature originale de concert. L'ensemble à vent de l'Université McGill et la Concert Band (devenu la Wind Symphony) de l'Université de Toronto, par exemple, se mirent à commander des oeuvres. Au cours de la décennie, il s'écrivit 22 oeuvres pour harmonie de concert, dont les suivantes reçurent un traitement traditionnel : Partita Accademica de Godfrey Ridout (1970), Notes on Hungary (1970) et Pentatonia (1975) de Tibor Polgar, Romantic Variations de Calvert (1975), et trois oeuvres de Donald Coakley composées dans un style vigoureux et inspiré de Persichetti, Prologue and Dramatic Music (1970), Cantos (1973) et Declarative Statements (1979). Les traitements plus contemporains de la composition pour harmonie vont du chromatisme de Malcolm Forsyth dans Colour Wheel (1978) et de la musique à programme de Larysa Kuzmenko dans Ritual (1979) au « Third Stream » représenté par Andromeda (1976) de Michael Horwood, l'éclectique Cortège : Dirge-Canons pour harmonie (1975) de Sydney Hodkinson et Désastre (1977) de Nicole Rodrigue (une oeuvre graphique d'improvisation), en passant par l'approche sérielle de Crawley dans May-Day (1978) et de James Code dans Portraits (1975). Dans la catégorie des vents d'orchestre ou des formations étudiantes, certaines oeuvres se distinguent : de Lothar KleinJanizary Music (1970), de style néoclassique, et Symphonic Etudes - Symphonie no 3 (1972), ouvrage statique et dissonant; de Hodkinson une oeuvre atonale, Bach Variations : 9 Etudes for Winds and Percussion (1977); de Ka Nin Chan l'audacieux Foung (1978); de Steven Gellman une oeuvre toute en couleur, Deux Tapisseries (1978); et de Thomas Schudel, Triptych (1978), une oeuvre sérielle. Parmi les compositions pour instrument solo et ensemble à vent de cette décennie, mentionnons l'éclectique Concerto pour tuba (1979) de Gary Kulesha et un Concerto de John Fodi pour alto et deux ensembles à vent (1972), dissonant et techniquement très exigeant.

Pendant les années 1980, la composition d'oeuvres pour formations à vent de haut niveau se poursuivit à bon rythme en « langues » proprement contemporaines. Dans les collèges et universités, le répertoire s'enrichit notamment des oeuvres suivantes : The Winds of Nagual (1985), un ouvrage à programme de Michael Colgrass; Aux marges du silence (1982), L'Oiseau-Demain (pour toute la famille des flûtes, clarinettes basses et percussion) et Aux couleurs du ciel (1988) pour voix, cuivres, harpe, piano et percussion, toutes trois de Morel; Symphonie no 2« Mountain Music » (1985) de Derek Healey; In the Eye of the Four Winds (1986) d'Allan Bell; et Brume (1988) de Serge Arcuri. Aux harmonies de concert la décennie offrit Elegy and Exhaltation (1982) de Schudel, From Chaos to the Birth of a Dancing Star (1983) d'Allan Bell, Rakshasa (1985) de Stewart Grant, Récit (1987) de Denis Gougeon et Theme, Variations and Fugue pour vents, cuivres et percussion (1988) de Ruth Watson Henderson. Pour les ensembles de chambre, les additions importantes furent la Sonate (1983) pour double quintette à vent de Fodi, et À propos... et le baron perché (1985) pour neuf instruments à vent de Denys Bouliane, qui mérita à son auteur le Prix Jules-Léger pour la nouvelle musique de chambre. Dans la catégorie instruments solistes et ensemble à vent, les principales oeuvres des années 1980 sont Déjà Vu (1987) de Colgrass pour quatuor de percussions et ensemble à vent (dont la version originale pour orchestre a été couronnée par le Prix Pulitzer de la musique en 1978), et deux des Concertos de chambre de Kulesha : le deuxième (1982) pour trompette, piano, vents et percussion, et le troisième (1983) pour clarinette basse solo et octuor à vent, commandé et créé par les Toronto Chamber Winds.

Les besoins et aspirations de chaque époque ont façonné l'histoire de l'ensemble à vent au Canada, lui assurant richesse et diversité. Les programmes de concert des formations scolaires ont traditionnellement comporté une très forte majorité d'oeuvres non canadiennes, mais le répertoire canadien s'étend désormais rapidement. Du fait qu'elle met les jeunes en présence d'un élément important de leur culture, cette nouvelle tendance marque peut-être le virage le plus important de l'évolution de la musique pour harmonie au Canada.