Paul Triquet, V.C. | l'Encyclopédie Canadienne

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Paul Triquet, V.C.

Paul Triquet, V.C., officier de l’armée, héros de guerre, directeur des ventes (né le 2 avril 1910 à Cabano, au Québec; décédé le 4 août 1980 à Québec, au Québec). Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Paul Triquet a été le premier Canadien à recevoir la Croix de Victoria (V.C.) lors de la campagne d’Italie.

Major Paul Triquet, V.C.
Major Paul Triquet, V.C., Royal 22e Régiment, Ville de Québec, Québec, Canada, le 12 avril 1944.
(avec la permission du Canada, Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada / PA-157376)

Premières années

Paul Triquet est le quatrième d’une famille de dix enfants qui a une forte tradition de service militaire. À 11 ans, il rejoint le corps de cadets de l’armée que son père a fondé. Il quitte la maison à 14 ans et travaille dans des scieries et des camps de bûcherons. Il tente de rejoindre le Royal 22e Régiment (les « Van Doos ») à Québec à l’âge de 15 ans, mais est refusé parce qu’il est mineur. Il revient deux ans plus tard, en 1927, prétend avoir 19 ans et s’engage comme simple soldat dans la minuscule Force permanente de l’armée.

Service militaire

Paul Triquet trouve sa nouvelle maison dans l’armée. Il saute l’entraînement des recrues et devient sous-officier. Après le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale en septembre 1939, les Van Doos se déploient en Angleterre en décembre au sein de la 1ère Division d’infanterie canadienne. Paul Triquet devient alors sergent-major de régiment et, en mars 1941, est commissionné comme lieutenant.

Paul Triquet débarque avec son régiment en Sicile en juillet 1943. Ils atteignent l’Italie continentale en septembre. En cours de route, il est promu capitaine, puis major en novembre (bien qu’il n’ait connaissance de sa promotion au grade de major qu’à la mi-décembre). Les Van Doos se frayent un chemin jusqu’à la botte italienne et, début décembre, approchent de certaines des batailles les plus difficiles à mener pour impliquer la 1ère Division. (Voir Le Canada et la campagne d’Italie.) 

Bataille d’Ortona

L’avance canadienne vers la ville côtière d’Ortona est stoppée net par les troupes allemandes. Les Allemands défendent un ravin de cinq kilomètres de long, étroit, profond et à flanc escarpé, connu comme étant « le Ravin ». Ce formidable obstacle est une barrière naturelle à l’avancée de la 1ère Division, commandée par le major général Chris Vokes. Les attaques répétées contre le Ravin ne parviennent pas à déloger l’ennemi.

Alors que ces attaques stagnent, des attaques de flanc à plus petite échelle indiquent une autre approche possible : une de l’ouest vers une ferme solide connue sous le nom de Casa Berardi, puis vers un important carrefour dont le nom de code est « Cider ». Le major général Vokes ordonne aux Van Doos d’attaquer la ferme. À l’insu des Canadiens, de nouvelles troupes allemandes sont arrivées cette nuit-là, laissant Casa Berardi défendue par une puissante force d’infanterie et de chars. (Voir Bataille d’Ortona.)  

Officiers à Ortona
Officiers du Royal 22e Régiment, à San Leonardo di Ortona en Italie, le 26 janvier 1944. De gauche à droite : le lieutenant J. A. Girolani; le major Paul Triquet; les lieutenants F. Hogan, J. LeClerc, Y. Beaulieu, P. Larochelle, R. Larin et M. Couter; les capitaines Y. Dubé et P. Potvin; le lieutenant P. Fuchette, le capitaine C. Chatillon et les lieutenants J. P. Chautte et R. Dussault.
(photo de lt. Dwight E. Dolandu, avec la permission du Canada, Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada /  PA-171259)

Héroïsme à Casa Berardi

Le 14 décembre, les compagnies C et D, avec les chars Sherman de l’Ontario Regiment en soutien, reçoivent l’ordre de traverser le Ravin et de capturer Casa Berardi. L’attaque commence mal. Paul Triquet part avec la compagnie C avant que les chars n’arrivent à traverser la boue épaisse, et la compagnie D est désorientée dans la confusion du terrain. Sept chars de l’Ontario Regiment arrivent peu après, mais l’un d’entre eux est incapacité par un char allemand.

La compagnie D ayant disparu, le petit groupe de 50 hommes de Paul Triquet et six chars d’assaut ontariens se retrouvent seuls. Alors qu’ils s’approchent de Casa Berardi, ils doivent affronter le feu nourri des mitrailleuses et des mortiers. À 1 500 mètres de la ferme, la compagnie C a été réduite à deux pelotons de 15 hommes, soutenus par quatre Shermans restants. Malgré tout, la minuscule force continue d’avancer, encouragée par le leadership de Paul Triquet.

À 14 heures, avec seulement 14 hommes restants, l’avance de Paul Triquet et de ses hommes s’arrête à moins de 200 mètres de Casa Berardi. Les chars de l’Ontario Regiment lancent des bombes fumigènes pendant que les Van Doos chargent, atteignent les murs de pierre de la ferme et chassent les Allemands restants. À 15 h 30, les hommes de Triquet ont capturé Casa Berardi. Surpassés en nombre et en armement, avec des munitions et des réserves d’eau limitées, Paul Triquet, une poignée d’hommes et quatre chars tiennent bon toute la nuit contre les contre-attaques allemandes répétées jusqu’à l’arrivée des renforts le lendemain.

Une phrase célèbre prononcée par Paul Triquet au cours de cette bataille est entrée dans le lexique de l’armée. En avançant avec sa compagnie, il crie : « Il y a des ennemis devant nous, derrière nous et sur nos flancs. Il n’y a qu’un seul endroit sûr, c’est-à-dire notre objectif ». Pour son « leadership déterminé et pour avoir donné l’exemple » lors de la capture puis de la défense de Casa Berardi, Paul Triquet reçoit la Croix de Victoria des mains du roi George VI au palais de Buckingham le 27 mars 1944. 

Major Paul Triquet, V.C.
Major Paul Triquet, V.C., Royal 22e Régiment, s’exprimant lors de l’ouverture de la campagne du 6emprunt de la Victoire, Ottawa, Ontario, Canada, le 22 avril 1944. Le très honorable Mackenzie King, premier ministre du Canada, est assis derrière le major Triquet.
(avec la permission du Canada, Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada / PA-171259)

Vie et carrière d’après-guerre

Le personnel des relations publiques de l’armée est désireux d’utiliser les exploits de Paul Triquet pour soutenir l’effort de guerre. Cependant, Paul Triquet n’est pas à l’aise de s’adresser à un large public, surtout dans son anglais approximatif. Tout ce qu’il veut faire, c’est retourner à son régiment et à la guerre. Après la guerre, de telles pressions conduisent Paul Triquet, alors lieutenant-colonel, à boire beaucoup, ce qui lui vaut une retraite forcée en 1947.

Paul Triquet devient directeur commercial d’une entreprise de produits forestiers et reste proche de ses camarades de l’armée. Lorsque la guerre de Corée éclate en 1950, il se porte volontaire pour le service, mais est refusé. Paul Triquet a alors surmonté son problème d’alcool, a rejoint la réserve et est devenu commandant du Régiment de Lévis. Il est ensuite promu colonel et prend sa retraite en tant que brigadier en 1960. Après plusieurs années de santé déclinante, Paul Triquet meurt en 1980. Après des funérailles militaires, ses cendres sont inhumées dans la chapelle commémorative de la Citadelle de Québec, le domicile de son régiment bien-aimé.

Héritage

Le monument des Valeureux est une collection de neuf bustes et de cinq statues sur la place de la Confédération à Ottawa, représentant des personnages clés de l’histoire militaire canadienne. L’un des bustes est celui de Paul Triquet. Un autre buste de Triquet se trouve dans la Citadelle.

Des plaques commémoratives en l’honneur de Paul Triquet sont placées à Québec, à Montréal et à Calgary, ainsi qu’une autre plaque et un monument à Casa Berardi. Des rues de Québec et de Cabano, ainsi qu’un sentier dans le cimetière du Champ d’honneur, à Pointe-Claire, au Québec, portent son nom. Son nom figure également sur un mémorial de la Croix de Victoria au cimetière York, à Toronto

Un îlot au large des côtes de la Colombie-Britannique a été nommé « île Triquet » en son honneur. La Maison Paul-Triquet est un établissement de soins de longue durée pour les anciens combattants à Sainte-Foy, en banlieue de Québec.

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