Le Belfry Theatre | l'Encyclopédie Canadienne

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Le Belfry Theatre

L'histoire du Belfry commence en 1974, lorsque Blair Shakel, un étudiant diplômé de l'Université de Victoria, décide d'utiliser à des fins théâtrales la chapelle Springridge - non chauffée - de l'église baptiste Emmanuel, située au coeur du quartier délabré de Fernwood.

Le Belfry Theatre

Le Belfry est la plus importante compagnie théâtrale professionnelle de Victoria. Occupant, depuis sa fondation, une église du XIXe siècle conçue par Thomas Hooper, il est réputé pour son engagement à monter des pièces canadiennes et contemporaines, et pour la loyauté qu'il inspire à la fois à la communauté locale, qu'il a transformée, et à des artistes de premier ordre de tout le pays.

L'histoire du Belfry commence en 1974, lorsque Blair Shakel, un étudiant diplômé de l'Université de Victoria, décide d'utiliser à des fins théâtrales la chapelle Springridge - non chauffée - de l'église baptiste Emmanuel, située au coeur du quartier délabré de Fernwood. Pendant un an, le Springridge Theatre est loué à diverses troupes de théâtre qui partagent le bâtiment avec une auberge de jeunesse et une clinique dentaire.

En 1975, inspiré par le modèle du Vancouver East Cultural Centre et soutenu par les subventions du Programme d'initiatives locales du gouvernement fédéral, Don Shipley prend la direction du théâtre et fonde le Springridge Cultural Centre. Pat Armstrong se joint à Shipley en 1976 pour codiriger ce qui s'appelle alors le Belfry Cultural Centre, lequel sert initialement de scène secondaire pour des spectacles présentés en tournée par le Tamahnous Theatre, la troupe The Mummers, la compagnie théâtrale Codco, le Theatre Passe Muraille, Lawrence Ferlinghetti et le Kronos Quartet.

Dès 1977, le Belfry produit ses propres spectacles, dont le premier, Puttin' on the Ritz, est une revue basée sur les chansons d'Irving Berlin. Créée par Shipley et mise en scène conjointement avec Armstrong, la revue présente une chorégraphie de Judith Marcuse, dans des décors de Ken MacDonald (décorateur résident du Belfry de 1977 à 1980), ainsi qu'une performance de Sheila McCarthy, alors au début de sa carrière. Puttin' on the Ritz inaugure aussi l'association entre le Belfry et Patrick Stewart, président du conseil d'administration du théâtre, dont le patronage attentionné continue de jouer un rôle essentiel dans le succès du Belfry.

En 1980-1981, James Roy succède à Shipley comme directeur artistique du théâtre qui s'appellera désormais le Belfry Theatre. Durant son mandat (de 1980 à 1984), Roy lance plusieurs caractéristiques du Belfry qui deviendront des traditions : un programme d'apprentissage mené en collaboration avec le département de théâtre de l'Université de Victoria, des coproductions avec d'autres compagnies théâtrales, des tournées et de nouvelles moutures de ses propres spectacles à Vancouver, dans le cadre du Shaw Festival (et plus tard, à d'autres endroits), et un engagement à monter de nouvelles pièces canadiennes.

Miles Porter dirige le Belfry de 1984 à 1986, des années difficiles où le théâtre vacille sous le poids d'un déficit accumulé et recourt à des succès de Broadway et du West End, ne présentant qu'une seule pièce canadienne durant la saison 1984-1985.

À partir de 1986, le théâtre entre dans une décennie de croissance sous la direction artistique de Glynis Leyshon (comédienne et metteure en scène occasionnelle du Belfry depuis 1977). Avec la disparition, en 1988, du Bastion Theatre de Victoria, plutôt traditionnel, le Belfry perd son titre de théâtre parallèle (alternatif), mais redouble d'ardeur dans son engagement à monter de nouvelles créations : de 1988 à 1990, des premières mondiales de pièces canadiennes constituent la majeure partie de son répertoire. En 1990, une dynamique campagne de financement permet à la compagnie d'acheter le bâtiment à son propriétaire et colocataire (la Victoria Cool-Aid Society) et d'y aménager une deuxième salle. Ce Studio Theatre de 100 places organise dorénavant des festivals annuels mettant en vedette de nouvelles créations, lesquelles s'ajoutent aux productions présentées sur la grande scène du Patrick Stewart Theatre de 279 places.

Parmi les pièces mémorables présentées en première mondiale sous le règne de Leyshon, notons Moo de Sally Clark, qui représente le Canada aux Jeux Olympiques culturels de 1988 (coproduite avec l'Alberta Theatre Projects), The Magnificent Voyage of Emily Carr de Jovette MARCHESSAULT et The Faraway Nearby de John Murrell en 1992 (cette dernière pièce, coproduite avec le Tarragon Theatre, ayant valu à Nancy Beatty un prix Dora de la meilleure actrice), des oeuvres de Morris Panych (1994 et 1995), de Joan MacCleod (1989 et 1992) et de Michel-Marc Bouchard (1995). Enfin, mentionnons les premières mondiales de trois des quatre pièces Wingfield de Dan Needles, les spectacles solos les plus courus et ayant tenu l'affiche le plus longtemps dans l'histoire du théâtre au Canada (Wingfield's Progress, 1987, Wingfield's Folly, 1990, et Wingfield Unbound, 1997).

Prenant la direction artistique du théâtre en 1997, Roy Surette apporte une approche visuelle inspirée de la scénographie de Robert Lepage, de même qu'un engagement un peu moins prononcé à l'égard de la présentation de nouvelles créations. À partir de 1999, le Belfry présente des saisons de 10 pièces et compte 4 000 abonnés; son budget annuel est de 1,2 million de dollars (presque 80 p. cent de cette somme provenant de sources non gouvernementales). Mary Desprez en est la directrice générale depuis 1987.

Le Belfry a réussi à promouvoir le théâtre au sein de sa communauté immédiate - en engageant des artistes locaux et en offrant des programmes de soutien à l'éducation - et a enrichi cette communauté de talents de diverses provenances comme les Martha Henry, Donald Davis, Seana McKenna, Francis Hyland, Rod Beattie, Joan Orenstein, Stuart Margolin, R.H. Thomson et Christopher Newton.