Astronautes canadiens | l'Encyclopédie Canadienne

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Astronautes canadiens

Un astronaute est une personne qui participe à un vol au-delà de l’atmosphère terrestre. Depuis que le Conseil national de recherches du Canada a tenu sa première campagne de recrutement en 1983, 14 Canadiens ont complété des formations d’astronautes et 9 d’entre eux ont participé à 17 missions dans l’espace. (Voir aussi Agence spatiale canadienne.) Plus précisément, ils ont volé en tant que spécialistes de charge utile, spécialistes de mission et ingénieurs de vol à bord de la navette de la NASA et dans des expéditions à bord de la Station spatiale internationale (SSI). Les astronautes canadiens ont joué des rôles clés dans la réparation de satellites et la construction de la SSI en utilisant les technologies robotiques de Canadarm et Canadarm2, et ont fait progresser les connaissances scientifiques en menant de nombreuses expériences dans l’espace. (Voir aussi Robotique au Canada; Technologie spatiale.)

Contexte

Bien que le premier satellite de construction canadienne, Alouette 1, soit lancé en 1962, il faut attendre deux décennies avant que le Canada ne participe à des vols aérospatiaux habités. L’Union soviétique et les États-Unis ont été les pionniers des vols spatiaux : Yuri Gagarine, d’Union soviétique, est la première personne à conduire un vaisseau spatial orbitant autour de la Terre, lancé le 12 avril 1961, et John Glenn devient le premier Américain à orbiter autour de la Terre le 20 février 1962.

Premiers astronautes canadiens

Première équipe d'astronautes canadiens

En octobre et novembre 1983, après que la NASA a offert de faire voler des astronautes canadiens en tant que spécialistes de charge utile, un comité de sélection du Conseil national de recherches du Canada reçoit des candidats en entrevue. Six d’entre eux sont sélectionnés : Ken Money, physiologiste, ancien athlète olympique et pilote d’avion à réaction, Roberta Bondar, neurologue, professeure et ancien pilote, Marc Garneau, expert en électronique et commandant de la Marine canadienne, Steve MacLean, physicien et expert en lasers, Robert (Bob) Thirsk, ingénieur et médecin, ainsi que Bjarni Tryggvason, chercheur en aérodynamique et météorologie.

Deuxième campagne de recrutement

Le deuxième groupe d’astronautes du Canada est choisi en 1992, après un processus de sélection de cinq mois par l’Agence spatiale canadienne. Quatre astronautes sont retenus : Chris Hadfield, un « Top gun » des Forces armées canadiennes travaillant avec la marine américaine; Dave Williams, directeur des services d’urgence d’un hôpital de Toronto; Julie Payette, chercheuse en reconnaissance vocale par ordinateur chez Bell-Northern Research (voir Nortel); et Robert Stewart, professeur et chercheur en géophysique à l’Université de Calgary. Deux semaines après avoir été sélectionné, Robert Stewart quitte le programme de formation. Il est remplacé par Michael McKay, un capitaine des Forces armées canadiennes spécialisé dans le génie informatique et la robotique. En 1995, Michael McKay doit quitter le service d’astronaute actif pour des raisons médicales, mais il continue de travailler dans le programme d’astronautes, contribuant aux vols de navette canadiens jusqu’en 1997.

Troisième campagne de recrutement

En mai 2008, l’Agence spatiale canadienne lance une campagne de recrutement nationale pour trouver deux nouveaux membres du corps des astronautes canadiens pour représenter le Canada au cours des futures missions spatiales. L’Agence reçoit 5 351 candidatures. Le 13 mai 2009, elle annonce que le capitaine Jeremy Hansen, pilote de combat de LondonOntario, et David Saint-Jacques, un médecin de Saint-Lambert, au  Québec, sont sélectionnés, amenant à 12 le nombre d’astronautes canadiens. Ils s’entraînent à l’Agence spatiale canadienne, avant de suivre le programme de formation des astronautes au centre spatial Johnson de la NASA, où ils obtiennent leur certification en 2011. Ils sont les premiers astronautes canadiens recrutés depuis 1992.

Quatrième campagne de recrutement

La quatrième campagne de recrutement commence en juin 2016. L’Agence spatiale canadienne reçoit des réponses de 3 772 candidats de toutes les provinces et territoires. Les hommes représentent 68,9 % des candidats, les femmes 24 % et 7,1 % ont préféré ne pas révéler leur sexe. Les 72 meilleurs candidats du groupe sont sélectionnés pour entreprendre des tests d’aptitude centrés sur la pensée stratégique et la forme physique. Ce groupe est réduit à 32 candidats, qui sont testés pour évaluer leur habilité à répondre à des situations d’urgence. Finalement, 17 candidats complètent une troisième série d’examens pour évaluer leurs habiletés en robotique et en communications, en plus de subir des examens médicaux approfondis.

En juillet 2017, l’Agence spatiale canadienne annonce les noms des deux nouveaux astronautes en formation : Joshua Kutryk, ingénieur, pilote et lieutenant-colonel de l’Aviation royale canadienne, et Jenni Gibbons, ingénieure en mécanique, chercheure spécialisée en combustion et professeure adjointe. Ils entreprennent l’année même le programme de formation de deux ans des candidats astronautes à la NASA et sont diplômés en janvier 2020.

Joshua Kutryk et Jennifer Sidey

Critères de choix des astronautes

L’Agence spatiale canadienne recherche d’excellents scientifiques, ingénieurs ou médecins ayant des expériences diversifiées. Pour se qualifier, les candidats doivent démontrer de la créativité, de la polyvalence, un esprit d’équipe et de la curiosité. Les candidats doivent être citoyens canadiens ou résidents canadiens, en excellente santé et très bonne condition physique, et détenir des diplômes en médecine, génie, science ou sciences appliquées. Les candidats ne détenant qu’un baccalauréat doivent aussi avoir au moins deux années d’expérience professionnelle pertinente. Ils doivent également satisfaire aux exigences de taille (entre 149,5 cm et 190,5 cm) et de poids (entre 50 kg et 95 kg).


Canadiens dans l’espace

Années 1980 et 1990

En octobre 1984, Marc Garneau devient le premier Canadien dans l’espace sur le vol STS‑41‑G de la navette spatiale Challenger. À titre de spécialiste de charge utile, il réalise des expériences sur le mal des transports dans l’espace et prend des mesures de l’atmosphère terrestre. Il réalise également des tests préliminaires du Système de vision spatiale (SVS) canadien, un système d’imagerie par ordinateur conçu pour améliorer le contrôle et le fonctionnement dans l’espace des télémanipulateurs, comme le bras robotique canadien de la navette, le Canadarm.

Après un retard de plusieurs années des vols de navette, suite à l’explosion de Challenger 73 secondes après son décollage en 1986, Roberta Bondar vole à bord de la navette spatiale Discovery (STS‑42) en janvier 1992. Elle est la première femme canadienne et la première neurologue dans l’espace. Agissant en tant que spécialiste de charge utile pour des scientifiques un peu partout dans le monde, elle réalise des expériences en physiologie de l’espace (fonctionnement du corps humain dans l’espace) et en traitement des matériaux dans le module du Laboratoire international de microgravité, de construction européenne, transporté dans la soute de la navette.

Au milieu de l’année 1992, Chris Hadfield et Marc Garneau deviennent les premiers Canadiens à suivre un entraînement de spécialistes de mission. Contrairement aux spécialistes de charge utile, dont le rôle premier est de réaliser des expériences scientifiques, les spécialistes de mission sont responsables du fonctionnement des systèmes de la navette, incluant le bras canadien, et de réaliser des sorties extravéhiculaires. La formation de spécialiste de mission était réservée aux astronautes américains jusqu’en 1992, quand la NASA a ouvert le programme aux astronautes des autres pays participant à la construction de la SSI : le Canada, le Japon et les membres de l’Agence spatiale européenne.

En octobre 1992, Steve MacLean vole à bord de Columbia en tant que spécialiste de charge utile pour STS‑52. Il réalise des expériences en physiologie de l’espace, science atmosphérique et traitement de matériaux, mais son objectif premier est de tester le premier prototype du SVS en vol. Les tests se révèlent à ce point concluants que la NASA installe le système dans l’ensemble de sa flotte de navettes spatiales. En 1995, le SVS sera utilisé pour attacher le système d’amarrage de l’orbiteur à la navette Atlantis afin qu’elle puisse s’amarrer à la station spatiale russe Mir. Un perfectionnement du SVS, le ASVS, se révélera critique pour la construction de Canadarm2 et du système de service mobile sur la SSI.

En 1993, après presque un an d’entraînement de base, Chris Hadfield et Marc Garneau deviennent éligibles à participer à un vol. Chris Hadfield embarque sur la navette spatiale Atlantis (STS‑74) en novembre 1995, devenant le premier Canadien à voler en tant que spécialiste de mission et le premier à faire fonctionner le bras canadien dans l’espace. Il l’utilise pour mettre en place un module d’amarrage de construction russe qui reliera Atlantis à la station spatiale Mir et qui permettra aux deux équipes de se visiter dans leurs engins spatiaux respectifs. Chris Hadfield devient le premier Canadien à visiter la station spatiale russe.

Hadfield, Chris

Marc Garneau retourne dans l’espace en mai 1996 à titre de spécialiste de mission à bord de la navette spatiale Endeavor (STS‑77), devenant le premier Canadien à voler sur deux missions de la navette. Il réalise une série d’expériences scientifiques commanditées par le Canada et commande le Canadarm pour récupérer un satellite de son orbite.

Bob Thirsk vole en tant que spécialiste de charge utile à bord de la navette spatiale Columbia (STS‑78) en juin 1996 et passe 17 jours dans l’espace, le plus long séjour dans l’espace pour un Canadien à cette époque. Avec six coéquipiers, il réalise 43 expériences internationales en sciences de la vie et sciences des matériaux, dont des études sur la manière dont le corps réagit à la gravité.

En août 1997, Bjarni Tryggvason vole en tant qu’unique spécialiste de charge utile pour STS‑85 à bord de Discovery. Il teste un nouveau système antivibration pour protéger les expériences scientifiques appelé Support d’isolation contre les vibrations en microgravité (MIM). L’essai est une réussite, et l’innovation canadienne est ensuite adaptée pour être installée dans la SSI.

Dave Williams, le troisième Canadien choisi pour une formation de spécialiste de mission, en janvier 1995, joue ce rôle à bord de Columbia (STS‑90) en 1998. Pendant ce vol d’une durée de 16 jours, l’équipage de sept personnes mène 26 expériences de sciences de la vie où ils sont à la fois sujets et expérimentateurs. Ces expériences sont destinées à faire avancer la recherche en neurosciences et se concentrent sur les effets de la microgravité sur le cerveau et le système nerveux.

Julie Payette vole sur la navette spatiale Discovery en 1999 en tant que spécialiste de mission pour STS‑96. Elle et les autres membres de l’équipe sont les premiers à amarrer la navette à la SSI. Ils transportent aussi quatre tonnes d’équipement, et Julie Payette devient la première Canadienne à monter à bord de la Station.

Payette, Julie

Années 2000 et 2010

En novembre et décembre 2000, Marc Garneau accomplit son troisième vol, en tant que spécialiste de mission, à bord d’Endeavour (STS‑97). Un des principaux objectifs de la mission, d’une durée de 11 jours, est l’installation de panneaux solaires (de grands panneaux équipés de cellules à énergie solaire) sur la SSI. Marc Garneau utilise le Bras canadien pour les fixer à la Station. Puis, de l’intérieur de la navette, il coordonne les activités de deux membres de l’équipe qui complètent l’installation par des sorties extravéhiculaires. Tous les systèmes de la SSI sont actuellement alimentés par les panneaux solaires installés lors de cette mission.

En avril et mai 2001, Chris Hadfield agit en tant que spécialiste de mission pour STS‑100 à bord d’Endeavour. L’équipage transporte et installe Canadarm2, le nouveau bras robotique de construction canadienne, sur la SSI. (Contrairement à son prédécesseur, qui quitte la terre et y revient avec chaque vol de navette spatiale, Canadarm2 demeure sur la Station.) Chris Hadfield accomplit deux sorties extravéhiculaires durant la mission, devenant le premier Canadien à quitter un astronef et à flotter librement dans l’espace.

En 2004, Bob Thirsk reçoit une formation au Centre de formation des astronautes Iouri Gagarine près de Moscou, et obtient sa certification d’ingénieur de vol pour le vaisseau spatial Soyouz.

Steve MacLean reçoit sa seconde affectation en tant que spécialiste de mission pour STS‑115 sur la navette Atlantis (STS‑115) en septembre 2006. Il agit comme ingénieur de vol et directeur de la robotique pour la première mission consacrée à la construction de la SSI depuis le tragique accident de la navette Columbia en 2003, au cours duquel la navette s’est désintégrée en revenant sur Terre. Steve MacLean devient le premier Canadien à faire fonctionner Canadarm2 dans l’espace lors de l’installation de panneaux solaires et de structures de soutien de la station. Il devient aussi le deuxième Canadien à accomplir une sortie extravéhiculaire.

En 2007, Bob Thirsk entreprend une formation de capcom (personne chargée de communiquer avec la capsule) en Allemagne pour travailler au Centre de contrôle Columbus de l’Agence spatiale européenne (ASE). L’année suivante, il est affecté à l’Expédition 20/21 en tant qu’ingénieur de vol. L’expédition comprend un séjour de six mois à bord de la SSI durant la deuxième moitié de 2009, et Bob Thirsk devient le premier Canadien à participer à une mission de longue durée. Il est responsable de l’entretien et des réparations dans la Station et de réaliser des expériences scientifiques.

En juillet 2009, Julie Payette s’envole sur Endeavour (STS‑127) comme membre d’une mission qui termine la construction du module d’expériences japonais Kibo sur la SSI. Julie Payette commande également trois bras robotiques pendant son séjour de deux semaines. En juillet 2009, deux Canadiens se trouvent pour la première fois simultanément dans l’espace, puisque Bob Thirsk avait commencé son expédition sur la SSI quelques semaines auparavant.

En décembre 2012, Chris Hadfield décolle pour sa troisième mission dans l’espace, Expédition 34/35, où il commence par être ingénieur de vol à bord du vaisseau Soyouz. Durant la deuxième partie de son affectation de six mois, il devient le premier Canadien à commander la SSI. Entre autres responsabilités, il contribue à amarrer le vaisseau cargo Dragon de SpaceX à l’aide de Canadarm2.

David Saint-Jacques part pour sa première mission, une affectation de 204 jours à bord de la SSI, en décembre 2018. En plus d’être copilote du vaisseau Soyouz et ingénieur de vol pour Expédition 58/59, il est chargé de réaliser des expériences scientifiques, d’utiliser Canadarm2, d’accomplir des sorties extravéhiculaires, d’agir à titre d’officier médical et d’assurer le bon fonctionnement du laboratoire Columbus de l’Agence spatiale européenne. Jusqu’à maintenant, les 204 jours passés par David Saint-Jacques dans l’espace constituent la plus longue mission d’un astronaute canadien.

Années 2020

Jeremy Hansen, astronaute canadien, le 20 juillet 2019.

Le 3 avril 2023, l’Agence spatiale canadienne annonce que Jeremy Hansen a été sélectionné pour participer à la mission Artemis II, dirigée par la NASA. À bord de la navette spatiale Orion de la NASA, dont le lancement est prévu en septembre 2025, Jeremy Hansen et trois astronautes américains se placeront en orbite autour de la Lune. En tant que membre de l’équipage, Jeremy Hansen sera le premier astronaute canadien à voler autour de la Lune. Jenni Gibbons sera l’astronaute de relève pour cette mission.

Le 22 novembre 2023, l’honorable François-Philippe Champagne, ministre responsable de l’Agence spatiale canadienne, annonce que Joshua Kutryk est affecté à une mission de six mois à bord de l’ISS. Le lancement est prévu pour 2025, et Joshua Kutryk s’envolera à bord du vaisseau spatial Boeing CST-100 Starliner. Sa participation fait de lui le premier astronaute de l’Agence spatiale canadienne à faire partie du programme d’équipage commercial de la NASA. Il devient ainsi également le quatrième astronaute de l’Agence spatiale canadienne à participer à une mission de longue durée à bord de l’ISS.

Mots clés : astronautes canadiens

Spécialiste de charge utile

membre de l’équipe d’une navette spatiale responsable d’expériences scientifiques, de la cargaison ou d’objectifs de mission spécifiques.

Spécialiste de mission

membre de l’équipe d’une navette spatiale responsable du fonctionnement des systèmes de la navette, incluant le Canadarm, et de réaliser des sorties extravéhiculaires. Jusqu’en 1992, seuls les astronautes américains étaient admis à la formation de spécialiste de mission.

National Aeronautics and Space Administration (NASA)

L’agence spatiale américaine. L’Agence spatiale canadienne collabore avec la NASA depuis 1982 pour envoyer des astronautes canadiens dans l’espace à bord de missions dirigées par la NASA.

Système de transport spatial (STS)

Programme de navettes spatiales de la NASA. Les missions à bord des navettes spatiales de la NASA sont identifiées par l'abréviation STS suivi d’un numéro (par exemple STS‑77, STS‑99). Une mission de la navette spatiale dure habituellement entre une et deux semaines.

Expédition

Dans le contexte de l’exploration spatiale, une expédition est un séjour de longue durée (habituellement près de six mois) à bord de la Station spatiale internationale.

Liens externes