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Musique aléatoire

Musique aléatoire. Musique dont la composition ou le procédé d'exécution sont déterminés par des éléments de hasard ou d'imprévisibilité. Les termes « musique de hasard », « musique indéterminée » ou « musique aléatoire » sont accolés à beaucoup d'oeuvres écrites depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Musique aléatoire

Musique aléatoire. Musique dont la composition ou le procédé d'exécution sont déterminés par des éléments de hasard ou d'imprévisibilité. Les termes « musique de hasard », « musique indéterminée » ou « musique aléatoire » sont accolés à beaucoup d'oeuvres écrites depuis la Deuxième Guerre mondiale. Cage, Lutoslawski, Stockhausen et Xenakis, pionniers de ce genre, abordent cette technique chacun à leur façon.

Composition électronique

De nombreux compositeurs appliquent à la musique électroacoustique des techniques aléatoires, en employant par exemple des appareils contrôlés par le voltage. En créant un programme simple qui permet aux appareils de fonctionner presque automatiquement (les synthétiseurs Moog, Arp et Putney, etc.), le compositeur peut engendrer un matériau musical déterminé par des combinaisons fortuites de diverses sources sonores électroacoustiques, et interrompre le programme à volonté pour changer tout résultat.

Interprétation aléatoire

Plus fréquemment, le terme de musique aléatoire se rapporte cependant à la méthode d'exécution plutôt qu'à la technique de composition. Dans Music of Changes de Cage ou dans Zyklus pour percussion de Stockhausen, par exemple, les composantes musicales sont prédéterminées d'une certaine façon, mais il appartient à l'interprète de choisir lesquelles il jouera et dans quel ordre. L'un des principaux adeptes canadiens de la musique de hasard dans le style de Cage est le compositeur Udo Kasemets, qui a recours à des diagrammes d'exécution ou à d'autres formes d'improvisation contrôlée. Dans Trigon, il fait appel à 1, 3, 9 ou 27 participants qui peuvent employer jusqu'à 81 médias divers, musicaux et non musicaux, chaque exécution constituant une nouvelle réalisation qu'il note de façon précise. La même technique est appliquée pour Cascando, qui génère précisément les pièces notées, Stereosonic Vocophony, Synersonic Octet et Synersonophony : Vocosonis Poem : Sonophonic Interlude : Sterosonovocophony. Dans son désir d'une plus grande équivoque, Kasemets utilise comme matériel « tous dictionnaires et tous sujets dans toutes les langues » pour son œuvre Wordmusic/Interface. Parmi d'autres compositeurs qui écrivent dans ce genre figurent Claude Vivier, Don Druick et Alex Pauk.

Tendances en composition aléatoire

La plupart des compositeurs, cependant, permettent plutôt certains choix dans des partitions notées par ailleurs avec précision. R. Murray Schafer, dans des oeuvres telles que Threnody (pour choeur, narrateurs, orchestre et bande électroacoustique), ou Divan i Shams i Tabriz (pour orchestre et bande électroacoustique), emploie la notation graphique, une représentation visuelle du son désiré mais sans préciser ni sa hauteur ni sa durée exacte. Ce type de musique instrumentale ou chorale est souvent associé à l'utilisation d'une bande électroacoustique, et le temps global ou macrotemps est alors prédéterminé par le matériau enregistré tout en laissant une certaine liberté dans le microtemps des événements et les hauteurs. En un sens, le procédé d'indétermination utilisé dans la préparation de la bande est repris dans l'écriture instrumentale, laissant parfois la responsabilité de certains choix aux interprètes ou au chef d'orchestre. Anhalt, Aitken, Ford, Tremblay et Truax sont au nombre des compositeurs qui utilisent beaucoup cette technique avec bande électroacoustique. Parmi les compositeurs qui ont recours aux mêmes techniques mais en général sans bande magnétique, citons Beckwith, Beecroft, Buczynski, Cherney, Fodi, Garant, Hawkins, Huse et Joachim. Les oeuvres de Weinzweig (à partir de Around the Stage) et de Pentland (à partir de Trio con Alea) dénotent une tendance vers l'emploi de ces procédés.

Sérialisation totale

La musique stochastique, terme emprunté par Xenakis à la théorie des probabilités et des jeux pour décrire un procédé de composition dans lequel les lois mathématiques du hasard servent à déterminer des événements musicaux, constitue en un sens un prolongement de la sérialisation totale (voir Dodécaphonisme et sérialisme). Même si la sérialisation est une procédure de prédétermination de chaque paramètre musical (nuances, rythme, articulations, etc.), la combinaison des paramètres est souvent sujette à un ordre aléatoire. Structures de Boulez est une tentative de sérialisation totale.

Serge Garant modifie cette idée dans Asymétries I et II, laissant à son intuition quelques-uns des choix à l'intérieur de chaque paramètre de façon à obtenir, sinon le hasard comme tel, tout au moins son apparence. Ce procédé d'écriture est souvent utilisé partout dans le monde, y compris au Canada, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, notamment par Fodi, Huse, Joachim et Somers.

21e siècle

Au début du 21e siècle, la technique aléatoire perd l'attention de beaucoup de compositeurs et est utilisée avec parcimonie par d'autres, combinée à d'autres techniques. Falling into Light (2003) pour six chœurs, un chœur d'enfants et percussions en est un exemple notable.