Mark Anthony Jarman | l'Encyclopédie Canadienne

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Mark Anthony Jarman

​Mark Anthony Jarman, romancier, nouvelliste, chroniqueur de voyage (né en 1955 à Edmonton en Alberta).

Mark Anthony Jarman, romancier, nouvelliste, chroniqueur de voyage (né en 1955 à Edmonton en Alberta). Mark Anthony Jarman est diplômé de l’Iowa Writer’s Workshop, il a enseigné à l’Université de Victoria et au Centre d’arts de Banff et enseigne aujourd’hui à l’Université du Nouveau‑Brunswick où il est rédacteur en chef pour la fiction du magazine littéraire The Fiddlehead. En 1986, il publie un recueil de poèmes, Killing the Swan, puis, en 2002, des mémoires de voyage, Ireland’s Eye: Travels; toutefois, ce sont certainement ses œuvres de fiction, et en particulier ses nouvelles, qui lui valent les plus grands éloges.

Après Dancing Nightly in the Tavern en 1984 et New Orleans is Sinkingen 1998, le troisième recueil de nouvelles de Mark Anthony Jarman, 19 Knives, paru en 2000, lui vaut un intérêt marqué de la critique et le propulse sous la lumière des projecteurs du monde littéraire canadien. « Burn Man on a Texas Porch », une nouvelle à l’humour doux‑amer qui explore la vie et les pensées d’un homme défiguré par une explosion au propane, est sélectionnée pour le prestigieux prix O. Henry. « Eskimo Blue Day » rend compte, avec une maîtrise certaine de son art quoique sur un ton plutôt désespéré, du pire cauchemar de n’importe quel parent – se retrouver dans une situation de totale impuissance dans l’incapacité de sauver son enfant –, tout en évitant de tomber dans un sentimentalisme excessif.

En 2008, Anthony Jarman publie un nouveau recueil de nouvelles, My White Planet, qui reprend le fil de l’œuvre de l’auteur là où 19 Knives l’avait laissé, démontrant, une fois de plus, sa capacité unique à s’emparer de sujets plutôt quotidiens en adoptant une démarche inattendue. La nouvelle qui donne son titre au recueil constitue une réinterprétation du compte de Blanche‑Neige : un naufragé de l’océan Arctique est rejeté sur le rivage et surgit dans la vie de sept hommes qui travaillent dans une station d’observation oubliée où seuls les ours polaires affamés sont en mesure de soulager l’ennui intense qui règne sur place. « A Nation Plays Chopsticks » s’intéresse au hockey du point de vue du narrateur qui joue dans une ligue de garage et tente d’expliquer, autant pour son lecteur que pour lui‑même, son amour du jeu, évoquant les blessures, la violence et les longs entraînements pendant l’hiver.

C’est également de hockey dont traite l’unique roman d’Anthony Jarman, Salvage King, Ya!, sorti en 1997, qui suit la chute de Drinkwater, un joueur semi‑professionnel qui, aux prises avec une carrière et une vie amoureuse ratées, s’efforce de trouver des solutions à tous les problèmes qui l’accablent. Dédaignant les conventions habituelles du récit comme un arc narratif parfaitement identifiable, une acmé ou une résolution, l’auteur fait valoir d’autres atouts, en particulier sa capacité à coucher sur le papier des phrases et des paragraphes qui s’enchaînent harmonieusement et maintiennent l’attention du lecteur tout au long d’un récit aussi virevoltant qu’inattendu dans le fond que dans la forme. L’utilisation que fait l’auteur de la langue permet à ce roman, sous‑titré « récit picaresque saccadé », de ne pas tromper le lecteur sur la marchandise!

Dans ses œuvres de fiction, Mark Anthony Jarman évite habilement toute tentative de classification sur la base du style ou du thème principal. Leur seule caractéristique commune est une prose qui, bien que s’appuyant paradoxalement sur de nombreuses images et métaphores, demeure extrêmement dépouillée, et ce, alors qu’il traite de sujets aussi divers que le hockey, la relation aux multiples aspects qu’entretient le Canada avec Margaret Atwood, ou la dépendance à l’héroïne. Sa cadence lyrique intentionnellement perturbatrice et son penchant pour les phrases opérant soudain des changements d’orientation surprenants ont fortement contribué à établir sa réputation de maître ès nouvelles, lui valant des comparaisons élogieuses avec Alice Munro, non point tant du point de vue du style ou de la substance, mais bien de la valeur artistique de ses œuvres.