Braun, Victor | l'Encyclopédie Canadienne

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Braun, Victor

Victor (Conrad) Braun. Baryton (Windsor, Ont., 4 août 1935 - Ulm, Allemagne, 6 janvier 2001). Victor Braun délaisse des études de géologie à l'Université de Western Ontario pour étudier avec Lillian Wilson à London, Ont.

Braun, Victor

Victor (Conrad) Braun. Baryton (Windsor, Ont., 4 août 1935 - Ulm, Allemagne, 6 janvier 2001). Victor Braun délaisse des études de géologie à l'Université de Western Ontario pour étudier avec Lillian Wilson à London, Ont. (1954-1957), ainsi qu'au Conservatoire royal de musique avec George Lambert et Weldon Kilburn (1956-1958). Après avoir chanté un an dans le chœur de la Canadian Opera Company (COC), il fait ses débuts comme soliste dans le rôle de Sciarrone dans Tosca. Pendant les cinq années suivantes, il chante des rôles de soutien mais se fait remarquer particulièrement pour son interprétation d'Escamillo dans Carmen (1961 et 1964) et de Monterone dans Rigoletto (1962). Ces rôles marquèrent un tournant dans sa carrière. En mai 1963, il gagne le grand prix du concours international Mozart à Vienne et attire ainsi l'attention de Wieland Wagner qui l'invite à auditionner pour le Festival de Bayreuth. Wagner juge que sa voix n'est pas encore assez mûre pour les rôles wagnériens, mais le recommande fortement comme premier baryton à l'Opéra de Francfort. Braun y fait ses débuts dans le rôle du comte Almaviva dans Les Noces de Figaro, et est applaudi dans plusieurs autres rôles dont celui d'Ottone dans L'Incoronazione di Poppea de Monteverdi.

En dépit d'un calendrier chargé en Allemagne, Braun revient au Canada plusieurs fois au cours des années 1960, la plupart du temps pour chanter avec la COC (Amonasro dans Aïda, 1963; Germont père dans La Traviata, 1964; le comte di Luna dans Il Trovatore, 1967). Il chante en outre lors de la création canadienne du War Requiem de Britten avec l'Orchestre symphonique de Toronto (1964), et participa à des productions de l'Orchestre symphonique de Montréal dans les rôles d'Escamillo dans Carmen (1964, avec Shirley Verrett) et d'Amonasro dans Aïda (1965, avec Jon Vickers et Virginia Zeani). En 1968, il interprète à la télévision de la SRC les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler avec l'Orchestre symphonique de Toronto, et l'année suivante, il se voit confier une émission dans la série « Artistes de renom » à la radio de la SRC.

Carrière internationale de Victor Braun

Victor Braun est invité régulièrement par plusieurs compagnies européennes dont celles de Cologne (1965-1966), Düsseldorf (1966-1968), La Scala (1967, dans le rôle de Wolfram dans Tannhäuser) et Stuttgart (1967-1969). De plus, il prend part en 1967 à la tournée de l'Orchestre philharmonique d'Israël, sous la direction de Zubin Mehta, comme soliste dans la 9e Symphonie de Beethoven et, en compagnie de la soprano Gundula Janowitz, chante Das Knaben Wunderhorn de Mahler au Festival de Vienne. Son Almaviva dans Les Noces de Figaro à Munich, en 1968, marque le début d'une longue collaboration avec l'Opéra national de Bavière comme premier baryton.

À la même époque, sa carrière prend une envergure de plus en plus internationale. Fixé en Europe durant la majeure partie de sa carrière, Braun partage son temps entre les maisons d'opéra et les salles de concert de l'Europe, des États-Unis et du Canada. Il fait ses débuts au San Francisco Opera en 1968 (le comte di Luna et Enrico dans Lucia di Lammermoor) puis à Covent Garden en 1969 (où il tient les rôles titres dans Eugene Onegin sous la direction de Solti et Hamlet de Humphrey Searle dans sa création anglaise). Son répertoire s'enrichit des rôles titres de Don Giovanni et de Rigoletto, de Scarpia dans Tosca, de Golaud dans Pelléas et Mélisande et de Ford dans Falstaff, ainsi que des premiers rôles de baryton des opéras de Wagner et de Strauss.

Il fait ses débuts à l'Opéra de Paris en 1974 dans Il Trovatore. À l'Opéra de Cologne, il remporte un immense succès dans le rôle de Mandryka dans Arabella en 1976 et dans celui de Jokanaan dans Salome en 1977. La même année, il tient à Cologne le rôle du Général dans We Came to the River de Henze. En 1979, il crée à Lyon le rôle titre d' Ulysse de Jean Prodromides. En 1986, il ouvre l'auditorium Apollo à Nice dans le rôle de Hans Sachs, et en 1988, il inaugure le nouvel opéra d'Essen dans ce même rôle. Aux États-Unis, Braun se produit avec le Portland Opera (rôle titre dans la création américaine de Life of Orestes de Krenek, 1975; et Ford dans Falstaff, 1977), le Boston Opera (Russlan dans Russlan and Ludmilla, 1977), le San Francisco Opera (La Roche dans Capriccio de Richard Strauss en 1990) et le Santa Fe Opera (le Général dans We Came to the River, 1983; et Holofernes lors de la première américaine de Judith de Siegfried Matthus en 1990), ainsi qu'en concert avec l'Orchestre philharmonique de Los Angeles et l'Orchestre symphonique de San Francisco.

Plus de spectacles au Canada

Au Canada, Braun continue de chanter avec la Canadian Opera Company (Eugene Onegin, 1972; Jokanaan, 1975; Rodrigo dans Don Carlos, 1977; Dr Schön dans Lulu, 1980 et 1991). Il se produit aussi avec le Manitoba Opera (Germont père, 1973), l'Opéra de Montréal (Pizzaro dans Fidelio, 1983 et 1988), le Festival Ottawa (Golaud dans Pelléas et Mélisande, 1980) et l'Edmonton Opera (Marcello dans La Bohème, 1976; Jokanaan, 1977; et le rôle titre dans The Flying Dutchman, 1990). En 1978, avec l'ORchestre symphonique de Toronto dirigé par Mario Bernardi, il crée The Shadowmaker de Rudi van Dijk, œuvre qu'il commande lui-même grâce à une subvention du Conseil des arts du Canada. Braun chante aussi dans des productions de la COC aussi variées qu'Aïda, La Traviata, Salome et Oedipus Rex. Il apparaît aussi dans Bluebeard's Castle de Bartok à Toronto (1995). La dernière représentation de Braun au Canada, toujours avec la COC, a lieu à Toronto en septembre 1997. La même année, Braun partage la scène au Festival de Salzbourg avec son fils Russell, un autre baryton, dans Pelléas et Mélisande. Pendant les dernières années de sa carrière, le vieux Braun ajoute à son répertoire des rôles comme Falstaff, le Roi Lear et Oreste. Opera Canada signale la polyvalence de Braun en disant que « Braun est aussi à l'aise dans les répertoires classique, romantique que du 20e siècle et qu'il est un champion dans les œuvres de compositeurs contemporains, apparaissant dans de nombreuses représentations d'œuvres de Hans Werner Henze, Luciano Berio et Krystof Penderecki ».

Hommages

Une maladie neurodégénérative oblige Braun à prendre sa retraite en 2000, après s'être produit dans le rôle d'Apollo dans La Belle Hélène d'Offenbach au Festival de Salzbourg. Harvey Chusid décrit la voix de Braun comme « une voix flexible de baryton lyrique à la sonorité moelleuse et bien projetée. Il est acclamé pour sa musicalité autant que pour sa sensibilité de comédien et son aptitude à maîtriser les rôles du répertoire contemporain de même que les rôles les plus difficiles et les moins familiers du répertoire » (Opera Canada, printemps 1991).

La femme de Braun est Eraine Schwing-Braun, du Conservatoire royal de musique. Un de ses frères, Richard Braun, est aussi baryton.

Discographie

Schubert Winterreise : Helmer p; 1972; 2-CBC SM-196.

-Winterrreise : Kubálek p; 1990; Dorian DOR-90145.

Schumann Liederkreis op. 24, Liederkreis op. 39, Brahms Vier ernste Gesänge op. 121 : Kubálek p; 1989 Dorion DOR-90132.

Wagner Tannhäuser : O phil de Vienne, Solti c orch, Braun (Wolfram); 1970; 4-Lon OSA-1438 et 3-Lon 414-581-2 (CD), (extraits) Lon OS-26299.

Voir aussi DISCOGRAPHIE de l'Orchestre symphonique de la SRC.

Bibliographie

Marianne MORROW, « Victor Braun », Opera Canada, (déc. 1964).

Ruby MERCER, « Victor Braun », Opera Canada, (fév. 1976).

-, « Taking up the challenge », OpCan, (print. 1981).

« The Challenges of an artist : a conversation with Victor Braun », Performing Arts in Canada, XX (hiv. 1983).

Maryse ANGRIGNON SIROIS, « Victor Braun : un Canadien en Allemagne », Aria, XI (aut. 1988).

Mairi MacLEAN, « The Dutchman sails the prairies », Edmonton Journal (17 mars 1990).

Harvey CHUSID, « Pilgrim's progress », Opera Canada, XXII (print. 1991).

Lecture supplémentaire