Harmonica | l'Encyclopédie Canadienne

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Harmonica

Harmonica (orgue à bouche, harmonica à bouche, harmonica de blues, musique à bouche, « ruine-babines »). Instrument à anches à hauteur fixe, inventé dans les années 1820, probablement en Allemagne (voir The New Grove Dictionary, vol. VIII).

Harmonica

Harmonica (orgue à bouche, harmonica à bouche, harmonica de blues, musique à bouche, « ruine-babines »). Instrument à anches à hauteur fixe, inventé dans les années 1820, probablement en Allemagne (voir The New Grove Dictionary, vol. VIII). Les facteurs qui, de très bonne heure, favorisèrent l'importation de l'instrument au Canada - sa petitesse, son coût minime et son apprentissage facile - l'ont aussi rendu populaire auprès des jeunes et idéal pour faire de la musique sans cérémonie. Le tableau L'Enfant au pain (années 1890) d'Ozias Leduc montre un garçonnet jouant de l'harmonica à la table du souper. Au Canada, l'harmonica a occupé une place importante dans deux genres de musique et une place secondaire dans plusieurs autres. De façon générale, on utilise l'harmonica diatonique pour le folk, le country et le blues, tandis que l'harmonica chromatique est réservé pour la musique classique et le jazz.

Au Québec, l'harmonica (familièrement connu comme « musique à bouche » ou « ruine-babines ») partage avec le violon et l'accordéon à boutons un vaste répertoire de danses de folklore - reels, quadrilles, gigues et valses. Accompagné au piano ou par les propres battements de pieds de l'interprète, le son brillant et souvent strident (donc facilement audible) de l'harmonica en a fait l'instrument idéal pour les danses. Ce répertoire et le style de jeu y correspondant datent de siècles antérieurs et ont été transmis avant tout par la tradition orale, mais ils ont été enregistrés dans un état relativement pur au cours des années 1920 par plusieurs harmonicistes. Le plus prolifique fut Henri Lacroix (fl. 1921-38) qui grava de nombreux 78t. comme soliste chez Starr, Victor, Columbia et Brunswick, ainsi que d'autres comme accompagnateur de Conrad Gauthier, Ovila Légaré et Isidore Soucy. Il est connu pour avoir accompagné la Bolduc à l'occasion, participé aux Veillées du bon vieux temps de Gauthier et dirigé le Trio d'Henri et le Quatuor Lacroix. Parmi les autres harmonicistes du Québec qui enregistrèrent figurent la Bolduc elle-même, Joseph Lalonde (1860-1946), commerçant de Côteau-du-Lac qui se produisit également aux présentations de Gauthier et enregistra chez Victor et Starr, et Louis Blanchette (1905-1969) qui grava plusieurs reels dans les années 1930 chez Starr (dont quelques-uns furent repiqués par MCA en 1989 sur deux cassettes de la série Héritage québécois : vol. I, MCAC-20576; vol. II, MCAC-20586) et, plus tard, d'autres chez Point (Old Time Mouth Organ Reels, P-206). Gabriel Labbé, dont la biodiscographie Les Pionniers du disque folklorique québécois contient des listes d'enregistrements de Lacroix, Lalonde et Blanchette, cite Ludger Foucault, Oscar et Aldor Morin et Gaston Tessier, tous de Montréal, comme les principaux harmonicistes du milieu des années 1970. Labbé lui-même a joué de l'harmonica sur le micr. Masters of French Canadian Music 3 (Folk. RBF-114), paru en 1981. Alain Lamontagne et Gérald Laroche ont perpétué la musique traditionnelle dans le cadre d'un plus vaste répertoire. Laroche, de Winnipeg, s'est fait connaître vers 1983. L'année suivante, il a effectué une tournée des festivals européens de musique folk et de jazz, où il a fait valoir ses talents de bluesman. L'harmonica n'a pas connu la même importance au Canada anglais, bien qu'il ait fait partie des orchestres de Don Messer et de George Wade dans les années 1920 et 1930 et qu'il ait figuré plus tard sur des enregistrements de Mac Beattie, des Dixie Flyers et de Family Brown (Randall Prescott), ainsi que d'autres numéros de country et de bluegrass. Mike Stevens, de Sarnia, Ont., a commencé à jouer en 1990 avec Jim and Jesse et les Virginia Boys au Grand Ole Opry de Nashville. Parmi ses enregistrements, on retrouve Mike Stevens Harmonica (1990, Bluewind CD-4004), de même que d'autres disques où il joue comme sideman pour des groupes de bluegrass américains.

Plusieurs groupes de blues canadiens issus du regain de popularité qu'a connu cette musique au milieu des années 1960 comportaient des « mouth harpists », harmonicistes s'inspirant du style des grands joueurs de Chicago des années 1940, 1950 et 1960. Le mieux connu de ces Canadiens est King Biscuit Boy. Parmi les autres musiciens actifs au cours des 25 années suivantes figurent, à Toronto, Lance Bennett, Steven C (Barr), Dimitri Cornell, Carlos del Junco, Fraser Finlayson, Luke Gibson (Luke and the Apostles), Al Lerman, Michael Pickett (Whiskey Howl, Wooden Teeth, le Michael Pickett Band), Don Walsh (Downchild) et Chris Whiteley; à Montréal, Long John Baldry, Butch Coulter, Billy Craig, Charlie Harper, Carl Tremblay, Rick Weston et Jim Zeller; à Halifax, Rick Jeffreys (Dutch Mason Blues Band) et Enver Sampson fils (Matt Minglewood); à Winnipeg, Gord Kidder; à Edmonton, Rusty Reed; à Vancouver, Baldry, Harpdog Brown et Hans Staymer. Jim Zeller, qui a été sideman de plusieurs musiciens pop québécois, a enregistré le micr. Cartes sur tables (Kébec-Disc KDL-996) à la fin des années 1970. On l'a ensuite connu pour sa musique « psychobilly » frénétique.

À l'instar de Bob Dylan, divers auteurs-compositeurs-interprètes des années 1960 et 1970, dont Willie P. Bennett, Murray McLauchlan et Neil Young, adoptèrent l'harmonica. Les qualités évocatrices de la sonorité de l'instrument lui valurent d'être utilisé également dans les musiques de télévision, de films et de radio, tout comme dans des ritournelles publicitaires. Bernie Bray, de Toronto, a été l'un des principaux harmonicistes dans ce domaine. Il a endisqué des airs de musique pop et classique légère sur Bernie Bray - Harmonica (CBC LM-69) avec l'orchestre de Lucio Agostini en 1969. Le trompettiste de jazz Guido Basso a aussi eu recours à l'harmonica dans certains de ses enregistrements et le journaliste réputé Charles Lynch s'est produit comme soliste pop avec des orchestres symphoniques canadiens et comme membre de la National Press and Allied Workers Jazz Band Inc. d'Ottawa.

Si l'harmonica a été le plus souvent associé à la musique populaire, le virtuose Tommy Reilly a suivi la tradition de Larry Adler et de John Sebastian et lui a conservé sa place sur la scène internationale du concert. Le père de Reilly, James, dirigea au début des années 1930 à Guelph, Ont., l'Elmdale Harmonica Band, un des nombreux groupes d'amateurs du genre actifs au Canada à l'époque. L'harmonica comme instrument de concert a aussi été représenté au Canada par Bernie Bray et par le musicien français Claude Garden, qui vécut à Montréal de 1971 à 1986. Durant son séjour au pays, Garden enseigna et enregistra des airs de danse (Champagne, de Falla, Villa-Lobos, etc.) en 1976 (RCI 443) de même que Harmonica Flash de François Dompierre (commandé à son intention par la SRC) avec l'OSM en 1979 (DG 2531-265).