Lucas, Clarence | l'Encyclopédie Canadienne

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Lucas, Clarence

Clarence (Reynolds) Lucas. Compositeur, chef d'orchestre, écrivain (réserve indienne Six Nations près de Brantford, Ont., 19 octobre 1866 - Sèvres, près Paris, 1er juillet 1947). B.Mus. (Toronto) 1893). L'aîné des enfants du révérend D.V.

Lucas, Clarence

Clarence (Reynolds) Lucas. Compositeur, chef d'orchestre, écrivain (réserve indienne Six Nations près de Brantford, Ont., 19 octobre 1866 - Sèvres, près Paris, 1er juillet 1947). B.Mus. (Toronto) 1893). L'aîné des enfants du révérend D.V. Lucas, pasteur méthodiste et grand voyageur, Clarence Lucas vécut dans de petites villes ontariennes jusqu'à ce que ses parents se fixent à Montréal en 1878. Là, il étudia le piano, l'orgue et le violon et mit sur pied un orchestre scolaire. Une bourse d'études en théologie lui fut offerte à l'Université McGill, mais il préféra diriger un orchestre d'amateurs, être tromboniste dans un orchestre de théâtre, organiste dans diverses églises et violoniste avec la Montreal Philharmonic Society. En 1885, il donna un récital de piano au Queen's Hall. Peu après, il se rendit en Angleterre où, après avoir entendu Anton Rubisntein, il renonça à son ambition de devenir pianiste de concert. Lucas étudia alors à Paris avec Georges-Eugène Marty en cours privés et avec Théodore Dubois au Conservatoire. Il revint à Toronto en 1888 pour enseigner l'harmonie et le contrepoint au Toronto College of Music. La première épouse de Lucas, la pianiste anglaise Clara Asher, ancienne élève de Clara Schumann, fit ses débuts torontois à ce collège le 7 décembre 1888. En 1889, Lucas devint dir. mus. du Wesleyan Ladies College à Hamilton et fit revivre la Hamilton Philharmonic Society qu'il dirigea dans Le Messie (décembre 1889) et dans l'oratorio Eli de sir Michael Costa (avril 1890).

Lucas enseigna ensuite à Utica, N.Y. (1890-92), avant de retourner à Londres (1893) où il fut correcteur d'épreuves et réviseur de manuscrits pour la maison Chappell en plus de préparer une nouvelle réduction chant et piano du Faust de Gounod. Il enseigna aussi les matières théoriques et la composition à titre privé. Mark et Jan Hambourg furent parmi ses élèves de même que la célèbre compositrice française de romances Guy d'Hardelot. Il dirigea la Westminster Society (1902-04). En 1903, il devint le correspondant à Londres du Musical Courier de New York, collaboration qui se poursuivit sous diverses formes pendant 30 années. En 1904, il composa et dirigea une comédie musicale d'inspiration irlandaise, Peggy Machree, mettant en vedette Denis O'Sullivan. L'année suivante, il dirigea les George Edwardes' Gaiety Productions à Londres et dans une tournée des Îles britanniques. Lucas fut engagé par l'acteur amér. Richard Mansfield comme arrangeur et directeur de la musique de scène de Grieg pour Peer Gynt d'Ibsen lors de la première de l'oeuvre aux É.-U. (1906), à New York. Il accompagna ensuite la production dans une tournée des É.-U. Sa deuxième épouse, Gertrude Pidd, faisait partie de cette compagnie. Après le décès de Mansfield (1907), Lucas dirigea Peggy Machree au cours d'une brève tournée aux É.-U. À New York (1907-19), il fit partie de l'équipe de rédaction du Musical Courier, dirigea des comédies musicales pour George M. Cohan et composa des chansons et pièces pour clavier, dont certaines dans un style populaire. Il fut également le parolier de certaines chansons (dont « The Perfect Song ») de Joseph Carl Breil qui furent utilisées comme musique de scène (publiée en 1916) pour le film Intolerance de D.W. Griffith. Établi à Londres en 1919 puis à Sèvres en 1923, il travailla à la pige comme arrangeur, parolier et traducteur. Il organisa les soirées musicales de l'atelier des étudiants à l'église américaine de Paris auxquelles il prit également part, et fut jusqu'en 1933 le correspondant parisien du Musical Courier. Il signa aussi des articles dans le périodique amér. The Etude. Lucas revint à Londres en 1933, où il se consacra de nouveau à la composition tout en poursuivant son activité de rédacteur.

Les chansons et pièces pour piano écrites dans une veine populaire par Lucas ne sont pas révélatrices de l'ampleur de son talent et peuvent laisser l'impression qu'il composa surtout de la musique légère. En fait, ses principales oeuvres - dont il ne subsiste que de rares exemplaires - justifient la réputation que lui accordait The Morning Post de Londres en le qualifiant de « musicien accompli et compositeur sérieux » (21 septembre 1898). On rapporte que Leschetizky fit remarquer à Mark Hambourg que le Prelude and Fugue op. 38 de Lucas constituait le modèle idéal d'une fugue pour piano. L'opéra The Money Spider, la cantate The Birth of Christ et les ouvertures Othello, As You Like It et Macbeth furent exécutés dans plusieurs villes britanniques et nord-américaines et valurent à leur auteur des commentaires élogieux, comme celui de la Tribune de Chicago (février 1901) : « Les mélodies qu'il écrit sont vivantes et attrayantes et plaisent à la fois au musicien et au profane. Il ne faut pas en conclure que Lucas ne maîtrise pas toutes les ressources de l'harmonie et de l'orchestration modernes. Il peut être aussi moderne que le souhaiterait le plus acharné des anti-classiques. » À l'instar de Lavallée, Lucas fut à son époque le compositeur aux talents les plus diversifiés au Canada. Son fils était le compositeur et chef d'orchestre britannique Leighton Lucas (Londres, 1903 - 1982).

COMPOSITIONS (Sélection)

Théâtre

The Money Spider, opéra : v. 1897.

Anne Hathaway, opéra (?) : avant 1898.

Peggy Machree, pièce avec musique : 1904; J. Church 1904.

Au moins deux autres opéras (?) : Arabia et Semiramis.

Orchestre

As You Like It op. 35, ouverture : Chap 1899; RCI 233 (O SRC Wpg).

Macbeth op. 39, ouverture : Chap v. 1900, PMC VIII.

The Birth of Christ op. 41, cantate : Chap 1901.

Autres oeuvres dont Othello (ouverture), une symphonie et 2 poèmes symphoniques.

Musique de chambre

Élégie op. 30 : vn, p; Breitkopf & Härtel 1895.

Ballade op. 40 : vn, p (orch); Chap 1901.

Légende op. 42 : vn, p; Schott 1903.

Five Lyrical Pieces op. 48 : vn, p; Schott 1908.

Three Impromptus op. 70 : vn; Bevan Music 1938.

Ballade op. 71 : vn, p; Lucas 1939.

Autres oeuvres publiées chez Donajowski (1892).

Piano

Deux Morceaux op. 2 : Suckling 1889, PMC VI (n 2).

Deux Mazurkas op. 13 : Nord 1890, PMC VI.

Praeludium et fuga op. 32 : Forsyth Brothers 1898, PMC VI.

Prelude and Fugue op. 38 : Chap 1900, G. Schirmer 1916.

Valse Impromptu op. 44 : Presser 1904, PMC VI.

Epithalamium op. 54 : Chap 1913.

Ariel op. 55 : Chap 1913, G. Schirmer 1914, PMC VI.

Holiday Sketches op. 61 : Boosey 1915 (n 4).

Saga, ein Isländisches Märchen op. 25 : Breitkopf & Härtel.

Orgue

Deux Pièces pour grand orgue op. 27 : Schott v. 1896, PMC IV (n 2).

Trois Morceaux pour grand orgue op. 36 : Schott v. 1900, PMC IV (n 2).

Canadian Wedding March op. 66 : Chap 1917.

Two Compositions op. 73 : Ascherberg, Hopwood & Crew 1941.

Seven Short Pieces op. 75 : Ascherberg, Hopwood & Crew 1945.

Autres oeuvres pour p et orch publiées chez Naux, Breitkopf & Härtel, Presser, Augener, Chappell, Schott, Michael Reane; plusieurs autres sans numéros d'opus, dont certaines publiées.

Choeur

« The Bells » op. 56, madrigal : Boosey 1913.

« Battle Ode » op. 65, chanson à parties : Boosey 1915.

Autres oeuvres avec ou sans numéros d'opus, certaines publiées chez Leonard, Gould & Bolttler, et Ascherberg, Hopwood & Crew.

Voix

Two Lyrics op. 8 : Ashdown 1889, PMC III.

« When Comes the Spring » (J.L. Lewis) : Ditson 1891, PMC III.

Album of Six Baritone Songs op. 29 : Chap 1894, PMC III (n 1).

« Mädchenherz » (Oscar Meyer) : Chap 1897, PMC III.

Five Songs op. 45 : v moy; J. Church 1904.

Pièces vocales sans numéros d'opus; plusieurs arr, notamment du Nocturne op. 15 n 2 de Chopin pour v, avec paroles de Lucas; partitions chant et piano de Faust de Gounod, Country Girl de Monckton, etc.

Des enregistrements de « Song of Songs » et « The Perfect Song » (paroles de Lucas) sont cités dans En remontant les années.

Lecture supplémentaire