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Aziz Ahmad

Aziz Ahmad, romancier, nouvelliste, critique, traducteur, historien (né le 11 novembre 1914 à Hyderabad Deccan [l'Inde actuelle]; décédé le 16 décembre 1978 à Toronto en Ontario)

Aziz Ahmad arrive au Canada en 1962 en tant que professeur agrégé d'études islamiques à l'université de Toronto, où, en 1968, il est promu professeur titulaire. En témoignage de son excellence en recherche universitaire, il est nommé Membre de la Société royale du Canada. En 1972, il obtient un doctorat honoris causa en littérature de la London University.

Ahmad termine son baccalauréat ès arts à l'Université Osmania, à Hyderabad (1934) où il surpasse toute l'université. Fort d'une bourse d'études du gouvernement, il part ensuite pour Londres et obtient un baccalauréat ès arts spécialisé en anglais (1938). À son retour d'Angleterre, il s'inscrit à l'Université Osmania en tant que conférencier à la faculté d'anglais (1938-1941). Tout en conservant des liens avec l'université, il œuvre comme secrétaire privé de la princesse Durr-e-Shahwar (1941-1946), et revient ensuite à l'université en tant que maître de conférence (1946-1948). En 1948, il émigre au Pakistan où il travaille pour le gouvernement aux Services de la publicité, des films, et des publications, pour en devenir le directeur, en 1953, poste qu'il conserve jusqu'à son retour en Angleterre pour enseigner l'ourdou au London School of Oriental and African Studies (1957-1962).

Ahmad écrit dix romans, cinq recueils de nouvelles, deux ouvrages de critique littéraire et bon nombre d'autres livres. Parmi ses premiers romans nommons Hawas (1931), et Murmur aur Khoon, (1932), qu'il répudie tous deux par la suite dans une lettre adressée à Shamim Afza Qamar, qui avait effectué des études doctorales de ses œuvres. Parmi ses œuvres abouties figurent Gurez (1940), Aag (1946), Aisi Bulandi, Aisi Pasti (1947) et Shabnam (1950). Il considèrera Aag comme son meilleur roman. Aisi Balandi, Aisi Pasti sera traduit vers l'anglais par Ralph Russell et intitulé The Shore and the Wave (1971). Son roman Aag, dans lequel Ahmad évoque l'âme de la société cachemirienne, est l'histoire de trois générations vivant au Cachemire durant une période turbulente d'environ 35 ans qui prend fin en 1942. Ahmad a accompagné la princesses Durr-e-Shahwar lors d'un voyage d'agrément au Cachemire et a pu observer la vie dans cette vallée. Dans Aisi Bulandi, Aisi Pasti, il élargit sa perspective en dépeignant le système féodal cachemirien avec une telle créativité que la tragédie d'un seul individu finit par refléter le déclin de toute une culture. Ses œuvres sont, pour la plupart, très critiques à l'égard du système féodal au Cachemire et des injustices sociales entraînant une exploitation inhumaine et dégradante des secteurs défavorisés et opprimés de cette société dans son ensemble.

Bien qu'il ne soit pas dûment reconnu de son vivant, Ahmad est aussi un remarquable nouvelliste et est applaudi par des inconditionnels tels que Mumtaz Shireen, Qurratulain Hyder, Jamil Jalibi et Shazad Manzar. Ses deux courts recueils de nouvelles Raqs-e-Natamaam et Bekaar Din Bekaar Raatein sont uniques en cela que seul Ahmad, fort de son étude approfondie de Sigmund Freud et de D.H. Lawrence et de sa propre approche iconoclaste dans une époque de changements majeurs, peut écrire de tels chefs-d'œuvre.

Taraqqi Pasand Adab (1946), un compte-rendu critique du mouvement d'écrivains progressistes en ourdou, est considéré comme un des seuls ouvrages authentiques à ce sujet.Iqbal Nai Tashkeel, un autre de ses livres importants, porte sur le grand poète Iqbal. Ahmad commence sa carrière littéraire comme traducteur. Alors qu'il est encore étudiant, il traduit une histoire de Kipling qui est publiée à Nairang-e-Khayal, au Pakistan. Parmi ses autres traductions, on compte des ouvrages de Dante, d'Isben, de Shakespeare, d'Harold Lamb, de Garcin de Tassy et d'Aristote. Il parle couramment plusieurs langues dont l'ourdou, le farsi, le français et l'allemand. Il est également auteur d'une pièce jouée en 1931 à l'Université Osmania. Lui-même poète mineur, il collabore, avec Aal-e-Ahmad Suroor à une anthologie de poèmes ourdous choisis dans la production de 1914 à 1942 intitulée Intekhab-e-Jadeed, pour laquelle il écrit une préface de douze pages et qui est publiée en 1943 par Anjuman Taraqqi-e-Urdu. L'anthologie est rééditée quatre fois.

La renommée d'Ahmad en occident repose cependant sur ses ouvrages de nature historique et scientifique, écrits pendant sa titularisation à l'Université de Toronto, notamment Studies in Islamic Culture in the Indian Environment (1964), Islamic Modernism in India and Pakistan 1857-1964 (1967), An Intellectual History of Islam in India (1969) et A History of Islamic Sicily (1979; trad. La Sicile islamique), publication pour laquelle il est honoré par le gouvernement italien.

Pendant son séjour au Canada, Ahmad continue à s'intéresser aux activités littéraires en ourdou à Toronto et dans ses environs en organisant chez lui des rencontres littéraires et en participant à des événements de même nature. Peu avant de succomber à un cancer, à Toronto, il prononce un discours mémorable lors d'une cérémonie tenue en honneur d'un poète ourdou invité, de stature légendaire, Faiz Ahmad Faiz, originaire du Pakistan et lauréat d'un prix Lénine. C'est sa dernière apparition publique. Quelques lettres qu'il a écrites du Canada adressées à ses collègues écrivains, critiques, à ses amis et à ses supporters sont publiées en ourdou, dans des revues littéraires au Pakistan et en Inde. Sa présence au Canada en tant que telle a servi d'agent catalyseur. Même s'il a consacré la majeure partie de son temps au Canada à des travaux littéraires, le monde littéraire de langue ourdou fait affectueusement allusion à lui comme étant « notre homme au Canada ».

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