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Maria Campbell

Maria Campbell, O.C., auteure crie-métisse, dramaturge, réalisatrice, intellectuelle, professeure et aînée (née le 26 avril 1940 à Park Valley, en Saskatchewan). L’autobiographie de Maria Campbell, Halfbreed (1973), est considérée comme la pièce maîtresse de la littérature autochtone au Canada pour l’attention qu’elle porte à la discrimination, à l’oppression et à la pauvreté que certaines Métisses (et la population autochtone en général) subissent au Canada. Maria Campbell a écrit plusieurs autres livres ainsi que des pièces de théâtre, en plus de réaliser et de scénariser plusieurs films. Professeure adjointe en études autochtones à l’Université de la Saskatchewan, elle mise sur une éducation transformative consacrée à l’obtention de la justice sociale à travers l’enseignement de la littérature, du théâtre et de la culture.
Maria Campbell
Maria Campbell (photo de Thomas King).

Enfance

Maria Campbell naît sur un sentier de piégeage dans le nord-ouest de la Saskatchewan. Elle grandit sur une emprise routière, ces bandes de neuf mètres le long des routes qui appartiennent au gouvernement. Maria Campbell apprend le cri, le michif et le saulteaux. À sept ans, on l’envoie dans un pensionnat à Beauval, en Saskatchewan. Durant l’année qu’elle y passe, elle est punie quand elle parle la langue crie. Elle décrit cette expérience dans Halfbreed (1973) : « On me poussait dans un placard sans fenêtre ni lumière, et on m’y enfermait durant ce qui me semblait des heures. Quand on venait me chercher, la peur me paralysait. » Quand sa mère décède, Maria Campbell quitte l’école pour prendre soin de ses frères et sœurs. À 15 ans, elle déménage à Vancouver et retourne en Saskatchewan dans la vingtaine pour y travailler comme organisatrice communautaire.

Formation

Maria Campbell est diplômée en 1985 de la Faculté de l’éducation de l’Université de Regina. Elle obtient sa M. A. en études autochtones de l’Université de la Saskatchewan.

L’Université de Regina (1985), l’Université York (1992) et l’Université Athabasca (2000) lui décernent chacune un doctorat honorifique.

Carrière littéraire

Ayant vécu dans de grandes villes et travaillé comme organisatrice communautaire, Maria Campbell écrit Many Laws (1969), un guide qui répertorie les nombreux défis auxquels les peuples autochtones font face quand ils déménagent dans de grands centres urbains.

Le premier ouvrage entier de Maria Campbell s’intitule Halfbreed (1973). Elle y relate les 33 premières années de sa vie, abordant des sujets comme la pauvreté, l’alcoolisme, la consommation de drogues, le suicide, la violence et la prostitution. Dans Halfbreed, elle raconte la discrimination dont elle a été l’objet tant de la part de colons canadiens que d’Autochtones. À titre de Métisse, elle aborde la question du déchirement identitaire qu’on ressent quand on est placé entre deux cultures. Quand le livre paraît, en 1973, il plaît tant aux lecteurs qu’aux critiques. À ce jour, il fait partie du corpus en littérature canadienne, en études féminines et en études autochtones.

Maria Campbell est aussi l’auteure de livres pour enfants, dont People of the Buffalo: How the Plains Indians Lived (1975), Little Badger and the Fire Spirit (1977) et Riel’s People: How the Métis Lived (1978). Les trois livres offrent des enseignements sur la spiritualité et l’héritage métis.

En 1991, Maria Campbell collabore au livre de Hartmut Lutz, Contemporary Challenges: Conversations with Canadian Native Authors. Parmi les autres livres qu’elle écrit, notons Stories of the Road Allowance People (1995), dans lequel elle traduit les récits du cri michif à l’anglais. Les illustrations du livre sont des œuvres de Sherry Farrell Racette, une intellectuelle, auteure et artiste métisse de l’Université de Regina.

Parue en 1991, l’anthologie Achimoona, éditée par Maria Campbell, est une collection d’histoires écrites par des auteurs autochtones émergents qui ont pris part au camp littéraire que l’auteure a tenu à Gabriel’s Crossing, tout près de Batoche, en Saskatchewan. En 1992, elle coécrit Give Back, un livre sur les pratiques culturelles autochtones. Elle édite également en 2017 Keetsahnak, un livre sur la disparition et le meurtre de filles et de femmes autochtones.

Pièces de théâtre et films

En 1989, Maria Campbell coécrit avec Linda Griffiths The Book of Jessica: A Theatrical Transformation, inspiré de la pièce de théâtre Jessica. Le texte inclut également l’histoire de sa création collaborative. La première de la pièce est présentée en 1986 au Théâtre Passe Muraille, à Toronto, et remporte le prix Chalmers pour la meilleure nouvelle pièce de théâtre canadienne et le prix Dora Mavor Moore.

Flight, la première pièce de théâtre de Maria Campbell produite professionnellement, est la première production théâtrale entièrement autochtone au Canada. La production mélange culture autochtone, danse moderne et récit. Maria Campbell sert également de conseillère culturelle pour la Saskatchewan Native Theatre Company (aussi connue sous le nom de Gordon Tootoosis Mikiniwin Theatre).

Maria Campbell écrit le scénario de The Red Dress (1977), une production de Téléfilm Canada réalisée par Michael Scott. Le film raconte l’histoire d’une femme coincée entre deux univers : sa culture autochtone et le reste du monde. Maria Campbell contribue aussi à d’autres productions à titre de scénariste et de réalisatrice, notamment Edmonton’s Unwanted Women (1968), Road to Batoche (1985), Cumberland House (1986), A Centre for Buffalo Narrows (1987), Joseph’s Justice (1994), La Beau Sha Sho (1994), Journey to Healing (1995) et Sharing and Education (1985). En 1984, elle cofonde une compagnie de production vidéo et cinématographique qui produit sept documentaires et coproduit l’émission de télévision My Partners My People (1987), présentée sur les ondes de CTV.

Carrière académique

Maria Campbell occupe présentement le poste de professeure adjointe à l’Université de la Saskatchewan. Elle est nommée conjointement aux départements d’études anglaises, d’arts dramatiques et d’études autochtones, et obtient le titre d’universitaire spéciale du doyen de la Faculté des arts et des sciences. Depuis 1998, elle est également professeure saisonnière au Saskatchewan Federated Indian College.

Avant d’obtenir le poste de professeure adjointe à l’Université de la Saskatchewan, Maria Campbell est professeure émérite invitée de Stanley Knowles à l’Université de Brandon (2000-2001). À l’Université de la Saskatchewan, elle occupe le poste d’universitaire autochtone en 1995 et celui de chargée de cours de 1991 à 1997. En 2009, elle compte aussi parmi les universitaires invités au Centre for World Indigeneous Knowledge and Research, de l’Université Athabasca.

Maria Campbell est auteure en résidence de nombreuses institutions, dont l’Université de l’Alberta (1979-1980), la Regina Public Library (1980-1981), le Persephone Theatre (1983-1984), la Public Library de Prince Albert (1994-1995), l’Université de la Saskatchewan (1998-1999) et l’Université de Winnipeg (2008-2009).

Militantisme

En plus de son travail dans les arts, Maria Campbell est une militante bénévole pour les droits des peuples autochtones et pour les droits des femmes. En 1963, elle fonde la première maison de transition pour femmes, ainsi que le premier centre d’urgence pour femmes et enfants à Edmonton. Elle met également sur pied des coopératives d’habitation et alimentaires, et facilite la création de cercles de femmes. Elle rédige également un rapport pour le comité de consultation électorale métis. Elle siège à titre d’aînée sur le comité de la Saskatchewan Aboriginal Justice Commission, en plus d’être membre de la Grandmothers for Justice Society. Maria Campbell est la grand-mère nationale de Walking With Our Sisters, une installation artistique sur la disparition et le meurtre de filles et de femmes autochtones en tournée au Canada depuis 2013.

En tant qu’artiste, Maria Campbell travaille avec de jeunes Autochtones dans des théâtres communautaires, et plaide pour l’embauche et la reconnaissance des peuples autochtones dans les arts. Au cours de sa carrière, elle a servi de mentor pour plusieurs artistes autochtones.

Prix et honneurs

  • Order of the Sash, Métis Nation of Saskatchewan (1985)
  • Prix du héros national, Native Council of Canada (1979)
  • Prix Vanier, Institut Vanier (1979)
  • Chef honoraire des Premières Nations Black Lake (1978)
  • Prix Chalmers pour la meilleure nouvelle pièce de théâtre (1986)
  • Prix Dora Mavor (1986)
  • Médaille du mérite Gabriel Dumont, Institut Gabriel-Dumont (1992)
  • Prix Golden Wheel, Rotary Club of Saskatoon (1994)
  • Prix d’excellence de la Saskatchewan, gouvernement de la Saskatchewan (1994)
  • Prix d’excellence autochtone national (aujourd’hui Indspire) (1995)
  • Prix Chief Crowfoot, Département des études autochtones de l’Université de Calgary (1996)
  • Intronisation au temple de la renommée du Margaret WoodwardSaskatchewan Theatre (2000)
  • Prix Molson du Conseil des arts du Canada (2004)
  • Prix Canadien exceptionnel, présenté par le Senior University Group et le Seniors Education Centre de l’Université de Regina (2006)
  • Ordre du mérite de la Saskatchewan (2005)
  • Officier de l’Ordre du Canada (2008)
  • Boursière de la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau (2012) (décerné quand Maria Campbell était affiliée avec l’Université d’Ottawa et était membre du Groupe de recherche métis, situé à l’Institut d’études canadiennes)

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection Métis