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Enseignement à distance

Enseignement à distance

Les expressions « enseignement à distance », « formation à distance », « téléenseignement » et « téléapprentissage » désignent communément les cours formels donnés à un étudiant par un enseignant, dans un contexte où les deux individus sont éloignés et qui permet à l'étudiant d'accomplir ses travaux à l'endroit, au moment et au rythme qui lui conviennent, grâce à un matériel de cours conçu à cet effet. Aujourd'hui, la plupart des programmes d’enseignement à distance exigent que l'étudiant et l'enseignant aient accès à diverses technologies de communication qui relient l’étudiant à l’enseignant et aux autres étudiants. Cette communication peut se produire de manière synchrone (en même temps pour tous) par audio, vidéo ou conférence Web, ou de manière asynchrone (au moment qui convient à chacun) à travers des forums de discussion en ligne, des blogs, des wikis, la messagerie et le courrier électronique. Ce type de programme exige également que l'établissement d'enseignement possède les équipements appropriés pour élaborer des outils de formation, qu'il offre des occasions facilitant l'apprentissage telles que l'interaction entre l'enseignant et ses étudiants, qu'il adopte des procédures organisationnelles adaptées à l'étudiant, qu'il offre des services de bibliothèque accessibles et qu'il effectue un suivi adapté à chaque étudiant. Pour bien fonctionner, ce système d'enseignement doit également reposer sur des politiques de financement et sur une organisation qui ne marginalisent pas l’enseignement à distance. Lorsque les cours d'apprentissage à distance incluent de l’enseignement sur place, ils sont considérés comme des cours mixtes ou hybrides. Lorsqu’il n’y a pas de conditions d’admissibilité, on les appelle des cours d'apprentissage ouverts.

Les débuts au Canada

Au Canada, l’enseignement à distance débute en 1889. Les « cours par correspondance », tels qu'on les appelle à cette époque, permettent aux enseignants en milieu rural qui ne peuvent assister à temps plein aux cours de l'UNIVERSITÉ MCGILL pendant l'hiver de terminer leur diplôme. En 1912, les universités de la Saskatchewan et de l'Alberta offrent des programmes d'autoapprentissage hors campus pour les étudiants en milieu rural. Quelques années plus tard, en 1921, un parent envoie une lettre au ministère de l'Éducation de la Colombie-Britannique, demandant qu'on lui fasse parvenir le matériel d’étude nécessaire pour que ses enfants, qui demeurent trop loin de l'école, puissent tout de même étudier. C'est ainsi que les cours par correspondance débutent au niveau du primaire et ensuite au niveau du secondaire.

Au fil du temps, comme le financement dans le secteur de l'éducation diminue, les besoins de matériel de cours par correspondance diminuent également, particulièrement au primaire. Les besoins au niveau du secondaire demeurent, quant à eux, inchangés. Présentement, la plupart des provinces continuent de développer et d'offrir des programmes de formation à distance de niveaux primaire et secondaire.

Premières initiatives

Bien que les premiers projets d’enseignement à distance se présentent sous forme de documents imprimés, le Canada est l’un des premiers à adopter de nouvelles technologies pour l’enseignement aux adultes. En 1941, la SRC, l'Association canadienne d'éducation des adultes et la Federation of Agriculture mettent sur pied la TRIBUNE RADIOPHONIQUE AGRICOLE. Cette série de cours radiodiffusés que les étudiants peuvent suivre dans le confort de leur foyer, ainsi que le matériel d’étude, sont coordonnés par l’Université Francis Xavier en collaboration avec d’autres universités à travers le pays. Pour sa part, l'OFFICE NATIONAL DU FILM DU CANADA met sur pied un programme de formation technique et culturelle destiné aux étudiants.

Dans les années 60, on assiste à une demande croissante pour l'enseignement supérieur, et d'autres universités développent des programmes axés sur la technologie.  L’UNIVERSITÉ MEMORIAL est renommée pour sa technique de vidéo à projection lente, conçue à des fins de consultation pour les médecins en régions éloignées. Cela aboutit à la création d'un grand nombre d'audioconférences, et plus récemment, de vidéoconférences utilisées pour l’enseignement primaire, secondaire, et l’ÉDUCATION DES ADULTES. Pour répondre aux besoins des étudiants de programmes coopératifs travaillant dans les régions éloignées, l'UNIVERSITÉ DE WATERLOO développe des cours sur bandes audio accompagnés de textes et de devoirs.

Au cours des années 70, alors que les avantages de l’enseignement à distance sont de plus en plus reconnus, les gouvernements provinciaux entreprennent la création de trois établissements exclusivement voués à ce type de formation. En 1972, le gouvernement de l'Alberta fonde l'UNIVERSITÉ D'ATHABASCA, qui offre des cours en arts et en sciences et possède une structure d'admission plus souple et accessible à un plus grand nombre. L'Université emprunte la structure de l'Open University britannique et a recours à de la documentation écrite et à la communication téléphonique entre les enseignants et les étudiants.  Au Québec, on fonde Télé-Université, qui permet de suivre des cours crédités et des activités de formation non créditées. Quant à la Colombie-Britannique, elle fonde, en 1978, l'Open Learning Institute (OLI), qui offre à l'échelle provinciale l'enseignement collégial et universitaire, la formation de base et technique des adultes ainsi que l'orientation et la formation professionnelle.

En 1980, suite à la réussite du projet de satellite ANIK B, une initiative des gouvernements fédéral et provinciaux (voir COMMUNICATION PAR SATELLITE), on fonde le Knowledge Network (voir ÉMISSIONS ÉDUCATIVES), une branche télévisuelle de l’OLI. Peu après, d'autres entreprises de télécommunications, telles que TVOntario, Radio-Québec, Saskatchewan Communications Network (SCN), Northern Canada Television et ACCESS Alberta, exploitent la télédiffusion. Certaines intègrent également d'autres formes de technologies à leurs programmes éducatifs destinés aux étudiants de tout âge.
En 1987, le gouvernement de l'Ontario fonde Contact Nord/Contact North pour faciliter l'accès des résidants du nord de l'Ontario à tous les niveaux d'éducation reconnus. Cet objectif est atteint par le biais d'un réseau audiographique desservant de nombreux centres de formation communautaires. D'autres réseaux voient le jour en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Manitoba, en Saskatchewan, en Ontario (le Franco-Ontarian Network) et au Québec (CANAL). L'infrastructure de ces réseaux varie d'une province à l'autre : en Saskatchewan et au Manitoba, on exploite les ondes satellites ou les micro-ondes pour diffuser des vidéoconférences, tandis qu'au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, on exploite plutôt les lignes téléphoniques pour des audioconférences, des vidéoconférences et des conférences audiographiques. Tous ces réseaux adoptent une approche flexible des différentes technologies, c'est-à-dire qu'ils tiennent compte des besoins et des ressources financières de l'étudiant.


Dans les années 90, le développement et l'utilisation généralisée de l'Internet ont une influence majeure sur les services d'enseignement à distance (voir INTERNET). Les étudiants ont accès à de vastes sources d'information, peuvent communiquer plus aisément avec les autres étudiants et les experts dans le domaine, et ont accès à des ressources qui dépassent de loin celles d'une seule institution. Les universités, les collèges et les instituts techniques cherchent tous à atteindre leur clientèle par l’utilisation de la téléconférence par informatique, puis à travers des systèmes de gestion de l’apprentissage. Aujourd'hui, la plupart des collèges et universités offrent à leurs étudiants de l'enseignement à distance et des options d'apprentissage mixte. Les universités ont commencé à offrir de l'apprentissage en ligne, d’abord par la téléconférence par informatique, puis par des systèmes de gestion de l'apprentissage. Les collèges ont formé des consortiums provinciaux afin de partager les coûts de développement et de provision et de l'aide à l’innovation. OntarioLearn (1995) est le premier partenariat ayant mis en commun les ressources de 24 collèges, et est devenu le plus grand fournisseur de cours de niveau collégial en Amérique du Nord. D'autres partenariats du genre incluent Campus Manitoba (1998), BCcampus (2002) et eCampus Alberta (2003). Ces organismes accueillent souvent le fournisseur d'accès Internet des collèges, offrent une aide au développement de cours ainsi qu’un accès à une source unique, et font de la commercialisation intensive.


On estime que, chaque année, près d'un million de Canadiens ont recours à l’enseignement à distance. Parmi ce nombre figurent les personnes qui ne peuvent se rendre à l'établissement scolaire (les personnes hospitalisées ou handicapées) et celles qui choisissent de suivre cette méthode ou qui y sont forcées (p. ex. les adultes qui travaillent). Des programmes et des cours sont offerts aux niveaux primaire et postsecondaire, et plusieurs offrent des cours non crédités. Un bon nombre de ministères et plus de 40 p. 100 des grandes entreprises canadiennes utilisent également certaines formes d’enseignement à distance. C'est aussi le cas des fournisseurs commerciaux, des organisations industrielles et professionnelles et des associations corporatives.

Progrès récents

L'Internet est devenu une technologie de première importance pour l'enseignement à distance, et son immédiateté fait de l'apprentissage en ligne le principal mode de formation à distance. Tandis que l’accès à la flexibilité était auparavant la raison première de l'apprentissage en ligne, c’est maintenant de plus en plus la demande étudiante et les développements technologiques qui le justifient.  Parmi les développements technologiques, on retrouve la mobilité, car il y a maintenant plus d’individus qui accèdent à Internet sur des appareils mobiles (téléphones, ordinateurs portables, iPads, tablettes électroniques) que sur des ordinateurs de bureau. Une autre tendance est l'ouverture. Les Ressources éducatives libres (REL) offrent essentiellement du contenu et des ressources, y compris le matériel de cours et des textes électroniques, qui sont mis à la disposition des utilisateurs sous une licence Creative Commons. Les cours en ligne ouverts et massifs (massive open online course, MOOC) donnent un accès libre et gratuit au contenu des cours. Enfin, des sites comme UTube et iTunes U donnent accès à de nombreuses ressources vidéo, et des jeux en ligne introduisent de nouvelles façons d’aborder l'apprentissage.

Puisque les étudiants ont un accès immédiat à des ressources en ligne, ils s’adonnent de plus en plus à l'apprentissage « juste à temps », grâce à des formations courtes ou des modules. Les fournisseurs sont variés et incluent des associations professionnelles, des éditeurs universitaires, des journaux et des maisons de mode. Les technologies des médias sociaux (blogs, wikis, Twitter, Facebook) ouvrent une porte sur l'apprentissage à travers l'interaction avec les autres.

De nouvelles formes d'évaluation comprennent des analyses d'apprentissage et l’évaluation et la reconnaissance des acquis (ÉRA). Les analyses donnent aux étudiants et aux enseignants de l’information sur les progrès réalisés lors de l’apprentissage, tandis que l’ÉRA fournit une évaluation de diverses possibilités d'apprentissage, en les comparant à des titres de compétence officiels tel un diplôme. Toutes ces tendances auront dans le futur un impact sur l’apprentissage en ligne.

Le Canada est le siège administratif du COMMONWEALTH OF LEARNING, qui est situé à Vancouver et assure la répartition des expertises et des ressources des programmes d'apprentissage à distance entre les pays du Commonwealth.

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