Robert Lepage | l'Encyclopédie Canadienne

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Robert Lepage

Robert Lepage. Metteur en scène, designer, acteur, dramaturge, auteur, créateur (Québec, 12 déc. 1957); dip. Conservatoire de Musique et d'art dramatique de Québec 1978 (CMQ), PhD Arts h.c. (Laval) 1994, PhD Lit h.c. (McGill) et PhD Lit h.c. (Toronto) 1997, LLD h.c. (Concordia) 1999.

Robert Lepage

Robert Lepage. Metteur en scène, designer, acteur, dramaturge, auteur, créateur (Québec, 12 déc. 1957); dip. Conservatoire de Musique et d'art dramatique de Québec 1978 (CMQ), PhD Arts h.c. (Laval) 1994, PhD Lit h.c. (McGill) et PhD Lit h.c. (Toronto) 1997, LLD h.c. (Concordia) 1999.

Formation et expérience

Artiste multilingue et polyvalent, Lepage grandit à Québec et attribue son bilinguisme à son milieu familial. Il parle aussi couramment l'espagnol et l'italien et il connaît le japonais, l'allemand et le suédois.

Jeune, il s'intéresse à la géographie et, pendant l'isolement d'une adolescence noircie par la dépression, il découvre la scène en jouant dans des spectacles scolaires. Il étudie au CMQ (1975-1978) avec, entre autres, Marc Doré, lui-même formé par le célèbre mime français Jacques Lecoq. Son diplôme en poche, Lepage part étudier à Paris avec Alain Knapp qui croit que le jeu, la mise en scène et l'écriture sont des partenaires égaux dans l'expérience de la création. Cette attitude transparaît dans son premier poste professionnel au Théâtre Repère de Québec, à partir de 1982, où il apprend de Jacques Lessard le concept des cycles Ressource, Partition, Valeur, Présentation (Resource Score Value Presentation - RSVP), que les chorégraphes Ann et Lawrence Halprin ont importé de Californie et introduit dans le théâtre québécois dans les années 1960. Lepage, qui devient codirecteur artistique du Théâtre Repère (1986-1989), est aussi influencé par les œuvres de Claude Jutra et de Denys Arcand ainsi que par son expérience personnelle. Homme d'une énergie extraordinaire et d'un vaste talent, il interprète ses propres pièces solo et parfois même incarne plusieurs des personnages, ou même tous.

Réalisations professionnelles

Sa première œuvre importante, La Trilogie des dragons (1985), qui applique au théâtre une méthode multimédia, le fait connaître dans le monde entier. Il crée sa propre compagnie, Robert Lepage Inc., en 1988.

Il dirige le théâtre en français du Centre national des arts (CNA) (1989-1993) et met en scène des spectacles de théâtre autour du monde, notamment au théâtre national de Munich, au Royal National Theatre (Londres), où il est le premier Nord-Américain à mettre en scène une pièce de Shakespeare , le Songe d'une nuit d'été en 1992, et au théâtre royal de Stockholm.

Ex Machina, la compagnie de Lepage créée en 1994, fait preuve de tellement de dynamisme et d'innovation dans l'association des arts et de la technologie et dans l'intégration de nouvelles démarches qu'il ne veut pas que l'appellation de compagnie théâtrale soit une limite pour elle. Selon la propre description de Lepage, « Ex Machina est plutôt une compagnie multidisciplinaire qui réunit acteurs, auteurs, décorateurs, techniciens, chanteurs d'opéra, marionnettistes, infographistes, artistes vidéo, contorsionnistes et musiciens.L'équipe de création d'Ex Machina croit que les arts de la scène - danse, opéra, musique - devraient être conjugués avec les arts enregistrés, cinéma, vidéo et multimédia, qu'il doit y avoir des rencontres entre les scientifiques et les dramaturges, entre les peintres et les architectes et entre les artistes du Québec et ceux du reste du monde. »

C'est aussi en 1994 que Lepage fait une incursion au cinéma, à la fois en français et en anglais, en y apportant des adaptations de certaines de ses œuvres précédentes. Il devient, en 1995, fondateur et directeur artistique d'In Extremis Images Inc à Montréal, et il fonde, en 1997, La Caserne Dalhousie, un centre de production multimédia à Québec.

En 1999, il est commissaire général du Printemps du Québec en France, un grand événement culturel mettant en valeur l'apport culturel et artistique du Québec à Paris, et il devient vice-président d'Ex Aqueo Films Inc en 2004.

Productions

Lepage a créé pour le théâtre, le cinéma, l'opéra, les musées, les spectacles de rock et le cirque.

Au théâtre : La Trilogie des Dragons, première version française, dont il est co-auteur, metteur en scène et acteur (Théâtre Repère, 1985); Le Polygraphe, co-auteur, metteur en scène, acteur (Théâtre Repère, 1987,) transposé au cinéma (sous le titre anglais Polygraph), dans un film dont il est le scénariste et le réalisateur (1996); Roméo et Juliette, la version française de la pièce de Shakespeare, dont il est co-metteur en scène et designer de plateau et des costumes (Théâtre Repère ,1989); La Casa Azul (2001), de Sophie Faucher, qu'il met en scène à Montréal, en Espagne et en Autriche; La Trilogie des Dragons, 2<SUP>e<SUP> génération avec une nouvelle distribution, dont il est co-auteur et metteur en scène (Québec, Espagne, France, Berlin, Zagreb en Croatie, 2003); The Busker's Opera (2004) qu'il met en scène et qui est inspiré de The Beggar's Opera de John Gay; Le Projet Andersen (2005) qu'il écrit, met en scène et joue au Québec et au Danemark; Lipsynch (2007), un événement de neuf heures présenté d'abord au festival Luminato de Toronto et dont il est auteur et metteur en scène; Eonnagata (2009) au Sadler's Wells de Londres, où il joue en plus d'en être co-designer.

En 2000, Lepage est créateur de Métissages une exposition temporaire du Musée de la civilisation de Québec. Ses nombreuses collaborations avec le Cirque du Soleil lui valent des éloges, par exemple avec (2004) et Totem (2010) dont il est créateur et metteur en scène. En 2011, il monte La Tempête en français avec la Nation huronne-wendat (voir Hurons), dans laquelle jouent des acteurs autochtones et non autochtones.

Au cinéma : Jésus de Montréal (1988; réalisé par Arcand), dans lequel il joue; Le Confessionnal (1995; v.a. The Confessional), qu'il scénarise et réalise; (1997), scénario et réalisation; La Face Cachée de la Lune (2003; v.a. The Far Side of the Moon), réalisateur, scénariste, acteur. Il tient aussi des rôles dans L'Audition, Dans les Villes (2005) et La Belle Empoisonneuse (2006).

Opéra

En 1993, Lepage commence à monter des opéras complets : Le Château de Barbe-Bleue de Bartók et Erwartung de Schoenberg pour la Compagnie d'opéra canadienne (COC). Au début des années 2000, il est pressenti pour réaliser le cycle de Wagner pour la COC, mais après de laborieuses négociations, le projet ne se réalise pas. Il travaille aussi pour la première de la COC de The Rake's Progress (2007; La carrière du libertin) et de The Nightingale and Other short Fables (2009; Le Rossignol) de Stravinsky. Sa production de La Damnation de Faust de Berlioz est présentée d'abord au Japon (1999), à l'Opéra National de Paris puis au Metropolitan Opera de New York en 2008. Cette production utilise un nouveau langage scénique qui comprend des projections 3D déclenchées par les acteurs de sorte que chaque prestation est vraiment unique.

Les productions de Lepage représentant les plus gros défis sont le cycle complet de L'Anneau de Wagner pour le Metropolitan, un projet colossal auquel, avec l'équipe d'Ex Machina, il commence à travailler en 2006. La première de L'Or du Rhin est donnée en 2010, celle de La Valkyrie en 2011, et Siegfried et Le Crépuscule des Dieux sont présentés pendant la saison 2011-2012. Toutes les productions utilisent la lumière, les projections sur écran, l'animation, le 3D et d'autres technologies pour infuser au spectacle la vie, la couleur et la fantasmagorie. Comme dans Faust, les projections 3D interagissent avec l'énergie des musiciens de l'orchestre et des chanteurs. Les présentations du Metropolitan Opera en haute définition dans des cinémas permettent au public du monde entier d'avoir accès à ces œuvres.

Distinctions

Lepage a reçu de nombreux prix et distinctions au Canada et à l'étranger à partir de 1984, entre autres le grand prix du Festival de Théâtre pour La Trilogie des dragons (1987); le Prix Gémeaux du meilleur acteur dans La soirée de l'impro, de la Ligue nationale d'improvisation de Montréal (1988); le titre de Chevalier de l'ordre des arts et des lettres, Paris (1990); le prix Floyd S. Chalmers (1991 et 1995); le titre d'Officier de l'Ordre national du Québec (1999); le prix d'honneur de la Société des relations internationales de Québec pour le retentissement de son œuvre hors du Québec (2000). En 2001, il est intronisé à l'Allée des célébrités canadiennes pour sa contribution au patrimoine culturel du Canada et il a reçu de la France, en 2002, la Légion d'honneur. Il a reçu aussi le prix Denise Pelletier et le prix Gascon Thomas de l'École nationale de théâtre (2003); le prix Samuel de Champlain de l'Institut France-Canada (2005); le prestigieux prix Europe pour le théâtre (2007). Pour son apport exceptionnel à la vie culturelle canadienne, Lepage reçoit, en 2009, le prix du gouverneur général pour les arts du spectacle. En 2010, il a gagné deux prix Dora Mavor Moore (pour une production exceptionnelle et une production de tournée exceptionnelle) et en 2011, le prix de l'Ordre de la Pléiade au Québec. La même année, il est fait compagnon de l’Ordre du Canada et en 2013, la Fondation Glenn-Gould lui décerne le 10e Prix Glenn Gould.

Bibliographie

Lepage, Robert et Rémy Charest, Robert Lepage : Quelques zones de liberté (1995); Donohoe, Joseph I. Jr. et Jane M Koustas, Theater sans frontieres: essays on the dramatic universe of Robert Lepage (2000); Compagnie d’opéra canadienne, Cycle de l’Anneau de Wagner (2003); Dundjerovic, Aleksander, The Cinema of Robert Lepage: Poetics of Memory (2003); Dundjerovic, Aleksander, The Theatricality of Robert Lepage (2007); Dundjerovic, Aleksander Sasha, Robert Lepage (2009); Lepage, Robert, Marie Michaud et Fred Jourdain, Le Dragon bleu (2011); Cohn Ronald et Jesse Russell, Robert Lepage (2012).

Lecture supplémentaire

Liens externes