Leduc, Jean-Denis | l'Encyclopédie Canadienne

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Leduc, Jean-Denis

Jean-Denis Leduc, directeur artistique (Valleyfield, 12 août 1944-).

Leduc, Jean-Denis

Jean-Denis Leduc, directeur artistique (Valleyfield, 12 août 1944-). Bien que Jean-Denis Leduc ait signé quelques mises en scène et monté sur les planches jusqu'au milieu des années 80, sa principale contribution à la pratique théâtrale québécoise est sans contredit son travail de direction artistique au Théâtre de la Manufacture depuis 1975.

Après son cours classique au Collège de Valleyfield, où il fonde deux compagnies de théâtre, il suit une formation en interprétation auprès de Mme Tania Fédor puis à l'École nationale de théâtre. En 1968, avec ses compagnons de troisième année, il claque la porte de l'École, dans un geste de contestation contre la direction qui veut imposer Molière à une génération férue de création québécoise. Il joue, sous la direction notamment d'Olivier Reichenbach, d'André BRASSARD, d'Albert Millaire et de Jean-Pierre RONFARD, des textes québécois, bien sûr, mais aussi des classiques, dont Le Misanthrope, au THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE (TNM), en 1971.

En 1975, il fonde le Théâtre de la Manufacture, avec Claude Maher, Christiane Raymond et Louise Gamache, Ce collectif éclate à la fin des années 70, et la compagnie connaîtra des directions tricéphales et bicéphales jusqu'en 1996-1997, année-charnière où Jean-Denis Leduc assume seul la direction générale et artistique. Il participe à la fondation, en 1981, du café-théâtre la Licorne, boulevard Saint-Laurent, où seront présentés les spectacles de la Manufacture et ceux d'autres artistes. Très fréquenté, le théâtre connaît plusieurs succès, comme Addolorata et Gens de silence de Marco Micone, mis en scène par Lorraine Pintal en 1983, ou Something Red de Tom WALMSLEY, mis en scène par Daniel Valcourt en 1985. En 1989, la Licorne déménage rue Papineau, dans une salle plus grande mais toujours intime, rendez-vous de la relève théâtrale. C'est là que seront créés Cabaret Neiges noires (coproduction avec Il va sans dire, 1992) et les Contes urbains (codiffusion avec le Théâtre Urbi et Orbi, 1994).

Depuis une dizaine d'années, désormais seul à la barre de la compagnie, Jean-Denis Leduc y a imprimé une ligne artistique claire, qui contribue à faire de la Licorne un lieu majeur du paysage théâtral montréalais. Privilégiant un théâtre de la parole à portée sociale, il fait entendre des voix fortes de la dramaturgie actuelle, d'ici et d'ailleurs, dont les textes interrogent le monde dans lequel nous vivons. Soutenant d'une part des auteurs comme François Létourneau (Cheech, 2003), François Archambault (La Société des loisirs, 2003) et Jean Marc DALPÉ (Trick or Treat, 1999), le directeur artistique de la Manufacture encourage, d'autre part, la traduction de pièces de certaines dramaturgies nationales anglo-saxonnes méconnues, écossaise (Gregory Burke, Gagarin Way, 2003), irlandaise (Mark O'Rowe, Howie le Rookie, 2002) ou galloise (Edward Thomas, La Maison Amérique, 1997). Pour porter à la scène ces textes souvent crus, d'une grande force de frappe, le directeur artistique de la Manufacture sollicite les jeunes metteurs en scène qui montent ; les Martin Faucher, Michel Monty, Fernand Rainville et Frédéric Blanchette, entre autres, trouveront ainsi à la Licorne un espace de création privilégié.