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Ustensiles ménagers

Les ustensiles ménagers sont des objets servant à la préparation des aliments ou au nettoyage des vêtements ou de l'ameublement de maison.

Ustensiles ménagers

Les ustensiles ménagers sont des objets servant à la préparation des aliments ou au nettoyage des vêtements ou de l'ameublement de maison. Pendant longtemps, après la colonisation du Canada, ce sont les artisans et les forgerons locaux (voir FORGE, OUVRAGE DE) qui fabriquent les ustensiles domestiques. Vers le milieu du XIXe siècle, on utilise des objets plus complexes qui sont pour la plupart importés de Grande-Bretagne et des États-Unis.

Ustensiles de cuisine

En général, de simples couteaux servent à la préparation des aliments (p. ex. pour peler et trancher les légumes, couper la viande). Les saucisses sont populaires puisqu'on peut les conserver, mais il est nécessaire de bien hacher la chair à saucisse et de bien la mélanger aux épices et aux assaisonnements pour assurer la saveur et la conservation. On se sert d'un bol en bois pour couper et mélanger, et on utilise un couteau dont le manche est derrière la lame plutôt qu'à son extrémité. Les couteaux à hacher brevetés sont inventés vers la fin du XIXe siècle. Ils sont munis de lames multiples ou amovibles.

Vers 1860, on importe les ustensiles mécaniques pour hacher la viande et les légumes. Ceux-ci sont composés de cylindres creux en fer munis de tiges rotatives dentées. À la fin du siècle, le broyeur d'aliments que l'on connaît fait son apparition. Il s'agit d'une tige rotative, ressemblant à une vis, qui coupe la viande et la pousse à travers une plaque fixe perforée, avec ou sans tranchants. Cette sorte de broyeur, semblable à ceux d'aujourd'hui, est brevetée au Canada en 1897 par L.T. Snow.

La chair à saucisse est généralement enveloppée dans un sac de tissu et conservée au frais jusqu'à son utilisation. Les colons d'origine allemande préfèrent leur façon traditionnelle de faire la saucisse (saucisse en chapelet). À l'aide d'un « canon à saucisse » (cylindre de métal muni d'un étroit orifice à une extrémité et d'un piston en bois à l'autre), ils poussent la viande hachée dans un sac fait d'une longueur d'intestin nettoyé. Les poussoirs à saucisse plus élaborés sont munis d'un piston et d'un levier. Certains sont en bois et fabriqués localement, mais c'est vers 1850 qu'apparaissent les poussoirs en fonte munis d'un levier ou d'une vis pour exercer une pression. Le sac qui contient la saucisse est noué à intervalles réguliers pour former le chapelet de saucisses.

Les trancheuses sont utilisées avec les légumes, surtout avec le chou servant à la préparation de la choucroute. La planche à trancher est munie d'une ouverture en diagonale dans laquelle est insérée une lame. On fait glisser le chou le long de la planche et les tranches émincées tombent par l'ouverture dans une casserole. De nos jours, des modèles en plastique de ce genre de trancheuse sont encore en usage.

Au XIXe siècle, on conserve souvent les pommes, abondantes au Canada, sous forme de tranches séchées. Cette méthode demande que le fruit soit pelé. On peut le faire manuellement à l'aide d'un couteau, mais cette méthode est lente. Très tôt, on voit donc apparaître les éplucheurs semi-mécaniques. Certains éplucheurs sont munis d'une fourchette (sur laquelle on pique la pomme) actionnée par une manivelle ou une poulie et on appuie le tranchant du couteau contre la pomme qui tourne.

En 1803, une machine à éplucher les pommes composée d'un couteau monté sur un bras avec un joint universel fait son apparition; elle sera fabriquée et utilisée au Canada jusque vers 1840. Vers 1849, de nombreuses machines à éplucher en métal sont inventées aux États-Unis, puis vite adoptées au Canada. La lame tranchante, fixée à une tige à filet ou à une série d'engrenages, permet à l'ustensile de couvrir toute la surface de la pomme, qu'une manivelle fait tourner. Plus tard, ces ustensiles seront munis d'un accessoire enlevant le coeur de la pomme et d'un bras retirant le fruit pelé.

Jusque vers 1830, la cuisson se fait dans le foyer ouvert, ce qui pose un problème de stabilité pour les ustensiles. Les théières et les marmites à ragoûts sont suspendues par leur anse courbée à une barre mobile appelée crémaillère. Plus efficace encore est le trépied, un cerceau de fer assez grand pour soutenir la marmite et posé sur trois pieds qui peuvent être placés directement sur le feu. Le trépied est parfois combiné à une poêle ou poêlon en fixant les pieds directement sous la poêle; cet assemblage s'appelle une araignée. On fait aussi des chaudrons avec pieds fixes.

La cuisson de la viande se fait sur un gril muni de barres de fer disposées parallèlement, assez rapprochées pour soutenir la viande, mais laissant assez d'espace pour qu'elle soit exposée aux flammes. Certains grils sont faits de barres creuses recueillant le jus de cuisson qui s'écoule vers un contenant situé à l'extrémité du gril. Ces grils reposent habituellement sur quatre pieds.

C'est généralement à l'aide d'une broche que l'on fait rôtir la viande dans le foyer. Celle-ci est constituée d'une tige de fer montée horizontalement et soutenue de chaque côté des flammes. On passe la tige de fer à travers la pièce de viande et, pour assurer une cuisson uniforme, on la fait tourner au-dessus du feu grâce à une manivelle ou une poulie à gorge. On rôtit aussi la viande en la suspendant au-dessus du feu par un crochet relié à la crémaillère. Pour assurer une cuisson uniforme, on utilise un tournebroche, c'est-à-dire un puissant mécanisme d'horlogerie enfermé dans un cylindre en cuivre qui fait tourner automatiquement la viande.

Dans les années 30, l'avènement du poêle à bois modifie fondamentalement les techniques et les ustensiles de cuisine. On peut dorénavant poser les marmites, casseroles et poêlons sur une surface solide et contrôler le degré de chaleur en changeant leur position sur le dessus du poêle. Si on a besoin d'une flamme directe, on enlève un des ronds et on place le récipient directement au-dessus du feu. Le poêlon sans pieds, maintenant appelé poêle à frire, est muni d'une poignée solide conçue pour soulever plutôt que pour suspendre. Les grils et les grille-pain peuvent être placés directement au-dessus d'un rond ouvert, et on modifie le périmètre à la base des théières pour qu'elles puissent tenir dans l'espace prévu à cette fin.

Le changement le plus important est le passage du foyer à la cuisson dans le fourneau du poêle. Pour faire chauffer le premier, on doit allumer un feu à l'intérieur puis le retirer afin d'y introduire la nourriture. Le fourneau, quant à lui, tire directement sa chaleur de la chambre de combustion, ce qui réduit le temps de cuisson et permet de mieux contrôler la température. On peut y cuire les gâteaux, les tartes, les biscuits et le pain et on utilise des plats et des moules spécialement conçus à cet effet. On peut aussi rôtir la viande au fourneau en utilisant de grandes rôtissoires à couvercle.

À cette époque, le repas est généralement servi dans des assiettes en POTERIE D'ÉTAIN, un alliage de plomb et de fer blanc. L'étain, tel qu'on le trouve aujourd'hui, présente cette couleur grisâtre ternie par les ans, tandis qu'au moment où on l'utilisait, on le polissait régulièrement avec des cendres de bois. Les cuillères en étain sont coulées dans des moules en fer. Les fourchettes et les couteaux sont faits en acier et munis d'un manche en bois solidement fixé. Pour empêcher les couteaux de table de ternir ou de rouiller, on les frotte sur une brique abrasive (bloc de terre cuite).

Lessive

Le passage du foyer au poêle modifie aussi les techniques et les ustensiles pour laver le linge. Les grandes quantités d'eau nécessaires au lavage peuvent dorénavant être chauffées sur le poêle dans un chaudron à lessive, bassin en métal, de forme ovale, muni d'un couvercle amovible. On dépose le linge sale et le savon dans l'eau bouillante et à l'aide d'un bâton en bois ou de pinces, on brasse le tout. On procède ensuite au véritable lavage dans un bassin circulaire posé sur une table basse. Le bassin peut être en métal, mais il peut aussi s'agir de la moitié d'un tonneau. La planche à laver traditionnelle sert toujours; c'est une surface ondulée sur laquelle on frotte le linge vigoureusement. Après le lavage, on rince le linge dans de l'eau claire en utilisant le même bassin.

Ce frottage est éreintant et il est plus facile d'utiliser une ventouse, qui est une sorte d'entonnoir renversé fait de métal et rattaché à l'extrémité d'un bâton. Par un mouvement de haut en bas de la ventouse, l'eau savonneuse passe à travers le tissu. De nouvelles ventouses (modèle double) sont brevetées dans les années 1880. En 1890, Isaac Shupe, de Newmarket, en Ontario, invente un modèle de ventouse très ingénieux. La ventouse de Shupe est munie d'une tête conique qui s'étend vers le haut sous la forme d'un tube contenant un piston chargé par un ressort et une valve. On verse le savon dans le tube et, lors du mouvement vers le bas de la ventouse, la valve se ferme et l'eau est poussée à travers les vêtements; lors du mouvement vers le haut, la valve s'ouvre pour faire sortir le savon.

Des instruments de lavage plus complexes combinent un bassin et un manipulateur. Le manipulateur peut consister en une série de lamelles rotatives (breveté par Raulston, en Ontario, en 1884) ou il peut s'agir d'un agitateur rotatif alternatif (breveté par Cadran, au Québec, en 1885). Le dernier mécanisme existe encore aujourd'hui dans les lessiveuses automatiques.

Avant d'être séché, le linge est d'abord essoré. Au début du XIXe siècle, on ne tord plus le linge à la main. On le fait plutôt passer entre deux rouleaux pour enlever l'excédent d'eau. Ces essoreuses à rouleaux seront combinées aux premières lessiveuses électriques.

Au XIXe siècle, le repassage connaît une intéressante évolution. À l'époque des foyers ouverts, les fers à repasser ne peuvent être chauffés directement sans que leur surface de contact ne se salisse. C'est pourquoi ils sont creux et munis d'une surface amovible qui peut être chauffée séparément puis replacée sur le fer. Par contre, les fers chauffés directement sur le poêle à bois peuvent être d'une seule pièce, mais la poignée est alors trop chaude pour qu'on puisse la tenir. En 1872, Florence Potts de l'Iowa, qui a déjà inventé le fer à double pointe, résout le problème. La poignée des fers à repasser Potts, faite de bois et de forme semi-circulaire, est détachable grâce à un loquet en métal situé à sa base et qui peut être activé en soulevant un petit bouton sur le dessus du fer. Plusieurs fonderies canadiennes fabriquent les fers Potts. D'autres fers à repasser à poignée détachable sont brevetés à la fin du XIXe siècle, mais ils ne connaîtront pas le succès des fers Potts.