Poisson plat | l'Encyclopédie Canadienne

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Poisson plat

« Poisson plat » est le nom commun des poissons appartenant à l’ordre des Pleuronectiformes. On en compte 14 familles et plus de 800 espèces dans le monde. Les eaux canadiennes abritent environ 39 espèces issues de 5 familles : Pleuronectidés, Bothidés, Paralichthyidés, Scophthalmidés et Cynoglossidés. Les poissons plats qu’on connaît bien au Canada sont le flétan, la plie, la sole et le turbot. Parmi leurs caractéristiques distinctives, les poissons plats ont les deux yeux du même côté de la tête.

Plie rouge (Pseudopleuronectes americanus)

Description

Les poissons plats sont ainsi appelés en raison, bien sûr, de leur forme aplatie. Leurs autres caractéristiques sont la présence des deux yeux du même côté de la tête et la nageoire dorsale qui s’étire jusqu’à l’arrière du crâne. Au‑delà de ces traits communs, la taille et la forme varient énormément. Par exemple, certaines espèces tropicales mesurent moins de 5 cm de longueur, tandis que le flétan de l’Atlantique peut faire plus de 2 m et peser plus de 300 kg. Chez certains poissons plats, dont ceux de la famille des Bothidés, les nageoires latérales ‒ ou pectorales ‒ se déploient en motifs des plus élaborés, tandis que leurs cousins cynoglossidés en sont entièrement dépourvus. Dans la famille des Pleuronectidés, qu’on trouve principalement dans les eaux nord-américaines, les bouches sont grandes et dentées, tandis que d’autres poissons plats, comme les soles des eaux européennes, ont des mâchoires très petites et hautement spécialisées.

Répartition et habitat

De par le monde, on trouve des poissons plats en eau salée, en eau douce et en milieu saumâtre. Les espèces d’eau salée vivent le long des plateaux continentaux, dont sur les côtes canadiennes du Pacifique et de l’Atlantique. Les espèces d’eau douce habitent les lacs, les fleuves et les rivières. Au Canada, cependant, on ne trouve aucune espèce qui vit uniquement en eau douce, quoique beaucoup d’espèces tolèrent ce milieu et remontent à l’occasion les cours d’eau depuis les côtes. La famille des Pleuronectidés est la plus répandue dans les mers froides de l’hémisphère Nord, et la mieux représentée au Canada. Elle compte de nombreuses espèces de grande valeur commerciale, comme le flétan de l’Atlantique (Hippoglossus hippoglossus), le flétan du Pacifique (Hippoglossus stenolepis), la plie canadienne (Hippoglossoides platessoides) et la plie rouge (Pseudopleuronectes americanus). Une espèce, le flet d’Europe (Platichthys flesus) a été introduite accidentellement dans les lacs Supérieur et Érié. (Voir aussi Espèces envahissantes au Canada : animaux.)

Plie canadienne (Hippoglossoides platessoides)

Développement et reproduction

La plupart des poissons plats produisent des œufs pélagiques, c’est‑à‑dire qu’ils flottent librement dans l’eau au lieu de couler au fond. Au début de leur vie, les larves ont les yeux de chaque côté de la tête. Au bout d’environ 14 jours, un œil migre vers le haut et par-dessus la tête pour passer de l’autre côté. De nombreuses espèces de poissons plats sont classées selon l’œil qui se déplace : on les dit senestres si les yeux se retrouvent du côté gauche et dextres si c’est du côté droit. Pour d’autres espèces des poissons plats par contre, l’œil droit peut migrer chez certains individus et l’œil gauche chez d’autres. Quoi qu’il en soit, le côté qui se retrouve sans œil repose sur le fond marin et devient le « côté aveugle », généralement blanc. Ainsi transformé, l’adulte adopte un mode de vie benthique, c’est‑à‑dire qu’il passera le reste de sa vie au fond de l’eau. Il garde les yeux tournés vers le haut et peut les faire saillir de sa tête à l’aide d’un muscle particulier, le recessus orbitalis. Relativement camouflé sous les débris du fond, il « ouvre un œil » sur sa proie, littéralement. Autre adaptation à la vie benthique, les poissons plats perdent leur vessie gazeuse, un organe qui aide à régler la flottabilité des poissons, durant leur métamorphose.

Régime alimentaire et prédation

Carnivores, les poissons plats se nourrissent d’autres poissons, de crustacés, de mollusques et d’invertébrés. Les scientifiques croient qu’ils se sont adaptés à avoir les deux yeux du même côté et à vivre au fond de l’eau pour mieux se mettre à l’affût de leurs proies. De nombreuses espèces, outre qu’elles peuvent se dissimuler sous le sable et les cailloux des fonds marins, possèdent des chromatophores qui sont des cellules spéciales qui contiennent des pigments et des fibres contractiles. Ces cellules aident au camouflage en changeant la couleur et le motif des écailles pour les faire correspondre au milieu environnant.

Flétan du Pacifique

Relation avec les humains

Les poissons plats pêchés au Canada atlantique viennent du golfe du Saint-Laurent, des Grands Bancs de Terre-Neuve et de la plateforme néo-écossaise au large de la Nouvelle-Écosse. Les pêcheries de l’Atlantique Nord sont en déclin depuis la fin des années 1980, une tendance nettement plus marquée dans le nord-ouest de l’Atlantique, et qui pourrait s’aggraver encore sous l’effet du changement climatique. Le flétan du Pacifique, le plus grand poisson plat du monde, est largement exploité sur la côte ouest du Canada. Cette pêcherie est gérée conjointement avec les États-Unis par la Commission internationale du flétan du Pacifique.

Enjeux et changement climatique

C’est dans l’Atlantique Nord, qui concerne aussi le Canada, que le changement climatique menace le plus les populations de poissons plats. La température est l’un des principaux facteurs qui influencent la répartition géographique et l’abondance des espèces marines. Plus elle augmente, plus l’eau des océans se réchauffe et moins elle s’oxygène. La baisse consécutive du pH affecte la croissance et la reproduction des espèces marines et laisse présager une diminution de la taille moyenne des poissons plats. Si la hausse des températures se maintient, on prévoit que les poissons plats de l’Atlantique Nord et du Pacifique migreront vers des eaux plus profondes à des latitudes plus élevées.

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