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Scott Symons

​Hugh Brennan Scott Symons, écrivain (né le 13 juillet 1933 à Toronto, en Ontario; décédé le 23 février 2009 à Toronto, en Ontario).

Hugh Brennan Scott Symons, écrivain (né le 13 juillet 1933 à Toronto, en Ontario; décédé le 23 février 2009 à Toronto, en Ontario). Pionnier de la littérature LGBT au Canada, Scott Symons est surtout connu pour les romans Place d’Armes (1967) et Civic Square (1969), ainsi que pour son ouvrage portant sur les meubles canadiens, Heritage: A Romantic Look at Early Canadian Furniture (1971).

Enfance et éducation

Hugh Brennan Scott Symons est le cinquième d’une famille de sept enfants à la tête de laquelle se trouvent le major Harry et Dorothy Symons. La famille est bien connue dans le quartier torontois de Rosedale. Après avoir terminé l’école primaire à Rosedale, Scott Symons est envoyé au Trinity College School, une école privée pour garçons à Port Hope, en Ontario. Il y obtient des résultats excellents, mais n’arrive pas vraiment à s’intégrer. Il se met à la gymnastique, un sport qui convient parfaitement à sa nature intense et solitaire. Lors d’un entraînement nocturne, il chute de la barre fixe et se fracture le dos, une blessure qui l’immobilisera dans des plâtres plusieurs mois durant. Sa blessure, ainsi que l’atmosphère du pensionnat, qu’il trouve de plus en plus étouffante, le pousse à terminer ses études secondaires aux écoles de l’Université de Toronto.

Une fois son diplôme d’études secondaires en poche, Scott Symons entre au Trinity College, de l’Université de Toronto, comme cadet de la marine. En 1955, il obtient un baccalauréat en histoire moderne. Il entre ensuite au King’s College, de Cambridge, en Angleterre, grâce à une bourse d’études. Malgré ses parents qui le poussent vers l’économie ou le droit, il choisit d’étudier l’anglais sous la tutelle du renommé critique littéraire F.R. Leavis. À Cambridge, Scott Symons se fiance à Judith Morrow, son amie depuis la petite enfance également issue d’une famille torontoise aisée. Il obtient son diplôme de Cambridge en 1957 et revient à Toronto pour travailler comme journaliste au Telegram. Il épouse sa fiancée le 1er mars 1958.

Après deux mois de mariage, le couple déménage à Québec, où Scott Symons trouve un emploi au journal de langue anglaise Chronicle-Telegraph. Rapidement, il se met à côtoyer les cercles d’intellectuels québécois et devient même le premier non-francophone et non-catholique à être invité à rejoindre les rangs de la Société Saint-Jean-Baptiste. En 1959, le couple part vers Paris étudier le français et sa littérature à la Sorbonne. Un an plus tard et un fils nouveau-né dans les bras, ils déménagent à Montréal, où Scott Symons accepte un emploi à La Presse. C’est là qu’il rédige quelque 25 articles qui prédisent l’émergence de la Révolution tranquille, une série qui lui vaut le Prix national de journalisme. Il prétendra d’ailleurs avoir créé ce fameux terme.

En 1961, Scott Symons et sa famille repartent vers Toronto. Là, il prend le mandat de conservateur adjoint de la collection Canadiana du Musée royal de l’Ontario. Trois ans plus tard, il devient professeur adjoint en arts plastiques à l’Université de Toronto.

Milieu de carrière

De moins en moins satisfait en amour et dans sa carrière, Scott Symons décide de revenir à Montréal en 1965, cette fois-ci sans femme ni enfant. Il loue une petite chambre dans un hôtel de la Place d’Armes où, en 21 jours, il rédige le premier brouillon d’un roman qu’il va faire publier sous le titre Place d’Armes. Ce roman raconte l’histoire de Hugh Anderson, jeune homme au passé presque identique à l’auteur qui a abandonné sa famille pour écrire un roman portant sur la Place d’Armes : « Un roman qui brillait d’amour, de son amour pour sa communauté, pour sa nation, pour son peuple ».

Place d’Armes est un roman qui allie les entrées de journal intime, ainsi que des passages narrés à la première et à la troisième personne, tous imprimés dans des polices d’écritures différentes. Bien qu’une grande partie du roman s’affaire à critiquer de façon plus ou moins cohérente la culture anglo-canadienne, Place d’Armes est surtout connu pour les passages où Hugh Anderson raconte de façon explicite ses aventures avec des prostitués canadiens-français. En effet, le fait que l’on dresse des portraits aussi francs de la sexualité homosexuelle est une chose encore inédite dans la littérature canadienne de l’époque.

Place d’Armes est publié en 1967 et reçoit des critiques plutôt tièdes. La plus sévère d’entre elles vient sans conteste de Robert Fulford, du Toronto Star, qui juge que Hugh Anderson est « le personnage le plus repoussant de l’histoire de la littérature canadienne ». Lorsque le roman est publié, Scott Symons a déjà abandonné sa famille au profit de John McConnell, son amant de 17 ans issu d’une famille huppée de Rosedale. Pendant un moment, ils résident dans des camps de bûcherons en Colombie-Britannique et au Mexique. Les parents de John McConnell, croyant que Scott Symons a kidnappé leur fils, envoient la Gendarmerie royale du Canada à ses trousses. Les poursuites sont toutefois abandonnées après que le jeune John McConnell a appelé ses parents et les a menacés de se suicider si jamais ils faisaient enfermer l’écrivain.

Scott Symons revient à Toronto pour accepter le prix Beta Sigma Phi du meilleur premier roman canadien pour Place d’Armes.

Le second roman de l’écrivain, Civic Square, est publié en 1969. S’étalant sur près de 900 pages, le roman est un recueil de lettres polémiques et grincheuses adressées au mystérieux « Cher lecteur ». L’ouvrage est imprimé en tirage limité, emballé dans une boîte bleue, et décoré à chaque page de dessins d’oiseaux, de fleurs et de phallus faits par l’auteur lui-même. Un tirage plus conventionnel est imprimé par Dundurn Press en 2007.

En 1971, Scott Symons publie Heritage: A Romantic Look at Early Canadian Furniture, un livre d’art qu’il décrit comme « un voyage personnel au cœur des croyances des premiers Canadiens ». Dans son introduction, Scott Symons écrit : « Connaître ses meubles, c’est se connaître soi-même ».

Dernières années et fin de carrière

En 1973, Scott Symons quitte le Canada pour Essaouira, au Maroc. Il y passera la majorité des dernières années de sa vie. En 1986, il publie son troisième et dernier roman, Helmet of Flesh, situé au Maroc et suivant l’évolution de York Mackenzie, un autre sosie de Scott Symons qui délaisse ses valeurs canadiennes étouffantes et se découvre à travers les joies de l’érotisme homosexuel. Tout comme Place d’Armes, Helmet of Flesh est partiellement constitué d’entrées de journal intime. Il se concentre sur la relation entre York Mackenzie et un jeune marocain nommé Kebir.

Scott Symons retourne brièvement au Canada en 1986 pour la publication de Helmet of Flesh, puis encore une fois en 1998 pour le lancement de God’s Fool, un documentaire dont il est l’objet réalisé par Nik Sheehan. En 2000, pour des raisons financières et de santé, il rentre de façon permanente à Toronto.

Prix

Scott Symons a reçu le Prix national de journalisme pour une série d’articles publiés dans La Presse de 1960 à 1961. Son premier roman, Place d’Armes, lui a valu le prix Beta Sigma Phi du meilleur premier roman canadien.