Musique dans les lettres canadiennes | l'Encyclopédie Canadienne

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Musique dans les lettres canadiennes

Langue françaiseIl n'y a pas à s'étonner que les premières références à la musique dans la littérature canadienne-française se trouvent dans l'oeuvre poétique de Joseph Quesnel car, s'il fut l'un des premiers poètes du Canada, il fut aussi son premier compositeur. Dans son « Épître à Mr.

Langue française
Il n'y a pas à s'étonner que les premières références à la musique dans la littérature canadienne-française se trouvent dans l'oeuvre poétique de Joseph Quesnel car, s'il fut l'un des premiers poètes du Canada, il fut aussi son premier compositeur. Dans son « Épître à Mr. Labadie » (1804), Quesnel fustige « l'ingrat Canadien » qui « aux talens de l'esprit n'accorde jamais rien ». Il se plaint du sort réservé à son « morceau de musique que l'on exécuta dans un jour solennel ». Mais le poète calme peu à peu sa fureur et admet que « pour l'oreille, il est vrai, tant soit peu délicate ma musique, entre nous, étoit bien un peu plate; mais leur falloit-il donc des Handels, des Grétrys? Ma foi, qu'on aille à Londres ou qu'on aille à Paris! »

Expression d'un peuple qui se transforme en nation, les chansons du folklore français, revues et adaptées par la masse de Canadiens du XVIIIe ;siècle, sont restées comme le témoignage le plus élevé d'une maturation poétique. Leur richesse est infinie. Il existe peu de situations, de rapports humains auxquels elles n'aient eu accès, qu'elles n'aient décrits. Elles ont servi de toile de fond à la vie des Canadiens pendant deux siècles, les XVIIIe ;et XIXe, se transformant et s'approfondissant. C'est vers elles qu'on doit se tourner si l'on veut connaître les rythmes, les mélodies, les pensées profondes, la morale de vie de nos ancêtres. En elles, poésie et musique sont inextricablement mêlées et de cette union naît la réalité du Régime français au Canada. Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871) l'a reconnu et leur a donné, ainsi qu'au conte paysan, une place de choix dans son célèbre roman Les Anciens Canadiens (1863). Venu tard à la littérature, ce fils de seigneur est parvenu à recréer l'atmosphère du XVIIIe siècle au cours des années qui précédèrent la conquête du Canada par les Anglais. La joie de vivre est fondée en musique. Aubert de Gaspé a bien su rendre l'équilibre de cette société à la fois patriarcale et libre. Les rappels à la musique sont nombreux; mais c'est d'une musique populaire qu'il s'agit. Serait-ce que l'art musical ne peut prendre naissance qu'au milieu des villes? Que Philippe Aubert de Gaspé fasse appel aux rythmes populaires, il reste le seul écrivain à replacer la musique dans un contexte social, où elle joue un rôle, participant à l'évolution des moeurs et ajoutant à son sens. Dans son récit Forestiers et voyageurs (Québec 1863), Joseph-Charles Taché (1820-1894) cherche pour sa part à faire ressortir l'élément pittoresque de la vie canadienne. Ses voyages vers l'Ouest canadien lui révèlent des danses et chansons caractéristiques.

Par contre, ni Louis-Honoré Fréchette (1839-1908), ni ses disciples romantiques n'attachèrent beaucoup d'importance au phénomène musical, en cela miroirs fidèles de leur temps. Le milieu, tout simplement, ne s'y prêtait pas. Les poètes, comme les musiciens, faisaient figure, pour reprendre l'expression de Fréchette, « d'originaux et de détraqués ». Dans Conteurs canadiens-français (Montréal 1908), Fréchette a cependant laissé un conte savoureux, « Le Money Musk », dans lequel il dépeint les exploits de Fifi Labranche ou Joe Violon, musicien et conteur : « Ce fut comme un cilement de toupie, les enfants; l'archette fortillait dans les mains de Fifi, sans comparaison comme une anguille au bout d'une gaffe. Et zing! zing! zing!... et zing! zang! zong!... Les talons nous en pirouettaient dans le banc de neige malgré nous autres. Je cré que le v'limeux n'avait jamais joué comme ça de sa vie... Et le Money Musk allait toujours. Fifi zigonnait comme un enragé. » Épris d'admiration pour la cantatrice Emma Albani, Fréchette écrivit trois poèmes en son honneur : « À l'occasion de son passage à Montréal » (1883), « À l'occasion de son concert de charité à Québec le 13 mai 1890 » et « Au chevet funéraire de la reine Victoria » (1901). La chanteuse inspira aussi à Gonzalve Desaulniers (1863-1934) un sonnet, « À l'Albani », publié dans Les Soirées du Château de Ramezay (Montréal 1900).

Il faut cependant attendre la génération des symbolistes, en particulier l'École littéraire de Montréal, pour que la musique intervienne dans l'expression littéraire. Émile Nelligan (1879-1941), par son destin tragique, par la force de sa personnalité qui domina son milieu et son époque, par la hardiesse psychologique de ses vers, est le plus haut représentant de la littérature de la fin du XIXe siècle (Poésies complètes, Montréal 1952). Issu d'une famille bourgeoise, Nelligan connut la musique dès l'enfance. Elle le marqua. Il s'agit avant tout de la musique de salon, c'est-à-dire essentiellement la musique de piano de Chopin, dont on ne concevait l'inspiration, à cette époque, que comme salonnarde. Il n'en reste pas moins que Chopin (et Schumann) ont marqué en profondeur l'inspiration et les rythmes de Nelligan. Il écrivit sa poésie comme si elle allait être mise en musique et chantée. Outre Chopin et Schumann, on retrouve dans ses poèmes les noms de Mozart, Paganini, Liszt et Paderewski. Certains titres évoquent aussi la musique : « Clavecin céleste », « Lied », « Musiques funèbres », « L'Organiste du Paradis ». Jusqu'à l'époque de Nelligan, les Canadiens français avaient vécu, dans une large mesure, en vase clos; leurs rapports avec l'Europe et avec l'Amérique reposaient sur un malentendu. L'élite intellectuelle, c'est-à-dire littéraire et musicale, suivait de loin les modes venues de Paris. Elle craignait d'innover et se contentait d'une pâle imitation des modèles européens. Nelligan et les poètes de l'École littéraire de Montréal, tout en demeurant des disciples des maîtres européens, s'éloignent des descriptions froides et de la pure transposition à l'imagerie canadienne des modèles français.

La présence musicale sera plus forte chez les écrivains de la génération dite de La Relève, revue littéraire fondée à Montréal en 1934. La personnalité dominante de cette génération fut Hector de Saint-Denys Garneau (1912-1943). La musique le hanta et, à l'instar de plusieurs de ses contemporains, il découvrit la musique non pas au concert mais grâce aux disques. Bach et Mozart furent ses maîtres; il en eut le culte qu'il partagea avec ses amis, Jean Le Moyne, Paul Beaulieu, Robert Charbonneau et Robert Élie. On ne trouve pas de musiciens dans leurs oeuvres, sauf dans La Fin des songes (Montréal 1950) d'Élie, pas plus que dans celle de Saint-Denys Garneau; mais la musique est là, comme recours psychologique ou littéraire. Il est certain, et le Journal (Montréal 1954) ainsi que la correspondance de Saint-Denys Garneau en portent le témoignage, que Bach et Mozart sont des éléments constitutifs de la formation intellectuelle de ces poètes, romanciers et essayistes. Depuis Nelligan, personne n'avait, dans l'univers littéraire québécois, rendu un pareil hommage à la présence musicale dans la vie.

D'autres poètes, d'importance diverse, ont aussi été inspirés par la musique, par exemple Louis-Joseph Doucet qui écrivit « Musique », un sonnet paru dans le premier numéro du périodique La Musique (1919). Blanche Lamontagne-Beauregard a, pour sa part, signé un poème, « Xavier Mercier », dédié au ténor québécois. Medjé Vézina est l'auteur de « Musique, pays d'où mon âme est venue » (1934). L'enthousiasme de Robert Choquette pour le compositeur de Tristan und Isolde se retrouve dans son poème « Wagner », paru dans Poésies nouvelles (1931). La musique intervient aussi dans l'oeuvre poétique d'Albert Lozeau, de Paul Morin et de Rina Lasnier. Certains poètes, aussi musiciens comme Gabriel Charpentier, ont tenté de créer des oeuvres où les rencontres de la musique et de la poésie seraient intégrales.En plus d'avoir inspiré à Eugène Lapierre un opéra-comique (en collaboration avec Aimé Plamondon) Le Vagabond de la gloire, Calixa Lavallée est aussi le sujet de son oeuvre dramatique Le Traversier de Boston.

La musique occupe également une place importante dans l'oeuvre du poète, essayiste et romancier Fernand Ouellette. Dans son Journal dénoué (Montréal 1974), il écrit : « Pendant ces années interminables, je vivais avec Mozart, mon dieu blanc... Avec Mozart, on passe subitement du solaire à l'abîme noir qui nous enveloppe... Après le feu de François d'Assise, la lumière de Mozart était le plus grand don que me faisait la vie. » Ouellette est aussi l'auteur d'une monographie, Edgard Varèse (Paris 1966, 1989).

La musique intervient également, de façon plus ou moins épisodique, dans des contes, romans ou nouvelles d'écrivains comme Yves Beauchemin, Marie-Claire Blais, Robert Charbonneau, Jean Éthier-Blais, Félix Leclerc, Jean Le Moyne (Convergences, Montréal 1961), Paul Roussel, Michel Tremblay et d'autres. Dans le domaine de la littérature pour enfants, on remarque Le Violon magique (Ottawa 1968) de Claude Aubry.

L'influence qu'a pu exercer la musique dans le monde des lettres reste cependant à examiner davantage en profondeur et nul doute que beaucoup d'autres exemples, tant dans la poésie que dans le roman, pourraient s'ajouter à la nomenclature plutôt sommaire du présent article.

Plusieurs écrivains ont donné des titres à connotation musicale à leurs oeuvres sans toutefois que la musique y soit nécessairement présente. C'est le cas pour La Chanson du passant de L.-J. Doucet (Montréal 1908), Un Canadien errant d'Ernest Bilodeau (Québec 1915) et Symphonies de Léo d'Yril (Montréal 1919).

Voir aussi Oeuvres littéraires mises en musique.

Bibliographie
Andrée DESAUTELS, « Saint-Denys Garneau et la musique », Jmc (juin 1954).

Paul WYCZYNSKI, Nelligan et la musique (Ottawa 1971).

Marie-Thérèse GUAY, « Saint-Denys Garneau et Beethoven », R de l'Areq [Assn des religieux éducateurs du Québec] (sept. 1977).

Langue anglaise

Les premières références musicales dans la littérature canadienne-anglaise ont trait aux chansons de canotage et aux chansons de bord ainsi qu'aux chants, tambours et danses des Amérindiens. D'anciens textes littéraires parlent de festivités et bals à Québec et ailleurs, mais il n'est pas question de la musique de danse elle-même. Les descriptions de tambours amérindiens et de flûtes de saule dans la littérature du XIXe siècle firent place peu à peu à des mentions de caisses claires et de bugles, puis à des références aux cloches d'église et, plus tard, aux orgues à tuyaux.

Dans son roman intitulé The Golden Dog : A Legend of Quebec (Montréal 1877, Toronto 1887), William Kirby écrivit : « Les chansons de canotage des voyageurs canadiens ont un caractère unique et très plaisant lorsque chantées par un équipage de gaillards aux larges poitrines propulsant leurs légers canots d'écorce de bouleau sur les eaux... Comme on peut s'en douter, les chansons de voyageurs sont très différentes des aimables chansonnettes fredonnées par de douces voix de fausset avec le tintement du piano dans les salons à la mode et appelées <Chansons de canotage canadiennes> » (édition de 1877, p. 274). Kirby souligne qu'un violon accompagnait ces chansons et raconte combien l'ambiance changeait quand les chanteurs passaient d'une chanson à l'autre et avec quelle ferveur ceux qui étaient demeurés à terre reprenaient les refrains.

Les pêcheurs et les marins de la région atlantique du Canada exprimaient souvent leurs sentiments dans des chansons de bord. Des références à ces chansons apparaissent dans des récits, romans et poèmes et dans le folklore. The Old Judge : or Life in a Colony de Thomas Haliburton (Londres 1849, Toronto 1968), récit de voyage dans la Nouvelle-Écosse du XIXe siècle, donne un aperçu de la vie musicale dans cette région. Il mentionne que M. Nehemial Myers, « maître de chant de la tribu de Lévi, comme lui-même se désigne », voyage à pied et paie l'hospitalité qui lui est offerte en « chantant ou en jouant du violon, ou en offrant tout un choix de psalmodies pour les familles posées, de chansons à la mode pour ceux qui aiment cette musique et de chansons à boire pour les tavernes des auberges » (édition de 1968, p. 206). Plus tard, lady Dufferin rapporte à son tour ses expériences de voyage au Canada dans My Canadian Journal 1872-78 (Londres 1891, Toronto 1969). L'épouse du gouverneur général y consigne ses visites dans diverses villes en incluant des détails relatifs à des manifestations musicales telles que bals costumés et concerts donnés par Carlotta Patti, Giuseppe Mario et le Boston Quintette Club. Elle note aussi une représentation de l'opérette The Maire of Saint Brieux (composée spécialement par Frederick W. Mills pour le divertissement de cette dame), ainsi qu'une démonstration du phonographe (voir Enregistrement sonore - Technologie).

Vers la fin du XIXe siècle, il se trouvait des pianos même dans les villes les plus éloignées. Dans « The Shooting of Dan McGrew », tiré de Songs of a Sourdough (Toronto 1907), le poète Robert W. Service brossa le vivant portrait d'un pianiste de talent, débitant le récit de ses échecs et frustrations dans le bar d'un camp de mineurs du Nord. Hetty Dorval (Toronto 1947, 1967) d'Ethel Wilson raconte l'histoire d'une femme qui vivait en Colombie-Britannique à la fin du XIXe siècle et qui avait chez elle un petit piano à queue. L'instrument envoûtait Frankie, la fille d'un propriétaire de ranch, qui écoutait avidement quand Hetty en jouait. L'orgue de salon, plus petit et plus facile à transporter que le piano, atteignit progressivement les régions les plus lointaines du pays. Dans Wild Geese (New York 1925, Toronto 1971), Martha Ostenso disait que la musique de cet orgue servait à souligner la cruauté de Caleb Gore qui ordonnait à sa fille Ellen d'en jouer pour divertir son invité. Organiste peu sûre d'elle-même et très timide, Ellen ratait plusieurs notes mais n'en continuait pas moins de jouer en dépit des chuchotements et des éclats de rire, tandis que son père devisait avec son ami.

Une partie du roman de Morly Callaghan The Loved and the Lost (Toronto 1951) se déroule au Café Saint-Michel (rebaptisé Café Saint-Antoine) et deux des personnages ressemblent aux membres de l'International Band de Louis Metcalf. Parmi d'autres auteurs qui ont écrit des romans traitant de musique et de musiciens figurent Sinclair Ross, Robertson Davies, Adele Wiseman, Leonard Cohen et Margaret Laurence. Mme Bentley, la narratrice de As For Me and My House de Ross (New York 1941), est une pianiste et organiste ayant abandonné sa carrière pour le mariage. L'organiste Humphrey Cobbler est un personnage qui se retrouve dans trois romans de Davies : Tempest Tost (Toronto 1951), Leaven of Malice (Toronto 1954) et A Mixture of Frailties (1958). Cette dernière oeuvre a pour héroïne une élève de chant nommée Monica Gall. L'intérêt qu'a porté Davies à la musique tout au long de sa vie se reflète aussi dans sa trilogie des romans de Francis Cornish. Les détails ésotériques sur l'art de la lutherie qu'elle pratique et sur la musique tsigane pour violon d'Oraga Laoutaro et sur lutherie abondent dans The Rebel Angels (Toronto 1981). What's Bred in the Bone (Toronto 1985) contient une pièce d'anthologie : le portrait d'un chanteur de salon qui a étudié avec « Maestro Carboni de Montréal » (p. 106). L'histoire de The Lyre of Orpheus (Toronto 1988) tourne autour de la conception et de la production d'un opéra d'E.T.A. Hoffmann, Arthur of Britain. On y retrouve de nombreuses personnalités musicales. Dans The Sacrifice de Wiseman (Toronto 1956), Moses est un étudiant en musique. Beautiful Losers de Cohen (Toronto 1966) utilise la musique de Mozart pour refléter le caractère des personnages. Dans The Diviners (New York, Toronto 1974), Margaret Laurence présente au lecteur Piper Gunn qui avait joué pour des Écossais du Sutherland durant leur voyage à Red River, Jules et Billy Joe qui chantent et jouent de la guitare, et Pique, un chanteur et chansonnier. L'auteur ajoute en appendice un « album » comportant la mélodie et les couplets de quatre chansons, dont trois sur la musique d'Ian Cameron. D'autres romans où la musique joue un rôle significatif incluent The Happy Time de Robert Fontaine (New York 1945), Music at the Close d'Edward McCourt (Toronto 1947) et The Bannonbridge Musicians de Raymond Fraser (Saint-Jean, T.-N. 1978). L'oeuvre Reservoir Ravine de Hugh Hood (Ottawa 1979) comporte une description de l'orchestre de danse Romanelli, actif à Toronto dans les années 1920. Le Canadien d'adoption Josef Skvorecky a publié plusieurs nouvelles ayant trait au jazz et à ses interprètes, dont The Bass Saxophone (Toronto 1977). Son intérêt pour cette musique se reflète dans son volume d'essais Talkin' Moscow Blues (Toronto 1988). Dans Dvorak in Love (Toronto 1986), il dresse un portrait fictif du compositeur tchèque. Le réalisateur et compositeur John Reeves a écrit trois romans policiers dont chacun traite d'un aspect de la musique : Murder by Microphone (Toronto 1978) concerne la programmation de la musique à la radio, Murder Before Matins (Toronto 1984) porte sur du chant grégorien dans un monastère contemporain, et Murder With Muskets (Toronto 1985) décrit un meurtre durant une production torontoise de Tosca avec surtitres. Le personnage principal de John Coe's War, roman de Clive Doucet (Toronto 1983), est un pianiste classique doué pour le jazz. Le chef d'orchestre japonais du TSO, Seiji Ozawa, a servi de modèle pour deux romans qui traitent de l'effet d'une personnalité exotique sur des adolescents : A Certain Mr Takahashi (Toronto 1985) par Ann Ireland et Almost Japanese (Toronto 1985) par Sarah Sheard. Le personnage central du roman de David Helwig A Postcard From Rome (Markham, Ont. 1988) est une étoile européenne de l'opéra qui vient du sud de l'Ontario. Lui-même chanteur, Helwig utilise la musique et les musiciens dans beaucoup de ses romans; par exemple, il traite abondamment de la musique liturgique dans The Bishop (Toronto 1986). Peter Goddard a choisi le monde des compagnies d'enregistrement et de la technologie comme cadre de son roman à suspense The Sounding (Toronto 1988). Whale Music (Toronto 1989) de Paul Quarrington a comme héros un compositeur et parolier rock. Glenn Gould est le protagoniste qui affecte grandement les deux autres personnages du roman The Loser (New York 1991) de l'Autrichien Thomas Bernhard. Plusieurs poètes canadiens font allusion à la musique dans leurs oeuvres. Le poème « When Albani Sang » de W.H. Drummond (Complete Poems, Toronto 1926) décrit la réaction d'un paysan à l'art de la célèbre soprano. Dans « The Bands and the Beautiful Children » (As Ten, As Twenty, Toronto 1946), P.K. Page observe l'approche d'une harmonie :

Les cuivres gravissant les cordes du soleil

Édifient leur propre auditorium de lumière,

Des fenêtres de ses cornets

Et un dôme de ses tambours

Dans « Bega » (The Complete Poems of Marjorie Pickthall, Toronto 1967), la poétesse définit le son de trois cloches : Tatwin à la « voix d'or », Turkful avec ses « tintements et battements », et Bega qui dit « les rêves de la musique flottent encore, l'argent coule de ma gorge d'argent ». « The Titanic » (Toronto 1935) d'E.J. Pratt décrit la tragédie du naufrage de ce navire et inclut une description de l'orchestre qui ne cessait de jouer face à la mort qui approchait. Archibald Lampman (frère de la pianiste Annie Lampman Jenkins) a écrit un certain nombre de poèmes traitant de l'effet puissant de la musique sur l'auditeur et le poète : « The Organist », « Music », « The Piano », « The Minstrel » et « The Violinist » sont de ceux-là. Des pianos, des violons et des luths figurent dans ses poèmes (The Poems of Archibald Lampman, Toronto 1974). « Piper of Arll » de Duncan Campbell Scott présente un joueur de flûte comme symbole d'une vision poétique. Dans « Powassan's Drum », il brosse le portrait frappant d'un guérisseur amérindien (Duncan Campbell Scott, Selected Poems, Toronto 1951). Dans « The Wind our Enemy », Anne Marriott décrit une danse dans une école au cours des années de sécheresse dans les Prairies :

Un jeune Hongrois

Pinçait une guitare au son faiblard

Un Suédois venu du nord de la ville

Secouait un accordéon au son rauque

Et une Écossaise de l'Ontario

Faisait danser le piano

(Tiré de Sandstone and Other Poems, Toronto 1958).

Dans « The Shaping », Anna Donaldson parle des influences qui modelèrent sa vie au temps « des années de faim et de disette » de la Dépression, ainsi que de ses jeunes frères et :

Leur accordéon, acheté avec l'argent du battage des blés,

Le violon à cinq dollars

Tous deux jouaient lors de joyeuses danses campagnardes

Dans l'unique pièce de l'école rurale

(tiré de Alberta Writers Speak, 5e édition, Edmonton 1969).

Le poème humoristique « A Concise History of the Kalamazoo Kazoo Company Incorporated » de Francis Sparshott est paru dans Saturday Night (janvier 1981). En 1983, la SRC a tenu un concours de limericks sur des compositeurs canadiens. Keith MacMillan en fut le gagnant avec ses vers sur Somers. Parmi d'anciennes nouvelles ayant comme sujet la musique, il faut citer « A Concert » (1825) de John H. Willis. D'autres oeuvres venues plus tard incluent « Dance of the Happy Shades » d'Alice Munro (1968), une subtile évocation du concert annuel des jeunes élèves d'un vieux professeur de piano, « The Concert Stages of Europe » de Jack Hodgins (Saturday Night, juillet-août 1978), Johann's Gift to Christmas de Jack Richards (Vancouver 1972), dans laquelle une souris qui aime la musique écrit le noël « Silent Night », ainsi que The Violin de Ralph Thomas Allan et Maurice Solway (Toronto 1976). Un jeune violoniste est le personnage central de « Our Little Chamber Concerts » de Janet Turner Hospital (Saturday Night, juin 1982). Wanna Fight, Kid? de Chester Duncan (Winnipeg 1975) contient des esquisses autobiographiques dont l'une évoque les joies et les peines d'un jeune musicien qui tente d'éveiller une conscience esthétique dans les Prairies durant la première moitié du XXe siècle. Linda Zwicker utilise les vies de Brahms et de Clara et Robert Schumann comme base de son radioroman en 10 épisodes Grey Pearls (SRC, septembre 1984).

Plusieurs ouvrages littéraires ont des titres à connotation musicale indépendamment de leur sujet. Parmi ceux-là, il faut citer les romans Singer of the Kootenay de R.E. Knowles (New York 1911), Drummer de J.P. Buschlen (Toronto 1915), Drums Afar de J.M. Gibbon (Toronto 1918), Swiss Sonata de Gwethalyn Graham (Londres 1938) et la pièce de théâtre Drums Are Out de John Coulter (1951). Il y a encore la nouvelle The Pied Piper of Dipper Creek de Thomas Raddall (Édimbourg 1939) et le conte pour enfants The Blind Highland Piper de Catharine Parr Traill (Londres 1918), des recueils de poèmes dont The Aeolian Harp de Mary et Sarah Herbert (Halifax 1857), Harp of Acadia de John McPherson (Halifax 1862), Music of Earth de Bliss Carman (Toronto 1931), Manitoba Symphony de Watson Kirkconnell (v. 1937), The Flute and Other Poems d'A.B. Garvin (Toronto 1950), Beggar Makes Music de Goodridge MacDonald (Toronto 1950), The Cow with the Musical Moo de Desmond Pacey (Fredericton 1952), Music on a Kazoo d'Irving Layton (Toronto 1958), The Glass Trumpet de Miriam Waddington (1966) et Black and White Keys de Hugh Hood (Downsview, Ont. 1982).

Lecture supplémentaire

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