Orpheum Theatre | l'Encyclopédie Canadienne

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Orpheum Theatre

Inauguré en 1927, le théâtre Orpheum, de Vancouver, a d’abord été un palais du cinéma et une salle de vaudeville. Pendant de nombreuses années, il a été le plus grand et le plus opulent théâtre au Canada. Salle de concert et joyau architectural très apprécié, le théâtre de 2 688 sièges, situé au 884, rue Granville, a été revitalisé au milieu des années 1970 et désigné lieu historique national en 1979. Exploité par le groupe Vancouver Civic Theatres, il est encore aujourd’hui l’une des plus prestigieuses salles de concert au Canada. Un large éventail d’œuvres classiques et contemporaines y sont présentées. L’Orchestre symphonique de Vancouver (OSV) y réside en permanence. De plus, le théâtre est la principale salle de la Vancouver Bach Choir, des Vancouver Cantata Singers, du Vancouver Chamber Choir et de la Vancouver Recital Society.

Orpheum Theatre

Historique

L’Orpheum, de style « Renaissance espagnole conservatrice », est conçu par Benjamin Marcus Priteca, architecte écossais de Seattle. Il est financé par l’homme d’affaires vancouvérois Joseph Langer au coût de 1,25 million de dollars. Il fait partie d’un groupe de 17 théâtres similaires ayant été construits à travers le Canada et loués au Orpheum Circuit, de Chicago. À l’origine, il est classé comme palais du cinéma en raison de ses 3 000 places, de son décor extravagant et de son équipement complet de projection cinématographique.

Il ouvre ses portes comme salle de vaudeville le 7 novembre 1927 (le premier concert a lieu le lendemain). Il accueille entre autres les Marx Brothers, Rudy Vallee et d’autres artistes affiliés au Orpheum Circuit. La programmation régulière de vaudevilles du théâtre dure seulement quatre ans. Les difficultés économiques de la crise des années 1930, la disparition de l’Orpheum Circuit et de ses successeurs, ainsi que les goûts différents du public mènent à son rachat par la chaîne de cinémas Famous Players au début des années 1930.

L’Orpheum continue néanmoins à accueillir des spectacles et des concerts à l’occasion, et est l’une des deux salles utilisées par l’Orchestre symphonique de Vancouver entre 1930 et 1959. Parmi les vedettes qui défilent sur sa scène des années 1930 aux années 1970, citons Marian Anderson, Arthur Rubinstein, Louis Armstrong et Frank Sinatra. Les spectacles mémorables qu’ils donnent, la participation de talents locaux et les nombreuses campagnes de promotion originales orchestrées par le gérant Ivan Ackery (1935-1969) assurent à l’Orpheum une reconnaissance essentielle. La population de Vancouver apprécie beaucoup cet établissement, et se porte résolument à sa défense en 1973, lorsqu’il est menacé de démolition.

Restauration

Au début des années 1970, l’Orpheum tombe en ruine et son propriétaire, l’entreprise Famous Players, prévoit le transformer en multiplex. En 1973, le Community Arts Council, de Vancouver, et Art Phillips, maire de la ville, mènent une campagne pour transformer le théâtre en salle de concert permanente. Grâce au soutien du gouvernement fédéral, du gouvernement provincial et du secteur privé, la ville achète le théâtre pour la somme de 3,9 millions de dollars en mars 1974. Une fois les 3,2 millions de dollars requis pour les travaux de restauration et de rénovation amassés, ces derniers commencent en 1975 sous la direction de la firme d’architectes vancouvéroise Thompson, Berwick, Pratt and Partners. À sa réouverture, le 2 avril 1977, l’Orpheum est une salle de concert municipale et la salle officielle de l’OSV. Le concert inaugural met en vedette Maureen Forrester, sous la direction de Kazuyoshi Akiyama.

À l’origine dépourvue d’ornements, la coupole ovale est couverte de carreaux insonorisants en 1928 lorsque le film parlant fait son apparition. Ces tuiles sont retirées pendant les travaux de restauration des années 1970, et une murale étonnante, devenue un pôle d’attraction de la salle, est peinte dans la coupole. Âgé de 81 ans, Tony Heisbergen, le décorateur du théâtre original, peint Orphée entouré d’une cour sous le charme de sa musique dans un style inspiré de la tradition classique.

Pendant les travaux de restauration, la scène est allongée dans l’espace qu’occupent les deux premières rangées, réduisant du coup le nombre de places assises d’environ 100, et la machinerie des cintres et les rideaux de scène sont retirés pour installer une conque d’orchestre permanente. Theodore J. Schultz (de la firme Bolt, Beranek and Newman Inc., de New York) apporte d’autres modifications pour mettre en valeur le son de l’orchestre, y compris un système de microphones et de haut-parleurs servant à projeter le son de façon équilibrée dans la salle, ce qui crée la controverse. Gerald Jarvis, alors premier violon de l’OSV, fait l’éloge de la nouvelle acoustique de la salle en affirmant qu’il s’agit d’« un son européen au timbre chaud et généreux, très différent du son aseptisé présent dans de nombreuses salles de concert nord-américaines » (Toronto Star, 4 avril 1977).

Aussi, des bénévoles de l’American Theatre Organ Society restaurent le puissant orgue Wurlitzer du théâtre, qui, perché sur son système de relevage hydraulique, servait autrefois à accompagner les films muets. Il est utilisé à l’occasion lors de concerts de l’orchestre et de récitals. De plus, il a servi pour un enregistrement de Patrick Wedd (CBC MVCD-1019).

En 1983, une nouvelle entrée et un nouveau foyer sont érigés au 601, rue Smithe, ce qui avait été prévu par les constructeurs originaux. En 1995, des améliorations acoustiques sont apportées au théâtre. En 2008, l’Orpheum Revitalization Project est lancé pour restaurer et rénover le théâtre en changeant les sièges, l’affichage intérieur, les sas insonorisants et les pièges à lumière en vue de l’Olympiade culturelle, organisée en marge des Jeux olympiques d’hiver de 2010 et pendant laquelle se produisent entre autres Feist, K’Naan, Joel Plaskett et Stars.

En 2006, la ville de Vancouver approuve la construction d’un complexe de condominiums sur le site de l’ancien théâtre Capitol, adjacent à l’Orpheum, à condition qu’elle permette aussi d’agrandir l’arrière-scène de l’Orpheum. Terminé en 2011, le projet d’investissement culturel de 23 millions de dollars comprend l’agrandissement de la scène de l’Orpheum, une salle de répétition de 14 000 pieds carrés et les locaux de l’école de musique de l’OSV de 24 000 pieds carrés.

Architecture

Aujourd’hui, l’Orpheum déploie une bonne partie de sa splendeur originelle, malgré la disparition de certains détails et de certaines modifications pour l’acoustique et pour le confort des spectateurs. Son style est un mélange exubérant et éclectique de styles romanesque, mauresque, gothique et renaissance espagnole, ce qui en fait le meilleur exemple canadien de l’architecture exotique, qui était à la mode dans les grands cinémas nord-américains à la fin des années 1920. La répétition d’éléments disparates crée une certaine uniformité. Le chevauchement des arches qui encerclent le plafond, par exemple, relie visuellement le dôme ovale du plafond aux courbes des panneaux d’orgue, qui se trouvent de chaque côté de l’arc de scène elliptique.

De longs corridors, un vaste escalier et des vestibules conduisent de l’entrée principale assez étroite, rue Granville, à l’auditorium. Cette architecture est caractéristique des cinémas de l’époque et vise à minimiser les dépenses occasionnées par une façade importante, tout en tirant avantage d’un terrain à meilleur marché pour le corps principal de l’édifice, qui se trouve derrière. Cet agencement permet aussi aux spectateurs, quand ils déambulent dans ces espaces opulents, de se sentir acteurs dans le drame qui se déroule.

Le style élégant et distinctif du théâtre en fait un lieu de tournage populaire pour des films et des téléséries tournés à Vancouver. Il a notamment figuré dans X-Files : Aux frontières du réel, Elles, Battlestar Galactica et La saga Twilight : Révélation - partie 1.

Allée des vedettes

En 1994, le BC Entertainment Hall of Fame intègre une allée des vedettes au trottoir de la rue Granville, situé près du théâtre Orpheum. Des plaques de bronze en l’honneur des résidents de la Colombie-Britannique ayant contribué à l’avancement de l’industrie du divertissement y sont enchâssées. Depuis 1996, les membres du BC Entertainment Hall of Fame sont également à l’honneur sur un mur des vedettes, aménagé bien en vue dans le foyer de l’Orpheum.