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Groupe des Sept

Le Groupe des Sept, aussi connu sous le nom d’École algonquine, était une école de peintres paysagistes fondée en 1920, en tant qu’organisation d’artistes s’autoproclamant modernes, et dissoute en 1933. Ses membres présentaient la forêt boréale dense et nordique du Bouclier canadien comme une force transcendante et spirituelle. Leurs panoramas de forêts canadiennes sauvages et balayées par le vent sont devenus emblématiques d’une vision romantique de la force et de l’indépendance du Canada. Leur travail est reconnu pour ses couleurs vives, son traitement tactile de la peinture et ses compositions simplifiées mais dynamiques. Avec Tom Thomson, David Milne et Emily Carr (qui a été influencée par le Groupe mais n’en a jamais fait partie), les membres du Groupe des Sept ont été les artistes canadiens les plus marquants du début du 20e siècle. Leur influence est palpable chez des artistes aussi différents que le peintre abstrait Jack Bush, le Groupe des Onze et le peintre écossais Peter Doig.

Membres du Groupe des Sept
A.Y. Jackson, Fred Varley, Lawren Harris, Barker Fairley, Franz Johnston, Arthur Lismer et J.E.H. Macdonald.
(avec la permission du Musée des beaux-arts de l'Ontario)

Membres

Les membres fondateurs du Groupe des Sept sont Franklin Carmichael, Lawren Harris, A.Y. Jackson, Franz Johnston, Arthur Lismer, J.E.H. MacDonald et F.H. Varley. Tom Thomson était un de leurs collègues et a exercé sur eux une influence marquante, mais il est décédé avant la formation du groupe. À l’exception de Lawren Harris, ils travaillent tous comme illustrateurs publicitaires. J.E.H. MacDonald, Arthur Lismer, F.H. Varley, Franklin Carmichael, Franz Johnston et Tom Thomson travaillent ensemble chez Grip Ltd., une firme de design graphique de Toronto. Lawren Harris est l’héritier de l’entreprise de matériel agricoleMassey-Harris Co. Ltd., ce qui lui assure une indépendance financière.

Contexte

À l’époque où le Groupe des Sept entre en scène, une quarantaine d’années après la Confédération, le Canada commence à se constituer en nation aux plans politique, social et économique. Toutefois, au plan culturel, il n’a pas encore développé son indépendance face aux traditions du Vieux Monde. L’art paysagiste canadien consiste principalement en visions anonymes, à travers l’écran brumeux de l’académisme européen. (Voir aussi :Peinture : 1840-1940.) La petite communauté des collectionneurs d’art du Canada s’intéresse peu à l’innovation artistique.

C’est dans cette atmosphère qu’un groupe de peintres et d’illustrateurs publicitaires se lient d’amitié à Toronto entre 1911 et 1913. Ils sont réunis par leur sentiment de frustration commun devant le conservatisme de la plus grande partie de l’art canadien. Ils commencent à se rencontrer pour se soutenir mutuellement, dînant souvent ensemble au Arts and Letters Club of Toronto. Ils se montrent mutuellement leurs travaux, partagent leurs idées et discutent de technique.

Tom Thomson
Doté d'habiletés naturelles sur le plan technique et grâce à son amour profond du Nord, Thomson possédait tous les éléments nécessaires pour devenir un grand peintre.
(avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/C-17399)

Tom Thomson

Décédé en 1917, Tom Thomson ne devient jamais membre du Groupe, mais il exerce une influence importante sur les autres artistes et a un impact profond sur sa formation. Guide de pêche, et occasionnellement garde forestier dans le parc provincial Algonquin, il est un grand amateur de plein air. Il encourage les autres membres du Groupe à peindre les paysages sauvages du nord de l’Ontario. C’est là qu’ils trouveront l’imagerie qui s’imprimera dans la conscience canadienne.

Influences clés

Malgré leur insistance sur la nécessité d’une expression spécifiquement « autochtone », les membres du Groupe sont inspirés par les postimpressionnistes français, comme Vincent Van Gogh et Paul Gauguin. D’autres postimpressionnistes, comme Edvard Munch et Émile Bernard, exercent aussi une forte influence sur eux.

Cependant, le point tournant dans leur recherche stylistique se présente en 1912, quand J.E.H. MacDonald et Lawren Harris se rendent à Buffalo pour visiter une exposition de peinture scandinave contemporaine. Les hommes sont frappés par l’approche des Scandinaves,

qui utilisent de simples aplats de couleurs vives pour créer des représentations vivantes des paysages. Macdonald et Harris réalisent que les sujets de ces peintures auraient pu se trouver aussi bien dans les étendues sauvages du Nord canadien. La synthèse de cette nouvelle approche et des sujets nordiques est à l’origine de ces images distinctives qui deviendront la marque du Groupe des Sept.

« Canal du Loing near Episy »
A.Y. Jackson, 1909, huile sur toile.

Faits saillants de carrière

Les membres du Groupe ne sont pas exclusivement paysagistes. Ce n’est qu’après leur première exposition à la Art Gallery de Toronto (aujourd’hui Musée des beaux-arts de l’Ontario), le 7 mai 1920, qu’ils commencent à se présenter comme une école paysagiste.

Les membres du groupe sont romantiques, avec un penchant pour le mysticisme. Passionnés, ils se considèrent comme la première école nationale de peinture du Canada. Ceci leur attire l’ire du milieu artistique établi, qui déteste leur rhétorique encore plus que leur peinture.

Dès le départ, les expositions du groupe suscitent la controverse; dans une recension de leur première exposition, leur travail est comparé au « contenu de l’estomac d’un ivrogne ». Ces querelles enflammées contribuent plus que tout à établir rapidement leur renommée. Les peintres et leurs partisans répliquent avec passion et finesse aux critiques négatives et aux lettres à la rédaction. Les échanges sont toujours orientés vers l’importance de leur œuvre en tant que produit d’une expression authentiquement nationale.

« Snow Clouds »
Franklin Carmichael, 1938, huile sur toile.

Eric Brown, directeur de la Galerie nationale du Canada, est un indéfectible défenseur du Groupe. Sept ans avant sa formation officielle, il commence à leur acheter des peintures pour la collection de la Galerie. En 1924 et 1925, il veille à ce qu’ils soient bien représentés parmi les œuvres canadiennes dans la prestigieuse exposition Wembley, en Angleterre, suscitant la colère de plusieurs membres de l’Académie royale des arts du Canada, qui ont l’impression que le Groupe bénéficie d’un avantage indu. Toutefois, les critiques de la presse britannique sont si favorables que Brown et le Groupe se sentent justifiés.

D’autres facteurs contribuent à leur succès. Plusieurs membres du groupe sont d’excellents professeurs, écrivains ou orateurs. Ils travaillent énergiquement avec la Galerie nationale et avec d’autres groupes pour organiser des expositions itinérantes de leurs œuvres. Des expositions se tiennent aux États-Unis, en Grande-Bretagne et à Paris. Un autre élément jouant en leur faveur est que leurs peintures aux couleurs vives et à la composition simple se prêtent idéalement à la reproduction et à la distribution de masse.

Avec le soutien de la Galerie nationale et de leurs amis du Arts and Letters Club et du Canadian Forum, l’influence du groupe s’étend rapidement durant les années 1920. Cependant, lorsque le Groupe des Sept se sépare en 1933, il est devenu aussi académique, et d’une certaine manière aussi conservateur que l’establishment artistique qu’il a remplacé. En ce sens, on peut dire que son influence a été un bienfait discutable. La génération suivante de peintres canadiens marquants émerge à Montréal, où Paul-Émile Borduas et 15 membres du groupe des Automatistes signent le manifeste du Refus Global en 1948.


Techniques et caractéristiques

Le Groupe des Sept se rebelle contre les préceptes du naturalisme du 19e siècle. (Voir aussiPeinture : 1840-1940.) Ses membres souhaitent établir une relation plus équitable et indépendante entre l’art et la nature. En ce sens, on peut les comparer aux symbolistes fin-de-siècle européens et aux postimpressionnistes comme Edvard Munch, Paul Gauguin et Émile Bernard. Ces maîtres exercent une influence marquante sur l’esthétique du Groupe.

L’intérêt des membres du Groupe passe de l’imitation des effets de la nature à l’expression de leurs sentiments à l’égard du sujet. Ils travaillent souvent ensemble, que ce soit dans la nature ou dans le célèbre Studio Building, que Lawren Harris et le mécène James McCallum ont fait construire en 1914 dans le quartier Rosedale, à Toronto. En conséquence, leur travail évolue selon des trajectoires similaires. Leurs premières œuvres comportent des aplats denses et des couleurs vives. Elles sont audacieusement simplifiées et mettent en évidence les motifs de surfaces.

Après avoir visité l’austère rive nord du lac Supérieur en 1921, Lawren Harris commence à schématiser radicalement les couleurs et la composition de ses peintures. Peu après, J.E.H. MacDonald, Franklin Carmichael et même F.H. Varley adoptent des méthodes similaires, utilisant des pigments dilués et des compositions stylisées dans beaucoup de peintures. Lawren Harris va encore plus loin que ses collègues ; au milieu des années 1920, il réduit ses peintures à quelques formes élémentaires et presque monochromatiques. Dix ans plus tard, il devient le seul membre du groupe, et un des premiers artistes canadiens à se tourner vers l’abstraction.

Collections

La plupart des musées publics canadiens abritent des peintures des membres du Groupe des Sept, dont des collections remarquables au Musée des beaux-arts du Canada, au Musée des beaux-arts de l’Ontario et dans la Collection McMichael d’art canadien.


Postérité et influence

Les peintures du Groupe de Sept, avec leurs panoramas de forêts du Bouclier canadien sauvages et balayées par le vent, sont devenus emblématiques d’une vision romantique de la force et de l’indépendance du Canada. Au sommet de leur renommée, au milieu des années 1950, des reproductions de leurs peintures étaient accrochées aux murs de toutes les écoles du pays. Leur œuvre occupe une place de choix dans les musées canadiens. Leur rôle dans l’émergence d’une « vision nationale » est reconnu dans tout débat sur l’art canadien.

Si le nationalisme a engendré le Groupe des Sept, il a aussi fini par limiter leur accomplissement. Avec le temps, leur influence s’est amoindrie. Le Groupe a si bien réussi à présenter ses œuvres comme l’expression du nationalisme, que leur qualité artistique a souvent été sous-estimée. Dans l’ensemble, les réalisations des membres du Groupe sont inégales, tout comme les œuvres individuelles varient en qualité. Souvent, leurs peintures les plus renommées, celles qui ont été le plus reproduites, paraissent surfaites et triviales en contemplant l’œuvre originale. Toutefois, leurs petites esquisses à l’huile, particulièrement celles de MacDonald, Varley et Jackson, ainsi que celles de Thomson, comptent parmi leurs œuvres les plus inspirées, pleines de vie et de sentiment.

Néanmoins, le Groupe a lancé l’idée que l’art canadien peut être important, qu’il peut faire du bruit, et qu’il peut se faire une place au plan international. Il a galvanisé la communauté artistique nationale et ultimement, stimulé le développement des musées et des organismes gouvernementaux qui ont pavé la voie aux artistes qui ont suivi. Lawren Harris et A.Y. Jackson, en particulier, ont influencé et encouragé la génération suivante d’artistes canadiens. Arthur Lismer, J.E.H. MacDonald et F.H. Varley sont devenus des enseignants reconnus et influents.

Voir aussi : Courants artistiques contemporains; Associations d’artistes; Chroniques et critiques artistiques.

En savoir plus // La groupe des septs

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Lecture supplémentaire

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