Arts visuels, diffusion au Québec | l'Encyclopédie Canadienne

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Arts visuels, diffusion au Québec

Le passage des œuvres d'art de l'atelier de l'artiste aux divers publics intéressés se fait par les voies habituelles de la communication (presse, radio, télévision) et par des voies spécifiques au domaine artistique (musées, galeries, revues spécialisées).

Arts visuels, diffusion au Québec

Le passage des œuvres d'art de l'atelier de l'artiste aux divers publics intéressés se fait par les voies habituelles de la communication (presse, radio, télévision) et par des voies spécifiques au domaine artistique (musées, galeries, revues spécialisées). Une des particularités de la situation canadienne et québécoise consiste en l'implication de l'État dans la diffusion des biens culturels. Des programmes d'aide aux artistes et aux organismes culturels ont été mis en place depuis les années 60 qui permettent aux créateurs de montrer leurs productions. Ainsi, le Conseil des arts du Canada (depuis 1957), le ministère de la Culture et des communications et le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et le Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal (CACUM) contribuent de manière importante à la diffusion des œuvres grâce à leurs nombreux programmes qui soutiennent autant les individus que les organismes. L'aide de l'État vient compléter les efforts individuels des artistes et ceux du secteur privé.

Les musées du Québec collectionnent et présentent tant l'art ancien que l'art moderne et contemporain. Leur rôle dans la diffusion et dans l'acceptation des œuvres d'art actuel est surtout évident lors des expositions individuelles et collectives montées en leur sein. Le MUSÉE DU QUÉBEC, le MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN DE MONTRÉAL, le MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL, le Musée de Joliette et le CENTRE CANADIEN D'ARCHITECTURE organisent, pendant toute l'année, des expositions qui présentent le travail des artistes du Québec, du reste du Canada et de l'étranger. Des centres, qui ne disposent pas de collection permanente et se différencient donc des musées, proposent aussi des expositions d'art actuel. De tels centres peuvent être indépendants (Centre international d'art contemporain), liés à des institutions universitaires (UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL, UNIVERSITÉ LAVAL, UNIVERSITÉ CONCORDIA, UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE) ou à des municipalités.

Les galeries d'art privées et les centres d'artistes autogérés sont des lieux importants de diffusion des arts visuels à Montréal, à Québec ainsi que dans les principaux centres régionaux. Les galeries d'art sont des entreprises privées qui assurent la visibilité des artistes en les représentant auprès des collectionneurs privés et publics et en montrant leurs œuvres périodiquement. Depuis l'inauguration des premières galeries à Montréal (Morency, Watson, L'Art français), on ne compte plus les ouvertures et fermetures. Leur histoire, qui devrait être racontée, rend hommage à des pionniers (Max Stern de la galerie Dominion, Agnès Lefort, Denyse Delrue, Yves Lasnier) ainsi qu'aux générations successives de marchands qui, depuis la fin des années 70, permettent la circulation des œuvres et le développement d'une expertise d'organisateurs d'expositions. Quelques galeries montréalaises peuvent être mentionnées pour la qualité de leur travail et leur longévité. Ainsi les galeries Simon Blais, René Blouin, Christiane Chassay, de Bellefeuille, Graff, Trois Points, Joliette, Waddington & Gorce et quelques autres ont, au fil des ans, acquis une belle réputation.

Les centres d'artistes, créés au début des années 70, sont des lieux importants de diffusion et de production de l'art actuel. Leur influence se fait sentir à Montréal, à Québec et sur tout le territoire de la province. Réunis en association depuis 1986 (le Regroupement des centres d'artistes autogérés du Québec), ces centres à but non lucratif sont d'incontournables lieux d'accueil pour la production des jeunes générations et pour le développement de compétences diverses tant chez les artistes que chez les jeunes historiens de l'art. Certains d'entre eux, longtemps appelés galeries parallèles (Véhicule étant la première) ou espaces alternatifs, ont des mandats bien précis qui concernent l'exploration des nouvelles technologies (PRIM, Vidéographe et Oboro à Montréal, la Bande Vidéo à Québec, Daĩmôn à Hull), les médias traditionnels et leurs avatars post-modernes, l'installation p.ex. (Optica, Skol, le Centre de sculpture Est-Nord-Est) ou la PHOTOGRAPHIE (Dazibao, Optica, Vu à Québec). La plupart des centres d'artistes de la ville de Québec sont réunis sous un même toit, le Complexe Méduse. Ailleurs, la localisation est plus éclatée: immeubles commerciaux désaffectés, anciennes écoles, quartiers industriels, etc.

Ces divers lieux investis par les artistes sont des endroits spécifiques de diffusion des œuvres auxquels il faut ajouter un volet éditorial d'importance variable selon les années, mais d'un grand intérêt pour la visibilité à long terme et la compréhension des enjeux artistiques. Les catalogues d'exposition produits en grand nombre par les musées, les galeries privées et les centres d'artistes permettent de reconstituer l'histoire des arts visuels au Québec en gardant une trace réfléchie des efforts individuels et collectifs. Ces catalogues sont parfois relayés par les livres sur l'art que produisent quelques audacieuses maisons d'édition (Lanctôt, Intervention, Centre de Diffusion 3D, Dazibao, Vu). Le centre de documentation Artexte à Montréal assure la conservation et la diffusion de ces outils essentiels pour une mémoire qui deviendra histoire. De nombreuses revues d'art de grande qualité assurent la périodicité de l'information et la transmission des enjeux théoriques du travail des artistes. Aux ancêtres Vie des Arts (1956) et Parachute (1975), se sont ajoutées des publications à périodicité variable, visant des segments particuliers du public des arts visuels ou autres médiums: les revues Espace, ETC Montréal, Esse ou Spirale à Montréal, Inter à Québec, Protée à Chicoutimi font ainsi un remarquable travail de repérage et de présentation du travail d'artistes locaux et étrangers tout en permettant à des auteurs venus de tous les horizons de s'exprimer. Au fil des jours, ce travail de diffusion est assuré par la critique d'art de journaux comme LE DEVOIR, LA PRESSE, The Gazette, Voir, The Mirror, et, dans une moindre mesure, par la RADIO et la TÉLÉVISION. Les nouvelles technologies devraient permettre une plus grande ouverture par voie de CD-Rom ou de DVD bien que la distribution de tels produits, le plus souvent expérimentaux, ne soit par des plus faciles à réaliser.