Bessie Starkman | l'Encyclopédie Canadienne

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Bessie Starkman

Besha (Bessie) Starkman (Perri), dirigeante du crime organisé (née le 14 avril 1889 ou le 21 juin 1890 en Pologne; décédée le 13 août 1930 à Hamilton, en Ontario). Durant la prohibition, elle devient la toute première femme à la tête d’une organisation de crime organisé au Canada. Avec son conjoint de fait, le mafieux RoccoPerri, elle tient un réseau de contrebande d’alcool et de drogues. Besha Starkman meurt lors d’une fusillade dans le garage de sa maison. Les meurtriers n’ont jamais été arrêtés. Ses funérailles attirent une foule jamais égalée à Hamilton.

Besha (Bessie) Starkman

Photo prise vers 1930.

Jeunesse

La date de naissance de Besha Starkman est sujette à débat. Selon certaines sources, elle naît en Pologne le 14 avril 1889, bien que l’on puisse lire sur sa pierre tombale la date du 21 juin 1890. Elle arrive au Canada avec ses parents, Shimon et Gello Starkman, autour de 1900. Ils travaillent dans le quartier ouvrier de Ward au centre-ville de Toronto où s’établissent de nombreux nouveaux arrivants. Besha Starkman a possiblement travaillé comme couturière pour le magasin Eaton dans sa jeunesse.

Mariage

À l’âge de 18 ans, Besha Starkman, aussi connue sous le nom de Bessie, marie Harry Tobsen (aussi Toben ou Tobin), chauffeur pour une boulangerie. Le couple a deux filles, Gertrude et Lilly (Leah). En 1912, la famille héberge un pensionnaire nommé Rocco Perri qui loue une chambre de leur maison. C’est un immigrant de la Calabre, en Italie. Une histoire d’amour naît rapidement entre Besha Starkman et le pensionnaire. Elle quitte alors son mari, ses filles et le judaïsme pour lui. Les conjoints de fait déménagent d’abord à St. Catharines, en Ontario, où Rocco Perri travaille sur l’expansion du canal Welland.

En 1916, ils s’installent à Hamilton. Rocco Perri travaille brièvement comme vendeur itinérant pour la Superior Macaroni Company. Le couple ouvre ensuite une petite épicerie dans un quartier d’immigrants juifs et italiens.

Carrière dans le clan Perri

Bessie Starkman se fait connaître des policiers lorsqu’on l’arrête pour la tenue d’une maison de débauche. On l’accuse d’être tenancière d’un bordel, un endroit où des activités de prostitution ont lieu. Elle se défend en disant qu’elle n’est pas au courant des activités de sa pensionnaire, mais est tout de même reconnue coupable.

En 1916, l’Ontario Temperance Act est adoptée. Il devient alors illégal d’avoir en sa possession des spiritueux et de la bière en dehors de sa maison, ce qui mène à la fermeture des bars et des magasins de vins et spiritueux. Le couple comprend alors qu’il pourrait faire beaucoup plus d’argent avec la contrebande (la vente illégale d’alcool) qu’en tenant une épicerie. Rocco Perri devient le « Roi de la contrebande » durant les années de la prohibition. Il ignore la règle d’exclusion des femmes de la mafia, et Bessie Starkman devient bien vite la tête dirigeante de l’opération.

Elle est connue au Canada pour être l’une des premières femmes à la tête d’une organisation de crime organisé. Son rôle est de négocier et de passer les commandes de spiritueux et de bière auprès des fournisseurs, de blanchir l’argent, de faire la comptabilité et de faire affaire avec les autres clans. Le clan Perri œuvre à Kitchener, Toronto, Windsor, Hamilton et Niagara. Il fait aussi l’exportation d’alcool de contrebande aux États-Unis, principalement à Detroit, Chicago et dans l’État de New York.

En 1920, le couple habite une grande maison au 166, rue Bay Sud à Hamilton. Des diamants aux voitures de luxe, rien n’est hors de sa portée. Tout va à la perfection pour Bessie Starkman et Rocco Perri jusqu’en mars 1927, où ils paraissent devant la Commission royale sur la douane et l’accise, responsable d’enquêter sur la contrebande d’alcool (voir aussi Douanes et accise). Bessie Starkman nie alors toute activité de contrebande. Néanmoins, ils sont tous les deux accusés de parjure. Si les chefs d’accusation contre Bessie Starkman tombent, Rocco Perri, lui, plaide coupable et est condamné à une sentence de six mois dans une maison de correction.  

La fin de la prohibition en Ontario en 1927 oblige le clan Perri à diversifier ses revenus, notamment par la vente illégale de drogue. En juin 1929, la Gendarmerie royale du Canada arrête Bessie Starkman lors d’une descente pour trafic de drogue dans une maison à Toronto, mais la libère par manque de preuves.

Décès

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Le 13 août 1930, peu avant minuit, le couple rentre à la maison après une soirée. Lorsque Bessie Starkman sort de la voiture et pose le pied dans son garage, elle est accueillie par deux hommes armés. Un voisin qui promène son chien entend Rocco Perri s’écrier que sa partenaire s’est fait fusiller. Selon le rapport de police, deux hommes ont ouvert le feu sur Bessie Starkman, un troisième les attendant au volant d’une automobile prête pour leur fuite. Bessie Starkman est morte sur le coup.

L’enquête de la police provinciale de l’Ontario ne trouve aucun motif clair pour son meurtre. Les coupables n’ont jamais été retrouvés. Toutefois, de nombreuses théories voient le jour : soit elle aurait été fusillée par des membres en colère du gang Perri, ou son mari aurait été impliqué dans son meurtre, ou encore elle aurait refusé de payer des gangsters de Rochester, à New York, lors d’une transaction de drogue.

Scène du meurtre

Le garage de la maison du couple où Bessie Starkman a été fusillée.

Ses funérailles, parmi les plus importantes de l’histoire d’Hamilton, ont lieu le 17 août 1930. Un article paru dans le Toronto Star estime que plus de 20 000 personnes envahissent la rue et le cimetière Ohev Zedek où a lieu son enterrement. La rumeur veut que le cortège compte tellement de voitures que lorsque la première atteint le cimetière, la dernière n’a pas encore quitté la maison de Bessie Starkman sur la rue Bay, à six kilomètres de là.

En raison de sa vie controversée et de son union de fait avec un homme non juif, un rabbin local refuse de l’enterrer. C’est plutôt un rabbin originaire de la ville et de passage qui s’occupe du service funéraire. Il n’y a pas de chantre (voir Juifs et musique juive) et le rabbin ne fait pas d’éloge funèbre. Bessie Starkman est enterrée près d’une clôture, le plus loin possible des autres sépultures. (Voir aussi Pratiques funéraires au Canada.)

Initialement, le nom « Bessie Starkman-Perri » figure sur sa pierre tombale. Toutefois, aujourd’hui, le nom « Perri » n’y est plus.  

Funérailles de Bessie Starkman
Rocco Perri pleure aux funérailles de Bessie Starkman.
Cortège funèbre de Bessie Starkman
La foule observe le cortège funèbre qui transporte le cercueil de Bessie Starkman.

Bessie Starkman dans la culture populaire

Des décennies après son meurtre, Bessie Starkman continue de fasciner. Sa vie a été mise en scène dans la pièce Bootlegger’s Wife qui a été jouée à de nombreuses reprises lors du Hamilton’s Fringe Festival en 2014. Elle est un personnage des visites guidées à pied de « Hamilton’s Dark History ». En 2019, un personnage nommé Bessie Starkman, inspiré de la vraie Bessie Starkman, apparaît dans quelques épisodes de la série télévisée de la CBC Frankie Drake : Détective privée. La série, qui se déroule dans les années 1920, suit les aventures de la seule femme détective privée de Toronto qui s’occupe de dossiers rejetés par la police. Le personnage de Bessie Starkman apparaît comme tête dirigeante de la mafia qui exploite un casino illégal à Toronto. Dans un épisode, elle s’allie à Frankie Drake pour résoudre une affaire.

Lecture supplémentaire

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