Musique cubaine au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Musique cubaine au Canada

Cuba.
Bien qu'il y ait relativement peu de Canadiens d'origine cubaine (379 en 1987), il existe néanmoins une influence discernable de la musique cubaine sur la musique canadienne, surtout à cause de l'impact de divers styles internationaux de musique pop, souvent arrivés au Canada en passant par les États-Unis ou par des pays d'Amérique latine. De plus, des musiciens canadiens et cubains se sont réciproquement fait entendre dans leurs pays respectifs, créant ainsi un contact musical direct.

1. Musiciens cubains au Canada

2. Influence cubaine sur la musique canadienne

3. Musique canadienne à Cuba

4. Festivals de guitare et échanges musicaux

1. Musiciens cubains au Canada. Chicho Valle, né à Cienfuegos, Cuba, vint au Canada en 1946 pour chanter à « Latin American Serenade », émission radiophonique de la SRC, puis s'établit à Toronto. Zeyda Suzuki, née à Cuba, s'établit à Québec en 1963, et Sergio Barroso vint se fixer à Toronto en 1980. Plusieurs autres musiciens cubains se sont produits au Canada lors de tournées. Certains ont joué pour le public des concerts, comme, par exemple, les pianistes Jorge Bolet et Horacio Gutiérrez et les guitaristes Martín Rojas (qui se fit entendre à la PDA de Montréal) et Leo Brouwer. Emiliano Salvador, mieux connu comme pianiste de jazz (notamment au BamBoo Club de Toronto), se fit aussi entendre à l'OCNA durant l'été de 1988. Des musiciens de jazz expatriés comme Arturo Sandoval (trompette) et Paquito D'Rivera (saxophone alto) ont joué à des festivals et dans des clubs. D'Rivera a été un visiteur fréquent au FIJM où, en 1990, Celia Cruz, la chanteuse cubaine, réunit une foule estimée à 75 000 personnes sur le boulevard René-Lévesque. Le pianiste havanais Gonzalo Rubalcaba joua au FIJM en 1989 ainsi qu'à l'El Mocambo et au Massey Hall de Toronto en 1991. Durant son séjour à Toronto, il enregistra un album sur étiquette Blue Note. Des musiciens cubains ont, à l'occasion, joué pour des auditoires en majorité latinoaméricain, comme, par exemple, quand l'Orquesta Típica La Original de Manzanillo se fit entendre dans une salle de danse de Toronto durant l'été 1990. Plusieurs représentants du mouvement « neuva trova » - version cubaine du « chant nouveau » politique latinoaméricain se sont faits entendre au Canada. Grupo Moncada est venu à plusieurs reprises comme interprète, en plus de diriger des ateliers de percussion à Québec, Montréal, Toronto, Hamilton, Winnipeg et Vancouver. D'autres groupes de musiciens de neuva trova, venus au Canada incluent Grupo Septiembre Cinco, Combo Los Cañas et les auteurs-compositeurs Noel Nicola et Donato Poveda. Ces derniers, en plus de se produire au festival de Vancouver et au Free Times Café de Toronto, donnèrent une conférence à l'Université de Toronto. Parmi les autres musiciens cubains qui se sont produits, on compte les chanteurs Pablo Santamaria, Aurelio Reinoso, Gilberto Aldanás, Rolando Ojeda (« Ojedita ») et Farah María García. Parmi d'autres groupes cubains qui sont venus au Canada, on remarque l'Orquesta Típica Jorrin (fondé par l'inventeur de la cha-cha-chá), les Cuarteto Los Papines, Cuarteto Los Modernistas, Combo Los Keleyá, Combo Batey et Combo Girón. Ce dernier est l'un des rares groupes venus au Canada dont le pied-à-terre n'est pas La Havane; il réside à Camagüey.

2. Influence cubaine sur la musique canadienne. Les musiciens de jazz et des orchestres de danse au Canada ont témoigné de la présence au Canada de divers genres musicaux cubains ou d'aspects plus généralisés de la musique et de la danse cubaines au Canada. Denis Brown, dans Swinging in Paradise (Montréal 1988), a raconté qu'il jouait pour des « danseurs afrocubains » dans des clubs de Noirs à Montréal à la fin des années 1940 et au début des années 1950, alors que Boogie (Paul) Gaudet se souvenait avoir joué des airs de jazz à la manière de mambos pour la danse sociale dans un club près de Grand-Mère et à la manière de la cha-cha-chá pour des effeuilleuses à Montréal. Le procédé pouvait fonctionner à l'inverse; il jouait le « cubop » Manteca, un classique de Dizzy Gillespie, pour un jitterbug. Don Palmer, un influent professeur de jazz, joua à New York du saxophone alto avec des musiciens cubains ou orientés vers ce style, dont Tito Puente (1969-72) et antérieurement avec Machito, Emilio Reyes, Julio Gutiérrez, La Lupe et Charlie Palmiere.

Pour plusieurs des immigrants latinoaméricains qui sont venus au Canada depuis le début des années 1970, « musica tropical » composée dans une large mesure de genres de musique cubaine tels que le boléro, et le « son » (terme générique qui s'applique à une grande variété de danses populaires de l'Amérique latine) qui, transformé et exporté comme un genre de salsa, est devenu l'un des symboles d'une identité « latino » généralisée. En conséquence, les orchestres de danse alimentent ces populations de styles cubains disséminés au Canada. Plusieurs de ces ensembles sont constitués de musiciens d'origine latinoaméricaine et canadienne. Parmi les premiers groupes, dont les noms indiquent clairement une « affiliation » cubaine, figurent le Tropicana Combo et Salsa '78. Salsa 3, de la Colombie-Britannique, a enregistré l'album Poder Latino (1986, Primavera PSP-001). En 1990, il y avait à Toronto environ une douzaine d'orchestres « latins ». Les chefs latinos les plus en vue, Memo Acevedo et Ramiro Puerta, sont tous deux explicitement intéressés aux styles cubains.

3. Musique canadienne à Cuba. Peu de musiciens canadiens se sont produits à Cuba. Le violoniste Frantz Jehin-Prume séjourna quelque temps à Cuba au milieu des années 1860 avant de se fixer à Montréal. Paul Pratt, maire de Longueuil (1935-56), fut invité à diriger à La Havane en 1946. Plus récemment, la chanteuse Pauline Julien et le ténor Raoul Jobin se sont produits à La Havane, de même que Camerata en 1976. Les efforts pour déléguer des représentants canadiens au festival international de jazz annuel de la Havane n'ont généralement rien donné, bien que certains musiciens, dont la saxophoniste Jane Bunnett et le trompettiste Larry Cramer, aient paru à ce festival. Oliver Jones a aussi joué à Cuba. Très peu de disques étrangers se retrouvent à Cuba à cause d'une pénurie de devises fortes et c'est pourquoi l'influence de la musique canadienne sur la musique cubaine demeure négligeable, même si quelques musiciens canadiens connaissent une certaine popularité à Cuba, grâce à des disques, surtout distribués comme cadeaux par des touristes canadiens (par exemple Rush, Dan Hill, Ed Bickert).

4. Festivals de guitare et échanges musicaux. Ce sont les festivals de guitare classique qui ont été au centre des échanges musicaux. Leo Brouwer, le plus éminent compositeur et guitariste de Cuba, a enseigné et participé à la direction des festivals de la Guitar Society de Toronto et Eli Kassner a été membre des jurys de l'International Guitar Competition and Festival de la Havane. L'échange a inclus les concurrents aussi bien que les lauréats : Joaquin Clerch de Cuba se classa quatrième à Guitar '87 et gagna le premier prix de la société dans la section « Quest for New Music » pour son oeuvre Menaya, alors que deux Canadiens participaient au troisième festival de La Havane (1986). Le Canadien Rémi Boucher s'est classé premier au cinquième festival (mai 1990) pour son exécution du Concerto elegiaco de Brouwer. Ce dernier composa un concerto pour guitare (son quatrième) qui fut créé à Toronto et devint connu comme le Toronto Concerto; il a dit de son oeuvre qu'elle était « un compendium de ses compositions »; Brouwer a aussi joué aux côtés du flûtiste Robert Aitken et d'autres oeuvres de lui ont été exécutées au Canada, dont sa Cancion de gesta par l'Esprit Orchestra le 24 février 1986.

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