Perreault, Jean-Pierre | l'Encyclopédie Canadienne

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Perreault, Jean-Pierre

En 1981, après avoir suivi Le Groupe à Ottawa, il abandonne la codirection et retourne à Montréal comme chorégraphe indépendant et professeur de danse.
Perreault, Jean-Pierre
Perreault essaie de faire tomber les barri\u00e8res entre les différentes formes d'art en utilisant des danseurs comme chanteurs et musiciens pour produire une forme d'oeuvre d'art intégrée (photo de Michael Slobodian).

Perreault, Jean-Pierre

Jean-Pierre Perreault, danseur, chorégraphe, scénographe, directeur artistique, professeur (Montréal, 16 févr. 1947 - Montréal, 4 déc. 2002). Alors qu'il songe à devenir artiste visuel, il change d'idée à l'âge de 19 ans, lorsqu'il commence sa formation en danse avec LE GROUPE DE LA PLACE ROYALE, la troupe de Jeanne RENAUD et Peter BONEHAM. En 1966, il démarre en trombe sa carrière dans la danse ; il étudie la danse classique comme la danse moderne et devient professeur en 1968. À partir de 1971, il codirige la compagnie et son école. Les Bessons (1972) est la première des 23 oeuvres très expérimentales qu'il crée pour la compagnie. Perreault ne craint pas la controverse, et sa préoccupation de briser les barrières entre les disciplines artistiques est manifeste.

En 1981, après avoir suivi Le Groupe à Ottawa, il abandonne la codirection et retourne à Montréal comme chorégraphe indépendant et professeur de danse. Trois ans plus tard, il fonde sa propre compagnie, la Fondation Jean-Pierre Perreault, et commence à créer les oeuvres à grande échelle, si typiques de toute sa production par la suite. En 1983, il crée Joe, une oeuvre pionnière pour 32 danseurs, qui a été montée de nombreuses fois. Sombre au point d'être déprimante, mais émouvante d'humanité, cette pièce fait valoir les espoirs et les peurs de la foule anonyme qui escalade une scène en pente raide à la poursuite d'insaisissables rêves. Perreault crée des chorégraphies, des décors, des costumes et des « musiques » minimalistes. Ces dernières sont en fait des rythmes créés par la marche militaire de danseurs chaussés de bottes. La plupart de ses oeuvres subséquentes reprennent quelques éléments de Joe.

Même si le gigantisme de Perreault est coûteux à déplacer, les oeuvres de monsieur Perreault sont appréciées partout en Europe, aux États Unis et au Canada ; Nuit (1986) et La Vita (1993) tournent surtout en Europe.

En 1991, Perreault crée Flykt (Le Vol) pour le Ballet Cullberg de Suède. Il réalise également deux pièces extérieures pour sites spécifiques : Piazza (1998) pour le First New York International Festival of the Arts et L'Événement Autoroute '86 pour l'Exposition universelle de Vancouver, en 1986. En 1996, l'adaptation télévisuelle de Joe, réalisée par Bernard Picard, remporte le prix de ''la meilleure adaptation studio'', lors de la 8e édition du Grand Prix International de Vidéo Danse, en France. Toujours cette même année, Perreault fusionne sa troupe avec celle de Chrissie Parrott de Perth, en Australie, où il crée Eironos. Les Années de Pèlerinage, première pièce de Perreault sur une musique déjà existante (de Liszt), sont créées en 1996. L'an 1997 annonce la première montréalaise d'Eironos qui, tout comme Les Années de Pèlerinage, a grandement tourné en Europe.

Eironos, une grande oeuvre rejoint dans la lignée, celles du Cycle Adieux, un ensemble de pièces imposantes comprenant Îles (1993), Adieux (1993), La Vita (1993) et L'Instinct (1994). Cette dernière est la première de trois installations chorégraphiques (avec Les Éphémères, en 1997, et Les Ombres, en 2001) où l'action se poursuit durant plusieurs heures, pendant une quinzaine de jours. Les spectateurs entrent et sortent à volonté des loges individuelles desquelles ils observent, assis, les danseurs puiser aléatoirement - semble-t-il - dans le répertoire Perreault.

Toutes les chorégraphies de Perreault prennent naissance dans le dessin et la peinture. Ces dessins chorégraphiques ont fait l'objet de plusieurs expositions solos à travers le monde, de Stockholm à Édimbourg, en passant par Anvers et Québec. En 1998, les recettes du spectacle A Brush with Dance contribuent à la reconstruction de l'édifice qui abritera le siège de la compagnie, une église délabrée qui devient, en 2001, l'Espace chorégraphique. L'Espace, qui a coûté 4 millions de dollars, comprend un petit studio-théâtre et une grande scène pouvant accueillir les spectacles à grand déploiement de Perreault. L'Espace chorégraphique sert d'abord les projets du chorégraphe, mais permet également la présentation d'événements tels L'Espace dynamique, explorations danse et architecture. Nuit, une version exclusivement féminine de Joe, est montée en 2002. Tout au long de sa carrière, Perreault crée aussi de nombreuses oeuvres pour des artistes indépendants tels Marc Boivin, Lucie Boissinot, Paul-André FORTIER et Daniel Soulières, entre autres.

Les documents télévisuels autour de Perreault comprennent Joe, réalisé par Bernard Picard pour Radio-Canada en 1996, ainsi que différents portraits. En 1996 toujours, l'OFFICE NATIONAL DU FILM commande à Perreault une chorégraphie pour le film L'Odyssée sonore, réalisé par Louis Richard.

En 1990, Perreault reçoit le Prix Jean A. Chalmers de chorégraphie et, en 1991 et 1993, le Grand Prix en danse du Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal. Ce dernier accorde à L'EXIL-L'OUBLI le Grand Prix d'excellence 1999. En 1996, Perreault reçoit le Prix Jean A. Chalmers de distinction en chorégraphie, une récompense qui souligne l'ensemble de son oeuvre.

Jean-Pierre Perreault fait l'objet d'un livre : Jean-Pierre Perreault, chorégraphe (Les Herbes rouges,1991), traduit en anglais sous le titre : Jean-Pierre Perreault, Choreographer (DANCE COLLECTION DANSE, 1992).