Fatty Legs (Les bas du pensionnat) | l'Encyclopédie Canadienne

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Fatty Legs (Les bas du pensionnat)

Fatty Legs (2010; trad. Les bas du pensionnat, 2011) raconte le séjour de deux ans d’une jeune Inuvialuite dans un pensionnat indien tenu par des religieuses, d’après l’expérience vécue par Margaret Pokiak-Fenton, coauteure avec sa bru Christy Jordan-Fenton. Publié chez Annick Press, le livre est illustré par Liz Amini-Holmes et montre des photographies d’archives tirées de la collection personnelle de Margaret Pokiak-Fenton. Fatty Legs a été finaliste au Prix de littérature pour enfants Sheila A. Egoff. Il a été sélectionné pour de nombreux autres prix et a figuré sur la liste des 10 meilleurs livres pour enfants établie chaque année par le Globe and Mail.

Margaret Pokiak Fenton

Auteures et contexte

Margaret Pokiak-Fenton, qui a reçu le nom d’Olemaun à sa naissance sur l’île Holman, dans l’océan Arctique, était grand-mère lorsqu’elle a révélé un secret qu’elle gardait depuis 60 ans à propos de son séjour dans un pensionnat indien. Elle a rencontré son mari, Lyle Fenton, alors qu’elle travaillait à la Compagnie de la Baie d’Hudson à Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest. Ils ont élevé huit enfants à Fort St. John, en Colombie-Britannique. Lorsque Fatty Legs a été publié pour la première fois, elle gagnait sa vie en vendant du pain, de la bannique et des objets d’artisanat inuit au marché local.

Christy Jordan-Fenton a contribué à écrire l’histoire de sa belle-mère. Avant cela, elle avait été soldate, travailleuse de pipeline, monitrice de survie et elle avait chevauché sans selle sur des mustangs. L’illustratrice Liz Amini-Holmes est une pigiste américaine qui habite une maison aménagée dans un arbre dans la région de la baie de San Francisco.

Synopsis

Jeune fille dans le Haut-Arctique, Olemaun (prononcer OU-li-mâân) Pokiak a huit ans lorsque sa demi-sœur plus âgée lui apprend que des étrangers détiennent la clé d’un grand secret. Ces étrangers, ce sont des religieuses canadiennes-françaises et des prêtres belges qui arrachent à leurs familles des enfants inuvialuits et d’autres enfants autochtones pour les placer dans des pensionnats.

Olemaun veut absolument apprendre à lire depuis que sa demi-sœur Rosie lui a raconté en partie Alice au pays des merveilles. Elle veut savoir pourquoi Alice descend dans le terrier du lapin si ce n’est pas pour faire la chasse à l’animal.

En février 1944, Olemaun demande à son père de l’emmener au pensionnat. Celui-ci hésite parce qu’il se rappelle sa propre expérience du pensionnat indien. Bien qu’il aime lire, il préfère le savoir ancestral de son peuple à celui des étrangers. Olemaun insiste au point que ses parents finissent par céder et l’emmènent à l’école d’Aklavik, un hameau des Territoires du Nord-Ouest situé au nord du cercle arctique.

Des élèves dans un pensionnat indien
Un groupe de religieuses et d'élèves autochtones à Port Harrison, au Québec, environ 1890.

L’accueil est loin d’être chaleureux. Une religieuse « au nez crochu comme un bec d’oiseau » entraîne Olemaun avant qu’elle ait pu dire au revoir à sa famille. Avec ses doigts osseux et sa cape noire, elle lui fait penser à un corbeau. Une autre religieuse coupe alors les tresses des nouvelles élèves, qui en pleurent toutes d’humiliation. On leur impose ensuite de porter un uniforme. Lorsque Olemaun essaie d’enfiler des bas que sa mère a apportés pour elle, la religieuse qu’elle appelle maintenant « le Corbeau » les lui confisque et lui rappelle sèchement qu’elle a désormais un nom chrétien, Margaret.

Les filles font de nombreuses corvées au pensionnat. La vie est dure. Lorsque Margaret refuse de manger encore un bol de soupe au chou, même si elle est affamée, le Corbeau l’agrippe par sa robe. « Les enfants obstinés n’ont pas leur place ici », siffle-t-elle. Dans la lutte qui s’ensuit, le bol se renverse sur le Corbeau, qui lève la main pour frapper l’enfant, sauf que la bonne sœur MacQuillan, que les enfants appellent « le Cygne », s’interpose juste à temps.

Margaret progresse bien en lecture, mais Corbeau, résolue à la briser, lui impose des corvées supplémentaires. Lorsque des enfants attrapent la variole, Margaret écrit à ses parents de venir la sauver, mais le Corbeau refuse d’envoyer la lettre.

Un jour, les filles reçoivent des bas gris neufs, mais Corbeau remet à Margaret une paire de bas rouges, qui font paraître plus grosses ses jambes athlétiques, ce qui lui vaut les moqueries des autres élèves, qui se mettent à l’appeler « Gros mollets » (Fatty Legs). Un dimanche, profitant d’un moment où elle est seule dans la buanderie, Margaret arrache ses affreux bas rouges et les jette dans le feu qui brûle sous la cuve de lessive. « Plus personne ne m’appellera Gros mollets, se jure‑t‑elle. Plus jamais. »

Le Corbeau est furieuse de voir apparaître Margaret sans ses bas. Mais l’enfant est sauvée lorsque sœur MacQuillan l’envoie à la réserve chercher ses bas de laine gris et bien épais, avec lesquels elle bondit tel un loup.

Thèmes

Fatty Legs touche à des thèmes universels comme l’estime de soi, le choix entre le bien et le mal, le courage face à la cruauté et à la méchanceté. Margaret, née sous le nom d’Olemaun (un mot désignant la pierre dure avec laquelle on aiguise les couteaux), est forte, persévérante, indomptable et brave. Elle se dresse contre l’intimidation, qu’elle vienne des enseignants ou des élèves. Elle est aussi curieuse et, comme Alice à la poursuite du lapin dans son terrier, elle se retrouve en fâcheuse position.

Glossaire

Des notes en bas de page expliquent les mots en inuvialuktun, la langue des Inuvialuits originaires de l’Arctique de l’Ouest. Ainsi, muktuk désigne des cubes de graisse et de peau de baleine; kamik, ou kamak, une sorte de botte aussi appelée mukluk; ulu, un couteau à lame en demi-cercle qui sert à gratter les peaux, couper les cheveux et préparer la nourriture.

Suite

Encouragée par le succès de Fatty Legs, la maison Annick Press publie en 2011 une suite intitulée A Stranger at Home (trad. Étrangère chez moi, 2012), coécrite et illustrée par la même équipe. Olemaun/Margaret revient chez ses parents dans le Haut-Arctique. Son retour sème la confusion au début, car sa mère ne la reconnaît pas. Margaret a du mal à réapprendre sa langue maternelle, mais y parvient bientôt et reprend son nom premier, Olemaun. Petit à petit, elle trouve sa place, en chassant avec son père et en conduisant son propre traîneau.

À 10 ans, plus vieille et plus sage qu’à son premier départ du foyer, Olemaun doit composer avec les conflits émotifs de son âge. Le livre raconte en détail la réconciliation d’une famille telle qu’elle a été vécue et les cicatrices du séjour au pensionnat. Cynthia O’Brien parle d’une histoire « accessible et captivante » dans la critique qu’elle en a faite pour la revue Quill & Quire.

Prix et mentions

Fatty Legs a été finaliste au Prix de littérature pour enfants Sheila A. Egoff en 2011. Il a été sélectionné pour de nombreux autres prix et a figuré sur la liste des 10 meilleurs livres pour enfants établie chaque année par le Globe and Mail. En 2014, Shelagh Rogers, animatrice de The Next Chapter à la radio de la CBC, l’a classé parmi les cinq meilleurs livres écrits par des Autochtones, saluant dans son éloge « une histoire d’ingéniosité, de guérison et de résilience ».