Tétras des Prairies | l'Encyclopédie Canadienne

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Tétras des Prairies

Le tétras des Prairies (tympanuchus cupido pinnatus), aussi appelé trétas cupidon, est un oiseau appartenant à la sous-famille des tétraoninés. Originaire du centre de l’Amérique du Nord, le tétras des Prairies a disparu au Canada, mais continue de vivre dans certaines régions des États-Unis, en particulier au Kansas, dans le Nebraska et dans le Dakota du Sud. Au Canada, le tétras des Prairies vivait dans le sud de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, ainsi que dans le sud et l’ouest de l’Ontario. Il est désigné pour la première fois comme espèce disparue du pays en 1990. La disparition de cet oiseau au Canada est principalement attribuable à la conversion de son habitat naturel, les Prairies, en terres agricoles. Le tétras des Prairies occupe une place importante sur le plan culturel pour la Première nation Siksika (Pieds-Noirs) et les Cris des Plaines au Canada, et il continue de vivre dans la danse de pow-wow du tétras des Prairies.

Tétras des Prairies femelle

Description

Tétras des Prairies mâle

Le tétras des Prairies adulte mesure de 41 à 47 cm de long et pèse entre 770 grammes (pour les femelles) et 990 grammes (pour les mâles). Les mâles et les femelles ont un plumage brun ponctué de rayures horizontales blanches de la tête à la queue. Contrairement aux femelles, les mâles ont également des plumes brunes rigides sur leur couronne et à l’extrémité de leur queue, ainsi que des crêtes orange au-dessus des yeux et des sacs aériens orange de chaque côté du cou.

Distribution et habitat

Répartition historique du tétras des Prairies

Historiquement, le tétras des Prairies au Canada se trouve du coin sud-est de l’Alberta jusqu’à Calgary à l’ouest et Lac La Biche au nord ; dans la majeure partie du sud de la Saskatchewan jusqu’au parc national de Prince-Albert au nord ; et du sud du Manitoba jusqu’à Grand Rapids, au nord. En Ontario, le tétras des Prairies vit à l’extrémité sud de la province, à l’est du marais Holland, lui-même situé au sud du lac Simcoe. L’oiseau se trouve également autour du lac des Bois dans le nord-ouest de l’Ontario, et brièvement dans la région de Sault Ste-Marie et sur l’île Manitoulin.

Comme son nom l’indique, le tétras des Prairies vit dans les prairies, en particulier les prairies composées d’herbes hautes et mixtes.

Reproduction et développement

Les tétras mâles s’accouplent avec plusieurs femelles, tandis que les femelles s’accouplent avec un seul mâle. Ce système s’appelle la polygynie. Bien qu’elle soit monnaie courante chez la plupart des animaux, la polygynie est rare chez les oiseaux. En effet, la majorité des oiseaux sont monogames, ce qui signifie qu’un mâle et une femelle forment une relation stable.

Pendant la saison de reproduction, les trétas mâles se rassemblent sur des leks et tentent d’attirer les femelles. Les leks, aussi appelés « aire de parade », sont des petites collines exposées ou des monticules où les mâles se mettent en évidence et font résonner, pendant leur danse nuptiale, leur cri bas à trois syllabes. Ils gloussent sans arrêt, piétinent le sol, gonflent et dégonflent leurs sacs aériens, et soulèvent et abaissent les plumes à l’arrière de leur cou.


Les tétras femelles créent des nids peu profonds en forme de bol dans le sol, qu’elles tapissent de plumes, de feuilles, d’herbe et de brindilles. Les nids sont construits de la mi-avril au début juin, cachés sous l’épaisse couverture d’herbes et d’autres végétaux. Les femelles pondent de 11 à 12 œufs par saison. Les petits sont capables de se nourrir peu après l’éclosion et de quitter le nid avec leur mère peu de temps après leur naissance. Les oisillons restent avec leur mère jusqu’à ce qu’ils aient environ 3 mois (de 80 à 84 jours). Les tétras des Prairies vivent en moyenne 1,6 an.

Alimentation

Le tétras des Prairies se nourrit différemment selon la période de l’année. Au printemps et en été, il mange principalement des feuilles vertes, des bourgeons et de l’herbe, ainsi que des insectes. Il continue de se nourrir de feuilles et d’herbe tout au long de l’automne. En hiver, les tournesols sont son aliment préféré. Pendant les mois les plus froids, il dépend aussi beaucoup des semences et des céréales comme le blé et le maïs.

Danse du tétras des Prairies


Les Siksika (Pieds-Noirs) et les Cris des Plaines célèbrent une danse de pow-wow sacrée inspirée du tétras des Prairies. Selon la légende, un jeune chasseur siksika a croisé les oiseaux alors qu’il cherchait de la nourriture. Il a tué un des tétras avec son arc et l’a ramené à sa famille pour le manger. Cette nuit-là, l’homme a fait un rêve. Dans le rêve, l’esprit de l’oiseau s’est approché de lui et lui a demandé : « Pourquoi m’as-tu tué ? » L’homme a répondu : « Parce que j’avais faim et que j’avais besoin de nourrir ma famille. » En échange de sa mort, l’esprit lui a enseigné une danse et lui a demandé de l’enseigner à son peuple. Advenant le cas où l’homme ne ferait pas ce qu’on lui demande, l’esprit le tuerait.

La danse imite les mouvements de la danse nuptiale du tétras mâle. Elle continue d’être pratiquée aujourd’hui par des hommes siksika et cris. 

Disparition au Canada

Les tétras des Prairies ont disparu au Canada. La disparition est toutefois différente de l’extinction. Elle signifie que l’espèce n’existe plus dans un lieu géographique précis, mais continue de vivre ailleurs. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désigné le tétras des Prairies comme espèce disparue au pays en 1990, et en 2003, l’espèce a reçu la même désignation en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP).

Le début de la disparition du tétras des Prairies remonte aux années 1800 et au début des années 1900. À cette époque, une grande partie de l’habitat de l’espèce est convertie en terres agricoles pour le pâturage du bétail et les cultures céréalières. Aujourd’hui, il reste environ 1 % des prairies d’herbes hautes d’origine du Canada.

La conversion des prairies en terres agricoles entraîne non seulement une perte d’habitat pour le tétras des Prairies, mais aussi un déclin de sa variation génétique. Au fur et à mesure que certaines parties des prairies sont fragmentées, les populations de tétras deviennent de plus en plus isolées. Lorsqu’une population est isolée, ses membres sont plus susceptibles de se reproduire entre eux. Cette consanguinité entraîne une différence génétique limitée entre les membres d’une population, ce qui à son tour crée des individus plus faibles.

En plus de la perte de son habitat et de sa variation génétique, les tétras des Prairies canadiennes sont également affectés par leur hybridation avec la gélinotte à queue fine. Par exemple, lorsque la gélinotte à queue fine a commencé à se reproduire avec le tétras des Prairies sur l’île Manitoulin, en Ontario, elle a fini par les remplacer.

Taxonomie du tétras des Prairies

Règne

Animalia

Embranchement

Chordata

Classes

Aves

Ordre

Galliformes

Famille

Phasianidae

Genre

Tympanuchus

Espèce

Cupido

Sous-espèce

Pinnatus